DÉCRET DU CONSEIL ÉTABLISSANT LA
COMMISSION
CHARGÉE DE CONCLURE LE TRAITÉ No 10
C.P. No 1459
(Traduction)
Dans un rapport du surintendant général des Affaires indiennes
en date du 12 juillet 1906 signalant que les droits des autochtones
n'ont pas encore été abolis dans la plus grande partie du
territoire de la province de la Saskatchewan s'étendant au nord du
54e parallèle et dans une zone adjacente peu étendue
située en Alberta; que les Indiens et les Métis de ce territoire se
trouvent dans la même situation que ceux dont le territoire est
situé immédiatement au sud et à l'ouest et dont les droits ont déjà
été abolis, dans le cas des Indiens, par l'octroi d'une indemnité
définitive et de versements annuels et la mise de côté de terres de
réserve et, dans le cas des Métis, par l'octroi de titres, et que,
de temps à autre, les autochtones susmentionnés ont fait des
pressions pour obtenir un règlement analogue; qu'il est dans
l'intérêt public de libérer de toute revendication autochtone
l'ensemble du territoire compris dans les limites des provinces de
la Saskatchewan et de l'Alberta; et qu'on a estimé à $12 000 la
somme nécessaire pour conclure un traité avec les Indiens, régler
les revendications des Métis et verser aux Indiens les indemnités
habituelles.
Le Ministre fait donc les recommandations suivantes:
- Qu'un traité soit conclu avec les Indiens de la région,
susmentionnée située à la fois dans les provinces de la
Saskatchewan et de l'Alberta, à l'est du territoire visé par le
traité no 8 et au nord des territoires visés par les
traités nos5 et 6 et du secteur ajouté au territoire
visé par le traité no 6, région qui renferme
approximativement 85 000 milles carrés, ledit traité devant
comporter les mesures suivantes:
- mettre de côté des terres de réserve en prévoyant une
superficie d'un mille carré pour chacune des familles de cinq
personnes qui choisiront d'habiter dans une réserve, ou dans les
mêmes proportions pour les familles dont l'importance est
supérieure ou inférieure à ce nombre, ainsi que d'autres terres
d'une superficie de cent soixante acres chacune pour les familles
ou les particuliers indiens qui préfèrent s'établir ailleurs que
dans des réserves, à la condition que ces terres ne puissent être
aliénées sans le consentement du gouverneur en conseil;
- verser en espèces, au moment de la signature du traité, $32 à
chaque chef, $22 à chaque dirigeant et $12 à tout autre Indien,
sans considération d'âge, et par la suite, un montant annuel de $25
à chaque chef, de $15 à chaque dirigeant et de $5 à tout autre
Indien, quel que soit son âge;
- prendre, chaque fois qu'il le faudra, les mesures nécessaires
pour assurer l'éducation des enfants indiens; et
- fournir aux Indiens l'assistance nécessaire ou souhaitable pour
les aider à s'adonner à l'agriculture, à l'élevage ou à d'autres
travaux.
- Qu'on accorde aux Métis habitant le territoire susmentionné un
titre remboursable de $240 pour l'achat d'une terre du Dominion ou
un titre à une terre particulière de ce même Dominion, d'une
superficie de 240 acres, selon les modalités et les règles
régissant l'octroi de titre aux Métis sur le territoire visé par le
traité no 8, qui sont les suivantes:
- Qu'on accorde à chaque Métis qui habite le territoire visé par
le traité proposé au moment de sa signature, et dont les droits
n'ont pas été abolis par l'octroi d'un titre à ce dernier ou à ses
parents ou par quelque autre moyen, un titre à une terre ou un
titre en argent, tel qu'il est décrit plus haut selon ce que
lui-même ou un de ses parents ou son tuteur, s'il a moins de 18
ans, en aura décidé;
- Que l'abolition du droit d'un parent n'empêche pas un Métis qui
réside sur le territoire au moment de la signature du traité
d'obtenir un titre;
- Que lorsque les droits de Métis habitant ledit territoire ont
déjà été abolis, on considère ceux de leurs enfants nés sur ce
territoire ou dans toute partie de la région cédée du Nord-Ouest
située à l'extérieur des anciennes limites du Manitoba entre le 15
juillet 1870 et la fin de 1885 comme ayant droit à un titre, s'ils
n'ent ont pas déjà obtenu un, vu que ce droit leur aurait été
reconnu s'ils avaient présenté une revendication en ce sens à la
commission établie à cette fin;
- Que les certificats de titre destinés aux Métis de moins de 18
ans soient délivrés au père s'il est vivant ou, dans le cas
contraire, à la mère ou au tuteur de l'intéressé.
Le Ministre recommande en outre que James Andrew Joseph McKenna,
de la ville de Winnipeg, dans la province du Manitoba, soit nommé
commissaire et chargé de conclure le traité proposé avec les
Indiens du territoire décrit ci-dessus et d'entendre les
revendications des Métis qui y sont établis, de se prononcer sur
ces dernières et d'accorder un titre, de la manière indiquée plus
haut, à ceux d'entre eux qu'il considère y avoir droit; M. McKenna
recevra en sus de son traitement habituel un supplément de
rémunération de $5 par jour.
Le Comité soumet donc les recommandations ci-dessus aux fins
d'approbation.
RATIFICATION DU TRAITÉ No
10
C.P. No 2490
(Traduction)
Dans un mémoire du surintendant général des Affaires indiennes
en date du 7 novembre 1907 soumettant à l'examen de Votre
Excellence le traité no 10 conclu en 1906 par Monsieur
le commissaire James Andrew Joseph McKenna, nommé pour négocier
ledit traité avec les Chipewyans, les Cris et les autres habitants
de la région située à la fois dans la province de la Saskatchewan
et dans la province de l'Alberta, à l'est du territoire visé par le
traité no 8 et au nord des territoires visés par les
traités nos 5 et 6 et du secteur ajouté au territoire
visé par le traité no 6, région décrite dans ledit
traité.
Le Ministre soumet en outre les adhésions audit traité obtenues
par Monsieur Thomas Alexander Borthwick, nommé commissaire à cette
fin pendant l'été de 1907, qui ont été signées par les Indiens des
tribus susmentionnés n'ayant pas pu rencontrer auparavant le
commissaire McKenna.
Le Ministre recommande que ledit traité et les adhésions à ce
dernier soient approuvés par Votre Excellence en conseil, qu'on
retourne l'original du traité et des adhésions au département des
Affaires indiennes et qu'on conserve une copie de ces documents aux
archives du Bureau du Conseil privé.
Le Comité soumet donc les recommandations ci-dessus aux fins
d'approbation.
RAPPORT DU PREMIER COMMISSAIRE POUR
LE
TRAITÉ No 10
Ottawa, 18 janvier 1907.
