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Assemblée Législative, 6 Février 1865, Provinces de L'Amerique Britannique du Nord, Débats de la Confédération.

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ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Lundi, 6 février 1866.

L'HON. Proc.-Gén. MACDONALD propose "qu'une humble adresse soit présentée à Sa Majesté, demandant qu'il lui plaise gracieusement de soumettre au parlement impérial une mesure a l'effet d'unir les colonies du Canada, de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau Brunswick, de Terraneuve et de l'Ile du Prince-Edouard en un seul gouvernement, d'après certaines dispositions basées sur les résolutions adoptées a une conférence de délégués de ces colonies, tenue en la cité de Québec le 10 octobre 1884." *—Monsieur l'Orateur,—C'est pour remplir la promesse faite par le gouvernement à cette chambre, lors de la dernière session, que j'ai reposé cette résolution. J'ai eu l'honneur d'étre chargé par le gouvernement de soumettre un projet de confédération de toutes les provinces de l'Amérique Britannique du Nord, projet qui, je suis heureux de le dire, a été accueilli par une approbation générale, sinon universelle en Canada. Le projet tel qu'exposé par la presse n'a, pour ainsi dire, rencontréaucune opposition. Ça et la il y a au des dissentiments sur certains détails, mais, comme ensemble, le projet a reçu une approbation presqu'universelle, aussi est-ce avec la plus grande satisfaction que le gouvernement le soumet aujourd'hui à la chambre. Cette question, qui préoccupe aujourd'hui non- seulement le Canada mais toute l'Amérique Britannique du Nord, n'est pas nouvelle. Depuis plusieurs années elle a plus au moins attiré l'attention de tous les hommes d'état, et de tous les hommes politiques de ces provinces, et les plus clairvoyants y ont vu le moyen de décider et régler des questions vexatoires qui ont retardé la prosperité des colonies en général et du Canada en parti 27 culier. Nombre de publicistes et d'hommes politiques ont appelé l'attention sur le sujet, mais je crois que l'éveil a été donné à la législature, il y a quelques années, par mon hon. ami le ministre des finances. Dans un discours éloquent, alors qu'un des membres indépendants de cette chambre et qu'il n'était lié à aucun gouvernement, il développa ses vues avec son énergie habituelle. Mais aucun parti n'avait fait entrer cette question dans son programme jusqu'à la formation du ministère CARTIER-MACDONALD, en 1858, époque à laquelle ce ministère annonça ofiiciellement que ce serait une des mesures qu'il tenterait de mener à bonne fin, s'il était possible ; en vue de cette promesse, trois membres du cabinet adressèrent au ministre des colonies la fameuse dépêche si souvent commentée par les journaux et dans cette chambre. Toutefois, ce projet accueilli favorablement par le pays, sans distinction de partis politiques, ne prit ses proportions actuelles qu'à la dernière session. A cette époque, les hommes de tous les partis et de toutes les nuances politiques étaient alarmés de l'aspect général de nos affaires. Il devint évident pour eux que l'antagonisme entre les deux sections de la province, le danger d'une anarchie imminente, fruit d'opinions irréconciliables sur la représentation d'après la population dans le Haut et le Bas-Canada, nous présageaient une triste succession de gouvernements faibles, en majorité et en influence, incapables par-là même de réaliser aucun bien. Les élections générales se succédaient rapidement et de même se succédaient les ministères sans aucun résultat. La force des partis était tellement égale qu'une seule voix povait décider du sort de l'administration et de la marche de notre législation pour une ou plusieurs années a venir. Cet état de choses était bien propre à éveiller la sérieuse attention des vrais amis du pays. Or, tel a été l'effet produit, je suis heureux de le dire. L'état précaire de nos affaires, les graves appréhensions d'une anarchie qui aurait ruiné notre crédit, détruit notre prospérité et anéanti notre progrès, firent surtout impression sur les membres du parlement actuel, et les chefs, des deux côtés de la chambre, semblèrent tous en être arrivés à la conclusion qu'il fallait prendre des mesures pour faire sortir le pays de l'impasse où il se trouvait et nous mettre à l'abri d'une anarchie menaçante. Dans ce but, mon hon. collègue, le président du conseil, : fit une motion basée sur la dépêche adressée au ministre des colonies, que je viens de mentionner ; et il fut formé un comité composé des membres des deux côtés de la chambre, pris dans toutes les nuances politiques, sans considérer s'ils appuyaient l'administration du jour ou s'ils lui étaient opposés, à l'effet d'examiner à fond et avec calme les maux qui menaçaient l'avenir du Canada. La motion de mon hon. ami eût les meilleurs résultats. Le comité, par une sage disposition, et afin ne chaque membre fût mis à même d'exprimer librement ses opinions sans se compromettre devant le public ou devant son parti, et sans avoir à tenir compte dans cette expression, ni de ses amis, ni de ses ennemis politiques, décida que la discussion aurait lieu librement et sans tenir compte des antécédents politiques d'aucun de ses membres, et que de plus il siégerait à huis-clos afin de pouvoir aborder la question franchement et avec le ferme désir d'en venir à un compromis. Les membres les plus influents de la chambre formaient ce comité,—(j'eus moi- méme l'honneur d'en faire partie),——dans lequel se manifesta immédiatement un ardent désir, un louable désir, pour dire le vrai mot, d'aborder honnêtement le sujet en recherchant une solution qui arracherait le Canada aux malheurs dont il était menacé. Le rapport de ce comité fut soumis à la chambre, et alors commença la partie politique du rôle des membres les plus influents de cette assemblée ; quelques jours plus tard, le gouvernement actuel était forme. Le principe de la formation de ce gouvernement iut rendu public et est aujourd'hui connu de tous. Le grand but était la question deja réglée en partie par les résolutions que j'ai eu l'honneur de vous communiquer. On sait que les difficultés et les répugnances n'ont pas manqué dans la formation du cabinet actuel. Les membres qui le composent avaient, pendant de longues années, été ennemis politiques, et cette haine avait, dans plusieurs cas, affecté jusqu'à leurs relations sociales. Mais la crise était forte, le danger imminent, et les ministres actuels crurent devoir mettre de côté leurs sentiments personnels, sacrifier jusqu'à un certain point leur position, et même courir le risque de voir leurs motifs mal interprétés, afin de pouvoir ainsi arriver à une conclusion satisfaisante pour le pays en général. Les résolutions actuelles en furent le resultat. Je l'ai déjà dit, je suis fier de songer que le nous a approuvés, et j`espère que cette chambre ratifiera le projet que 28 nous lui soumettons pour le gouvernement futur de l'Amérique Britannique du Nord. (Applaudissements.) Tout a semblé favoriser ce projet, et tout paraît démontrer que l'époque actuelle est celle qui doit voir s'accomplir cette umon grandiose de tous les sujets de Sa Majesté dans l'Amérique Bri tannique du Nord, si. jamais elle doit avoir lieu. (Ecoutez! écoutezl) Lors de la formation de la présente administration, on crut que les difficultés qui empêchaient l'union de toutes les provinces étaient très- grandes, et elles parurent, même à plusieurs, insurmontablcs. C'est pourquoi le gouvernement était décidé, dans le cas où il ne pourrait effectuer cette union, de faire sortir le pays de la crise sans fin où l'avaient plongé les luttes du Haut et du Bas-Canada, au moyen d'une modification de l'union actuelle des deux provinces en une union fédérale. La plupart d'entre nous, cependant, et je pourrais dire tous, pensèrent qu'il valait bien mieux étendre cette union à toutes les provinces, et s'accordèrcnt à croire ce projet supérieur, du moment qu'il serait réalisable, à celui de la fédération du Haut et du Bas-Canada seulement. Un concours heureux de circonstances nous permit d'en faire, aux sœurs colonies, la proposition avec espoir de succès. Presque dans le même temps, en effet, les provinces maritimes ayant manifesté le désir de s'unir entre elles et exprimé la nécessité de se donner plus de force par une union plus étroite, tinrent, dans l'Ile du Prince Edouard, une convention composée de délélégués de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau- Brunswick et de l'Ile du Prince Edouard, nommés par les gouvernements respectifs de chacune de ces colonies, pour s'entendre sur un projet d'union quelconque. Personne ne savait encore si cette union devait être législative ou fédérale, mais ce que tous voulaient, c'était d'arriver à une mesure qui aurait l'efi'et de ne faire qu'un seul peuple de trois peuples différents. Ayant appris ces faits et sachant que si nous laissions échapper cette circonstance dans laquelle ces provinces, brisant leur organisation politique actuelle et se préparant à en inaugurer une nouvelle, une pareille occasion ne se présenterait plus, nous en profitâmes pour leur demander si elles consentiraient à recevoir, à Charlottetown, une députation du Canada qui leur exposeruit les avantages d'une union plus étendue opérée par l'association de toutes les colonies anglaises de l'Amérique du Nord en un seul gouverne ment soumis à un même souverain. Elles consentirent sans difficulté à nous recevoir et à nous entendre, et nous accueillirent avec une grande cordialité, en nous exprimant le désir d'apprendre quelles étaient nos idées sur la question. Nous fîmes part aux délégués de nos vues assez longuement et pûmcs tellement les satisfaire par les raisons ne nous apportâmes à leur appui, et si bien es convaincre des avantages d'une union générale sur une union particulière qu'ils mirent de suite de côté leur propre projet et se rallièrent à l'idée de former une grande nation et un gouvernement fort. (Applaudissements.) Nous revînmes à Québec pleins de courage et d'espoir de cet arrangement quoiqu'il manquàt de la sanction officielle, et c'est alors que le gouvernement du Canada invita ceux de toutes les sœurs provinces à se faire représenter à une convention qui devait être tenue à Québec, dans le but d'étudier la question, en leur nom et avec leur sanction. Notre invitation fut agréée, et le 10 octobre, jour de l'ouverture de la convention, sous l'influence des discussions approfondies et libres qui avaient eu lieu à Charlottetown, la première des résolutions, maintenant devant cette chambre, fut votée à l'unanimité et au milieu des acclamations. Il ne vint pas même à l'esprit de personne que cette proposition ne dût pas recevoir et ne reçût pas a sanction de chacun des gouvernements et de chacune des colonies. Voici cette proposition, savoir:——" Une union fédérale sous la couronne de la Grande-Bretagne aurait l'effet de sauvegarder les intérêts les plus chers et d'accroître la prospérité de l'Amérique Britannique du Nord, pourvu qu'elle puisse s'effectuer à des conditions équitables pour les diverses provinces." Il parut à tous les hommes d'état qui composaient la convention,—car les provinces maritimes comptent des hommes politiques très-distingués, des hommes qui feraient honneur à n'importe quel gouvernement