Chambre de l'Assemblée, Upper Fort Garry
Jeudi, 5 mai 1870
Le Président ayant ouvert la séance à deux heures et demie P.M., demande à l'honorable
M. Bunn de prendre le fauteuil.
Le procès-verbal ayant été lu et approuvé, la Chambre reprend la considération du
rapport du Comité des Lois.
L'article I sous le titre « Feux » est examiné.
L'honorable M. Hay propose que les mots « labouré ou » soient supprimés, et que l'article soit adopté
ainsi modifié. Brûler un cercle autour d'une telle meule est suffisant, pense-t-il,
et labourer n'est pas nécessaire et abîme considérablement le terrain pour les faucheurs.
L'honorable M. Norquay — La disposition sur le brûlage devrait être supprimée comme celle sur le labourage.
Il a vu des meules de foin brûler à partir du haut et porter parfois le feu à une
distance de deux cents verges de la conflagration principale.
L'honorable M. O'Donoghue — Ce sujet du bien-fondé de brûler autour des meules est fortement débattu. J'ai
entendu parler de cas où ces feux ont brûlé jusque dans le sol et continué de couver
pendant longtemps après. Par ailleurs, parfois le vent souffle fort pendant des jours
et même des semaines, et personne ne peut, sans danger pour le pays tout entier, brûler
des cercles autour de son foin. Mais si, comme l'honorable M. Norquay le dit, il ne
faut pas brûler ou labourer, quelle protection propose-t-il?
L'honorable M. O'Donoghue — Ce serait une façon très désirable, mais impraticable dans neuf cas sur dix, de
se débarrasser de la difficulté. Je crois que labourer est le plan le plus sûr. Si
on fait des foins une année à un bon endroit sûr et qu'on laboure un cercle autour,
il est très probable que le foin sera bâti là l'année d'après.
L'honorable M. Norquay propose sous forme d'amendement que tout ce qui vient après les mots « a allumé un
feu » soit supprimé, et ce qui suit inséré : « sauf pour les besoins de protection
personnelle ».
Le Président de la séance — Des feux sont souvent allumés
dans la prairie par des hommes qui ne valent peut-être pas dix cents. Ces feux se
propagent et détruisent des propriétés qui valent des milliers de livres. Comment
peut-on faire payer les dommages à ces hommes?
L'honorable M. Tait — Il arrive aussi que les prairies soient mises en feu par la foudre. Que doit-on
faire dans ce cas? (rires)
L'amendement de l'honorable M. Tait est adopté avec dissidence : 16 pour; 3 contre.
L'article II, qui était comme suit, est mis aux voix.
« II. Si entre le premier jour de mai et le premier de décembre, une personne allume
intentionnellement un feu courant, elle devra payer une amende de dix livres sterling,
dont la moitié sera versée au Procureur; et si une personne allume un feu en vue de
brûler un cercle autour de son foin, comme l'exige la disposition précédente, sans
avoir d'abord obtenu la présence et l'assistance d'au moins quatre hommes, elle sera
jugée passible de la pénalité visée par la présente loi, sous réserve que les Juges
peuvent remettre la totalité de l'amende si le défendeur a à la fois allumé le feu
par nécessité et fait tout ce qu'il pouvait faire pour empêcher qu'il s'étende. »
propose que le mot « six » soit substitué au mot « quatre » à la septième ligne.
Le Président de la séance — Je ne vois pas la nécessité du
reste de l'article, après le mot « procureur » à la cinquième ligne.
L'honorable M. O'Donoghue pense que l'article est très défectueux. Il est vague, plein de répétition et de
distinctions qui ne reviennent à rien quand elles sont examinées de près.
L'honorable M. Tait — Je pense que l'article est très bien tel qu'il est, mais je pense que les mots
« entre le premier jour de mai et le premier de décembre » devraient être supprimés
et la disposition s'appliquer à l'année entière.
modifie son amendement en substituant les mots « entre le premier jour de mai et le
premier de décembre ».
L'honorable M. O'Donoghue — J'aimerais demander, que
feriez-vous de quelqu'un qui allume intentionnellement un feu courant, s'il est sans
le
sou?
Le Président de la séance — Je suppose que vous feriez de lui ce que vous feriez dans tout autre
cas où une amende est imposée.