A l'honorable Frank Oliver,
Surintendant général des Affaires
indiennes,
Ottawa.
MONSIEUR LE MINISTRE. – J'ai l'honneur de vous adresser
ci-inclus le traité que, en vertu de la commission qui m'a été
adressée le 20 juillet 1906, j'ai conclu avec les indiens Chippewas
de la rivière aux Anglais et du Lac-Clair ainsi qu'avec les Cris du
Lac-au-Canot dans la partie nord de la Saskatchewan.
Les mesures que j'ai prises pour rencontrer les indiens, ce dont
ils étaient avisés, ont arrangé que la première réunion devait être
au Portage-la-Loche le 3 septembre, mais un temps défavorable et
l'acte des indiens eux-mêmes ont rendu impossible l'accomplissement
de mon programme.
En atteignant l'Île-à-la-Crosse le 26 août en route pour le
Portage-la-Loche, j'ai trouvé que tous les Chippewas de la rivière
aux Anglais, et environ dix familles du Lac-Clair y étaient réunis,
attendant la commission, que l'on annonçait comme devant être à cet
endroit le 13 septembre. Ces indiens insistaient fortement pour que
l'on traitât avec eux sans retard, pour le motif qu'ils étaient
réunis à cet endroit depuis plusieurs jours, que leurs provisions
diminuaient, qu'il était nécessaire pour eux de retourner à leurs
champs de chasse sans plus de délai, qu'ils étaient venus de loin,
et qu'ils auraient à faire un long voyage avant d'atteindre leurs
quartiers d'hiver.
J'ai résolu d'acquiescer à leur demande, et je les ai rencontrés
le 28 août.
Il a semblé pendant quelque temps qu'il y aurait beaucoup de
difficultés à effectuer un règlement sur les lignes du traité, car
il était évident d'après le sens de la conversation des chefs des
indiens qu'il y avait eu à l'oeuvre une influence qui tendait à
leur faire considérer le traité comme un moyen de les réduire en
esclavage. J'ai pu désabuser leurs esprits de cette pensée absurde,
et leur démontrer clairement que le but du gouvernement était tout
simplement de faire pour eux ce qu'il avait fait pour les indiens
avoisinants quant à l'avancement du commerce ou de la civilisation
eut commencé à gêner le libre exercice de leurs droits et
privilèges aborigènes de chasseurs.
À la fin du jour le traité était signé et les sommes déterminées
pour annuités ou gratifications avaient été versées.
Le nombre d'indiens payés à cet endroit a été de |
|
2 chefs à $32 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . |
64 00 |
2 sous-chefs à $22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . |
44 00 |
195 autres indiens à $12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . |
2,340 00 |
199
|
$2,448 00
|
Le chef de la bande du Lac-Clair, qui était autorisé à parler
pour ses gens, a demandé que le reste de la bande fût payé à
Buffalo-Narrows où il se réunirait pour me rencontrer à mon retour
du Portage-la-Loche.
Après avoir traité avec ces indiens, j'ai quitté l'Île à la
Crosse le 30 août pour le Portage-la-Loche, où j'étais attendu le 3
septembre; mais, pour les raisons données plus haut, je n'ai pu y
arriver que le 5.
Les gens qui se trouvaient à cet endroit étaient tous des métis,
et ont été traités comme tels.
Le 8 du même mois, je suis parti pour la mission de la Loche, de
l'autre côté du lac de ce nom, à une distance de neuf milles, où il
a fallu rencontrer d'autres métis avec lesquels on a dû traiter. Il
y avait à cet endroit trois vieilles femmes Chippewas qui
désiraient être attachées à la bande du Lac-Clair, et je les ai
enregistrées comme membres et leur ai payé l'indemnité du
traité.
Après avoir terminé mon travail à la mission de la Loche le 11,
je suis parti pour m'en revenir à l'Île à la Crosse, et je suis
arrivé à Buffalo-Narrows le soir du 16. Le Chef de la bande du
Lac-Clair et ceux de ses gens qui n'avaient pas encore été payés
d'indemnité s'y trouvaient réunis. Je les ai rencontrés le
lendemain; je les ai trouvés satisfaits de ce que leur chef avait
fait en devenant partie au traité, et je leur ai payé la
gratification et l'annuité.
Le nombre des indiens payés à cet endroit, y compris trois
membres de la bande à Bull's-House, a été – 110 indiens, à $12,
$1,320.
A la demande du chef, la nomination des sous-chefs a été remise
jusqu'au prochain versement en vertu du traité, attendu que les
indiens n'étaient pas alors prêts à faire leur choix.
Après avoir terminé le travail à Buffalo-Narrows, j'ai continué
à l'Île à la Crosse à une distance de cinquante-cinq milles, et j'y
suis arrivé. J'ai rencontré les indiens Cris du Lac-au-Canot le
lendemain et je leur ai expliqué toutes les stipulations contenues
dans le traité. J'ai obtenu leur adhésion le 19 septembre.
Le nombre de cette bande est de quatre-vingt-deux, composée d'un
chef, de deux sous-chefs et de soixante-dix-neuf autres indiens; la
somme versée a été de $1,024.
L'endroit suivant à visiter était Stanley où j'étais annoncé
comme devant rencontrer les indiens le 8 octobre; mais entre mon
départ de l'Île-la-Crosse et mon retour à cet endroit, il est venu
un rapport de la Compagnie de la Baie-d'Hudson, disant que l'eau
était très basse dans les cours d'eau, et que le voyage serait, en
conséquence, tellement difficile et tellement lent que suivant
toutes les probalités notre équipe serait prise par les glaces et
devrait rester à Stanley jusqu'à ce qu'on pût se procurer des
traînes à chiens. Ce rapport a été bien confirmé par les
renseignements reçus par MM. Revillon et frères, de cette partie du
pays, et dont leur gérant M. Bénard m'a gracieusement informé.
D'après le rapport il paraissait aussi que, même si nous eussions
fait le voyage, il eut été impossible aux indiens de la portion
nord-est du pays de se réunir là, et qu'il n'y avait à Stanley et
dans le voisinage immédiat que quelques familles de métis dont les
réclamations avaient été réglées avant leur migration en cette
région. J'ai donc résolu de renoncer à ma visite, et j'ai envoyé
avis du fait aux gens, les assurant en même temps, qu'il leur
serait fait une visite à une date ultérieure, dont ils recevraient
dûment avis.
Attendu que les discussions soutenues avec les bandes traitaient
beaucoup des mêmes sujets, je vais me borner à un relevé général de
leur portée.