et à n'importe quelle législature de pays libres,— il leur parut, dis-je, évident que les intérêts les plus essentiels, et du présent et de l'avenir de l'Amérique Britannique du Nord, ne pourraient être mieux sauvegardés que par une union fédérale sous la couronne de la Grande-Bretagne. En effet, il doit sembler au peuple de ce pays, que si nous voulons tous devenir une grande nation, si nous voulons former une grande nationalité,—quelque malsonnant qu'ait pu paraître ce met aux 29 oreilles de certains députés à l'une des séances précédentes,-une nationalité qui commande le respect au dehors et puise défendre ces institutions dont nous sommes si orgueilleux ; si nous voulons n'avoir qu'une forme de gouvernement, et fonder une union commerciale et une réciprocité absolue d échanges entre cinq colonies déjà unies par une communauté d'origine, de souveraineté, d'allégennce et presque de sang et d'extraction ; si nous voulons nous mettre en état de nous accorder, les uns aux autres, les secours d'une défense mutuelle contre les aggressions de l'étranger,—le seul moyen d'arriver à ce magnifique résultat est de soumettre à une organisation quelconque, mais uniforme, les diverses provinces de l'Amérique Britannique du Nord. (Applau— dissements.) L'énonciation seule du sujet suffit ce me semble, pour emporter l'approbation. Supposons que dans le printemps de 1865, il arrive un demi-million d'individus de l'Angleterre en Canada pour s'y établir ; quand même n'apporteraient-ils avec eux que leur robuste charpente et des cœurs bien disposés ; quand même ils ne seraient ni industrieux ni riches, ne les recevrions- nous pas à bras ouverts, ne saluerions- nous pas leur arrivée chez nous comme une accession à notre puissance? Mais, lorsque nous voyons que par l'union pro jetée, nous nous adjoindrons près d'un million d'individus qui augmenteront, non- seulement l'importance du chiffre de notre population, mais encore notre force unaté rielle,—qui sont résolus de mettre à profit les ressources de leur position,-quise composent de sociétés déjà anciennes, et qui possèdent par conséquent, une assez grande somme de richesse,—qui ont acquis l'habilité, l'expérience et l'habitude de la vie du nouveau monde,—qui sont aussi canadiens, j'oserai dire que nous, qui sont animés de la même loyauté envers la Reine, et du même désir de rester unis à la métropole,—qui ont avec nous un vif attachement pour leur nouvelle patrie et pour laquelle, s'il était nécessaire, ils combattraient et verseraient leur sang ! oui, je le répète, en voyant ces choses, il serait bien avaugle celui qui refuserait de croire aux avantages de l'union projetée. (Ecoutez ! écoutez !) Revenant maintenant à la situation critique de nos propres affaires ; je dis qu'on ne pouvait suggérer que trois moyens de tirer le Canada des difficultés fâcheuses qui l'entouraient, de le faire sortir de l'état d'anarchie et de souffrance où il se trouvait, et de lui assurer un état de prospérité. L'un était la dissolution de l'union entre le Haut et le Bas-Canada. les laissant comme ils étaient avant l'union de 1841. Je crois qu'une telle proposition ne trouverait pas aujourd'hui un seul partisan. L'on a senti que,—-bien que cela eût mis fin aux pressantes demandes du Haut-Canada pour la représentation d'après la population, et à la crainte de la part du peuple du Bas-Canada de voir ses institutions en danger par une telle mesure,—cette dissolution eût été un pas rétrograde qui aurait repoussé le pays vers la position qu'il occupait avant l'union, et eût diminué le crédit de tout le Canada; l'on a senti, dis-je, que cela eût brisé un lien qui existe depuis vingt-cinq ans, et qui, sans avoir pu réussir à écarter les jalousies de localité que les circonstances avaient créées avant l'union, n'en a pas moins duré un temps assez considérable, pendant lequel la province entière a joui d'une prospérité marquée et sans cesse croissante. L'on a senti que cette dissolution eût détruit le crédit que nous avons acquis par cette union de deux provinces faibles et insignifiantes, et qu'en y ayant recours, nous nous exposions à rabaisser notre niveau au lieu de nous élever au rang d'une nation puissante. [Ecoutez ! écoutez !] L'autre moyen par lequel cet état d'anarchie pouvait avoir un terme, eut été d'accorder au Haut- Canada la représentation d'après la population. Nous savons tous de quelle manière cette question est envisagée par le peuple du Bas-Canada, et que, pendant que le désir du Haut-Canada pour s'assurer une juste représentation, devenait de plus en plus vivace, la résistance du Bas-Canada gagnait aussi en énergie. Si une solution telle que la confédération ne se fut pas présentée pour mettre fin aux difficultés de province à province qui existent, la représentation basée sur la population était le seul moyen qui restait à adopter. Peu importe que le Bas-Canada eût prétendu que c'était une violation du traité d'union, et qu'une telle réforme entraînerait la ruine de ses intérêts locaux, il est certain que la force des choses nous ont amenés à recourir à la représentation basée sur le nombre ; et je ne pense pas que c'cût été dans l'intérêt du Haut-Canada. Telle a toujours été ma manière d'envisager le sujet. Ce que le Haut- Canada aurait regardé comme un droite à réclamer et à exercer, eut été certainement envisagé par le Bas-Canada comme une injustice et un danger ; les bas-canadiens, au lieu de concourir de bonne volonté à l'exercice 30 de ce nouveau régime comme nationalité représentée par des chefs et soumise à des principes, n'auraient vu dans ce changement constitutionnel que leurs intérêts menacés, et n'auraient plus écouté que le désir de sauvegarder leurs institutions, leurs lois et leur avenir matériel. [Ecoutez ! écoutez !] Le troisième et seul moyen d'obtenir une solution à nos difficultés était une confédération des provinces, par une union, soit fédérale, soit législative. Or, quant aux avantages comparatifs d'une union législative et d'une union fédérale, je n'ai jamais hésité à dire que si la chose était praticable, une union législative eût été préférable. (Ecoutez ! écoutez !] J'ai déclaré maintes et maintes fois que si nous pouvions avoir un gouvernement et un parlement pour toutes les provinces, nous aurions eu le gouvernement le meilleur, le moins dispendieux, le plus vigoureux et le plus fort. [ Ecoutez ! écoutez !] Mais en considérant ce sujet et en le discutant, comme nous l'avons fait dans la conférence avec le désir d'en venir à une solution satisfaisante, j'ai trouvé que ce système était impraticable. Et, d'abord, il ne saurait rencontrer l'assentiment au peuple du Bas- Canada qui sent que, dans la position particulière où il se trouve comme minorité, parlent un langage différent, et professant une foi différente de la majorité du peuple sous la confédération, ses institutions, ses lois, ses associations nationales, qu'il estime hautement, pourraient avoir à en souffrir. C'est pourquoi il a été compris que toute proposition qui impliquerait l`absorption de l'individuaiité du Bas- Canada, ne serait pas reçue avec faveur par le peuple de cette section. Nous avons trouvé, en outre, que quoique le peuple des provinces inférieures parle la même langue que celui du Haut-Canada et soit régit par la même loi,—loi basée sur le droit anglais,—il n'y avait, de la part de ces provinces, aucun désir de perdre leur individualité comme nation, et qu'elles partageaient à cet égard, les mêmes dispositions que le Bas-Canada. (Ecoutez ! écoutez.) C'est pourquoi, après mûre considération du sujet et des avantages et désavantages des deux systèmes, nous nous aperçûmes que l'union législative ne ralliait pas toutes les opinions, et qu'il ne nous restait qu'à adopter l'union fédérale comme seul système acceptable, même aux provinces maritimes. Une autre objection contre une union législative naissait du fait que, quoique les provinces maritimes eussent une loi com mune dérivant de la même source que celle du Haut-Canada, chacune d'elles possédait cependant un certain nombre de lois qui lui étaient propres,—telles, par exemple, que la loi sur la propriété, la loi municipale, la loi des cotisations, la loi pour la protection des biens et de la liberté des sujets: et chacun peut se convaincre qu'avec une telle diversité de législation, il eût été hors de question de songer à placer toutes ces provinces sous une union législative. Car, M. l'Orateur, comment eu-til pu être possible d'assimiler tout le système de lois locales et générales de ces colonies, lorsqu'on se représente les innombrables sujets de législation que l'on trouve dans tous les jeunes pays, et lorsqu'on songe au fait que chacune des cinq provinces de l'Amérique Britannique du Nord avait ses lois particulières auxquelles le peuple était attaché et accoutumé. (Ecoutez ! écoutez !) Le Haut-Canada est en position de mieux comprendre que qui ce soit, à cause de ses institutions municipales particulières, combien il eût été difficile d'embrasser dans un même système général toutes les mesures locales, de manière à satisfaire les désirs et les exigences de plusieurs provinces. Qui ne sait que même les lois qu'on regarde comme les moins importantes, telles que celles réglant la coupe des arbres, les priviléges particuliers sur les routes, les clôtures, et mille autres de ce genre, sont envisagées comme ayant une importance vitale par la population agricole qui forme le noyau le plus considérable de la population d'un pays? Aussi, voyant que chaque colonie avait des lois de cette nature, et qu'il s'écoulerait des années avant qu'elles passent être assimilées, avons-nous compris de suite que, dans tous les cas, toute législation commune serait presque impossible. Je suis heureux de dire à cette Chambre qu'en ce qui regarde les provinces inférieures, leurs délégués exprimèrent le désir de voir une assimilation finale de nos lois ; en effet, une des propositions, comme le démontrent les résolutions, comportait qu'on tenterait l'assimilation des lois des provinces maritimes avec celles du Haut-Canada, dans le but d'en venir à l'établissement définitif d'un seul système basé sur la loi commune d'Angleterre, la source de toutes les lois de ces provinces. La grande objection à l'union fédérale est la dépense occasionnée par une augmentation du nombre de nos législatures. Je n'insisterai pas sur ce point, mais mon hon. ami, le ministre des finances, beaucoup plus habile que moi 31 à traiter ce genre de questions, pourra démontrer, je I espère, qu'elle ne sera pas plus grane qu`à présent. (Ecoutez ! écoutez_l) En effet nous avons aujourd'hui une législature commune pour le Haut et le Bas- Canada, qui s'occupe, non seulement des affaires d'intérêt général, mais encore de tous les sujets de droit privé et d'un caractère local, tombant dans la catégorie des bills privés; il en résulte que les frais de la législation forment un item considérable des dépenses du pays. Nous voyons aussi que ces deux genres de législation se nuisent et sont en conflit dans le travail général ; tandis que si la législation était bornée à des mesures d'un seul genre, les sessions du parlement seraient moins prolongées et la dépense moins grande qu'à présent. Mais, dans la constitution projetée, tous les sujets d'intérêt général, tout ce qui affecte les provinces comme un tout, seront laissés exclusivement