Quatorzième jour
Salle du conseil, Upper Fort Garry
Mercredi 9 février 1870
Onze heures — Les débats sur l'établissement d'un Gouvernement provisoire reprennent.
M. Ross — Nous discutons depuis quelque temps de l'organisation d'un Gouvernement pour la
Rivière-Rouge et le Nord-Ouest et je pense que nous en sommes arrivés au point où
une conclusion est en vue. Nous avons tous hâte d'être unis (acclamations) – pourvu
que l'union puisse être réalisée d'une manière que nous puissions justifier à nous-mêmes,
à nos consciences et à nos électeurs. Je place l'idée d'une union au-dessus de toute
autre chose que nous puissions accomplir à l'heure actuelle (acclamations). Jusqu'à
maintenant, nous n'avons pas agi d'un seul corps avec les mêmes moyens. Nous sommes
une petite Colonie et il n'est pas possible que nous ne puissions trouver une base
commune sur laquelle nous appuyer pour collaborer harmonieusement et en frères (acclamations).
Nous sommes natifs de ce pays et avons des intérêts et des objectifs communs, et pourtant,
nous sommes désunis. Y a-t-il des raisons suffisantes à cette divergence — une divergence
périlleuse et nocive pour le bien public? Pour ma part, ayant examiné la question
de façon juste et approfondie, j'en ai conclu qu'il y a une façon de nous unifier
tout en protégeant nos principes. La principale difficulté qui empêchait les Anglais
de s'unir à leurs frères français touchait à la légalité du Gouvernement. Nous n'étions
pas d'accord pour ignorer la loi, par crainte d'être embarqués dans des responsabilités
que nous ne voulions pas avoir. Cette difficulté, je le reconnais, est maintenant
aplanie. L'homme qui, dans ce pays, représente l'autorité officielle – si quelqu'un
la représente –, l'autorité qui vient d'Angleterre, nous a dit sans détour que, selon
lui, nous étions tout à fait en droit de procéder à la formation de tout Gouvernement
qui, à nos yeux, serait à l'avantage du pays (acclamations). Je suis heureux que nous
soyons débarrassés de cette difficulté. Ceci enlève à nos gens d'un seul coup une
responsabilité qui leur pesait terriblement. L'autre chose que nos gens trouvaient
difficile était que le Gouvernement formé par nos frères français avait fait certaines
choses que nous ne pouvions pas soutenir. Nos amis français étaient le parti de l'action
et ils ont choisi d'agir d'une façon qui a soulevé chez nous de profondes hésitations.
À présent, nous voici dans la situation suivante : D'après le discours du chef de
ce Gouvernement provisoire — prononcé en toute franchise et sincérité — nous apprenons
qu'il est prêt, de même que ceux qui ont agi avec lui, à assumer l'entière responsabilité
de tout ce qui s'est passé jusqu'au moment de l'union. Si nécessaire, il nous donnera
un document écrit qui nous libère de la responsabilité de tous les actes commis par
son parti et lui-même jusqu'au moment de l'union. Là aussi, un poids a été ôté de
nos épaules (acclamations). Je vais évoquer un autre sujet, parce que nos gens ont
des opinions fortes là-dessus — il s'agit du sujet des prisonniers (bravos). Cette
question a troublé nos esprits anglais. Ces emprisonnement ont été ordonnés non pas
par toute la Colonie, mais par le Gouvernement provisoire, qui représentait la moitié
de la Colonie. Et je n'ai pas le moindre doute que nos amis français se rapprocheront
de nous sur ce point d'une manière qui nous donnera satisfaction (acclamations). Je
suis persuadé que nous obtiendrons en cela une telle garantie que nous nous sentirons
en mesure de conclure une entente et de serrer une fois pour toutes les mains de nos
amis français (fortes acclamations). À part ce point de vue général sur la question,
qui, je le crois, retiendra l'attention et gagnera l'approbation de nos gens, je pense
que, si nous sommes d'accord sur le principe d'une union, les questions de détails
sur la forme de Gouvernement peuvent être réglées facilement en comité.