Il y avait absence notable de l'ancien style oratoire des
indiens, ceux-ci se bornaient à poser des questions et à proposer
de brefs arguments. Ils demandaient tous des termes plus larges que
ceux accordés aux indiens avec lesquels on avait traité les années
passées, le chef de la bande de la Rivière-aux-Anglais a même été
assez loin pour demander le paiement des «arrérages» depuis l'année
où le premier traité avait été conclu; quelques-uns s'attendaient à
être entièrement nourris par le gouvernement, après la conclusion
du traité; tous demandaient de l'aide pour les saisons de dénûment;
et l'on insistait fortement que pour les vieillards et les
indigents qui n'étaient plus capables de faire la chasse et de
courir la trappe et se trouvaient en conséquence souvent dans des
circonstances de dénûment, fussent soignés par le gouvernement.
Il y avait une expresion générale de crainte que la conclusoin
du traité ne fut suivie d'une restriction de leurs privilèges de
chasse et de pêche, et l'on a insisté pour qu'on ne permit pas de
monopoliser et de ruiner les lacs et les rivières par la pêche du
commerce.
Il a été fait preuve de désirs notables d'obtenir les privilèges
de l'instruction pour les enfants. Sous ce rapport et parlant des
indiens en général, le chef de la bande de la Rivière-aux-Anglais a
demandé avec instance que, dans la mise à exécution de la ligne de
conduite du gouvernement quant à l'instruction des indiens, il n'y
fût pas d'ingérance dans le système des écoles religieuses
actuellement dirigées par la mission, mais que l'assistance
publique fût donnée pour des améliorations et des agrandissements
suivant les lignes déjà suivies.
Le chef de la bande du Lac-au-Canot a déclaré qu'il y avait dans
sa bande vingt-cinq enfants d'âge à aller à l'école, et il a
demandé qu'un externat fut établi pour leur avantage au
Lac-au-Canot, et qu'elle fût mise sous la direction d'une
institutrice.
Il a aussi été fait une demande pour quelques têtes de bétail à
être données à ceux des indiens qui désiraient se livrer à
l'industrie de l'élevage.
Les indiens ont tous convenu de n'avoir qu'un endroit à l'avenir
pour le paiement de leurs indemnités; mais ils en ont fait une
condition que leurs paiements fussent détenus jusque vers le milieu
de juin de chaque années, vu que c'est le seul temps où la
perception des versements d'annuités ne gênerait pas leurs
occupations dans une mesure qui ne saurait complètement compenser
le versement des indemnités. Ils ont choisi l'Île à la Crosse pour
être l'endroit où ils recevraient leurs versements.
Ils ont de plus demandé que des médicaments leur fussent
fournis, et ils ont fait une demande sérieuse pour avoir un médecin
résident.
Dans ma réponse, je les ai convaincus que l'on n'avait encore
jamais entendu parler de la demande qu'ils mettaient de l'avant
pour ce qu'ils appelaient leurs «arrérages», et que je ne pouvais
pas, pour un seul instant reconnaître que le gouvernement y fut
obligé en quoi que ce soit, sauf l'obligation qui y serait mise en
vertu de l'exécution du traité. Je leur ai indiqué que le
gouvernement ne pouvait pas se charger d'entretenir les indiens
dans l'inaction; que seraient continués après le traité les mêmes
moyens de gagner sa vie que ceux qui existaient auparavant; et que
l'on comptait que les indiens y auraient aussi bien recours à
l'avenir que par le passé. J'ai déclaré que le gouvernement était
toujours prêt à aider les indiens qui se trouveraient dans le vrai
dénûment; que, aux moments de gêne, sans qu'il y eut eu de
stipulation spéciale dans les traités, ils recevraient l'assistance
que l'on avait l'habitude de donner, afin d'empêcher le besoin de
devenir maître d'eux – et que l'attention du gouvernement serait
attirée sur la nécessité de pourvoir spécialement à assiter les
vieillards et les indigents devenus incapables de travailler et qui
dépendent de la charité pour vivre.
Je leur ai garanti que le traité n'entraînerait pas d'ingérence
forcée dans leur mode de vivre. Je leur ai expliqué, soit que le
traité fût conclu ou non, ils étaient soumis à la loi, tenus d'y
obéir et passibles de punition pour toute les contraventions à
cette loi – qu'elle était faite pour la protection de tout le
monde, et devait être respectée par tous les habitants du pays quel
que fût leur couleur ou leur origine; et que, en étant priés de s'y
conformer, ils n'étaient priés que de remplir le devoir qui est
imposé à tout le monde par tout le Dominion du Canada. J'ai appuyé
sur l'importance qu'il y a dans leur propre intérêt, à observer les
lois concernant la protection du poisson et du gibier.
Quant à l'instruction publique, les indiens ont reçu l'assurance
qu'il n'y avait pas besoin de stipulation spéciale au-dessus ou en
outre des dispositions générales du traité, et que c'était la ligne
de conduite qu'entendait suivre le gouvernement que de pourvoir
dans toutes les parties du pays, autant que les circonstances le
permettraient à l'instruction des enfants indiens, et que la loi
pourvoyait à ce que des écoles pour les enfants indiens entretenues
et assistées par le gouvernement, fussent dirigées quant aux
principe religieux d'accord avec les désirs des indiens.
Il leur a été expliqué que l'aide pour la culture et l'élevage
mentionnée au traité, n'est donnée que lorsque les indiens sont
réellement prêts à se livrer à ces industries. Il est probable que
pour plusieurs années à venir il n'y aura de demande que pour une
faible dépense de ce chef. Il n'est pas probable que les indiens,
si les circonstances actuelles se continuent, se livrent à la
culture plus largement que pour la production de racines en petit.
Quant au bétail, j'ai déclaré que l'agent qui serait envoyé pour
effectuer les prochains versements d'indemnités en vertu des
traités, serait prié d'en conférer avec eux, mais que ceux-là seuls
qui serait jugés capables et désireux de prendre bon soin du bétail
recevront de l'aide sous cette forme.
Je leur ai promis que des médicaments seraient déposés à divers
endroits sous les soins de personnes choisies par le gouvernement,
et seraient à ceux des indiens qui pourraient en avoir besoin. Je
leur ai démontré qu'il serait pratiquement impossible pour le
gouvernement de pourvoir à ce qu'il y eût un médecin résident pour
le motif que les indiens sont si largement disséminés sur un aussi
vaste territoire; mais je leur ai assuré que le gouvernement serait
toujours prêt à profiter de toute occasion qui pourrait se
présenter de rendre les services médicaux de même qu'il s'engageait
à ce que le médecin attaché à la commission devrait donner gratis
ses soins à tous les indiens qui pourraient en avoir besoin.
En somme, la demande va survenir pour des munitions de chasse et
pour de la ficelle, attendu que la majorité des indiens va
continuer à avoir recours à la chasse et à la pêche pour assurer sa
vie. Il ne paraît pas probable que les conditions de la partie de
la Saskatchewan qui est couverte par le traité changent assez d'ici
à plusieurs années pour porter atteinte à la chasse et à la traite
des fourrures, et l'on compte en conséquence, que la grande
majorité des indiens va continuer à avoir recours à ces moyens pour
faire sa vie.