à la législature générale, pendant que les législatures locales règleront les intérêts locaux, qui, sans intéresser la confédération entière, ont un haut intérêt local. Par suite de cette division du travail, les sessions de la législature générale ne seraient pas aussi prolongées qu'elles le sont actuellement au Canada. Pour ce qui est des législatures locales, elles n'auraient à s'occuper que des sujets qui intéressent leurs propres sections, et leurs sessions seront moins longues et moins dispendieuses. Lorsque nous considérons l'énorme économie qui sera apportée dans l'administration des affaires, par le gouvernement général; quand nous réfléchissons que chacune des cinq colonies a une administration complète avec tout le personnel nécessaire pour la transaction de ses affaires ; que chacune a son système exécutif, judiciaire et militaire; un ministre dans chaque département, y compris un ministre de la milice avec un bureau complet d'adjudant général ; que chaque ministre des finances a un personnel complet d'employés pour les douanes et l'accise, et que dans chacune ce nombre d'employés et d'officiers publics est aussi considérable que le nombre qui serait requis pour le gouvernement général, nous pouvons comprendre très-bien l'économie considérable qui résulterait de l'union des colonies si elles avaient un système général et un seul chef pour l'administration des affaires publiques. Quantaux désavantages d'une union fédérale, nous en savons quelque chose en Canada, et nous connaissons aussi ses avantages. Mais nous ne pouvons nous dissimuler que, quoi- que nous ayions nominalement une union législative et que nous siégions dans un seul parlement supposé constitutionnellemeut représenter le peuple sans égard aux sections et aux localités, cependant, nous savons, par expérience que depuis l'union, nous avons eu une union fédérale; que dans les matières affectant le Haut-Canada, les députés de cette section s'occupent exclusivement des lois qui les concernent, et qu'il en est de même pour le Bas-Canada. Nous avons, de fait, une union fedérale, quoique cette union soit nominale ; et nous savons que, dans les contestations vives qui ont surgi dans ces dernières années, si, en quelqu'occasion, une mesure affectant l'une des sections était combattue par les membres de l'autre section qui n'y étaient pas directement intéressés ;—ou si une mesure affectant les intérêts locaux du Haut-Canada était emportée ou rejetée contre les vœux de sa majorité par les votes du Bas- Canada,—mon hon. ami le président du conseil et ses artisans dénonçaient, avec la plus grande habileté et la plus grande énergie, ce mode de législation comme une violation des droits du Haut-Canada. (Ecoutez !) Et de même pour le Bas-Canada. si un acte devenait loi contre les vœux de sa majorité, ses représentants, se levant comme un seul homme a protestaient contre la violation de leurs droits. (Ecoutez !) La position de l'Angleterre et de l'Ecosse est à peu près analogue à celle du Canada. L'union de ces deux pays, en matières de législation, est d'un caractère fédéral, pour la raison que l'acte d'union stipule qu'aucune loi écossaise ne sera changée qu'à l'avantage évident des écossais. Et cette règle a été regardée comme tellement obligatoire, dans la législature de la Grande-Bretagne, qu'aucune loi affectant l'Ecosse ne peut être passée sans une majorité des votes écossais. Il peut être important pour les intérêts généraux de l'empire que la loi écossaise soit modifiée ; cette loi peut affecter le système général du la législation du Royaume-Uni,—malgré toutes ces raisons, elle ne peut être changée sans la sanction de la majorité des membres écossais dans la législature, et leurs vues sont exprimées par un vote sur la question même. Si les membres écossais ne l'approuvent pas, la loi ne peut passer en parlement. (Ecoutez !) Nous trouvons donc en Angleterre un exemple frappant du fonctionnement et des effets d'une union fédérale, et nous pouvons nous attendre à voir les mêmes effets se produire dans notre con 32 fédération. Le plan entier de la confédération tel qu'éluboré par la conférence, et soumis par le gouvernement canadien à l'examen du peuple et de la législature, porte le caractère d'un compromis. Je n'hésite pas à le répéter, il y a eu de toute nécessité beaucoup de concessions mutuelles. Lorsque nous songeons que cinq colonies, toutes supposées avoir des intérêts différents, se réunissent dans le but de représenter leurs intérêts individuels, leurs vues, concernant leurs propres localités,—il faut avouer que si ne nous nous étions pas assemblés dans un esprit de conciliation, avec un désir ardent d'effectuar cette union,—que si nous n'avions pas été pénétrés du sens de cette résolution,—" Une union fédérale sous la couronne de la Grande-Bretagne aurait l'effet de sauvegarder les intérêts les plus chers et d'accroître la prospérité de l'Amérique Britannique du Nord,"— tous nos efforts auraient été vaine. Si nous n'avions pas senti que nous devions mettre de côté nos propres opinions sur certains détails et n'avoir en vue que ce qui était praticable et ne pas rejeter obstinémeut l'opinion des autres,—si nous n'avions pas été pleins du désir de former un grand peuple et un gouvernement fort, j'affirme que le projet tout entier aurait subi un immense échec. C'est dans ces circonstances que nous mettons le projet devant la chambre et devant le pays en leur disant : si, dans votre opinion, l'union des peuples des cinq colonies pour former une seule nation régie par un seul souverain n'est pas à l'avantage de tous, rejeter le projet. Mais si après une consideration caline, juste et entière du projet, vous croyez réellement que, dans son ensemble, il est à l'avantage des provinces,—si vous croyez qu'il est de nature à nous assurer une continuation de la jouissance des lois anglaises, des institutions, de la liberté et de l'union avec la mère-patrie, aussi bien que le développement de notre prospérité nationale, sociale et politique, nous supplions cette chambre de mettre de côté tout préjugé et d'adopter le projet qui lui est soumis; nous lui demandons d'aborder la question avec le même esprit qui animait les délégués, d'accepter l'ensemble du projet; si elle le regarde comme profitable et avantageux ; nous lui demandons d'agir ainsi afin que nous arrivions sans tarder à une conclusion satisfaisante Par un heureux concours de circonstances, au moment où se formait au Canada une administration ayant pour but d'essayer à résoudre les difficultés qui nous accablaient, les provinces maritimes, animées du même sentiment et dans des intérêts analogues, avaient nommé une conférence dans le but d'opérer une union entre elles, sans savoir alors quelle attitude allait prendre le gouvernement du Canada. Sans cette heureuse coincidence, il nous aurait peut-être lallu une longue série d'années pour arriver à une conclusion pratique. Aujourd'hui, nous y sommes arrivés : les députations des divers gouvernements représentés dans la conférence se sont engagés, en partant, à soumettre le projet à leurs gouvernements respectifs, et à domander l'approbation de leurs législatures et de leurs populations. J'espère que le projet passera dans son ensemble. Je suis sûr que la chambre ne cherchera pas à en modifier les détails les plus importants, car, si tel devait être le cas, il vaudrait autant n'y plus songer. Ce projet peut être considéré comme un traité passé entre les différentes provinces, et si on veut y faire aucune modification sérieuse, chacune. des colonies se croira relevée de l'obligation implicite de le considérer comme un traité et pourra à son tour l'amender ad libitum au point de vue de ses propres intérêts ; tous nos travaux resteront sans résultat, et nous aurons à recommencer et à élaborer un nouveau traité; nous devrons entrer de nouveau en négociations avec les diverses provinces, et refaire tout le projet. J'espère que la chambre s'opposera à toute tentative qui arrêterait ou diffèrerait peut être pour toujours toutes nos chances d'union. Tous les hommes d'état des diverses colonies qui ont parlé sur le sujet ont admis que l`union était avantageuse et praticable. Maintenant que cette union nous est proposée, si nous laissons passer l'occasion elle ne se présentera peut-être jamais. Du moment que le projet sera rejeté, la proposition première, but de l'assemblée de Charlottetown, et relative à l'union des provinces maritimes sans comprendre le Canada, sera de nouveau mise de l'avant. Ces provinces ne resteront pas séparées et impuissantee comme elles le sont aujourd'hui, elles ne réuniront pour former un peuple qui sans être aussi puissant que s'il état uni au Canada. ne laissera pas d'avoir une certaine importance. Si vous croyez aux termes de la résolution, savoir: que " l'union est proposée dans les plus chers intérêts et la prospérité présente et future de l'Amérique britannique du Nord", il est temps d'agir, de ne plus fermer les yeux sur notre position actuelle, et de voir enfin à quels dangereux hazards nous exposent 33 nos relations avec les Etats-Unis. Je ne suis pas alarmiste, et ne crois pas au danger immédiat d'une guerre avec les Etats- Unis ; je crois que le bon sens de l'un et de l'autre peuple leur fera éviter la guerre. Mais le chose ne sersit pas impossible, et nous, comme ministres, nous manquerions à notre devoir, et la législature y manquerait également, si nous ne prenions toutes les précautions possibles d'en éloigner l'évènement. Nous savons que les Etsts-Unis sont engagés en ce moment dans une grande guerre et que de nombreuses occasions se sont présentées et peuvent se présenter encore d`en venir aux hostilités avec la Grande Bretagne. Il nous est impossible de prévoir ce qui devra arriver, mais nous n`ignorons pas que les deux nations à l'exemple des autres, peuvent être entreînées dans une guerre entre elles. Est-ce qu'en ce moment même et par suite de différends qui ont éclaté entre les deux peuples,—différends dont nous ne sommes aucunement la cause,— il ne s`est pas déclaré de part et d'autre un sentiment d'animosité ? est-ce que le traité de réciprocité ne panaît pes devoir étre aboli ? est-ce que notre commerce n'est pas déjà géné par le système des passeports? est-ce que nous ne pouvons pas être mis dans l'impossibilité en aucun temps de faire venir nos marchandises par les voies ferrées américaines par l'abrogation du système de transit, et être dépouillés par conséquent des priviléges accordés à notre commerce pendant l'hiver par les Etats-Unis? Ajoutez à tout cela la perspective pour nos marchands d'étre obligés de retourner à l'ancien usage de faire venir en été leurs approvisionnements de toute l'année. Déjà nous sommes menacés de voir nos relations politiques et commerciales interrompuce. Si nous n'en prenons pes avis pendant qu'il en est encore temps et que nous pouvons conjurer le danger en nous unissant aux provinces maritimes, qui désirent tant former une plus étroite alliance avec nous, nous soufrirons dans notre commerce des dommages irréparables. Ecoutez ! écoutez !) Le conférence, trouvant impraticable l'union législative pure et simple, en est venue à adopter une forme de gouvernement fédéral, qui pourra avoir toute le force d'une union législative et administrative, pendent qu'en même temps, nous conserverons la liberté d'action en