CONSEIL LÉGISLATIF.
               
               
               
               VENDREDI, 10 février 1865. 
                  
                  
               
               
               
                  L'HON. M. MACPHERSON continue 
                  
                  son discours d'hier, comme suit :—Par les 
                  
                  observations que je fis hier devant cette 
                  
                  chambre, j'ai voulu, honorables messieurs, 
                  
                  motiver mon vote contre l'amendement de 
                  
                  mon honorable ami, le député de Wellington, 
                  
                  et en faveur des résolutions de Sir E. P. 
                  
                  TACHÉ. J'ai déclaré que je croyais le projet   
                  
                  de confédération bien vu par la grande majorité du peuple de ce pays, et surtout par
                  
                  
                  le plus grand nombre de mes commettants. 
                  
                  J'ai dit en outre que ces résolutions étaient 
                  
                  devant le pays depuis longtemps, depuis 
                  
                  plusieurs mois, et que comme il n'existait 
                  
                  rien qui put nous faire appréhender qu'elles 
                  
                  seraient désapprouvées, soit en tout soit en 
                  
                  partie, nous avions de justes raisons de croire 
                  
                  que le peuple y adhérait ; que la presse les 
                  
                  
                  
                  151
                  
                  avait reproduites en entier ; que pas une seule 
                  
                  pétition n'avait été présentée contre la 
                  
                  mesure, et que par conséquent nous étions 
                  
                  en droit de conclure que le peuple est en 
                  
                  faveur de la confédération. J'ai aussi fait 
                  
                  part à cette chambre que l'automne dernier 
                  
                  je m'étais souvent occupé à faire connaître 
                  
                  le projet aux habitants de ma populeuse 
                  
                  division électorale, et que dans chaque occasion j'ai pu entendre qu'on l'approuvait.
                  
                  
                  Durant cette campagne, un de mes adversaires suggéra ce que je pourrais appeler la
                  
                  
                  plus petite confédération,—celle du Haut et 
                  
                  du Bas-Canada,—mais sa proposition fut rejetée et le projet actuel approuvé. ( Ecoutez
                  ! ) 
                  A l'égard du changement que la constitution 
                  de notre chambre devra subir, j'ai dit que je 
                  ne le considérais pas comme enlevant aux 
                  électeurs leurs franchises car, bien que le 
                  principe électif dût être remplacé par le 
                  droit de nomination par la couronne, les 
                  membres de ce conseil seraient nommés sur 
                  la recommandation des députés à l'autre 
                  chambre du parlement, en un mot, à peu près 
                  de la même manière que celle adoptée pour 
                  le sénat des Etats-Unis,—deux sénateurs 
                  étant élus par la législature de chaque Etat 
                  —sauf la réserve en faveur du principe 
                  monarchique qui veut que le conseil 
                  législatif soit nommé par la couronne sur 
                  l'avis du gouvernement du jour. Si je 
                  considérais cette mesure comme enlevant 
                  au peuple une de ses franchises, j'éprouverais plus d'hésitation à voter pour elle,
                  
                  obligé que je suis, comme représentant, de 
                  veiller à la conservation de ces franchises. 
                  Un honorable conseiller a dit que la substitution du principe électif à la nomination
                  
                  par la couronne avait été demandée par le 
                  peuple ; mais cette assertion n'est pas fondée 
                  sur les faits historiques ; elle n'est pas exacte 
                  quant au Haut-Canada, ni non plus, je pense, 
                  pour le Bas. Le Bas-Canada a voulu une 
                  fois que les membres du conseil législatif 
                  fussent électifs, mais les hommes publics qui 
                  opérèrent cette réforme n'y furent nullement 
                  contraints : en cela ils obéirent plutôt aux 
                  traditions du pays. Quant au Haut-Canada, 
                  je suis sûr que loin de désirer cette réforme, 
                  ses habitants s'y montrèrent indifférents 
                  sinon opposés. Le parti libéral et réformiste 
                  du Haut-Canada était contre. Il est bien 
                  avéré que feu l'hon. ROBERT BALDWIN, qui 
                  fut si longtemps le chef de ce parti, s'est 
                  toujours montré hostile à ce changement. 
                  Ce que l'on sait aussi très bien, c'est que 
                  l'hon. monsieur, qui a été depuis bien des 
                  
                  
                  