On a donné aux indiens le choix de prendre des réserves ou des
terres à part, quand ils sentiraient le besoin d'avoir des terres
mises à part pour eux. Je leur ai fait voir clairement que le
gouvernement ne désirait pas s'ingérer dans leur mode de vie, non
plus que les restreindre aux réserves, et qu'il se chargeait de
leur faire mettre à part des terres dans les proportions indiquées
dans le traité, quand les circonstances gêneraient leur mode de
vie, et quand il deviendrait nécessaire de leur assurer la
possession de terres.
Les indiens avec lesquels il a traité, sont de caractère,
d'habitudes, de mode de s'habiller et de manière de vivre,
semblables aux Chippewas et aux Cris de la région de l'Athabaska.
Il est difficile de tracer une ligne de démarcation entre ceux qui
se sont classés comme indiens et ceux qui ont fait le choix d'être
traités comme des métis. Les deux s'habillent de semblable façon et
suivent le mème mode de vie. J'ai été frappé de voir que l'un des
groupes était en somme, tout aussi capable de pourvoir à sa propre
subsistance que l'autre.
Après que nous eûmes quitté le lac Vert, notre route a été par
la voie des rivières et des lacs et ne nous a pas fourni beaucoup
d'occasions de nous former une opinion du pays concédé et de ses
ressources. A notre point de vue, le pays nous a paru plat. Il y
avait de grandes étendues de terres à foin le long des rivières, et
des prés boisés près des lacs. Les eaux abondent en poisson, qui
constitue l'article principal de l'alimentation.
La mission de l'Île à la Crosse fut fondée il y a environ
soixante-deux ans par le père Laflèche qui devint ensuite une
figure marquante dans le clergé de la province de Québec, et par le
frère Taché qui ensuite remplit le siège épiscopal de
Saint-Boniface. L'église construite par eux a été détruite par le
feu et remplacée par une autre. La construction qui a ensuite le
plus d'importance est l'école que dirigent les soeurs. Elle donne
extérieurement des preuves évidentes de son grand âge, mais à
l'intérieur elle est confortable, et les enfants que j'ai eu le
plaisir d'y rencontrer ont donné des preuves de bons soins et de la
formation attentive que leur donnent les femmes dévouées qui ont
quitté les conforts de la civilisation pour venir ici travailler à
l'amélioration des naturels du nord. Le presbytère est petit. La
seule porte qu'il a s'ouvre sur une vaste pièce qui occupe la plus
grande partie de la construction et qui sert de lieu de réunion
pour les indiens et les métis, qui s'y assiéent et qui y fument
avec une aisance qui semble née d'une longue habitude de rapports
libres avec ceux qui ont entrepris le soin de leurs âmes.
La mission est presque vis-à-vis le poste de la compagnie. Elle
est près de la rive. Elle est un peu plate, et pour des milles de
distance des trois côtés s'étend une prairie nue; bien qu'on nous
ait dit que la mission, à sa fondation, était sur la lisière d'un
bois. Quoi qu'il en soit, ce n'est plus un emplacement désirable
pour un pensionnat, et il en a été érigé un nouveau à la
Rivière-la-Plonge, à environ trente milles au sud de la mission. La
construction a cent pieds sur soixante-deux pieds et a deux étages
et demi de hauteur. Elle était terminée quand je l'ai visitée.
L'emplacement en est délicieux, sur un terrain qui s'élève de la
rivière, qui à cet endroit se brise en une cataracte que les frères
Oblats ont utilisée pour des fins de force motrice. Ils ont scié
les billots, et grâce à la rivière ainsi subjuguée ils les ont
convertis en bois de service, avec lequel ils ont construit
l'école, monument merveilleux de leur habileté mécanique, de leur
industrie et de leur dévouement. Quand j'ai quitté l'Île à la
Crosse le déménagement des enfants de l'ancienne institution à la
nouvelle avait commencé.
Notre voyage a été passablement ardu. Notre transport a dû être
organisé à un court avis. L'eau dans les rivières était
passablement basse, et nous avons rencontré des tempêtes sur les
lacs; mais il n'y a pas eu lieu de faire rapport de sinistres ou de
pertes qui malheureusement étaient devenues choses courantes.
J'ai eu le plaisir d'avoir, pour presque tout le voyage de
retour, la compagnie de Sa Grandeur Monseigneur l'évêque Pascal; et
je désire réitérer ici la constatation que j'ai exprimée à Sa
Grandeur en personne pour l'aide de son influence lors de ma
première rencontre des naturels du pays, qui est tout plein du
respect de son nom à cause de ses travaux de dévouement.
Je désire aussi exprimer ma reconnaissance pour l'aide que m'ont
toujours gracieusement prodiguée le major Bégin, de la Royale
Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest, qui commandait l'escorte, le
docteur J.J.A. Labrecque, officier de santé M. Charles Fisher, du Lac-au-Canard, et
M. Charles Mair, d'Ottawa, secrétaire
de la commission, le facteur en chef de la compagnie de la
Baie-d'Hudson, et M. Angus McKay,
l'officier de la compagnie qui était spécialement chargé de
l'exécution du contrat de transport. Aux hommes du pays sur le
travail desquels nous avons dû tellement compter, je me reconnais
obligé. Ils ont travaillé de longues heures à pagayer, à ramer et à
manoeuvrer à la perche, et ils ont souffert bien des peines à faire
passer et à partager nos canots et nos bacs pardessus les battures
et les rapides, afin que je puisse tenir mes engagements. Le camp
se jetait tard le soir et se levait de bonne heure le lendemain.
Cependant il n'y a jamais eu une plainte, mais il a toujours régné
parmi eux un intérêt savoureux et une gaieté aussi plaisante que
les feux de campement qui illuminent la nuit.
Suit un relevé détaillé des indiens avec lesquels nous avons
traité et de l'argent qui a été versé.
J'ai l'honneur d'être, monsieur,
Votre obéissant serviteur,
J.A.J. McKENNA.
Commissaire.
RELÈVE des indiens qui ont reçu de l'argent pour annuités
ou pour gratification, d'après le traité no 10 en
1906.