M. Riel, après avoir complimenté M. Ross sur le point de vue qu'il avait exprimé, dit — Étant
donné les grands avantages d'une telle union, si elle se produit, de notre côté, nous
nous livrerons entièrement. Nous nous réjouirons nous-mêmes, certes, mais le Canada
et l'Angleterre se réjouiront également si nous trouvons un terrain commun sur lequel
nous unir (acclamations). Après avoir parlé assez longtemps, M. Riel conclut en disant
— C'est un moment heureux pour le peuple de la Rivière-Rouge, car nous avons décidé
de nous unir et de fraterniser à partir de maintenant (acclamations). Pour que ce
bienfait se réalise, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir (acclamations renouvelées).
À une heure, la séance est suspendue pour le dîner.
Trois heures de l'après-midi — La séance reprend.
M. Ross suggère que le comité nommé en vue de créer la Liste des droits soit chargé d'établir
les détails du nouveau Gouvernement du Nord-Ouest.
M. Fraser, appuyé par
M. D. Gunn, propose que le comité qui a été nommé précédemment en vue de créer la Liste des
droits soit chargé de discuter du cadre et des détails de l'établissement du Gouvernement
provisoire que nous avons décidé d'établir pour la Terre de Rupert et le Territoire
du Nord-Ouest et de prendre des décisions à ce sujet – Adopté, M. Schmidt, qui est
absent, étant remplacé par M. O'Donoghue.
La séance est levée pour permettre au comité de se mettre au travail.
Sept heures du soir — La séance est en cours.
Le comité, dont les travaux sont en cours, indique que M. Ross a été nommé Président et D Bird
Secrétaire. D Bird présente alors les résolutions ci-dessous, qui ont été rédigées
par le comité.
1. Que le Conseil soit constitué de vingt-quatre membres, dont douze pris parmi la
population de langue anglaise et douze parmi la population de langue française.
2.Que chaque groupe décide de la nomination de ses propres membres au Conseil.
3. Que M. James Ross soit Juge de la Cour Suprême.
4. Que tous les Juges de paix, Magistrats, Officiers de police, etc. gardent leur
place, à l'exception de William Dease, Juge de paix, qui sera remplacé par Norbert
Laronce.
5. Que maître Henry McKenney soit Shérif, comme auparavant.
6. Que D Bird soit Coroner, comme auparavant.
7. Que le tribunal général tienne séance aux mêmes heures et lieux qu'avant, et que
le tribunal des Magistrats tienne séance dans cinq districts : Lower, Middle, Upper,
St. Ann's (Point de Chene) et St. Margaret's (Laprairie).
8. Que M. Bannatyne continue à être Maître de poste.
9. Que John Sutherland et Roger Goulet soient Receveurs des douanes.
10. Que le Président du Gouvernement provisoire ne soit pas l'un des vingt-quatre
membres.
11. Qu'un vote des deux tiers des membres annule le veto du Président du Gouvernement
provisoire.
12. Que M. Thomas Bunn soit Secrétaire du Gouvernement provisoire et M. Louis Schmidt,
Sous-Secrétaire.
13. Que M. W.B. O'Donoghue soit Trésorier.
M. Nolin — Étant donné que nous avons nommé un certain nombre de dirigeants, je pense qu'il
serait bon de nommer également un Président du Conseil.
M. Laronce — Je propose que l'on ajoute à la liste le nom de M. Riel, comme Président du Gouvernement
provisoire.
M. Flett — Étant donné que les autres dirigeants ont été nommés, je n'ai pour ma part aucune
objection à ce que nous nommions le Président tout de suite, mais j'aimerais connaître
l'opinion des habitants de ma paroisse. Je rendrai une réponse aussi vite que possible.
M. Tait — Il s'agit là d'une nouvelle question, sur laquelle nous n'avons vraiment aucun
droit d'agir.
