Première session
Chambre de l'Assemblée, Upper Fort Garry
Mercredi, 9 mars 1870
La première séance de l'Assemblée Législative d'Assiniboia a été tenue aujourd'hui
au Palais de justice d'Upper Fort Garry. Étaient présents les conseillers élus au
Gouvernement Provisoire :
Conseillers français
Les honorables MM. W. B. O'Donoghue, John Bruce, Ambroise Lepine, Louis Schmidt, A.
Beauchemin, Baptiste Touron, Baptiste Beauchemin, Pierre Parenteau, Louis Lascerte.
Conseillers anglais
Les honorables MM. A. G. B. Bannatyne, W. Fraser, Thomas Bunn, W. Garrioch, George
Gunn, John Norquay, E. Hay, A. H. Scott, H. F. Olone, W. Tait.
Le Président après avoir pris son siège à trois heures P.M.
s'adresse à la Chambre comme suit, en français et en anglais :
Messieurs, nous nous sommes assemblés dans cette Chambre à plusieurs occasions, y
ayant été envoyés par le peuple pour délibérer sur la situation politique du pays
et pour adopter les mesures qui s'imposaient pour assurer la prospérité des générations
présentes et futures. Mais le seul résultat de tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant
est ce que nous avons aujourd'hui. Pourtant ce « seul » est un mot très compréhensif.
Il comprend votre travail pendant cette période, le travail du peuple en fait (acclamations).
Nous avons travaillé ici par le passé dans l'anxiété et la crainte. Mais nous avons
travaillé consciencieusement. Que la majorité, au moins, l'ait fait, je le crois absolument.
Un résultat de notre labeur est que l'ensemble du peuple a maintenant, pour la première
fois dans l'histoire de ce pays, une voix dans la direction des affaires publiques.
Il a ici une représentation complète. En ceci, nous pouvons nous féliciter d'avoir
fait du bon travail; et, en fait, on peut presque dire que c'est le seul résultat
que nous ayons obtenu jusqu'à maintenant. À présent, nous ne sommes pas, peut-être,
dans une position d'entreprendre nos travaux. Mais nous sommes néanmoins arrivés à
un stade où il y a une certaine sécurité publique (acclamations). Veillons donc à
ce que le public ne soit plus autorisé à se ruer ensemble, d'un côté ou de l'autre,
de la manière dont il s'est assemblé dernièrement. Soyons amis, et que notre amitié
soit vive et sincère (acclamations). À plusieurs occasions, depuis l'automne dernier,
j'ai entendu des professions d'amitié dans cette Chambre; et j'avoue que j'étais désolé
d'entendre ces professions, parce que je savais qu'elles étaient, comme elles se sont
avérées l'être par après, insincères. Il y avait trop de crainte et d'éloignement
pour permettre que cette amitié soit sentie. Mais maintenant que nous sommes rassemblés
encore une fois, je crois que nous sommes animés par des sentiments qui mèneront à
une union complète (acclamations). Nous sommes venus ici pour décider de ce que nous
estimons être notre devoir, et nous le ferons, honnêtement. Nous sommes ici en tant
qu'autorité publique. Nous sommes ici pour agir à ce titre. Certains d'entre vous
faisaient partie de l'ancien Gouvernement du pays, et connaissent bien la conduite
des affaires publiques. Vous avez vos idées sur ce qui est le mieux pour le public.
Les Conseillers en tant que corps ont leurs idées sur le même sujet. Eh bien, alors,
agissons, c'est notre devise (acclamations). Ne nous confinons pas à penser et à parler.
Nous devons agir. Agissons à l'intérieur de cette Chambre de même qu'à l'extérieur.
Le travail est urgent, et est de la plus haute importance pour nous et pour notre
peuple. Au sein de ce Conseil et à l'extérieur, ce travail nous attend, et nous ne
serons pas fidèles à nous-mêmes ni à notre pays si nous nous y dérobons (acclamations).