                  
                  
                  années et qui est encore le chef de ce parti 
                  
                  (l'hon. M. BROWN), et qui, à cette heure, 
                  
                  occupe dans le gouvernement le portefeuille 
                  
                  de président du conseil, s'y est opposé jusqu'au dernier moment partout où il exerçait
                  
                  
                  une influence, soit dans la presse, soit en 
                  
                  parlement. Moi-même je l'ai vu voter contre 
                  
                  la troisième lecture du bill. Peut-on, devant 
                  
                  ces faits, affirmer encore que ces changements 
                  
                  étaient désirés par le peuple ? (Ecoutez ! écoutez !) Après cela, j'ai dit que je
                  regardais la 
                  
                  mesure comme une de celles qu'on ne peut 
                  
                  amender. Que si on permettait qu'elle le fût, 
                  
                  neuf autres chambres réclameraient le droit 
                  
                  d'en faire autant, et la conséquence en serait 
                  
                  peut être que jamais elle ne deviendrait loi. 
                  
                  J'ai ensuite donné mon adhésion aux mesures 
                  
                  financières projetées, désaprouvant par là 
                  
                  l'opinion de mon hon. ami de Port Hope 
                  
                  ( M. SEYMOUR ), qui aurait voulu que le 
                  
                  revenu des provinces dans le passé eût servi 
                  
                  de base aux dettes que ces dernières apporteront dans la confédération. Comme notre
                  
                  
                  système actuel de gouvernement ne doit pas 
                  
                  se continuer, comme nous n'apporterons pas 
                  
                  de revenus distincts dans le trésor, et que 
                  
                  nous serons assujétis aux mêmes impôts 
                  
                  et à un même tarif, la capitation est la 
                  
                  base qui convient et non celle que veut 
                  
                  mon hon. ami. (Ecoutez ! écoutez ! ) J'ai 
                  
                  fait voir que la minime somme que la 
                  
                  confédération aurait à donner pendant dix ans 
                  
                  au Nouveau-Brunswick, serait un déboursé 
                  
                  nécessaire dans les circonstances, et qu'elle 
                  
                  ne devait pas un seul instant entrer en comparaison avec les avantages devant découler
                  
                  
                  du futur régime. Selon l'hon. député de 
                  
                  Niagara (l'hon. M. CURRIE), nos dépenses 
                  
                  seront de beaucoup augmentées, mais moi 
                  
                  je dis que cela dépendra de nous, qui 
                  
                  continuerons à gérer nos propres affaires, 
                  
                  et l'économie dans leur gestion dépendra de 
                  ceux qui en seront chargés. S'il se fait de 
                  grandes améliorations ; si le chemin de fer 
                  intercolonial se construit, ainsi que des havres 
                  sur le lac Huron,—et que l'on vote un crédis 
                  pour prolonger une voie ferrée jusqu'à ces 
                  havres, il sera impossible que tous cet 
                  travaux s'exécutent sans augmenter notre 
                  dépense actuelle ; mais ces améliorations, elles 
                  se feront chez nous, en Canada : nous jouirons 
                  des avantsages apportés par elles, et avec tout 
                  cela, il ne faut pas l'oublier, le pays aura voix 
                  délibérative dans la législature fédérale. Pour 
                  ma part, j'espère ne ces grandes améliorations se feront dans l'ouest simultanément
                  avec le chemin de fer intercolonial, 
                  
                  
                  
                  152
                  
                  bien que ce dernier soit seul spécifié dans 
                  
                  les résolutions, l'élargissement des canaux 
                  
                  n'étant mentionné que d'une manière générale. Si nous avons la confédération, hons.
                  
                  
                  messieurs, il faut que le chemin de fer intercolonial se fasse, mais j'ai l'espoir
                  que les 
                  
                  améliorations de l'ouest se feront en même 
                  
                  temps. (Ecoutez ! écoutez !) Je pense, hons. 
                  
                  messieurs, que nous devrions nous guider, 
                  
                  quant à notre vote, sur la prospérité que 
                  
                  cette mesure apportera aux provinces, et si 
                  
                  elle doit nous être avantageuse, nous devrions 
                  
                  l'adopter sans retard inutile. Que peut-on 
                  
                  demander de plus à ce projet ? ne nous paraît-il pas devoir mettre fin à ces difficultés
                  