faveur des différentes sections. Je suis heureux de croire que nous avons trouvé un plan de gouvernement qui posède le double avantage de nous donner le puissance d'une union législative et la liberté d'une union fédérale, une protection enfin pour les intéréts locaux. Nous avons eu, pour nous guider, l'expérience des Etats-Unis. Je ne suis pas un de ceux qui regardent le constitution des Etats-Unis comme un coup manqué. (Ecoutez!) Je crois que c'est une des plus grandes œuvres que le génie humain sit jamsais créée. Mais dire qu'elle est parfaite, serait se tromper. Cette constitution basée sur celle de le Grande-Bretagne a été adaptée aux circonstances qui existaient lors de sa formation, et en prenant avantage de l'expérience des cinquante ou soixante et dix dernières années de son existence, je suis convaincu que dans le système que nous soumettons à l'adoption du peuple, toutes les défectuosités reconnues per l'expérience ont, dans une grande mesure, été évitées. En premier lieu, par une proposition qui rencontre l'assentiment universel du peuple de ce pays et des membres de cette chambre, nous avons réglé que nous aurions pour chef de l'exécutif, le souverain de la Grande- Bretagne. (Applaudissements.) Personne ne peut prédire quelle sers un jour la destinée de ce pays; dans le cours des siècles, les peuples et les nations se transforment; mais dans la mesure du pouvoir de notre législation, nous avons décrété que le souverain de le Grande-Bretagne serait indéfiniment celui de l'Amérique Britennique du Nord. En adhérent en principe monarchique, nous évitons une feiblesse inhérente à le constitution des Etats-Unis. Le président étant élu pour une courte periode, il ne peut jamais être regardé comme le souverain de la nation; il est seulement le chef heureux d'un parti politique. Cette anomalie s'aggrave encore davantage par le principe de la réélection; pendant la durée de ses fonctions, il travaile pour lui et son parti, à se maintenir au pouvoir pendant une autre période; mais en adhérant au principe monarchique nous obvions à tout cela. Je crois qu'il est de le plus grands sagesse que ce principe soit reconnu, afin que nous ayons un monarque vers qui pourront se tourner tous les regards, un monarque qui n'appartendra ni n'adhérera à aucun parti, en un mot, qui sera le chef et le protection commune de tous. (Ecoutez ! écoutez !) Nous proposons aussi que le souverain, comme tel est déjà le cas en ce pays depuis 1841 et  dans la mère-patrie, soit avisépar les ministres responsables au peuple. C'est en cela que notre constitution sera préservée d'une 34 grande faiblesse qui existe dans la constitution des Etats-Unis. Le président est un despote pendant quatre ans ; il y a un vaste pouvoir, un patronage immense. Son cabinet est composé de chefs de départements qu'il peut consulter, ou ne pas consulter. Avec nous, le souverain, ou en ce pays le représentant du souverain, ne pourra agir que sur l'avis de ses ministres, lesquels soront responsables au peuple Avant la formation de l'union américaine, chacun le sait, les différents états qui en firent partie étaient des provinces séparées. Il n'existait entre elles, précisément comme cela se trouve pour nous, d'autre lien que celui du souverain qui leur était commun. Leur organisation et leurs lois étaient différentes. Elles pouvaient, et cela s'est vu, légiférer au détriment des unes et des autres, et lorsqu'elles entrèrent en lutte avec la métropole, elles agirent comme autant de souverainetés distinctes en vertu d'une espèce de traité d'alliance contre l'ennemi commun. A dater de la formation de cette union, la difficulté connue sous le nom de droits d'état a toujours existé, et c'est cette difliculté, ainsi que nous le savons, qui a été pour beaucoup la cause de la guerre actuelle des Etats-Unis. En fait, elles commencèrent par où elles auraient dû finir. Par leur constitution, elles déclarèrent que chaque état était une souveraineté par lui-même, excepté à l'égard des pouvoirs conférés au congrès général. Ici nous avons adopté un système différent; nous avons concentré la force dans le gouvernement général. Nous avons déféré a la législature générale toutes les grandes questions de législation. Nous lui 'avons conféré, non seulement en les spécifiant et détaillant, tous les pouvoirs inhérents à. la souveraineté et a la nationalité, mais nous avons expressément déclaré que tous les sujets d'un intérêt général, non déléguée aux législatures locales, serment du ressort du gouvernement fédéré et que les matières locales seraient du ressort des gouvernements locaux. Par ce moyen, nous avons donné de la force au gouvernement et à la législature générale, et nous avons évité cette grande source de faiblesse qui a été la cause de la rupture entre les Etats-Unis, c'est-à-dire, les conflits de jurisdiction et d'autorité. En 55 cette constitution est mise à effet et sanctionnée par un acte du parlement impérial, nous aurons de fait tous les avantages d'une union législative, et d'une seule administration avec en même temps des garanties pour nos institutions et nos lois locales. Bien que l'autre jour, pendant la discussion de l'adresse en réponse au discours du trône, cela ait fait rire mon honorable ami, le député d'Hochelega (l'hon. M. Dorion), je crois que nous avons bien fait, en rédigeant notre constitution, de dédier notre première résolution à la reconnaissance de la souveraineté de Sa Majesté. (Ecoutez ! écoutez!) Je sais que l'Angleterre tient à ses colonies et que son peuple serait très-chagrin de les perdre; mais si, aprés mûre délibération, la population de l'Amérique Britannique du Nord déclarait qu'elle juge de son intérét de se séparer de la métropole, telle est grande la générosité du peuple anglais, qu'il ne ferait rien, malgré son désir de conserver ces colonies, pour nous contraindre à rester sujets de la couronne britannique; et si, à la conférence, nous en fussions venus à cette conclusion, qu'il y allait de l'intérêt de ces provinces qu une séparation eut lien, je suis convaincu que Sa Majesté et le parlement impérial eussent consenti à cette séparation. Nous avons alors reconnu l'opportunité de faire une déclaration distincte de notre opinion sur ce point, et d'énoncer dès le but de nos négociations, que " le pouvoir ou gouvernement exécutif résiderait dans le souverain du royaume-uni de la Grande- Bretagne et d'Irlande, et serait administré par le souverain ou le représentant du souverain, suivant les principes de la constitution britannique." Cette résolution rencontra l'approbation unanime de tous les membres de la conférence. Pas un n'exprima le désir de rompre avec la Grande-Bretagne et de ne pas continuer notre allégeance à Sa Majesté ; personne ne fit de proposition en faveur de l'une ou l'autre des provinces qui pût, en aucune manière, tendre à briser les liens qui nous unissent à la métropole. Il nous était impossible de ne pas savoir que le Canada serait, par sa position, exposé a toutes les horreurs d'une guerre qui se déclarerait entre l'Angleterre et les Etats-Unis,—et cela sans que nous pussions avoir aucun contrôle que ce soit sur les causes qui l'auraient fait éclater, et cependant tous exprimèront hautement l'avis qu'il valait mieux subir cette calamité que de se séparer de la métropole. (Applaudissements) Une autre résolution porte que "le pouvoir ou gouvernement exécutif résidera dans le souverain du royaume-uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, et sera administré par le souverain ou le représentant du souverain." C'eut été, sans doute, montrer trop d'exigence 35 que de vouloir que la reine nous gouvernât elle-même ou qu'elle se transportât en personne au milieu de nous, autrement que pour nous renouveler la gracieuse visite que l'héritier présomptif actuel nous a déjà faite : c'est pourquoi nous avons statué que le pouvoir exécutif serait administré par son représentant. Nous n'apportons aucune restriction au choix que Sa Majesté fera de son représentant ; sa prérogative sera la même qu'aujourd'hui, et elle sera parfaitement libre. Nous ne savons si ce choix s'arrêtera sur un membre de la famille royale, qui viendrait régner ici en qualité de vice-roi, ou bien sur l'un des grands hommes d'état que l'Angleterre enverrait ici administrer les affairres du Canada: nous laissons à Sa Majesté d'en décider. Mais ce qu'il nous est permis d'espérer c'est que, si l'union se consomme, ce ne sera pas une des moins belles ambitions des hommes d'état anglais, que d'être envoyé ici pour présider à nos destinées. Je prendrai maintenant la liberté d'appeler l'attention de la Chambre sur l'article de la constitution qui a trait au pouvoir législatif. Le sixième résolution est conçue en ces termes : "Il y aura pour toutes les provinces fédérées une législature on parlement général, composé d'un conseil léglslatif et d'une chambre des communes." Un journal anglais a prétendu que cette résolution ne fait pas mention du souverain comme formant partie de la législature: en effet, cette remarque est juste dans un certain sens, parce que suivant le langage strictement parlementaire, la législature d'Angleterre se compose du roi, des lords et des communes. Mais dans le langage habituel ou parle du "roi et de son parlement,"—ou du "roi convoquant son parlement," c'est-à-dire des trois états, les lords spirituels, les lords temporels et la chambre des communes. Je puis faire remarquer ici qu'un écrivain, tel que Hallam, se sert ordinairement de l'expression "parlement" dans ce sens restreint Cette critique n'est donc en définitive qu'une pure affaire de mots. La législature de l'Amérique Britannique du Nord sera composée du roi, des lords et des communes. Le conseil législatif occupera vis-à-vie la chambre basse la même position que la chambre des lords occupe vis-à-vie des communes en Angleterre, et aura de même le pouvoir de l'initiative de toute espèce de législation, sauf celle des mesures de finances. L'autre chambre pourra une s'appeler chambre des communes ou d'assemblée, peu importe; elle prendra le nom que le parlement anglais lui donnera ; cependant, celui de "chambre des communes" nous paraîtrait préférable attendu qu'il désigne les communes du Canada de la même manière que la chambre anglaise des communes signifie les communes d'Angleterre, avec les mêmes privilèges, les mêmes usages et pouvoirs parlementaires. Nous sommes tombés d'accord qu'il fallait dans la constitution de la chambre basse lui donner pour base le principe de la représentation d'après le chiffre de la population ; l'application de ce principe se trouve pleinement développée dans ces résolutions. Lorsque je dis représentation basée sur le chiffre de la population, je prie la chambre de ne pas croire que le suffrage universel ait été en quoi que ce soit sanctionné par la conférence comme le principe constitutif de cette branche populaire. Afin de protéger les intérêts locaux de chaque province, nous avons jugé nécessaire de donner aux trois grandes divisions de l'Amérique Britannique du Nord une représentation égale dans la chambre haute, car chacune de ces divisions aura des intérêts différents. D'un côté, c'est le Haut-Canada, pays agricole, éloigné de la mer et renfermant la population la plus considérable qui aura des intérêts agricoles surtout à sauve- garder ; de l'autre. c'est le Bas-Canada, dont