Pour ce qui est du travail que nous avons à faire, je dois dire qu'en premier lieu
le Gouvernement doit être complété aussitôt que possible. Il faut le faire pour favoriser
l'union dans la Colonie, et donner ce sentiment de sécurité qui encouragera nos hommes
d'affaires à recommencer à neuf, et insufflera une nouvelle vigueur dans la collectivité
en général. Nous devons aider le pays en ce moment de crise; et si nous le faisons
de la façon que j'ai indiquée, je sens que nous obtiendrons la sympathie et le soutien
de manière générale. Les gens nous appuieront si nous les appuyons. Il y a, je le
sais, quelques différences entre les habitants de différentes localités, et peut-être
que le moyen le plus facile de s'en débarrasser serait que chaque côté concède quelque
chose. Un esprit de concession, je crois, devrait être manifesté des deux côtés; et
s'il l'est, nous serons cordiaux et unis. Si nous étions ainsi unis, comme on l'a
dit il y a longtemps, le peuple de la Rivière Rouge pourrait établir ses propres conditions
avec le Canada. Nous avons déjà eu ici trois Commissaires de la Puissance; et maintenant,
nous en avons peut-être un autre qui vient parmi nous, en la personne de Sa Grandeur
l'Évêque de St. Boniface, qui est bien-aimé et estimé de façon générale partout au
pays, et dont la mission, je n'en doute pas, recevra la plus haute attention. Pour
ma part, j'aimerais indubitablement voir en la personne de Sa Grandeur un Commissaire,
investi du plein pouvoir de nous donner ce que nous voulons (acclamations). Mais nous
devons être prudents : parce que nous ne savons pas ce que ce pouvoir est; et nous
ne devons pas nous précipiter aveuglément dans les mains de tout Commissaire. Agissons
prudemment, c'est tout ce que je préconise; si nous le faisons, nous ne courrons pas
trop de danger (acclamations). Voilà, messieurs, tout ce que j'ai à dire. Vous ne
pouvez pas, bien entendu, vous attendre à faire quoi que ce soit aujourd'hui, de toute
façon, même si tous les membres étaient présents (bravos). Avant de nous séparer,
permettez-moi de dire un mot. Efforçons-nous d'être plus aimables. Pourquoi pas? Nous
n'allons plus nous battre (bravos, et acclamations), plus du tout. Et je ne peux,
à cet égard, qu'exprimer du regret d'entendre des rumeurs déplaisantes du Portage.
Ces rumeurs causent une crainte constante dans la Prairie du Cheval Blanc. On fait
croire aux gens là-bas qu'ils vont être écrasés un jour ou l'autre. Il y a un manque
d'assurance parmi nos gens qui a entraîné le stationnement d'une garde de ce côté.
J'espère que les gens du Portage seront capables de nier toutes intentions de ce genre,
et de donner les assurances qui mèneront à un meilleur état de choses. Si ce n'est
pas entièrement ainsi que les gens pensent, que personne de cette section ne nie les
rumeurs. Mais si, au contraire, les gens du Portage ne couvent pas les desseins qu'on
leur prête, j'espère que ce sera déclaré, pour qu'un sentiment de tranquillité et
de sécurité puisse se propager (acclamations).
M. Hay recommande l'ajournement du Conseil, vu que l'avis de
convocation n'a pas été publié à temps et que les membres ne sont pas tous présents.
M. W. Garrioch — À titre de représentant de Portage,
j'aimerais dire un mot ou deux sur ce que le Président a dit à propos des rumeurs
qui
circulent parmi les gens de la Prairie du Cheval Blanc. Je suis très heureux de dire,
et
je fais cette déclaration en toute vérité et sincérité, que les rumeurs auxquelles
on a
fait allusion sont absolument sans fondement (acclamations). Sauf dans un cas, nous
avons fait tout ce que nous pouvions pour maintenir la paix. Nous estimons que nous
avons le devoir de nous placer sous le régime du Gouvernement Provisoire, et que nous
sommes maintenant en parfaitement bons termes avec tous les gens de la Rivière Rouge.
Pour ce qui est des rumeurs à propos des Sioux, je déclare aussi que nous faisons
tout
ce que nous pouvons pour les calmer; et, à ce que je sache, ils nous écoutent
(acclamations).
Le Président — Maintenant que nous rentrons chez nous,
nos politiques seront : un bon gouvernement pour le peuple, dès que nous pourrons
l'établir; et la prospérité publique par tous les moyens que nous pouvons imaginer
(acclamations).
La Chambre s'ajourne alors jusqu'au mardi suivant.