                  
                  des deux sections qui ont si longtemps agité 
                  
                  le pays ? ne renferme-t-il pas en lui les 
                  
                  moyens d'étendre notre influence sur un 
                  
                  immense et fertile territoire ? ne nous ouvrira-t-il pas la voie à deux des plus beaux
                  ports 
                  
                  de l'Atlantique : St. Jean et Halifax ? ne 
                  
                  nous donnera-t-il pas accès à la mer en 
                  
                  toute saison ? ne nous ouvrira-t-il pas 
                  
                  les mines houillières des provinces inférieures ? n'ajoutera-t-il pas un million près
                  
                  
                  à notre population, et ne placera-t-il pas 
                  
                  sous un même gouvernement quatre millions d'âmes ? (Ecoutez ! écoutez !) Mais si 
                  
                  la mesure était rejetée, dans quelle position nous trouverions-nous ? Celle faite
                  au 
                  
                  Haut-Canada, je le pense, serait désespérée ; 
                  
                  car toutes ces questions qui ont agité le pays 
                  
                  et retardé son avancement seraient encore à 
                  
                  régler ; la question de la représentation 
                  
                  d'après le nombre renaîtrait avec plus de 
                  
                  vigueur que jamais, bien que rien ne ferait 
                  
                  présager qu'elle dût être réglée de longtemps, 
                  
                  et l'agitation dont elle serait la cause ne 
                  
                  pourrait vraisemblablement cesser qu'une 
                  
                  fois cette réforme obtenue. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Vous savez aussi, hons. messieurs,
                  
                  
                  quelle influence le projet arrêté par la conférence a eu sur notre crédit en Angleterre
                  : 
                  
                  celle d'opérer une hausse de 15 à 17 pour 
                  
                  cent sur nos effets publics : eh! bien, que la 
                  
                  mesure soit repoussée par le parlement, en 
                  
                  Angleterre le retentissement de sa chute 
                  
                  sera suivi d'un sentiment de malaise ; et les 
                  
                  amis que nous comptons là désespéreront 
                  
                  presque de nous voir jamais en position de 
                  
                  fonder un crédit pour nos affaires financières 
                  
                  ni de légiférer pour nous-mêmes d'une manière digne d'hommes d'état. Quelques 
                  
                  hons. messieurs ont dit que ce serait avec 
                  
                  crainte qu'ils prendraient sur eux de voter 
                  
                  sur une question qui doit changer la constitution de la chambre sans consulter le
                  peuple. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  
                  Pourquoi une pareille crainte ? Pourquoi 
                  sommes-nous donc ici, si ce n'est pour y 
                  accepter la solidarité de nos actes ? Le 
                  peuple nous a députés ici pour cela, et afin 
                  que nous décidions de notre mieux sur toutes 
                  les mesures qui peuvent nous être présentées. 
                  De plus, je suis d'avis que la responsabilité de 
                  remettre l'adoption du projet, ou de la confédération elle-même, est beaucoup plus
                  
                  grande que celle de le sanctionner. (Ecoutez ! écoutez !) Si nous remettons la mesure,
                  
                  si nous adoptons un amendement à cet effet, 
                  —ce qui aura peut-être pour résultat d'aujourner à toujours la conféération—ma pensée
                  
                  est que notre conduite sera considérée des 
                  plus factieuses et des moins patriotiques. 
                  On a beaucoup parlé de la possibilité d'une 
                  rupture entre cette chambre et l'assembléenotre passé n'offre que peu de cas de ce
                  genre, 
                  et encore n'avaient-ils rien de sérieux ; mais 
                  si l'amendement passe, je prévois une scission 
                  qui pourrait être extrêmement préjudiciable à 
                  cette chambre, peut être même assez pour lui 
                  enlever son influence sur ce pays. Supposons que ces résolutions soient votées dans
                  
                  l'autre chambre par une forte majorité,fait dont je doute peu—et que nous adoptions
                  l'amendement ; supposons que toutes 
                  les législatures des provinces d'en-bas adoptent ces résolutions et que cette chambre
                  
                  seule les rejette, pensez vous que le parlement anglais, par l'attitude que nous aurons
                  
                  prise, se laissera circonvenir au point de 
                  repousser ce qui lui paraîtra le plus dans les 
                  intérêts de lAmérique Britannique ? Je 
                  conçois combien notre position serait alors 
                  fausse, car elle pourrait avoir pour résultat 
                  de faire mettre de côté l'opinion et le vote de 
                  cette chambre. ( Ecoutez. ) Tant que cette 
                  mesure ne sera pas adoptée, il est impossible 
                  de s'occuper de la défense du pays, et pourtant tous reconnaissent que la situation
                  exige 
                  que l'on y pourvoie sans retard. Devant un 
                  pareil état de choses, et sous des circonstances reconnues graves par tous les hommes
                  