Nom de la bande |
Chefs |
Sous-chefs |
Autres
indiens |
Argent versé
à chaque
bande |
Argent
total
versé. |
|
$ c. |
$ c. |
Bande de la Rivière-aux-
Anglais (Chippewyans) –
|
|
Chef à $32 |
1 |
|
|
32 00 |
|
Sous-chefs à $22 |
|
2 |
|
44 00 |
|
Autres indiens à $12 |
|
|
150 |
1,800 00 |
1,876 00 |
Bande du Lac-Clair
(Chippewyans) – |
|
Chef à $32 |
1 |
|
|
32 00 |
|
(Pas de sous-chefs nommés) |
|
|
|
|
|
Autres indiens à $12 |
|
|
158 |
1,896 00 |
1,928 00 |
Bande du Lac-au-Canot
(Cris) – |
|
Chef à $32 |
1 |
|
|
32 00 |
|
Sous-chefs à $22 |
|
2 |
|
44 00 |
|
Autres indiens à $12 |
|
|
79 |
948 |
1,024 00 |
Total
|
3
|
4
|
387
|
|
4,828 00
|
RÉSUMÉ
3 chefs à $32 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . |
$96 00 |
4 sous-chefs à $22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . |
88 00 |
387 autres indiens à $12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . |
4,644 00 |
394
|
$4,828 00
|
Certifié exact,
TRAITÉ No 10.
Articles d'un traité fait et conclu aux diverses dates y
mentionnées en l'année de Notre-Seigneur mil neuf cent six, ente Sa
Très Gracieuse Majesté le Roi de la Grande-Bretagne et de l'Irlande
par l'entremise de son commissaire James Andrew Joseph McKenna, de
la ville de Winnipeg, dans la province du Manitoba, écuyer, d'une
part, et les indiens Chippeyans, Cris et autres habitants du
territoire circonscrit dans les limites ci-après définies et
décrites par l'entremise de leurs chefs et sous-chefs soussignés
d'autre part.
Attendu que les indiens qui habitent le territoire ci-après
défini ont, en exécution d'un avis donné par le dit commissaire de
Sa Majesté, en l'année 1906, été convoqués à rencontrer le dit
commissaire de Sa Majesté, représentant le gouvernement de Sa
Majesté pour le Dominion du Canada, à certains endroits du dit
territoire en la présente année 1906, pour délibérer sur certaines
affaires qui intéressent Sa Très Gracieuse Majesté d'une part et
les dits indiens d'autre part.
Et attendu que les dits indiens ont été notifiés et informés par
le dit commissaire de Sa Majesté qu'il est du désir de Sa Majesté
d'ouvrir à la colonisation, à l'immigration, au trafic, aux
voyages, à l'industrie minière, à l'industrie du bois et pour les
autres fins qu'il pourra sembler bon à Sa Majesté, une étendue de
pays bornée et décrite ainsi qu'il est ci-après mentionné et d'en
obtenir le consentement de ses sujets indiens qui habitent la dite
étendue, et de faire avec eux un traité et des arrangements, afin
qu'il puisse y avoir paix et bon vouloir entre eux et les autres
sujets de Sa Majesté, et que son peuple indien puisse savoir sur
quelles allocations il peut compter et quelle somme de bien il en
peut recevoir de la magnificence et de la bienveillance de Sa
Majesté.
Et attendu que les indiens de la région dûment réunis en conseil
aux endroits respectifs ci-après désignés, et étant requis par le
dit commissaire de Sa Majesté de nommer certains chefs et
sous-chefs autorisés et en leur nom de conduire ces négociations et
de signer un traité fondé sur icelles et de devenir responsables
envers Sa Majesté du fidèle accomplissement par leurs bandes
respectives des obligations qu'ils auront assumées, les dits
indiens ont en conséquence reconnu pour cette fin les divers chefs
et sous-chefs qui ont souscrit aux présentes.
Et attendu que le dit commissaire a procédé à conclure un traité
avec les Chippeyans, les Cris et autres indiens qui habitent le dit
territoire ci-après défini et décrit, et qu'il a été convenu de ce
traité qui a été conclu par les bandes respectives aux dates
ci-après mentionnées.
En conséquence les dits indiens par les présentes cèdent,
quittent, rétrocèdent et transportent au gouvernement du Dominion
du Canada, pour Sa Majesté le Roi et ses successeurs, a toujours,
leurs droits, titres et privilèges quels qu'ils soient aux et dans
les terres comprises dans les limites qui suivent, savoir:
Tout le territoire situé partie en la province de la
Saskatchewan et partie en la province d'Alberta et situé à l'est du
traité no 8, et au nord des traités nos5 et 6
et de l'addition faite au traité no 6, contenant
approximativement une superficie de quatre-vingt-cinq mille huit
cents milles (85,800) carrés et qui peut être décrit ainsi qu'il
suit:
Commençant à l'endroit où la frontière nord du traité
no 5 croise la frontière orientale de la province de la
Saskatchewan; de là allant vers le nord le long de la dite
frontière orientale une distance de quatre cent dix milles, plus ou
moins, jusqu'à la soixantième parallèle de latitude et à la
frontière nord de la dite province de la Saskatchewan, de là vers
l'ouest, le long de la dite parallèle sur une distance de cent
trente milles, plus ou moins, jusqu'à la frontière orientale du
traité no 8; de là vers le sud et vers l'ouest en
suivant la dite frontière orientale du traité no 8
jusqu'à l'endroit où il se croise avec la frontière nord du traité
no 6; de là vers l'est le long de la dite frontière où
elle se croise avec la frontière occidentale du prolongement du
traité no 6; de là vers le nord le long de la dite
frontière occidentale à la frontière nord du dit prolongement; de
là vers l'est le long de la dite frontière nord, jusqu'à la
frontière orientale du dit prolongement; de là vers le sud, le long
de la dite frontière orientale jusqu'à l'endroit où elle croise la
frontière nord du traité no 6; de là vers l'est le long
de la dite frontière nord et de la frontière nord du traité
no 5, jusqu'au point initial.
Et aussi tous les droits, titres et privilèges qu'ils possèdent
à titre de indiens à toutes les dites terres ou à l'une quelconque
d'entre elles en quelque endroit qu'elles soient situées dans les
provinces de la Saskatchewan et d'Alberta, ou dans les Territoires
du Nord-Ouest ou dans toute autre partie du Dominion du Canada.
Pour, Sa Majesté et ses successeurs avoir et posséder les dits
droits, titres et privilèges à toujours.
Et Sa Majesté le roi par les présentes convient avec les dits
indiens qu'ils auront le droit de continuer leurs goûts pour la
chasse, la course à la trappe et la pêche par tout le territoire
rétrocédé ainsi qu'il est ci-dessus décrit, sauf les règlements qui
pourront de temps à autre être faits par le gouvernement du pays
agissant sous l'autorité de Sa Majesté, et sauf et excepté les
étendues qui peuvent être requises ou qui pourront être prises de
temps à autre pour la colonisation, les mines, l'industrie du bois,
le commerce ou d'autres fins.