M. Riel (revenu dans la salle) — Je suppose que certains des délégués anglais ont beaucoup
changé et se trouvent contraints. Il est possible que pour cette raison, ils nous
aient trompés. Vous êtes peut-être liés par certaines promesses, mais je ne vois pas
comment vous pouvez laisser ceci faire obstacle à une union. Nous sommes arrivés à
un plan faisable et sensé pour sortir de nos difficultés et je pense qu'il faut adopter
le rapport du comité. Même si j'étais Président, le vote des deux tiers me laisserait
faible et sans pouvoir. Étant donné toutes les circonstances, j'espère que vous terminerez
avant de partir. Vos gens sont pleins de préjugés, et je peux dire pour ma part que
si l'on trouve un meilleur Chef pour le Gouvernement, je suis à votre service. Je
sais que vous êtes contraints par les vôtres, mais pourquoi ne l'avez-vous pas dit
lorsque nous organisions le comité? À quoi bon former un comité si vous ne pouviez
pas agir? Ce comité a donné aux Anglais tous les postes de dirigeants, à l'exception
d'un ou deux d'entre eux. Mais il s'agit d'une organisation dépourvue de chef. Je
vais vous donner un petit conseil. Annonçons publiquement ce que vous pensez et ce
que vous avez déclaré aujourd'hui et voyons ce que pense le public. Si vous êtes en
devoir de partir, allez-y; et si vous ne revenez pas, vos gens peuvent rester comme
ils sont. Quant à nous, nous poursuivrons ce que nous avons commencé; nous travaillerons
non seulement pour nous, mais pour vous, sans distinction. Si vous ne revenez pas,
nous considérerons comme nul ce qui a été fait. Nous rédigerons une nouvelle Liste
des droits, nous formerons un Gouvernement provisoire et nous essaierons de le faire
respecter. Je l'affirme sur ma vie (poursuit M. Riel dans un accès passionné). Si
les préjugés de votre peuple l'emportent, soit, mais ce sera au prix de mon sang.
M. Ross — Je crois, comme M. Riel, que nous en sommes arrivés au point où nous devrions mettre
de côté tous les préjugés. Je serais désolé de penser qu'avec le mandat qui nous a
permis d'être ici, nous pourrions être entravés par de simples préjugés, et négliger
de nous occuper de façon juste du bien-être du pays. Pour ma part, je n'hésite aucunement
à dire que si M. Riel est choisi par le peuple de la Rivière-Rouge demain, je voterais
pour lui comme Chef du Gouvernement. Je propose l'adoption du rapport.
M. Scott — Je pense qu'il est juste et approprié que l'on choisisse M. Riel comme Président.
Il a travaillé noblement et je le reconnais non seulement en mon nom propre, mais
au nom de mes électeurs.
M. Boyd — Si l'on doit examiner ce programme point par point, je refuse de voter. S'il doit
être pris dans son ensemble, je déclare que chaque homme de ma paroisse a le droit
de savoir sur quoi on nous demande de donner notre accord; et comment peuvent-ils
le savoir si je ne leur en parle pas? Je vais aller immédiatement voir mes électeurs,
leur démontrer les avantages et la nécessité de former un Gouvernement et leur laisser
le soin de décider (bravos). Leur décision [ligne illisible].
M. O'Donoghue compare l'objection soulevée à l'établissement d'un Gouvernement provisoire par les
membres de la Convention ce jour-là à celle de la première Convention, qui n'a mené
à rien, aux yeux des délégués anglais. Alors, tout comme aujourd'hui, dit M. O'Donoghue,
les délégués anglais s'étaient présentés soumis à la contrainte, mais n'ont rien dit
là-dessus jusqu'au dernier moment. Comment s'étonner de ce que l'on doute de la sincérité
d'hommes qui agissent ainsi? Pourquoi sont-ils venus ici? N'est-ce pas uniquement
pour critiquer tout ce que nous avions fait auparavant? Réfléchissez à ce qui aurait
pu résulter d'un tel comportement des délégués anglais lors d'une occasion précédente.
Si la Providence n'en avait pas décidé autrement, où en serait la Rivière-Rouge aujourd'hui,
je vous le demande? Elle aurait été dévastée par un déluge de guerre civile. La proclamation
infernale de Dennis et tous les mouvements de ce parti n'ont cessé d'être nuisibles.
Et certaines des conséquences malheureuses de la dernière Convention découleront peut-être
aussi de celle-ci, si, une fois encore, nous nous séparons sans être unis. Il me semble
étrange que la population anglaise ne soit pas capable de faire confiance à ses représentants
comme le fait la population française, mais qu'elle doive toujours entraver les mouvements
de ceux-ci.