                  bien pensants, est-il patriotique, hons. messieurs, est-il sage de retarder inutilement
                  
                  l'adoption de ces résolutions ? Il se peut que 
                  dans leurs détails elles ne soient pas conformes aux vues de tous ces hons. messieurs,
                  
                  mais ils doivent voir que collectivement elles 
                  tendent à un but avantageux ; ils ne peuvent 
                  faire autrement que d'admettre l'importance 
                  qu'il y a de les adopter sans délai, et que si 
                  elles doivent recevoir la sanction du parlement impérial à sa prochaine session, il
                  n'y 
                  a pas de temps à perdre. (Ecoutez ! écoutez ! ) 
                  
                  
               
               153
               
               
               
                  Un hon. conseiller a dit que le peuple n'était 
                  
                  pas content du projet, moi, au contraire, je 
                  
                  pense qu'il rencontre parfaitement ses vues. 
                  
                  Il y a longtemps qu'il a été mis au fait de ce 
                  projet et il est doué d'assez d'intelligence 
                  qu'il n'eût pas manqué de faire connaître s'il le désapprouvait. Comme preuve 
                  de ce que j'avance, je vais lire deux 
                  ou trois extraits d'un procès-verbal du 
                  conseil des comtés d'York et Peel que 
                  j'ai reçu hier. Ces comtés envoient quatre 
                  députés à l'autre chambre du parlement et 
                  renferment partie de trois des divisions représentées en cette chambre—Midland, Peel
                  
                  et York. M. GRAHAM, membre du conseil, 
                  a proposé la nomination d'un comité spécial 
                  chargé de préparer une requête à la législature, demandant que le peuple soit consulté
                  
                  avant l'adoption du projet de confédération ; 
                  voyons maintenant ces extraits :-  
                  
               
               
               
               
                  
                  
                  M. GRAHAM (de Vaughan).-Je déclare n'avoir pas 
                     
                     introduit cette résolution dans un but politique. 
                     
                     Le gouvernement est composé d'hommes de différentes nuances politiques, et la question
                     qui nous 
                     
                     occupe n'appartient à aucun parti en particulier. 
                     
                     Le parlement actuel n'a pas été élu pour régler 
                     cette question, et il ne peut, par conséquent, se prononcer pour ou contre le projet
                     sans en référer au 
                     peuple. Sur des questions beaucoup moins importantes on a consulté le pays, pourquoi
                     ne pas le 
                     faire quand la mesure dont il s'agit est de la plus 
                     haute importance ? Le procureur-général a dit en 
                     chambre qu'il fallait que le projet fut adopté sans 
                     amendement, eh ! bien, je pense, moi, qu'il est nécessaire de l'amender au moins en
                     ce qui concerne 
                     le Haut-Canada. 
                     
                     
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                     M. HARTLEY. —Je pense que le projet est 
                     
                     maintenant bien connu par le peuple dans chacune de ses dispositions qui peuvent l'intéresser.
                     
                     
                     Dans la division même représentée en partie par 
                     l'auteur de la résolution, les habitants se sont 
                     prononcés en faveur de la confédération en élisant 
                     l'hon. W. P. HOWLAND ; et à chaque élection qui 
                     a eu lieu depuis que le projet a été proposé, tous 
                     les candidats élus s'étaient déclarés en faveur. 
                     Je pense de même que le proc.-gén. était logique 
                     en disant qu'il fallait que ces résolutions fussent 
                     adoptées sans amendement. 
                     