Et Sa Majesté le roi par les présentes [convient] de mettre à
part pour ces bandes les réserves de terres qu'elles pourront
désirer et elle s'y engage, ces réserves ne devant pas dépasser un
mille carré par famille de cinq personnes pour le nombre de
familles qui pourra faire le choix d'habiter sur des réserves, ou
dans cette proportion pour les familles plus grandes ou plus
petites; et pour les familles indiennes ou pour les individus qui
préféreront vivre à part de la réserve de la bande Sa Majesté se
charge de les pourvoir de terres à part jusqu'à concurrence de cent
soixante (160) acres pour chaque indien, la terre ne devant pas
être aliénable par le indien pour lequel elle est mise à part sans
l'assentiment du Gouverneur général en conseil du Canada, le choix
de ces terres à part devant être fait de la manière qui suit,
savoir: le surintendant général des Affaires indiennes députera et
enverra une personne apte pour déterminer et mettre de côté ces
réserves et ces terres, après s'être consulté avec les indiens
intéressés quant à la localité qui pourra se trouver complète et
ouverte pour ce choix.
Sauf toutefois que Sa Majesté se réserve le droit de traiter
avec tous colons dans la circonscription des terres réservées pour
toute bande ou pour toutes bandes, de la manière qu'il peut juger à
propos de le faire, et aussi que les susdites réserves de terre ou
tout intérêt à ces terres, peuvent être vendus ou autrement aliénés
par le gouvernement de Sa Majesté pour l'usage et le bénéfice des
indiens y ayant droit, une fois leur consentement préalablement
obtenu.
Il est de plus convenu entre Sa Majesté et ses sujets indiens
que les parties des réserves et des terres ci-dessus mentionnées
qui pourront en tout temps être requises pour travaux publics,
constructions, chemins de fer ou chemins de quelque nature qu'ils
soient, pourront être prises pour ces fins par le gouvernement de
Sa Majesté pour le Canada moyennant juste indemnité à être versée
aux indiens pour la valeur des améliorations qu'ils pourront y
avoir faites et moyennant un équivalent de terre, d'argent ou
d'autre valeur pour la superficie ainsi prise.
Et dans le but de démontrer la satisfaction qu'éprouve Sa
Majesté du comportement et de la bonne conduite de ses indiens, et
en extinction de toutes leurs créances passées, il convient par les
présentes par l'entremise de son commissaire de faire à chaque chef
une gratification de trente-deux (32) dollars en argent, à chaque
sous-chef, une de vingt-deux (22) dollars et à chaque autre indien,
quel que soit sont âge, des familles représentée[,] au lieu et au
temps du paiement, une gratification de douze (12) dollars.
Sa Majesté convient aussi que l'année prochaine et chaque année
subséquente à l'avenir et à toujours elle fera payer aux indiens en
argent, à des endroits et à des dates convenables, dont les dits
indiens seront dûment notifiés, à chaque chef vingt-cinq (25)
dollars, à chaque sous-chef, quinze (15) dollars et à chaque autre
indien quel que soit son âge, cinq (5) dollars.
De plus Sa Majesté convient que chaque chef, après avoir signé
le traité, recevra une médaille d'argent et un drapeau convenable,
et l'année prochaine et à chaque troisième année à l'avenir chaque
chef recevra un habillement complet convenable, et que après la
signature du traité chaque sous-chef recevra une médaille de bronze
et l'année prochaine et à chaque troisième année subséquente un
habillement complet convenable.
De plus Sa Majesté convient de pourvoir ainsi qu'il peut être de
temps en temps jugé à propos à l'instruction des enfants
indiens.
De plus Sa Majesté convient de fournir l'assistance qui peut
être jugée nécessaire ou à propos pour aider ou assister les
indiens à l'agriculture ou à l'élevage des bestiaux ou à d'autres
travaux et de leur faire chaque année la distribution de ficelle et
de munitions qui est usuellement faite aux indiens situés dans une
position analogue.
Et les soussignés, les chefs, sous-chefs et indiens Chippeyans,
Cris et autres, tant en leur nom qu'au nom de tous les indiens
qu'ils représentent, promettent solennellement par les présentes
d'observer strictement le présent traité et ils s'y engagent en
tous points et de se comporter et conduire en qualité de bons et
loyaux sujets de Sa Majesté le Roi, et ils s'y engagent.
Ils promettent que sous tous rapports ils obéiront à la loi et
s'y conformeront, et ils s'y engagent; qu'ils maintiendront la paix
entre eux et entre leurs tribus et les autres tribus de indiens, et
entre eux-mêmes et les autres sujets de Sa Majesté, qu'ils soient
blancs, indiens, métis ou autres qui habitent actuellement ou qui
pourront ci-après habiter une partie quelconque du territoire
présentement cédé et décrit aux présentes, et qu'ils ne molesteront
pas sur la propriété, et ne s'immisceront pas injustement dans les
droits d'un habitant de ce territoire cédé, ou d'un autre district
ou d'une autre région, et qu'ils ne s'ingéreront pas aux affaires
de qui que ce puisse être passant ou voyageant par le dit
territoire ou par une partie quelconque d'icelui, et ne lui
causeront aucun ennui, et qu'ils aideront les officiers de Sa
Majesté à amener à justice et au châtiment tout indien qui
contreviendra aux stipulations du présent traité ou à la loi en
vigueur dans le territoire ainsi cédé.
En foi de quoi le dit commissaire de Sa Majesté et les chefs et
sous-chefs ont apposé aux présentes leur signature à l'Île à la
Crosse ce vingt-huitième jour d'août en l'année ci-dessus en
premier lieu écrite.
Signé par les parties aux
présentes
en présence des témoins sous-
signés; le traité ayant d'abord
été expliqué aux indiens par
Magloire Maurice, interprète.
WILLIAM APISIS, sa x marque
chef de la bande de la
Rivière-aux-Anglais.
JOSEPH GUN, sa x marque
sous-chef.
JEAN BAPTISTE ESTRAL-SHENEN, sa x marque
sous-chef.
RAPHAEL BEDSHI-DEKKGE, sa x marque
chef de la bande du Lac-Clair.
Signé par le chef et les
sous-chefs
de la bande du Lac-au-Canot,
ce 19ième jour de septembre
1906. Le traité ayant été lu et
expliqué par Archie Park,
interprète, en présence des
témoins soussignés.
JOHN IRON, sa x marque
chef de la bande du Lac-au-Canot.
BAPTISTE IRON, sa x marque
sous-chef, bande du Lac-au-Canot.
JÉROME COUILLONEUR, sa x marque
sous-chef, bande du Lac-au-Canot.
Articles d'un traité fait et conclu aux diverses dates y
mentionnées, en l'année de Notre-Seigneur mil neuf cent sept, entre
Sa Très Gracieuse Majesté le Roi de la Grande-Bretagne et de
l'Irlande, agissant par son commissaire Thomas Alexander Borthwik,
de Mistawasis, dans la province de la Saskatchewan, écuyer, d'une
part et les Chippeyans, et les Cris et autres indiens habitants du
territoire circonscrit dans les limites ci-après définies et
décrites, par leurs chefs et sous-chefs soussignés, d'autre
part.