M. Fraser — Je ne suis pas sûr que notre peuple nous ait donné les pouvoirs nécessaires pour
sanctionner ces efforts d'établissement d'un Gouvernement. Lorsqu'ils nous ont délégués,
l'idée de former un Gouvernement provisoire ne leur est jamais venue à l'esprit. De
plus, laissez-moi vous dire que, depuis que nous sommes arrivés ici, nous-mêmes, les
délégués, nous avons eu du mal à nous laisser convaincre du bien-fondé d'un tel Gouvernement.
Nos gens n'ont pas ces connaissances. Ils ne nous ont pas donné
carte blanche pour que nous fassions ce que nous voulons. Nous devons avoir le temps de réfléchir
et de consulter nos électeurs.
M. Riel (faisant les cent pas et parlant tout seul) — Bonté divine! J'aime mieux me battre
que de travailler ainsi.
M. Spence (Colonie indienne) — Je ferai n'importe quoi pour garantir la paix et le bien-être
de ce pays. Nous ne devons pas servir l'homme, nous devons servir Dieu!
M. O'Donoghue — Il est très étrange que, tout en recherchant la sécurité pour les personnes et
les biens, les délégués anglais ne reconnaissent pas le Gouvernement provisoire, celui-là
même qui apporte cette sécurité nécessaire.
M. Fraser — Je pense qu'il n'est pas du tout surprenant que les nôtres n'aient pas songé à
participer au Gouvernement provisoire. Ils estimaient que la Compagnie de la Baie
d'Hudson était la seule autorité officielle dans le pays et ne voulaient donc pas
la contrer. Nous sommes d'avis, tout comme vous, que certains changements sont nécessaires,
car depuis des mois, bien des habitants de la Colonie n'ont pas travaillé pour six
sous.
M. D. Gunn — Je suis excessivement désolé de ne pas pouvoir traiter sommairement de la question
qui se pose à nous. Personnellement, je serais satisfait des nominations proposées.
M. Xavier Pagee propose, sous forme d'amendement, que le nom de M. Riel soit ajouté au rapport du
comité, en tant que Président du Gouvernement provisoire.
M. D. Gunn répète que les délégués de St. Andrews n'ont pas été envoyés à la Convention pour
former un Gouvernement provisoire et demande instamment qu'on leur permette de consulter
leurs électeurs.
Juge Black — En ce qui concerne cette motion, je m'exprime uniquement pour dire que je me suis
entièrement gardé de dire quoi que ce soit à ce sujet et que je ne voterai pas là-dessus.
À part les autres considérations, il y a des raisons évidentes, qui me sont personnelles,
pour que j'en décide ainsi, et je suis certain que vous comprendrez tous facilement
mes motifs.
M. Riel — Nous comprenons très bien la position qu'occupe notre Président. Nous avons toujours
considéré M. Black comme un membre honorable de la Compagnie de la Baie d'Hudson.
Le bien public prime sur les sentiments privés que nous pouvons avoir et, avec tout
le respect que nous devons à ce monsieur, nous faisons tout de même le changement.
Mais, en conclusion, je dis qu'il faut respecter et remercier M. Black (acclamations).
M. Bunn — Avant de mettre l'amendement de M. Pagee aux voix, laissez-moi dire que je crois
qu'il est absolument nécessaire que nous soyons unanimes. Personnellement, je suis
prêt à voter pour un Gouvernement provisoire, et tout homme raisonnable comprendra
que la formation d'un tel Gouvernement est la seule ligne de conduite sûre à l'heure
actuelle (acclamations). Il n'y a vraiment aucune autre ligne de conduite à choisir.
Réfléchissez aux quatre ou cinq derniers mois. Vous connaissez aussi bien que moi
l'oppression qui a pesé et pèse encore sur l'esprit de chacun. Ce matin, un mince
rayon de lumière a écarté les nuages (acclamations). Mais les nuages se forment à
nouveau. Vont-ils obscurcir nos belles perspectives? Après tout, en quoi consiste
l'objection à participer à un Gouvernement provisoire? Ce matin, nous étions tous
d'accord pour dire qu'il était essentiellement nécessaire de former un tel Gouvernement.