                     
                  
                  
                  M. GRAHAM (de Gore). — Quelques membres 
                     imputent à cette résolution un but politique ; mais 
                     que cette imputation soit ou non fondée, la résolution est maintenant devant le conseil,
                     il faut 
                     qu'il  l'adopte ou la rejette. La question de la 
                     confédération est entre les mains de meilleurs 
                     juges que nous ; à eux donc de décider si elle sera 
                     ou non avantageuse pour le pays. Les représentants du peuple savent quelles sont les
                     ressources 
                     des provinces et ce qui conviendrait le mieux à 
                     leur et développement, et je conclus de là que c'est 
                     à eux à decider cette question. Quant à l'appel 
                     au peuple, je ne vois pas ce qui pourrait en résulter de bon. Les résolutions adoptées
                     par la conférence de Québec au sujet de la confédération 
                     sont entre les mains du peuple et de ses représentants, et c'est à ces derniers de décider pour ou 
                     contre, puisqu'ils sont en mesure d'en juger exactement. Je ne puis m'imagiuer quelles
                     raisons 
                     pourraient avoir nos hommes d'état de sacrifier 
                     les intérêts du pays ; leurs intérêts ne sont-ils 
                     pas les mêmes que les nôtres ? Pourquoi donc 
                     supposer qu'ils pourraient travailler à leur encoutre ? Quant à soumettre cette question
                     au peuple, 
                     je pense que ses députés ont eu dans la vacance 
                     assez de temps pour connaître son opinion sur le 
                     projet, et qu'ils se sont rendus à Québec parfaitement décidés à régler cette question
                     sans faire 
                     subir au pays les dépenses d'une élection générale. 
                     Un appel au peuple occasionnerait une dépense 
                     inutile, et je voterai par conséquent contre la résolution. 
                     
                     
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                     La motion mise aux voix, le conseil l'a rejetée 
                     
                     par une majorité de 25 contre 6. 
                     
                     
                   
               
               
               
               
                  Ce que je viens de lire, hons. messieurs, 
                  
                  est l'expression de l'opinion du conseil municipal d'York et Peel, et j'ai l'espoir
                  que 
                  
                  cette chambre se rendra à son désir en décidant de la mesure sans recourir à. aucun
                  
                  
                  expédient qui puisse retarder son adoption. 
                  
                  (Ecoutez ! écoutez !) Ce projet est considéré 
                  
                  d'une si grande importance en Angleterre et 
                  
                  dans notre pays, que le vote qui va en décider 
                  
                  sera regardé comme une preuve que nous 
                  
                  voulons rester sous la puissance britannique 
                  
                  et perpétuer notre allégeance à notre bienaimée Souveraine, ou comme une preuve 
                  
                  d'indifférence pour le danger que nous courons d'être absorbés par un autre pays.
                  Cette 
                  
                  conclusion est peut-être injuste, mais notre 
                  
                  histoire renferme des exemples récents de la 
                  
                  manière dont se forment ces conclusions à 
                  
                  l'étranger. Je me souviens d'un vote qui, 
                  
                  pour n'avoir pas été compris, a été très préjudiciable à cette province. Je veux parler
                  
                  
                  de l'acte de milice rejeté en 1862, et il n'y 
                  
                  a aucun doute que le rejet de cette loi a 
                  
                  donné lieu à l'opinion qui prévaut en An 
                  
                  gleterre—que les Canadiens ne veulent pas 
                  
                  pourvoir eux-mêmes à leurs défenses. Rien 
                  de plus injuste que cette opinion à l'égard 
                  de notre peuple ; rien de plus injuste même 
                  pour la majorité de ceux qui ont voté contre 
                  cette loi, mais ce n'en est pas moins la conviction à laquelle on en était venu, et
                  malgré tout le temps qu'elle a mis à se modifier, 
                  elle n'est pas encore entièrement détruite. 
                  Je pense que de diverses manières ce 
                  vote a coûté au pays beaucoup d'arge t. 
                  (Ecoutez ! écoutez !) Pour terminer, laissez- 
                  moi seulement vous dire que nous ne 
                  pouvons rester plus longtemps dans la position où nous son mes ; il faut que nous
                  avancions de quelque côté, et je pense que nous 
                  prenons la bonne voie avec la confédération. 
                  Je pense exactement comme notre hon. et 
                  
                  
                  
                  154
                  
                  
                  digne premier ministre : nous sommes au 
                  
                  sommet d'un plan incliné, et si nous n'adoptons pas la confédération, nous le descendrons
                  
                  
                  insensiblement et malgré nous, et au bas s'ouvrira cette immense gouffre : les dettes,
                  la 
                  
                  démocratie et la démagogie. (Applaudissements !) 
                  