L'honorable M. O'Donoghue dit que la loi devrait être plus
précise sur ce point. Il faut prendre des dispositions contre un homme ne valant pas
un
sou qui allumerait des feux partout dans la prairie. [Il] propose sous forme
d'amendement que l'article soit supprimé, et que ce qui suit lui soit substitué :
« II. Si entre le premier jour de mai et le premier jour de décembre, une personne
allume intentionnellement un feu courant, elle devra payer une amende de dix livres
sterling, dont la moitié sera versée au procureur. En cas de défaut de paiement, le
contrevenant peut être emprisonné pendant trois mois dans la prison commune; et si
une personne allume un feu afin de brûler un cercle autour de son foin, comme le permet
la loi précédente, sans obtenir d'abord la présence et l'assistance d'au moins six
hommes, elle sera réputée avoir encouru la pénalité visée par cette loi. Sous réserve
que les Juges peuvent remettre l'amende au complet, à condition que le défendeur ait
à la fois allumé le feu par nécessité et fait tout ce qui était en son pouvoir pour
empêcher qu'il s'étende. »
ce dernier amendement, qui est adopté.
L'article III était comme suit :
« III. Si on laisse brûler un feu à ciel ouvert qui n'est pas censé courir sans prendre
les précautions qui s'imposent pour empêcher qu'il s'étende et qu'il s'étend effectivement,
quiconque a allumé, ou alimenté, ou utilisé le feu recevra une amende, d'au moins
cinq livres, d'au plus dix livres sterling. »
L'honorable M. Norquay propose sous forme d'amendement que les mots « d'au moins cinq livres, et d'au plus »
soient supprimés.
Le Président de la séance s'oppose aux mots « ou utilisé » dans l'article. Quelqu'un qui utilise un feu au
passage peut laisser d'autres personnes sur les lieux, dont la négligence peut au
bout du compte entraîner la propagation du feu. Il est injuste de promulguer que l'homme
qui l'a utilisé ainsi soit tenu responsable.
L'honorable M. McKay dit qu'il trouve l'article plutôt sévère, comme il vise toute personne ayant été
associée de quelque façon que ce soit avec le feu. Si les parties qui allument un
feu le laissent bien protégé, et qu'une autre partie arrive, et l'utilise de façon
négligente et qu'il se propage, de toute évidence la première partie ne devrait pas
être blâmable. Il propose que l'article soit adopté après avoir supprimé les mots
suivants, « sans prendre les précautions qui s'imposent pour empêcher qu'il s'étende
et qu'il s'étend effectivement ». L'amendement est adopté avec dissidence : 14 pour;
4 contre.
et adopté.
« Si un bélier est trouvé libre entre le trentième jour de juillet et le premier jour
de décembre, ce bélier peut être capturé par toute personne et placé sous la garde
d'un Constable, au coût de trois pence par jour, jusqu'à ce que le propriétaire paie
au capteur une amende de cinq shillings et les frais de garde, et si le propriétaire
est inconnu, le Constable, dès qu'il reçoit le bélier, l'annoncera trois fois dans
tous les journaux locaux, et trois dimanches de suite aux portes de deux églises protestantes
et catholiques romaines, en faisant une description complète de l'animal dans cette
annonce. » — Adopté.
Les articles V et VI sont adoptés.
Le Président s'adresse alors à la Chambre pour annoncer la nomination de l'Exécutif.
Le Président dit — J'ai l'honneur d'annoncer à la Chambre que certains ajouts ont été faits à
l'Exécutif. Il se compose maintenant de l'honorable M. Bunn, Secrétaire; l'honorable
M. O'Donoghue, Trésorier; l'honorable M. Bannatyne, Ministre des Postes; et l'honorable
M. Lepine, Adjudant Général. Ces honorables messieurs forment le Cabinet, mais nous
avons aussi pris en considération le fait que deux autres ministères doivent être
immédiatement pourvus : un Commissaire des Affaires Indiennes et un Surintendant des
Chemins Publics et des Travaux Publics en général. J'ai l'honneur de proposer le nom
de l'honorable M. McKay comme Commissaire des Affaires Indiennes, et le nom de l'honorable
M. Bruce comme Surintendant des Travaux Publics. Je serais très heureux d'avoir une
expression de l'opinion de la Chambre sur ces nominations. Les noms que je propose
maintenant ne comprennent pas tous les membres de l'Exécutif que j'aimerais choisir
moi-même. Mais ils sont maintenant soumis à votre approbation, car dans l'état actuel
des choses il est désirable que tout ait votre sanction, puisque vous représentez
le peuple d'Assiniboia. Permettez-moi donc de demander à cette honorable Chambre de
se prononcer sur les nominations à l'Exécutif. Il se peut que lors de l'accession
d'un autre Gouvernement au pouvoir, la Législature n'ait pas plus tard une possibilité
telle que celle qui lui est maintenant offerte. Quant à moi, je suis d'autant plus
heureux de prendre cette mesure qu'elle sert de protestation contre les accusations
portées contre moi, voulant que j'aie assumé des pouvoirs dictatoriaux. Je ne suis
pas, et je n'ai pas été un dictateur, et j'espère sincèrement qu'il ne sera jamais
nécessaire que quelqu'un au pouvoir en ce pays joue un tel rôle (acclamations).