En foi de quoi le dit commissaire de Sa Majesté et les chefs et
sous-chefs ont apposé aux présentes leur signature au lac du
Brochet ce dix-neuvième jour d'août de l'année ci-dessus en premier
lieu écrite.
Signé par les parties aux
présentes
en présence des témoins sous-
signés, le traité ayant d'abord
été expliqué aux indiens par
A. Turquetil.
JEAN BAPTISTE, sa x marque
sous-chef de la bande de la
Terre-Stérile.
En foi de quoi le dit commissaire de Sa Majesté, et le chef et
les sous-chefs ont apposé aux présentes leurs signatures au lac du
Brochet, le 22ième jour d'août de l'année ci-dessus en
premier lieu écrite.
Signé par les parties aux
présentes
en présence des témoins sous-
signés après que le traité eut été
expliqué aux indiens par E.S.
Turquetil, interprète.
PIERRE AZE, sa x marque
sous-chef de la bande du
Lac-la-Hache.
RAPPORT DU SECOND COMMISSAIRE POUR
LE TRAITÉ No 10.
Mistawasis, Agence de Carlton, 14 octobre
1907.
M. Frank Pedley,
Sous-surintendant général des
Affaires indiennes,
Ottawa.
MONSIEUR, – J'ai l'honneur de vous soumettre mon rapport sur les
paiements des annuités effectuées à ceux des indiens du traité
No 10 avec lesquels on a traité l'an dernier, et de vous
adresser sous ce pli le traité, que, sous l'autorité qui m'est
dévolue en vertu de la commission qui m'a été attribuée le 6 avril
1907, j'ai conclu avec les indiens Chippeyans qui vivent dans la
région du Lac-du-Brochet et du Lac-La-Hache et dans la partie du
district de Kéwatin qui avoisine le coin nord-est de la province de
la Saskatchewan.
Afin de tenir les engagements pris avec les indiens pour le
versement de leurs indemnités avec lesquels on avait traité l'an
dernier à l'Île à la Crosse, je suis parti d'ici le 11 juin, et
après avoir voyagé par de très mauvais chemins, je suis arrivé au
lac Vert l'après-midi du 15 et je suis parvenu à l'Île à la Crosse
à midi le samedi, 22 juin, une journée en retard de la date qui
avait été fixée pour mon arrivée à cet endroit. Le très mauvais
temps a été la cause du retard. Il n'y avait que la bande des
indiens du Lac-au-Canot qui s'y était encore réunie pour me
rencontrer, et j'ai sans retard eu une entrevue avec le chef et les
sous-chefs de cette bande, et comme c'était le samedi, ils m'ont
demandé que le versement de leurs annuités fût remis au lundi le
24. A cette demande j'ai acquiescé et en conséquence, ils ont reçu
leur versement, ce jour là et le suivant. Les indiens des bandes de
la Rivière-aux-Anglais et du Lac-Clair n'étant pas encore arrivés,
j'ai commencé à recevoir de la preuve relativement aux demandes
d'inscriptions de terres que portaient un certain nombre de métis
de la rivière Souris qui n'avaient pas eu la bonne fortune de
rencontrer le commissaire de l'année dernière à l'Île à la Crosse.
La preuve produite par ces requérants d'inscriptions s'est
continuée jusqu'au 29, date à laquelle les bandes des indiens de la
Rivière-aux-Anglais et du Lac-Clair étant toutes associées, ont
reçu le versement de leurs annuités. Le premier juillet étant
l'anniversaire de la confédération, a été, à la demande des métis
et des indiens, observé comme jour de fête, et ils l'on célébré
avec grand enthousiasme; les membres de la commission et les autres
personnages présents, se sont de grand coeur joints à eux et leur
ont rendu leurs amusements tout particulièrement intéressants.
D'autres affaires avec les indiens et les métis ont occupé le
temps de la commission jusqu'au 3 juillet, date à laquelle, ayant
appris qu'un grand nombre de indiens et de métis étaient réunis à
la mission catholique, près du Portage-la-Loche, et m'y
attendaient, je me suis rendu à cet endroit, et, après un voyage
très ardu par la pluie et l'orage, j'y suis arrivé tard le soir du
9 juillet, et à cause du nombre des métis avec lesquels j'avais à y
traiter, et le très mauvais temps qui sévissait, il m'a fallu
jusqu'au 14 pour parachever ce travail. A part les métis qui
étaient réunis, j'ai trouvé quantité de familles de indiens du
Lac-au-Poisson-Blanc, qui m'ont prié avec instance de leur
effectuer le versement de leurs annuités. Je leur ai expliqué que
je ne pouvais le faire, attendu qu'il est incompatible avec les
règles du département de faire faire des versements d'annuités à
des indiens d'un certain traité par l'agent d'un autre traité. Ils
m'ont exposé qu'il y avait pour eux un sort bien rigoureux à
l'oligation à laquelle ils étaient astreints de voyager plus de
cent milles dans une partie difficile du pays pour aller au
Fort-McMurray pour lequel il leur fallait pour l'atteindre cinq, ou
six jours de voyage, et le même nombre de jours de voyage pour
revenir chez eux. Avant de quitter la mission, ils m'ont présenté
une requête demandant que l'an prochain leurs versements leur
fussent effectués à la Rivière-du-Bison sur le Lac-au-Bison,
endroit où ils peuvent venir en moins de deux jours du
Lac-au-Poisson-Blanc.
Le lundi matin, 15 juillet, j'ai quitté la mission pour revenir
à l'Île à la Crosse; et, après un voyage d'une excellence inusitée
j'y suis arrivé le 17. Ici j'ai été retenu cinq jours pour me
procurer des voyageurs pour me rendre à Stanley, pour où je suis
parti le 23 juillet au matin et où je suis arrivé le soir du 1er
août. Ici j'ai rencontré environ cinquante chefs de famille des
indiens du Lac-la-Ronge, précédés de leur chef Amos Charles et de
deux de leurs sous-chefs, qui m'ont demandé d'être payés de leurs
annuités à cet endroit, vu que plusieurs d'entre eux avaient passé
l'été et l'automne sur la rivière Churchill, et, conformément, à
leur demande, ils ont reçu leurs versements le 2 et le 3. Le 5 et 6
ont été employés à recueillir la preuve des requérants
d'inscriptions pour terres, et à me procurer des voyageurs pour le
voyage du Lac-au-Brochet. Le matin du 7 août, j'ai quitté Stanley
pour le poste de la compagnie de la Baie-d'Hudson, à l'extrémité
nord du Lac-au-Brochet, et, après un voyage heureux, j'y suis
arrivé le 17 du même mois.