les intérêts sont différents et qui veut surtout conserver intactes ses institutions et ses lois contre un pouvoir plus fort, plus considérable ou plus nombreux; ce sont enfin les provinces maritimes qui ont aussi des intérêts propres qui nous sont complètement étrangers dans le Haut-Canada. La constitution statue que le conseil législatif,—dont la mission est de modérer et de contrôler la législation, mais non d'en prendre l'initiative, (car tout le monde sait, qu'ici comme en Angleterre les mesures publiques d'une haute portée doivent venir de la chambre basse)—sera composé d'un nombre égal de 24 représentants pour chaque division, la seule exception à cette règle a été faite en faveur de Terreneuve, parceque cette dernière colonie a un intérêt tout à fait à part et plus rapproché de ceux du Canada que toute autre par suite de sa position à l'embouchure du fleuve St. Laurent De fait, et à parler comparativement, elle n'a rien de commun arec les autres provinces maritimes; ses intérêts et ses droits à protéger sont particuliers; aussi, fûmes-nous tous d'accord de traiter avec elle séparément et de lui donner une représentation spéciale dans la chambre haute, nous écourant ainsi 36 du principe d'égalité appliqué aux autres sections. Comme on peut le penser, il se déclara d'abord une grande divergence d'opinions sur la constitution du conseil législatif ; de la part du Canada, on voulait le principe électif. tandis que les provinces d'en-bas, à l'exception de l'Ile du Prince- Edouard, demandaient le principe contraire, c'est-à-dire la nomination par la couronne. Les délégués du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Ecosse et de Terreneuve se déclarèrent tous sans exception en faveur du principe de la nomination, lequel se rapproche le plus, sans contredit, de la constitution anglaise. Nous décidâmes en conséquence qu'il en serait ainsi autant que les circonstances pourraient le permettre. Une chambre haute héréditaire est une impossibilité en ce jeune pays, car nous n'avons aucun des éléments propres à former une aristocratie foncière ; nous sommes sans fortunes territoriales ; nous n'avons aucune classe séparée et distincte du peuple et un corps politique bériditaire ne conviendrait par conséquent en aucune manière à notre état de société. Il se réduirait bientôt à rien. C'est pourquoi la seule manière d'appliquer le système anglais, à la chambre haute, consiste à conférer à la couronne le pouvoir d'en nommer les membres de la même manière que les pairs anglais, avec cette différence que les nominations seront à vie. Je ne me cache pas que les raisons que l'on donne à l'appui du principe opposé sont fortes et nombreuses; je les apprécie d'autant mieux ne j'ai fait partie du ministère qui a in uit le principe électif en Canada. (Ecoutes! écoutes !) Cependant, sans prétendre que notre tentative n'ait pas été couronnée de succès, je dois dire que plusieurs raisons l'ont empéché de réussir autant que nous nous y attendions. L'une de ces raisons est la grandeur des colléges électoraux, le travail considérable que doit entreprendre un candidat et les dépenses (rires), les dépenses légitimes qu'il lui faut encourir, toutes choses trés-propres, on en conviendra, à éloigner des rangs beaucoup d'hommes que l'éminence de leur position appelait naturellement à ce poste. On a compté, je l'avoue, dans les premiers temps, des hommes de ce calibre parmi les candidats, mais le chiffre en a diminué d'élection en élection, tandis- que d'un autre côté on voyait tous les hommes encore jeunes, adonnés à la politique active et déterminés à s'y créer un avenir, chercher à entrer dans la chambre d'assemblée. L'époque où le système de nomination a fonctionné avec quelque succès parmi nous remonte au temps de l'avènement du gouvernement responsable, et alors que le Canada formait plutôt une colonie royale et que l'on composait le conseil législatif des premiers fonctionnaires judiciaires, des chefs de département et des hommes les plus distingués du pays. On conçoit que ces corps devaient inspirer le respect, d'aprés le caractère même de leurs membres qui, de leur côté, n'avaient que peu de sympathie avec les députés du peuple : aussi, les querelles entre ces deux branches de la législature étaient-elles fréquentes surtout en Bas-Canada. Une fois l'établissement du gouvernement responsable inauguré. il devenait nécesaire pour le gouverneur de s'entourer d'un corps de conseillers possédant la confiance de la chambre d'assemblée, de la chambre à qui il appartient de faire et défaire les ministres suivant son caprice, de sorte que ce fut elle aussi qui se trouva à indiquer les nominations à faire dans le conseil législatif. En effet, le ministère, obligé de s'assurer l'appui de la chambre basse, dût choisir les membres de la chambre haute parmi ses amis politiques et sous la dictée de la première, et le conseil se mit à perdre de plus en plus son caractère de contrôle sur la législation de l'assemblée. Il n'en sera pas ainsi avec le système proposé. Nul ministère ne peut se flatter de faire dans l'avenir ce que ses prédécesseurs ont fait ci-devant en Canada,—car il lui sera impossible de remplir la chambre haute de ses partisans et amis politiques dans l'intention de la dominer, d'après la constitution même qui limite à un certain chiffre la composition du conseil législatif. Chacune des trois grandes divisions de la confédération ne pouvant nommer que 24 membres chaque, la chambre haute ne pourra jamais tomber sous l'influence du ministère du jour soit pour l'exécution de ses projets, soit pour plaire à ses partisans. Le fait même que le gouvernement ne pourra excéder ce chiffre sauvegardera l'indépendance de la chambre haute, lui donnera un caractère spécial et lui permettra d'exercer une influence légitime et un contrôle salutaire sur la législation du pays. On a prétendu que cette limitation du droit de la couronne pourrait donner naissance à des conflits entre les deux branches de la législature, et pousser la chambre haute, ainsi placée hors de l'action du souverain, de l'assemblée et des conseillers de la couronne, à agir à son 37 gré et ce au point d'arrêter toute législation. Je ne crois pas qu'une telle chose se présente jamais, et chacun sait que ce cas n'est pas encore arrivé en Angleterre. Où serait l'utilité de la chambre haute, si elle ne devait pas exercer, en temps opportun, son droit d'amender ou modifier la législation de la chambre d'assemblée? Il ne faut pas que ce soit un simple bureau d'enregistrement des décrets de la chambre basse, mais au contraire une chambre indépendante, douée d'une action propre, et ce n'est qu'à ce titre qu'elle pourra modérer et considérer avec calme la législation de l'assemblée et empêcher la maturité de toute loi intempestive ou pernicieuse passée par cette dernière, sans jamais oser s'opposer aux vœux réfléchis et définis des populations. La chambre des lords, quoique plus indépendante à cause de son caractère d'hérédité q'une chambre composée de membres nommés à vie, cède toujours à la volonté calme et sage du peuple anglais, et il faut remonter au règne de la reine ANNE, pour trouver un seul fait qui prouve quelle ait tenté de renverser les décisions des communes par la nomination de nouveaux pairs. Il est vrai qu'en 1832 la chambre des lords fut menacée d'une pareille mesure par suite de son refus obstiné de voter le bill de réforme, et qu'on y aurait eu recours s'il eut été nécessaire: mais tous les ministres du temps et ceux mêmes qui conseillaient ce moyen convinrent que c'était un acte révolutionnaire, une infraction à la constitution, et qu'il n'y avait que la nécessité de conjurer la révolution qui menaçait d'ensanglanter l'Angleterre, pour justifier cette tentative de forcer l'opinion indépendante de la chambre des lords sur cette question. (Ecoutez ! écoutez !) Cette tentative n'a pas été renouvelée depuis, et je suis sûr qu'elle ne le sera plus jamais. Il y a environ un an ou deux, la chambre des lords refusa de passer le bill des droits sur le papier; en le faisant, elle agissait constitutionnellemeat et, suivant plusieurs, dans l'esprit et la lettre de la constitution. Cependant, lorsqu'elle vitqu'elles'interposait dans l'exercice d'un droit ne les communes regardaient comme exclusif, elle se désista de son opposition à la session suivante, non parce qu'elle s'était trompée, mais bien parce qu'elle s'était convaincue de l'opinion réelle et et calme des députés du peuple sur la question. Nous devrons nous rappeler en outre que les personnes nommées au conseil législatif occuperont une position toute différente de celle des pairs d'Angleterre. Ils n'auront pas, par exemple, de liens de famille on de position imposés par l'histoire, non plus que cette influence directe sur le peuple ou sur les communes que donnent à ces derniers la richesse, les domaines territoriaux, le nombre de fermiers et le prestige que les siècles ont attaché à leur nom. (Ecoutez ! écoutez!) Ils seront, comme ceux de la chambre basse, hommes du peuple et tirés du peuple, et lui appartiendront autant le lendemain de leur élévation que la veille. Sympathisant donc nécessairement avec le peuple, le conseiller législatif, à son retour des sessions du parlement, se confondra de nouveau avec lui et subira les mêmes sentiments, les mêmes idées et les mêmes besoins que son entourage. S'il en est ainsi, comment supposer que les membres de la chambre haute veuillent se mettre à l'œuvre et de propos délibéré s'opposer à ce qu'ils savent être les vœux et l'opinion du peuple? Cela est impossible, c'est pourquoi je n'ai pas la moindre crainte d'un conflit réel entre les deux chambres. Ce conflit serait bien plus probable si le conseil législatif était constitué sur le principe électif et voici pourquoi. D'abord, les conseillers sortiraient du peuple comme ceux de l'assemblée législative, puis s'il s'élevait entr'eux une différence d'opinion, les premiers n'auraient-ils pas le droit de dire aux seconds - nous représentons le peuple tout autant et même plus que vous, car nous, nous ne sommes pas élus comme vous par une petite localité ni pour une période de peu de durée, et notre entrée en parlement n'est pas due comme la vôtre à des circonstances particulières d'opinion et de temps, qui font que loin de réfléter les vues de tout le pays vous ne représentez que celles des électeurs qui sont venus voter pour vous aux polls. Nous avons donc autant et plus de droit que vous de nous regarder comme l'expression de l'opinion du pays sur les questions générales et nous ne cèderons pas." (Ecoutez ! écoutez !) Il y aurait, je le répète, de grands dangers de conflits entre les deux chambres si la constitution du conseil législatif au lieu d'être laissée entre les mains de la couronne devait être remise entre celles du peuple. On devra se rappeler encore que les conseillers nommés à vie n'ont pas le même privilège que les lords, car en cas de décès ce sont des étrangers qui leur succèdent tandis qu'en Angleterre ce sont les fils qui remplacent les pères, ce qui fait que les changements dans la composition et l'état de l'opinion de notre chambre haute seraient 38 toujours beaucoup plus rapides que dans celle des lords. Quelques faits démontreront combien ces chan amants se font vite:- lors de l'appel nomiu du conseil législatif, en 1866, on enregistre la