Nous avons créé un comité pour qu'il rédige un rapport confirmant cette union. Le
comité a fait son travail et ce soir les membres reviennent sur cette décision en
raison de craintes injustifiées et de préjugés (bravos). Pourquoi ces messieurs devraient-il
craindre leurs électeurs s'ils votent pour la motion proposée? Moi, je n'ai pas de
crainte. Lorsque je retournerai voir mes électeurs et leur dire que j'ai garanti la
paix — que finalement, les personnes et les biens sont protégés, et que ceci est dû
à la formation d'un Gouvernement provisoire, ils seront étonnés (acclamations). Lorsque
je leur dirai en outre que nous avons relâché les prisonniers— qu'ils peuvent maintenant
poursuivre avec confiance leurs activités, car la propriété, publique et privée, sera
respectée [ligne illisible] et je [phrase illisible] l'avenir pour prédire que l'on
me remerciera, plutôt que de me faire des reproches, pour avoir aidé à former ce Gouvernement
(acclamations). Je doute fort, si nous nous séparons ce soir, tels que nous sommes,
que nous ayons un jour l'occasion de nous unir. L'esprit des gens est perturbé, et
j'affirme que le bien-être futur du pays sera en danger si nous nous séparons sans
terminer le projet sur lequel nous avons travaillé si longtemps et avec tant d'empressement
(acclamations). Je vous implore à présent, dans l'intérêt de ce pays — je vous implore
au nom de toute la population active du Territoire — pour vous-mêmes — pour vos maisons
— vos foyers — vos autels — et je vous supplie encore, au nom de tous ceux qui vous
sont proches – et aucun d'entre nous ne peut ignorer une telle supplication — ne nous
laissez pas désunis, finissez le travail que vous avez si bien commencé (fortes acclamations).
M. G. Gunn — Je ne peux pas retourner consulter mes électeurs; c'est trop loin. Mais je dis
que l'on peut nous laisser à l'écart. Les personnes présentes peuvent mettre les préjugés
de côté et former un nouveau Gouvernement, bien entendu. Quant à nous, nous n'avons
pas besoin d'être beaucoup gouvernés et pouvons très bien nous débrouiller tout seuls.
M. Riel (à M. Cummings) — Pensez-vous la même chose?
M. Riel (en colère) – Alors, je demande que l'on raye votre nom des procès-verbaux à chaque
fois que vous avez voté.
M. Riel dénonce les délégués de Poplar Point et High Bluff et déclare que s'ils ne décident
pas immédiatement de se joindre au Gouvernement provisoire, il y aura la guerre —
la guerre, dans les quinze jours à venir.
M. Ross retire son amendement afin de permettre à M.
Pagé de l'incorporer au sien.
M. Boyd — Je n'ai pas d'objection au programme qui nous a été présenté et je ferai de mon
mieux pour le faire adopter par mes électeurs, car je crois que nous devons tous faire
des concessions afin que l'union se fasse, mais je ne voterai pas.
Il y a alors un bref intervalle, tandis que les délégués anglais se consultent.
M. Pagee, appuyé par
M. Thibert, propose alors que l'on adopte le rapport du comité et que l'on ajoute le nom de
M. Riel comme Président du Gouvernement provisoire.
La motion est adoptée sans opposition, le Président, M. Boyd et M. Cummings n'ayant
pas voté.
M. Riel — Étant donné les circonstances actuelles, comme j'ai été nommé Chef du Gouvernement
par la voix du peuple, j'ai un sentiment de responsabilité encore plus marqué qu'avant.
(Se tournant vers les délégués français, il dit) — Je vous demande de nous faire la
grâce de consentir à ce que D O'Donnel soit immédiatement relâché de son emprisonnement
(acclamations). Relâchons également M. Bannatyne, D Cowan et M. Mactavish de tout
emprisonnement (acclamations renouvelées).
Les ordres nécessaires sont donnés pour que les prisonniers soient libérés.
Le
Président — Personne ne se réjouit autant que moi de cette nouvelle. Et puisque nous en sommes
arrivés là, j'espère que le reste des prisonniers seront libérés le plus vite possible.
M. Ross — Je tiens également à exprimer le grand plaisir que je ressens devant ce résultat.
Il me tardait depuis longtemps d'entendre ceci. Nous sommes ici réunis en frères et
espérons que nous entendrons bientôt dire que tous les prisonniers ont été relâchés
(acclamations).
À dix heures quinze du soir, la séance est levée jusqu'au lendemain