Par suite de la somme de travail inattendu qui est échue à la
commission, il me fut impossible de me rendre à cet endroit qui
était le point de rendez-vous avec les indiens, le jour qu'ils
avaient été notifiés que je devais y être pour les rencontrer; et,
en conséquence, ils avaient été retenus dix jours à attendre mon
arrivée, et ils en étaient venus à court de provisions; ils étaient
tous réunis avec leurs familles, et, en les voyant réduits à cet
état j'ai trouvé qu'il était à propos que je les soulageasse de
leurs besoins immédiats et, en conséquence, je leur ai fourni une
quantité restreinte de provisions, pour lesquelles ils ont paru
très reconnaissants. Je considère qu'il est juste que je dise ici
que des secours importants ont été fournis à ces indiens en
attendant mon arrivée par M.A. McDermot, l'agent à cet endroit de
la Compagnie de la Baie-d'Hudson, qui leur a donné à faire du petit
travail qu'il a rémunéré en provisions, et de même par l'agent de
Révillon Frères.
Le matin du 19 août, j'ai tenu conseil avec les indiens réunis
de la Terre-Stérile et ceux de Lac-la-Hache, le révérend Père
Turquetil faisait office d'interprète, ce qu'il a fait dans toutes
les circonstances subséquentes au cours de mes opérations avec les
indiens d'ici, la langue Chippeyane y étant parlée.
Je leur ai expliqué pourquoi j'étais venu les rencontrer, et
après diverses questions sensées posées par les indiens touchant le
traité et auxquelles j'ai répondu de façon à les satisfaire, ils
ont demandé, afin de discuter plus à fond entre eux les termes du
traité, un petit répit que je leur ai accordé. A deux heures de
l'après-midi, ils se sont réunis de nouveau, et la bande de la
Terre-Stérile a annoncé qu'elle avait élu son chef et deux
sous-chefs, et qu'elle était prête à accepter les termes du traité.
La bande du Lac-la-Hache a déclaré qu'un certain nombre de ses gens
était absent, mais qu'ils reviendraient sous un jour ou deux, et
qu'elle aimerait à avoir leur concours pour le choix de son chef et
de ses conseillers; j'ai consenti à ce qu'ils attendissent un jour
ou deux, s'il le fallait, afin d'obtenir le plein consentement de
leur bande à leurs opérations. Le chef et le sous-chef de la bande
de la Terre-Stérile ont alors formellement signé le traité, et,
sans plus de retard inutile le versement de leurs gratifications et
leurs annuités leur fut commencé, et l'on avait terminé la besogne
le 21, à midi. Le nombre des indiens de cette bande avec lesquels
on a traité a été de 232, comprenant:
1 chef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . |
$32 00 |
2 sous-chefs à $22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . |
44 00 |
229 autres indiens à $12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . |
2,748 00 |
|
$2,284 00
|
La bande du Lac-la-Hache s'est réunie le 22 et après que les
conditions du traité leur eurent été lues une seconde fois et bien
expliquées dans sa propre langue, elle a présenté son chef élu et
ses deux sous-chefs qui dès lors ont régulièrement signé le traité
et les membres de la bande ont reçu leur versement aux termes du
traité. Le nombre des indiens payés dans cette bande s'est élevé à
97, comprenant: –
1 chef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . |
$32 00 |
2 sous-chefs à $22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . |
44 00 |
94 autres indiens à $12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . |
1,128 00 |
|
$1,204 00
|
Ceci a virtuellement mis fin au travail avec les indiens à cet
endroit, et après qu'eurent été reçues des demandes des métis pour
inscriptions de terres, j'ai quitté cet endroit le 24 août, pour le
Lac-La-Ronge par voie de Stanley, et le 3 septembre, après un
voyage d'une expédition inusitée, je suis arrivé au local du
paiement au Lac-La-Ronge; et les 4 et 5 j'ai fait des versements au
reste de la bande James Roberts – quelque 60 chefs de famille qui
n'avaient pas été payés à Stanley.
Après avoir recueilli la preuve d'un certain nombre de
requérants métis pour inscriptions pour terres à cet endroit, et
après avoir tenu des réunions de conseil avec les indiens
relativement à la rétrocession de leur réserve, no 106A,
etc., je suis parti le 11 pour le Lac-Montréal, et j'y suis arrivé
le jour suivant. J'ai effectué le versement des annuités aux
indiens de cet endroit, la bande de William Charles.
Le 18, je tenus des réunions avec le chef et les sous-chefs de
la bande de James Roberts, qui m'avaient accompagné à cet endroit,
et avec ceux de la bande de William Charles réunis, concernant la
rétrocession de leur réserve no 106A, où, après
délibération sérieuse, ils ont unanimement convenu de rétrocéder
leur réserve au gouvernement aux termes énoncés dans une convention
signée par eux le dix-huitième jour de septembre 1907; laquelle a
été transmise le huit courant au sous-ministre des Affaires
indiennes.
L'après-midi du 18 septembre la commission est partie en canot
du Lac-Montréal pour l'atterrissement par le lac Daim-Rouge où elle
est arrivé le 21, après avoir été retardée une journée en route par
le mauvais temps. A l'atterrissement on a pris des voitures pour
cet endroit-ci (Mistawasis) où nous sommes arrivés le soir du 24
septembre dernier; ceci complétait un voyage ardu de plus de 2,000
milles par eau, en canot, plus 300 milles par terre, lequel, j'ai
le plaisir de le dire, a été accompli avec succès et sans
accident.
Relativement à mon personnel, j'ai le plaisir de dire que
j'étais excellemment monté, et que généralement il existait une
grande finesse d'esprit parmi les membres du personnel; je ne puis
parler en termes trop chaleureux de quelques-uns d'entre eux. Le
docteur H.A. Stewart, s'est démontré outillé d'une façon idéale
pour son emploi. Plein de tendre sympathie pour les malades, il a
été infatigable dans les travaux qu'il a entrepris pour eux;
médecin habile, il a rencontré du succès dans ses efforts pour
alléger leurs souffrances, et s'est gagné des opinions d'or de ceux
qui ont eu besoins de ses services. W.J. McLean, le secrétaire
aîné, a fait preuve d'aptitudes spéciales pour l'exécution des
onéreuses fonctions de son emploi; son expérience antérieure en
matière de paiements d'annuités dans les traités l'établissant en
bonne position; tandis que sa connaissance du français, son long
séjour en qualité de facteur chef de la compagnie de la
Baie-d'Hudson, dans la partie du pays que nous avons parcourue, et
sa connaissance personnelle d'un grand nombre de requérants ont
puissamment contribué au succès de ma commission.
Des autres il est superflu de faire une mention spéciale, qu'il
suffise de dire que chacun d'eux a rempli son devoir avec énergie
et avec intelligence, qu'ils ont sacrifié leur repos et leur
confort, et qu'ils ont affronté des dangers en s'efforçant de
parcourir les distances avec le moins de perte de temps
possible.
Commissaire,
Traité No 10.