                  
               
               
               
               
                  L'HON. M. BOULTON.—Je me réjouis 
                  
                  de ce que cette chambre ait maintenant 
                  
                  l'avantage de compter au nombre de ses 
                  
                  membrers l'hon. monsieur qui vient de se 
                  
                  faire entendre, et qui, par ses lumières et ses 
                  
                  vues vraiment patriotiques, saura si bien 
                  
                  contribuer à l'expédition des nombreuses et 
                  
                  importantes questions qui viennent devant 
                  
                  nous, et cela d'une manière digne de cette 
                  
                  chambre et avantageuse pour le pays. Relativement à la mesure en délibération, je
                  dois 
                  
                  dire que les principes qu'elle renferme me la 
                  
                  font admirer. Je suis résolûment en sa 
                  
                  faveur, et bien loin de penser qu'elle puisse 
                  
                  mettre en péril les intérêts de la province, je 
                  
                  la crois plutôt éminemment propre à sa prospérité et à son bien-être. Je ne suis plus
                  
                  
                  un jeune homme, je compte aujourd'hui plus 
                  
                  de cinquante ans, durant la plus grande 
                  
                  partie desquels j'ai occupé un siége dans 
                  
                  l'une ou l'autre de ces chambres, et je n'ai 
                  
                  jamais eu connaissance que la législature ait 
                  
                  été saisie d'un projet d'une aussi haute importance. Il se peut que je ne vivrai pas
                  
                  
                  assez longtemps pour le voir devenir loi ; 
                  
                  mais je désire qu'il soit adopté et j'espère 
                  
                  qu'il le sera. Si mes souhaits s'accomplissent, je suis persuadé qu'il réalisera 
                  
                  toutes les espérances de ses auteurs et qu'il 
                  
                  en resultera d'immenses avantages, non- 
                  
                  seulement pour les colonies, mais aussi pour 
                  
                  l'empire. Durant toute ma carrière parlementaire, je puis sans crainte affirmer que
                  
                  
                  j'ai toujours été mu par le désir sincère de 
                  
                  donner ma voix à la bonne cause, et, cependant, j'ai à me reprocher deux ou trois
                  votes, 
                  
                  surtout celui que je donnai contre l'union 
                  
                  du Haut et du Bas-Canada. Dans ce cas 
                  
                  comme dans les autres je reconnus mon 
                  
                  erreur, mais je m'en consolai par la certitude 
                  
                  que j'avais d'avoir ainsi agi avec indépendance et selon ma conscience, n'ayant pas
                  
                  
                  même voulu céder aux plus vives instances 
                  
                  du meilleur de mes amis, qui était alors procgén. du Haut-Canada, et qui, en cette
                  circonstance, était de l'avis contraire au mien. 
                  
                  Je reconnus plus tard la sagesse de cette mesure ; j'étais aise alors que mes craintes
                  ne se 
                  
                  tussent pas réalisées et heureux des grands 
                  
                  avantages qu'elle avait value aux deux 
                  
                  
                  
                  
                  sections du pays. Quant à l'union aujourd'hui proposée, je crois que toutes les provinces
                  de l'Amérique Britannique du Nord 
                  
                  en retireront d'immenses avantages, et qu'elle 
                  
                  réalisera les vœux que je fais pour leur prospérité. J'ai souvent traversé l'Atlantique
                  ; 
                  
                  j'ai beaucoup voyagé en Angleterre et aux 
                  
                  Etats-Unis ; mais, je l'avoue à ma honte, ce 
                  
                  n'est que l'été dernier que j'ai visité les 
                  
                  provinces inférieures que l'on veut réunir 
                  
                  au Canada. Cette indifférence à l'égard des 
                  
                  sœurs-colonies n'est pas pardonnable, je le 
                  
                  pense, chez un législateur, et j'ai l'espoir 
                  
                  que les autres hons. conseillers se feront 
                  
                  un devoir d'acquérir par eux-mêmes les 
                  
                  renseignements si nécessaires à la position qu'ils occupent. Comme je viens de 
                  
                  le dire, je suis allé l'été dernier dans ces 
                  
                  provinces, et j'y étais à peine arrivé que 
                  
                  déjà mes opinions à leur égard s'étaient 
                  
                  sensiblement modifiées. Je ne m'attendais 
                  
                  pas à trouver une aussi belle ville à St. 
                  