L'honorable M. McKay dit — Je ressens sensiblement le grand honneur qui m'est conféré en me faisant Commissaire
des Affaires Indiennes. Mais je suggère respectueusement que quelqu'un d'autre soit
nommé à cette fonction. Ce n'est pas que je ne veuille pas agir avec cette Chambre.
Loin de là. Mais je ne me sens pas capable de m'acquitter des fonctions que le poste
implique, à cause de ma santé. Je ne suis pas assez actif pour m'acquitter des fonctions
de Commissaire des Indiens. Entre-temps, je suis entièrement disposé à m'acquitter
de toutes les fonctions que je peux en ce sens, telles qu'interpréter, rassembler
les Indiens et tenir conseil avec eux.
Le Président, ayant exprimé l'espoir que l'honorable député continue à ce poste, et que ses fonctions
seraient allégées autant que possible, poursuit en disant — Je prends la liberté de
demander une chose aux honorables messieurs. Nous venons d'apprendre par la poste
que quelque chose se passe dans les autres provinces de la Confédération, qui nous
touche. On fait des menaces; mais je ne sais pas jusqu'où ces menaces vont contre
nous. Pour ma part, je n'y attache pas beaucoup d'importance; et je suis d'autant
plus enclin à penser ainsi, en conséquence d'un télégramme que vient de recevoir Sa
Grandeur Monseigneur Tache du Père Richot et des autres Commissaires. Ils annoncent
qu'ils prônent un règlement avec le Canada, et qu'il n'y a pas de danger (vives acclamations).
Mais j'ai cependant observé dans les autres rapports qui nous sont parvenus qu'on
accorde une certaine importance à une idée, soit que les gens ici sont divisés et
que les conditions auxquelles nous sommes préparés à recevoir le Canada ont été changées
avant qu'elles ne partent d'ici, avec les Commissaires. Il est vrai qu'il y a eu un
changement, mais il est, je crois, pour le mieux, puisque les conditions proposées
à long terme pouvaient être plus facilement acceptées que celles convenues à la Convention.
Certains changements ont été considérés comme étant nécessaires par l'Exécutif, et
il a fallu en décider rapidement, car les Commissaires étaient attendus au Canada,
et les gens ici impatients de les voir partir pour Ottawa. C'est pourquoi les modifications
ont été faites ainsi. Mais j'aimerais les présenter à la Chambre, pour que les honorables
membres en jugent par eux-mêmes. L'honorable M. Bunn, le Secrétaire, était avec nous
quand les modifications ont été faites, et le temps que nous avons eu pour ce travail
était si limité que nous avons dû travailler jour et nuit pour finir et permettre
aux Commissaires de partir quand ils l'ont fait. Les Commissaires, évidemment, avaient
un certain pouvoir à l'égard de ces demandes, mais avant que quoi que ce soit ne soit
définitivement décidé, leurs instructions étaient que l'approbation de l'Assemblée
Législative de ce pays était nécessaire, de sorte que, tout en respectant les circonstances,
nous avions également la clause salvatrice que la ratification de l'action de nos
Commissaires dépendait entièrement de la volonté de la Législature de ce pays (acclamations).
Demain, si la Chambre le souhaite, je déposerai la Liste des Droits qui a été donnée
aux Commissaires, imprimée en anglais et en français (bravos et acclamations). Je
dois vous remercier, honorables messieurs, de l'attention que vous m'avez donnée à
l'égard des nominations à l'Exécutif. Nous devons, bien entendu, nous rappeler qu'elles
ne sont que de nature provisoire. On dit que nous allons nous battre contre l'Angleterre,
mais nous n'avons pas cette prétention (bravos), et d'aucuns se rendront peut-être
compte que l'arrangement actuel, pour ce qu'il est, est plus provisoire qu'ils ne
pensent (acclamations).
La Chambre s'ajourne à sept heures et demie P.M.