présence de 42 membres a vie; deux ans après, en 1858, ce cbifi'm n'était que de 35; en 1862, de 26 ; et en 1864, de 21. (Ecoutez! écoutes!) Ce. fait! démontrent combien les changements sont rapides dans la représentation des membres a vie. Mais tout remarquable que soit ce changement, il est encore plus sensible parmi les membres électifs. Le principe électif n'a été mis en vigueur qu'en 1866; dense membres seulement furent élus cette année-là et, depuis, donne tous les deux ans; malgré cela, il y a eu vingt-quatre changements pour cause de décès, d'acceptation de charges publiques ou de résiunation; il est donc évident que si un conflit venait a s'élever entre la chambre haute et la chambre basse, a mesure que des siégea deviendraient Vacants dans la chambre haute, le gouvernement du jour—possédant, par obligation la confiance de la chambre basse- pourrait, afin de rétablir l'harmonie entre as deux branches de la lé islature, donner les siégea en question à. sa hommes dont les sympathies et les idées seraient d'accord avec le gouvernement et, par conséquent, avec la majorité de la chambre basse; et tous les actes de l'administration dans ce sens auraient pour but d'établir las mpathh et l'harmonie entre les deux Chambres dans leurs travaux législatifs. (Ecoutez! écoutez !) Il a encore un autre avantage résultant de la limitation du nombre des représentante. A la chambre haute sera confié le soin de protéger les intéréts de section; il en résulte que les trois grandes divisions seront également représentées pour défendre leurs propres intérêts contre toutes combinaisons de majorités dans l'Assemblée. Chaque section aura donc intérêt ! se faire représenter par ses hommes les plus habiles, et les membres du gouvernement, appartenant a chaque section, devront veiller à. ce que les chou soient faits dans leur section en vue de ess intérêts, à. mesure qu'il se présentera des vacances. C'est pour cette raison que chaque état de l'union américaine envoie au sénat ses hommes les plus éminents. [Eccutesl] La constitution pourvoit à. ce que, dans les premiers choix qui seront faits pour le Conseil, on ait égard aux mem— bres qui occupent des positions analogues dans les différentes colonies. Selon moi, c'est une disposition sage. Dans les conseils légis latifs de toutes les provinces, & l'exception de l'Ile du Prince—Edouard, il y a des membres à. vie. En Canada, il y en a un certain nombre, mais la majorité, bien que n'étant pas nommés par la reine qui confère tous les honneurs, tient son mandat du peuple et a droit de marcher de pair avec ceux qui ont une commission royale. On ne saurait donner une bonne raison en vertu de laquelle ceux qui ont l'expérience de la législation, soit qu'ils tiennent leur mandat de la couronne ou du peuple, devraient être laissée de côté pour être remplacés par des hommes nouveaux dans le conseil législatif de la confédération. La constitution pourvoit donc à. ce que le choix des conseillers législatifs soit fait parmi les houe. messieurs qui sont actuellement membres de la chambre haute dans les différentes colonies - c'est en vertu de dispositions analogues, que pour représenter l'Ecosse et l'lrlnnde dans la chambre des pairsdu royaume-uni les choix saut faits parmi les pairs d'Ecosse et d' Irlande. De méme, les membres du conseil législatif de la confédération projetée seront chosia d'abord dans les conseils législatifs actuels des différentes provinces. Dans la composition de la chambre des communes ou a appliqué. d'une façon aussi simple qu'ingénieuse, le principe de la représentation d'après la population. L'admission de ce principe présentait dès l'abord une difliculté apparente, celle de Pau.; mentation incessante du nombre des représentants dans la chambre basse, avec l'accroissement de la population, cette augmentation pouvant devenir gênants et trop coûteuse. Mais en adoptant pour terme de comparaison la représentation du Bas- Canada—qui sera le pivot de notre système représentatif,— cette province étant la mieux choisie à cause des variations p-u sensibles de sa opulation, et parceque le nombre de ses habitants tient la moyenne entre les populations des autres provinces, nous avons pu surmonter la diüculté que je viens de mentionner. Nous avons donc introduit le s tème de représentation d'après la population, en évitant le dan geret l'inconvénient de voir une augmentation dans le nombre des membres de la chambre basse se renouveler périodiquement tous les dix ans: c'était une simple règle de trois. Je ci a des chifl'res : !. po ulation du Haut-Canada est de 1,400,000, cel e du Bas-Canada de 1,100,000, la prop» tien a établir est celle-ci : avec sa population de 1,100,000 le Bas—Canada a droit à, 65 membres, combien devræt—on accorder de membres au Haut—Canada avec sa population 39 plus consiidérablc de 1,400,000? La même règle s'applique aux autres provinces. Le principe de la représentation d'après la population est strictement mis en pratique sans avoir à craindre tous les dix ans une augmentation gênante du nombre des membres dans la chambre basse. De plus une clause de la constitution pourvoit à ce que, lorsqu'il sera jugé convenable, le nombre des représentants puisse être porté au-delà de 194, chiffre fixé en premier lieu. Dans ce cas si la représentation augmente, le Bas- Canada fournira encore la base du nouvenu calcul. Si, par exemple, au lieu de soixante- cinq membres le Bas-Canada vient à en avoir soixante-dix, la question sera celle-ci : avec telle population le Bas-Canada a soixante-dix membres combien doit en avoir le Haut- Canada avec une population plus considérable ? A mon point de vue personnel, j'aurais voulu dans la chambre plus de cent quatre- vingte-quatorze membres, mais il m'a été impossible de faire prévaloir mon opinion qu il serait bien de commencer avec un plus grand nombre de représentants dans la chambre basse. On me fit deux objections ; la première, que le système augmenterait trop nos dépenses ; la seconde que, dans un pays nouveau comme le nôtre, nous ne pourrions pas trouver un nombre suffisant d'hommes vraiment apres à remplir le rôle de représentants. Je répondis que le nombre des hommes capables augmenterait rapidement d'année en année à mesure que notre système d'éducation se perfectionnerait et que nos richesses se développeraient, qu'en établissant des colléges électoraux plus petits, un plus grand nombre d'individus seraient intéressés au fonctionnement de l'union ; qu'un champ plus large serait ouvert à l'ambition politique par le fait que nous aurions un corps plus nombreux de représentants, et que nous aurions un plus grand choix pour les chefs de notre gouvernement et pour les chefs de partis. Tels étaient mes sentiments personnels, que je n'aurais peut- être pas dû exprimer ici, mais, comme je l'ai dit, je perdis complétement ma cause et le nombre des représentants fut fixé cent- quatre-vingt-quatorze: ce n'est pas trop si on considère qu'il y en a aujourd'hui cent- trente dans la seule législature du Canada. La différence entre cent-trente et cent-quatre- vingt-quatorze n'est pas considérable si on songe à l'accroisement de notre population lorsque la confédération sera une fois opérée. Quand le principe de la représentation d'aprés la population fut adopté par la chambre basse pas un seul membre de la conférence. comme je l'ai déjà dit, pas un seul des délégués du gouvernnement ou de l'opposition d'aucune des provinces maritimes ne se prononça en faveur du suffrage universel. Sous ce rapport tout le monde était pénétré qu'on devait appliquer le principe de la constitution anglaise, et que les différentés classes d'électeurs ainsi que la propriété devaient être représentées tout comme l'élément numérique. Si nous avions entrepris de régler immédiatement la question du cens d'éligibilité nous aurions rencontré des difficultés insurmontables. Les colonies ont chacune des lois différentes à cet égard. Nous avons adopté une clause analogue à celle qui est contenue dans l'acte d'union des Canadas, passé en 1841, savoir : que les lois relatives au cens électoral et au cens d'éligibilité, à la nomination et aux devoirs des officiers-rapporteurs, à la conduite des élections contestées dans les diverses provinces, seraient appliquées dans la première élection au parlement confédéré, de sorte que tout électeur aujourd'hui inscrit légalement sur les listes auront droit de voter pour le choix d'un représentant dans le premier parlement fédéral. Un des premiers actes du parlement de la confédération devra être de régler la question du cens d'éligibilité de manière à l'appliquer à toute la confédération. (Ecoutez !) La durée du parlement a été fixée à cinq ans. Personnellement, je demandais une plus longue période. Je pensais que la durée des législatures locales ne devait pas être moindre que quatre ans et que le parlement général, comme dans le royaume-uni, devait avoir une plus longue durée. La période de cinq ans a été préférée. Une constitution soigneusement élaborée nonseulement par le gouvernement local, mais par les autorités impériales, celle de la Nouvelle-Zélande, admet cette limite de cinq années. Au fait il importait peu que ce fût cinq ou sept ans dès lors qu'on réservait à la couronne le droit de dissoudre les chambres. Depuis l'avènement de GEORGE III, sans compter le parlement actuel, il y a eu en Angleterre dix-sept parlements, dont la durée moyenne a été de trois ans et demi. Cette moyenne est plus faible que celle de la durée des parlements canadiens depuis l'union, de sorte qu'il était de peu d'importance que la durée du parlement général fût fixée à cinq ou sept ans. L'omission de quelques mots dans la 24éme résolution a donné lieu à de nom breuses appréhensions. On a cru que les 40 législatures locales auraient le pouvoir de changer ultérieurement l'étendue et les limites des différents colleges électoraux. Cette résolution doit être interprétée comme suit : pour le premier parlement général l'arrangement des colléges électoraux sera règlé par les législatures locales telles qu'aujourd'hui constituées. Par exemple, le parlement canadien actuel devra décider quels seront les colléges électoraux du Haut- Canada et faire les changements nécessaires pour donner à cette partie de la province le nombre additionnel de membres que lui accorde la nouvelle constitution; il devra aussi régler les changements à faire dans les colléges électoraux actuels du Bas-Canada. En un mot, le parlement devra désigner en quelque sorte, les colléges électoraux qui pourront envoyer des membres au premier parlement fédéral. De même, les autres provinces fixeront les limites de leurs différents colléges électoraux dans la session pendant laquelle ils adopteront la nouvelle constitution. Plus tard, les législatures locales pourront, à leur gré, changer leurs limites électorales en vue de leurs élections locales. Mais on ne pouvait évidemment accorder aux législatures locales la faculté de changer les colléges électoraux envoyant des représentants à la législature générale après que cette législature aura été une fois constituée. Si tel était le cas, un membre de la législature générale pourrait, d'un moment à l'autre, perdre son siége à la suite d'un changement apporté dans son collége par la législature de sa sect on. Non, du moment que le parlement général sera réuni, il faut qu'il ait plein