                  Jean, Nouveau-Brunswick, ni à en voir une 
                  
                  comme Halifax. Je m'étais fait à l'idée que 
                  
                  le peuple y était pauvre, mais au contraire 
                  
                  j'ai vu là des marchands faisant de grandes 
                  
                  affaires et chez lesquels on pouvait reconnaître autant d'esprit d'entreprise que
                  chez 
                  
                  ceux du Canada. De plus, ces provinces se 
                  
                  distinguent par l'attachement le plus dévoué 
                  
                  à l'empire britannique et par leur loyauté 
                  
                  envers la couronne d'Angleterre, —sentiments que je n'ai pu observer sans éprouver
                  beaucoup de joie, et qui, j'en ai l'espérance, se perpétueront et grandiront même
                  
                  
                  avec la confédération. (Ecoutez !) Lorsque 
                  
                  je représentais un collége du Haut-Canada 
                  
                  et que j'avais à me faire réélire, toujours j'ai 
                  
                  hissé mon drapeau qui a pour exergue : 
                  
                  "Suprématie britannique." (Ecoutez ! écoutez !) Ce sentiment sera toujours celui du
                  
                  
                  pays. Relativement aux allégations de quelques hons. membres, qui prétendent que le
                  
                  
                  peuple ignore les mérites de la mesure proposée, je puis dire, au nom de la localité
                  
                  
                  d'où je viens, qu'elles sont on ne peut plus 
                  
                  erronées. Ce projet a plus ou moins occupé 
                  
                  l'attention du peuple pendant plusieurs années 
                  
                  et surtout dans ces derniers temps. A l'appui de la confédération des provinces de
                  
                  
                  l'Amérique Britannique du Nord, je pourrais 
                  
                  citer l'opinion de beaucoup d'hommes d'état 
                  
                  distingués de l'Angleterre, tels que le feu 
                  
                  comte DURHAM et le feu chevalier WILMOT 
                  
                  HORTON, qui occupait, il y a bien des années, 
                  
                  le poste de sous-secrétaire d'état, mais je ne 
                  
                  veux m'arrêter qu'à celle d'un de mes amis, 
                  
                  
                  
                  155
                  
                  membre distingué de l'autre chambre, M. 
                  
                  MORRIS, le fils de feu l'hon. WM. MORRIS, 
                  
                  qui fut pendant nombre d'années mon collègue à la chambre d'assemblée du Haut- 
                  Canada. Dans une brochure par lui publiée 
                  en 1858, M. MORRIS, le député actuel de 
                  Lanark sud, s'est formellement prononcé en 
                  faveur de l'union des provinces, et dans cette 
                  brochure, dont je vais faire deux extraits, se 
                  trouve citée l'opinion de M. SEWARD, actuellement Secrétaire d'Etat du gouvernement
                  
                  des Etats-Unis sur le sort réservé au Canada : 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  
                  
                  
                  
                     " Ce jour," dit l'auteur, " est très éloigné, j'en ai 
                     
                     l'espoir ; et quelque révolution que subisse le 
                     
                     vieux monde, je suis convaincu que la connexion 
                     
                     de notre pays avec l'empire, loin d'être ébranlée, 
                     
                     ne fera que se resserrer par la puissance de l'Angleterre ; et les milliers d'hommes
                     au cœur généreux qui auront grandi sous sa protection salutaire, ne cesseront d'avoir
                     pour elle des sentiments 
                     de vive affection et de loyauté, et sauront, dès 
                     que leur liberté sera en danger, se trouver au 
                     premier rang à côté des armées de l'Angleterre. 
                     Quant au sort futur de ces colonies de l'empire, 
                     le champ des prévisions en est vaste, et a occupé 
                     et ne cesse encore d'occuper bien des esprits. " 
                     
                     
                   
               
               
               
               
               
               
                  Voyons, entre autres, ce que pense de nous 
                  
                  le sénateur SEWARD : 
                  
                  
               
               
               
               
                  
                  
                  
                     " Ainsi que la plupart de mes compatriotes, je 
                     
                     n'avais jusqu'ici considéré le Canada, ou, pour 
                     
                     parler plus exactement, l'Amérique Anglaise, que 
                     
                     comme une simple lisière de pays située au nord 
                     
                     des Etats-Unis, facile à détacher de l'empire, 
                     
                     mais incapable de se gouverner et qui, par conséquent, devait tôt ou tard faire partie
                     de l'union 
                     
                     fédérale, sans changer ou modifier sa condition 
                     
                     ou son développement ; mais j'ai renoncé à cette 
                     
                     opinion, qui me paraissait entachée du préjugé 
                     
                     national. Je vois aujourd'hui dans l'Amérique 
                     
                     Britannique du Nord,— laquelle traverse le continent depuis les rives du Labrador
                     et de Terre- 
                     
                     neuve jusqu'au Pacifique, occupe une étendue 
                     
                     considérable de la zone tempérée, et est traversée 
                     
                     comme les Etats-Unis par des lacs, et de plus par 
                     
                     le majestueux St. Laurent,—une région assez vaste 
                     
                     pour le siége d'un grand empire. " 
                     
                     
                   
               
               
               
               
                  Comme on vient de le voir, l'hon. M. 
                  