contrôle sur sa propre législation, et pour cela il doit rester maitre absolu de sa position avec la faculté de remanier comme il lui plaira les limites électorales, ce pouvoir étant éminemment essentiel à une législature de ce genre. (Ecoutez !) Je n'abuscrai pas de la patience de la chambre, en examinant, dans tous leurs détails, les pouvoirs divers conférés au parlement général en les distinguant de ceux qui demeurent acquis aux législatures locales. Mais tout honorable membre qui voudra bien examiner la liste des différents sujets assignés aux législatures générales et locales respectivement, se convaincra que toutes les grandes questions affectant les intérêts de la confédération dans son ensemble, sont laissées au parlement fédéral tandis que les questions et les lois d'intérêt local sont laissées à la juridiction des parlements locaux. Natu rellement, la législature générale aura le pouvoir de régler la dette publique et le revenu de la confédération ; il réglera aussi les questions de trafic, de commerce, de donanes et d'accise; il devra enfin posséder plein pouvoir de prélever des fonds par tous les moyens et de toutes sources, conformément à la décision des représentants du peuple. Les législatures locales auront le contrôle de tous les travaux locaux; c'est un point important et un des principaux avantages de l'union fédérale et des parlements locaux, car ainsi chaque province aura le pouvoir et les moyens de développer ses ressources particulières et de travailler à son progrès individuel sans entraves et comme il lui plaira. Ainsi toutes les améliorations locales, de même que les entreprises de toute espèce, sont laissées aux soins et à l'administration des législatures locales de chaque province. Une des résolutions pourvoit à ce que " les lignes de bateaux-à- vapeur ou d'autres bâtiments, les chemins de fer, les canaux et autres travaux qui relieront deux ou plusieurs provinces ou se prolongeront au-delà des limites de l'une d'elles," appartiendront au gouvernement général et seront sous le contrôle de la législature générale. Il est dit aussi dans une autre que " les lignes de bateaux-à- vapeur entre les provinces fédérées et d'autres pays, les communications télégraphiques et l'incorporation des compagnies télégraphiques, et tous autres travaux qui, bien que situés dans une seule province, seront spécialement déclarés dans les actes qui les autoriseront être d'un avantage général," appartiendront au gouvernement général. Ainsi le canal Welland, bien que situé en entier dans une des sections de la confédération et les canaux du St. Laurent ne traversant que deux de ces sections, peuvent étre considérés comme des ouvrages nationaux et avantageux à toute la confédération. Le recensement par lequel sont constatés le chiffre de notre population et l'étendue de nos ressources, est aussi un travail d'utilité publique, et partant, doit être laissé au gouvernement général. Il en est de même des défenses du pays. Un des grands avantages de la confédération est que nous serons unis dans un système des défense bien concerté et uniforme. (Ecoutez !) Aujourd'hui chacune des colonies a un système militaire différent; quelques-unes même ne sont nullement organisées pour la défense. Nous avons plusieurs corps militaires séparés, mais nulle entente 41 n'existe entre les colonies en ce qui concerne l'offensive ou la défensive. Dans la confédération nous aurons un système unique de défense et un seul système d'organisation militaire. Au cas où les provinces maritimes seraient attaquées nous pourrons leur envoyer les puissantes milices du Haut-Canada, et si une invasion nous menaçait sur nos lacs les hardis marins des provinces d'en bas voleraient à notre secours et viendraient manœuvrer nos vaisseaux. ( Ecoutez !) En un mot nous ne ferons plus qu'un peuple agissant de parfait accord dans la paix et dans la guerre. (Applaudissements.) Le code criminel, -c'est-à-dire la détermination de ce qui est crime et de ce qui ne l'est pas,-est laissé au gouvernement général. Ceci est presque une nécessité. Il est très important que le code criminel soit uniforme dans toutes les pmvinces,-—que ce qui est crime dans une partie de l'Amérique anglaise soit jugé tel dans toutes les autres parties, —et que, dans toute l'union, la vie et la prepriété des individus soient uniformément protégées. C'est un des grands vices de la constitution des Etats-Unis où ce qui est crime dans un Etat n'est qu'une offsnse vénielle et passible d'une légère punition dans un autre. Mais, dans notre constitution, nous n'aurons qu'un code criminel basé sur le code criminel anglais, et applicable à toute l'Amérique Britannique, de sorte qu'un des sujets de la confédération saura toujours, dans quelque partie de l'union qu'il se trouve, quels sont ses droits et aussi à quels chàtiments il s'expose s'il se rend coupable d'infraction à la loi. Je ne saurais citer une preuve plus frappante des avantages que nous ont fourni l'examen et l'expérience des défauts qui existent dans la constitution de nos voisins. (Ecoutez !) La 33ème résolution est très importante pour le bien-être futur des colonies. Elle donne au parlement général le pouvoir de passer " toute mesure tendant à rendre uniformes les lois relatives à la propriété et aux droits civils dans le Haut- Canada, la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau- Brunswick, l'Ile du Prince Edouard et l'Ile de Terreneuve, ainsi que la procédure de toutes les cours de justice dans ces provinces." Le principe général des lois de toutes les provinces, à l'exception du Bas-Canada, est la même, bien qu'il puisse y avoir différence dans les détails; et j ai vu avec plaisir que les provinces inférieures désiraient se joindre au Haut-Canada dans l'œuvre de l'assimilation des lois deja mentionnée, et elles se sont aussi montées disposées à introduire chez elles notre système de lois provinciales, qui diffère beaucoup du leur. Dans une colonie, par exemple, il n'existe aucun système municipal; dans une autre, il n'est que facultatif et n'a pas été adopté complètement. Ces circonstances ayant fait trouver presque impossible une union législative, il fut convenu, autant que faire se pourrait, que le premîer acte du parlement confédéré serait d'assimiler les lois provinciales, qui ont toutes pour base le droit commun d'Angleterre. Mais pour ne pas blesser les intérêts locaux, on a décidé qu'aucun changement n'aurait lieu dans ce sens sans avoir reçu la sanction des législatures locales (Ecoutez ! écoutez!) La législature fédérale aura le pouvoir d'établir une cour générale d'appel pour les provinces fédérées. Quoique la législature canadienne ait toujours eu le pouvoir d'établir une semblable cour, à laquelle les justiciables des tribunaux du Haut et du Bas-Canada auraient pu en appeler, elle ne s'en est jamais prévalu. Le Haut et le Bas-Canada ont chacun leur cour d'appel, et ce système continuera jusqu'a ce que la législature fédérale ait établi une cour générale d'appel. La constitution ne pourvoit pas à l'établissement de cette cour, en faveur de laquelle et contre laquelle il existe beaucoup de motifs, mais on a jugé sage et à propos de stipuler dans la constitution que la législature générale avait le pouvoir, si elle le trouvait utile, d'établir une cour générale d'appel des cours supérieures de toutes les provinces. (Ecoutez ! écoutes !) Je n'entreprendrai pas de passer en revue les autres pouvoirs conférés au parlement général, qui, pour la plupart, ont trait à des affaires de finance et d'intérêt commercial, je laisse cela à d'autres plus habiles. A part de tous les pouvoirs spécialement désignés dans le 37e et dernier article de cette partie de la constitution, se trouve conférée à la législature générale la grande législation souveraine, c'est-à-dire le pouvoir de légiférer sur "toutes les matières d'un caractère général qui ne seront pas spécialement et exclusivement réservées au contrôle des législatures et des gouvernements locaux." Telle est justement la disposition qui manque à la constitution des Etats-Unis; c'est là ou l'on trouve ce côté vulnérable du système américain, le vide qui enlève à la constitution américaine se force de cohésion. (Ecoutez! écoutez !) C'est là ce que l'on peut appeler une sage et nécessaire disposition. Par elle nous concentrons la force dans le parlement central et faisons de la confédération un seul peuple et 42 un seul gouvernement, au lieu de cinq peuples et de cinq gouvernements à peine liés entre eux sous l'autorité de la métropole. Quant aux gouvernments locaux, il est prescrit que chacun aura pour chef un officier exécutif nommé par le gouvernement général. Comme nous devons former une province unie, avec des gouvernements com: et des législatures subordonnés au gouvernement fédéré et :'t la lé islature générale, il est opportun que le e ef exécutif de chaque section soit également subordonné & l'exécutif principal de toute la confédération. Envers les gouvernements locaux, le qeuvernement général occupera exactement a même position que le gouvernement impérial eccupc actuellement à '(gard des colonies; de sorte que de même que le lieutenant-gouverneur de chacune des provinces est directement nommé par la reine, à laquelle il est directement responsable et fait directement rapport, de même les ofliciers exécutifs des gouvernements locaux seront par la suite subordonnés au représentant de la reine, auquel ils seront responsables et feront rapport. On a objecté que c'était empiéter sur la préregativc royale de conférer aux gouverneurs locaux le pouvoir de gracier, pour la raison qu'ils n'étaient as directement nommés par la couronne mais indirectement par l'oflicier exécutif de la confédération. Cette disposition a trouvé place dans la constitution à. cause de la dificulté qu'il y aurait si ce pouvoir n'était confié qu'au gommneur-général. Par exemple, s'il s'élève une question au sujet de la libération d'un, rls'onnier convaincu d'oflense mineure—disons a la Nouvelle- Ecosse—et en danger imminent de perdre la vie s'il reste emprisonné, le pardon pourrait arriver trop tard s'il fallait l'attendre du gouverneur—général. Il faut se rappeler que le pouvoir de gracier ne s'applique pas qu'a la peine capitale, mais bien a tous les cas de condamnation, uelque minimes qu'ils soient, même a celui ci une amende imposée comme énalité sur conviction criminelle. Il s'app ique a des cas innombrables, et si la responsabilité de son exercice ne devait re oser que sur l'exécutif général, il ne pourvrait être exercé d'une manière satisfaisante. Il va sans dire que dans chaque province il devra y avoir un jurisconsulte de la couronne occupant la position de procureur—général, comme dans tout état de I union américaine. "Cet officier ap artiendra au gouvernement local; mais si c pouvoir de pardonner est réservé à l'exécutif général, dans chaque cas où le pouvoir de gracier sera invoqué, il faudra que le jurisconsulte en question en fasse directement rapport au gouverneur- général. Cette difficulté pratique fut reconnue si grande que l'on juges a propos d'en venir a cette détermination sans intention aucune d'enfreindre les préro ativcs de la couronne, car tout ce qu'a fait a conférence démontre qu'elle était mue par le lus grand désir de veiller avec sellicitude a eur maintien. (Ecoutez! écoutez !) Cette question, d'ailleurs, intéresse l'empire, et si les gouvernement et parlement impériaux ne se rendent pas aux raisons que nous pourrons faire valoir pour maintenir cet article, alors, comme puissance dominante, ils pourront le faire disparaitre. (Bien ! très bien!). Il est de nombreux sujets qui appartiennent de droit aux législatures locales et fédérales, et pour éviter un conflit d'autorités, l'on a décidé que la où il y a juridiction concurrents entre le parlement énéral et les parlements locaux et la où la égislation de l'une sera hostile a celle de l'autre, lalégislntion du gouvernement général l'emportera sur l'autre. Nous avons aussi introduit toutes les dispositions néeessaires au complet fonctionnement de la constitution britannique en ces provinces. Il est également present que nul vote de crédit ne sera donné que parla branche populaire de la le islature,—en qui repose la solidarité de l' qullibre entre le revenu et la dépense,——que nulle dépense ou autorisation de dépense par adresse ou autrement ne se fera ni ne sera donnée que sur la recommandation de la couronne précédée de l'avis de ses conseillers responsables. (Ecoutez! écoutes l) Quant à. la partie financière du projet, aux arrangements pris à l'égard du passif actuel des différentes provinces, du futur passif de la confédération et des autres matières de ce eure, je ne doute pas que mes hons. amis, le ministre des finances et le président du conseil, sauront en donner d'amplcs détails, tout en démontrant que cette partie du sujet a été étudiée itfond par eux. Je sens que ce serait faire perdre inutilement le temps de la chambre, avec mes hibles connaissances sur ces sujets, que d'oser vouloir les traiter, sachant surtout que mes deux hons. amis sauront si bien s'en acquitter. La dernière résolution qui offre quelqu'intérôt est celle par laquelle il est proposé que Sa Majesté détermine le rang et le nom des provinces confédérées. Je ne sais pas si elles seront considérées comme une royauté ou une vice-royauté, ou si elles continueront à 43 garder le titre de provinces ; mais je suis certain que Sa Gracieuse Majesté considérera le sujet comme il convient, et le nom qui nous sera donné sera digne de notre avenir. (Acclamation.) Avant de conclure, qu'il me soit permis de prier les hons. députés de lire ces résolutions avec calme et de les considérer dans leur ensemble, quelque soient leurs préjugés antérieurs et leurs idées préconçues, et s'ils croient que, comme ensemble, le projet proposé doit contribuer au bien- être du peuple de ces provinces,—que la prospérité de notre pays doit y gagner—que nous augmenterons par là notre richesse et notre crédit—je leur dis avec conviction : laissez de côté tout esprit de parti et examinez la question sur ses mérites. (Ecoutez! écoutez !) Quelques-uns ont prétendu —mais leur argument n'est pas des plus plausibles—que ce projet de confédération était un pas vers l'indépendance, vers une séparation de la mère-patrie. Je n'ai aucune crainte de ce genre. Je crois qu'à mesure ne nous croîtrons en richesse et en force. L'Angleterre sera moins disposée à se séparer de nous que si nous nous affaiblissions et que nous fussions sans défense. ( Ecoutez ! écoutez !) Je suis fermement persuadé que d'année en année, c'est-à-dire à mesure que nous augmenterons en force et en population, l'Angleterre jugera mieux des avantages que lui vaudra son alliance avec l'Amérique Britannique du Nord. Lorsqu'au lieu de trois et demi nous compterons sept millions, chiffre que nous atteindrons avant que bien des années ne s'écoulent, il n'est guère présumable que nous serons plus qu'aujourd'hui disposés à rompre notre union avec l'Angleterre. Est-ce, qu'autant que nous le sommes aujourd'hui, ces sept millions ne seront pas désireux de conserver leur allégeance à la reine et leur alliance avec la métropole ? Est-ce que la réunion du peuple des provinces maritimes au nôtre pourrait avoir l'effet de diminuer le désir de rester attachés à la mère-patrie ? Le peuple du Canada est loyal dans le vrai sens du mot ; mais s'il est possible que quelqu'un le soit plus que lui, ce sont certainement les provinces maritimes. (Acclamations.) Partout dans ces provinces, les partis politiques luttent à qui donnera le plus de témoignages de sa loyauté à Sa Majesté et à la couronne britannique. (Ecoutez ! écoutez !) Si cette union s'effectue, nous compterons une population de quatre millions d'habitants. Nous ne serons pas alors un peuple insignifiant. En Europe, avec une pareille popula tion, nous occuperions la position d'une puissance de second ou troisième ordre au moins. Notre crédit et nos ressources augmentant rapidement, nous offrirons un champ attrayant aux émigrants anglais et à l'émigration européenne en général, et nous progresseront en conséquence sur une grande échelle. Les 25 dernières années ont vu s'opérer de grandes choses pendant lesquelles a existé l'union entre le Haut et le Bas- Canada, mais je crois que les 25 années à venir seront plus remarquables encore sous le rapport des progrès et de la prospérité. (Ecoutez ! écoutez !) Quand enfin, nous aurons une population de huit en neuf millions, notre alliance sera recherchée par les grandes nations de la terre parce qu'elle sera précieuse. (Ecoutez ! écoutez !) Le désir que nous manifestons de rester toujours attachés a l'Angleterre sera, je m'en fais gloire, réciproque chez le peuple de cette puissance. Il y a en Angleterre un parti qui désire se débarrasser des colonies, mais ce parti est peu puissant. Je ne crois pas que ce soit là la pensée du peuple ni des hommes d'Etat du peuple d'Angleterre. (Ecoutez ! écoutez ! et acclamations.) Jamais, à mon avis, le gouvernement de la Grande-Bretagne ne prendra délibérément cette détermination. (Ecoutez ! écoutez !) Les colonies sont en ce moment dans un état de transition. Bientôt, au lieu d'être une dépendance, nous serons un ami et un allié puissant. L'Angleterre aura bientôt sous sa domination des nations qui seront prêtes et disposées à lui prêter leur concours dans la paix et dans la guerre, et à l'aider, si cela est nécessaire, à maintenir sa puissance contre le monde en armes. (Acclamations.) L'Australie aussi deviendra une nation subordonnée, et l'Angleterre, si, comme je le pense, ses colonies prospèrent sous le nouveau système colonial, dans la supposition où elle serait en guerre avec le reste du monde, aura cet avantage de pouvoir faire alliance avec les nations à elles subordonnées et qui, grâce à leur allégeance au même souverain, l'aideront à lutter, comme elle l'a déjà fait, contre le monde entier (applaudissements !) Si pendant la grande guerre avec Napoléon, alors que chaque port de l'Europe était fermé a son commerce, elle a pu encore tenir ferme, combien donc sera plus grande sa force de résistance lorsqu'elle aura un empire colonial croissant rapidement en richesse et en crédit. (Ecoutez ! écoutez !) Il est vrai ne nous sommes en danger, comme nous l'avons déjà été maintes et maintes 44 fois, d'être plongés dans une guerre par des causes en dehors de notre contrôle, et cependant, cela ne nous a sa intimidés. Il y a quelque temps, et à la seule mention de la probabilité d'une guerre, d'une extrémité à l'autre de l'Amérique Britannique on a vu se réveiller les sentiments du peuple qui déjà était prêt à en accepter toutes les conséquences. Bien que le peuple de ce pays ait une juste idée des horreurs de la guerre, le cas advenant où elle serait malheureusement déclarée entre les Etats-Unis et l'Angleterre, il serait prêt à aller audevant de ses périls par attachement pour la métropole. Il n'y a qu'une seule opinion sur ce point. Nous connaissons l'avantage moral de la protection de l'Angleterre. Tant que cette alliance sera maintenue, nous jouirons sous sa protection des priviléges de la liberté constitutionnelle, et comme conséquence, les droits de la minorité seront toujours respectés. (Écoutez ! écoutez !) Dans la plupart des gouvernements, les droits de la majorité seuls comptent; il n'y a que dans les pays comme l'Angleterre, jouissant de la liberté constitutionnelle et méconnaissant la tyrannie d'un simple despote ou la démocratie sans frein, que les droits des minorités sont respectés. Tant ne nous resterons abrités sous le drapeau de la Grande-Bretagne, nous jouirons du bénéfice de ses institutions libres, ayant devant les yeux la conduite de ses hommes d'État à imiter, et pour exemple la pureté de sa législation et l'administration impartiale de ses lois. Dans ce nouveau pays, un des grands avantages de notre connexion avec la Grande-Bretagne, c'est que sous ses auspices et guidés par ses exemples, nos hommes publics seront mus par des principes analogues à ceux qui servent de mobile aux hommes d'état de la mère-patrie. Si ce ne sont pas là des avantages matériels, ils sont du moins très précieux et dignes de tous les sacrifices que nous pourrons faire pour conserver la connexion qui nous assure ces avantages. (Écoutez ! écoutez !) Nous devons aussi être reconnaissants à la providence de pouvoir examiner et discuter cette grande et paisible révolution constitutionnelle à la veille de s'opérer et dont l'élaboration, comme aux États-Unis, n'a pas été hâtée par les exigences de la guerre,—de ce que notre pays n a pas, comme d'autres, subi de violentes révolutions, fomentées soit par des hostilités du dehors, soit par des dissensions intérieures. Ici nous sommes au sein de la paix et de la prospérité, sous le gouver nement protecteur de la Grande-Bretagne ; nous sommes un peuple dépendant, avec un gouvernement dont 'autorité est limitée et déléguée mais auquel on permet sans restriction de légiférer, même sur la destinée future de l'Amérique Britannique du Nord. Nous avons aussi la joie de savoir, par l'intermédiaire de ses ministres, qu'il avait plu à notre gracieuse souveraine de donner sa complète adhésion à nos délibérations ; que sa seule sollicitude était que nous adoptions un système réellement à notre avantage, et qu'elle promettait de donner son assentiment aux mesures que nous saurions prendre pour atteindre le but projeté, la prospérité présente et future de l'Amérique Britannique. (Applaudissements !) Nous ne saurions donc être trop reconnaissants de la position enviable qui nous est faite. (Écoutez! écoutez !) Il ne me reste qu'à demander pardon à la Chambre de l'avoir entretenue si longtemps. (Acclamations et cris de continuer.) Je supplie la Chambre de ne pas laisser échapper cette occasion, qui ne se présentera peut-être jamais, et qui a été amenée par un concours particulier de circonstances. Il faut donc en profiter, car si nous la négligeons, nous pourrions un jour regretter de ne pas avoir accepté cette heureuse opportunité de fonder une nation puissante sous l'égide de la Grande-Bretagne et de notre souveraine Dame la Reine VICTORIA. [L'honorable monsieur s'assit au milieu d'aplaudissements enthousiastes et prolongés.]
La Chambre ajourne à 11 heures, P.M.

Source:

Province du Canada. Débats parlementaires sur la question de la Confédération des provinces de l'Amérique britannique du nord. Quebec: Hunter, Rose et Lemieux, Imprimeurs Parlementaires, 1865. Numérisé par Canadiana.

Credits:

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Notes de bas de page:

  • * Pour les résolutions, voir page 1.

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