                  SEWARD ( qui est connu pour le premier 
                  
                  homme d'état du gouvernement américain ) 
                  
                  a changé d'opinion à l'égard de notre pays, 
                  
                  de la puissance duquel on ne saurait douter, 
                  
                  qui est destiné, par ses immenses ressources, à devenir beaucoup plus puissant. Je
                  
                  pense que si nous avons foi en nous-mêmes, 
                  nous serons capables de nous gouverner, 
                  surtout si dans nos efforts—supposé le cas où 
                  il faudrait en faire—nous sommes sûrs d'être 
                  secondéspar les sympathies, la coopération 
                  et l'appui de l'empire. ( Ecoutez ! écoutez ! ) 
                  Il est évident que puisque le projet de confédération est bien vu en Angleterre, nous
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  recevrons de ce pays toute l'aide dont nous 
                  pourrons avoir besoin. Je regrette de ne 
                  pouvoir appuyer mon opinion sur des statistiques, mais d'autres hons. membres, beaucoup
                  plus compétents que moi, ont déjà pris 
                  ce soin, et nul doute que d'autres en feront 
                  autant. Sous ce rapport, je suis également 
                  convaincu que nous ne perdrons rien avec la 
                  fédération, qu'au contraire notre revenu 
                  augmentera considérablement. Les provinces maritimes ont des ressources qui nous 
                  manquent, entre autres leurs mines houillières et aurifères, qui seront pour nous
                  
                  d'une grande valeur, attendu qu'avant longtemps nous serons obligés de recourir à
                  ce 
                  combustible que nous n'avons pas chez nous. 
                  Il me fait vraiment peine de voir que nous 
                  ayons eu si peu de relations commerciales 
                  avec ces provinces, qui ont constamment 
                  besoin de grands approvisionnements d articles que nous avons à vendre, mais qui 
                  leur viennent d'ailleurs. Je pense que cet 
                  état de choses changera avant longtemps et 
                  que nous y gagnerons beaucoup. Sous tous 
                  les rapports la confédération est a désirér 
                  mais j'avoue qu'il ne me plairait pas de 
                  voir adopter ce projet si j'entrevoyais la 
                  moindre probabilité qu'elle dût conduire à 
                  une séparation d'avec l'empire. ( Ecoutez ! ) 
                  L'Angleterre a beaucoup fait pour nous ; 
                  elle s'est trompée quelque fois, mais à tout 
                  prendre nous avons été cordialement et généreusement traités par elle. Par la garantie
                  
                  de son gouvernement donnée à des emprunts, 
                  elle nous a beaucoup aidé, et ce fait même a 
                  donné un grand poids à notre crédit, à l'aide 
                  duquel nous avons pu exécuter nos gigantesques et utiles travaux publics. J'ai eu
                  souvent 
                  lieu d'être étonné de l'apathie que nous 
                  avons montrée pour nos propres défenses, 
                  mais le temps est venu de faire quelque 
                  chose à cet égard, et nous y sommes obligés ; 
                  le peuple d'Angleterre ne s'est pas trompé 
                  en disant que nous étions capables aujourd'hui, au moins dans une certaine mesure,
                  
                  de pourvoir à notre protection. Il ne s'attend pas que dans le danger nous pourrons
                  
                  lutter seuls, mais il veut que nous apportions 
                  notre contingent de défense. Ce devoir 
                  accompli, nous n'aurions plus rien à craindre, 
                  et l'union nous permettrait d'agir avec plus 
                  de cohésion qu'on ne le pourrait sans elle. 
                  Il pourrait bien y avoir encore parmi nous 
                  des partisans de l'annexion aux Etats-Unis, 
                  mais leur nombre est très limité, si toutefois 
                  il en existe. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Il y a 
                  quelques années, ce sentiment me paraissait 
                  prévoir jusqu'à un certain point ; mais la 
                  
                  
                  
                  156
                  
                  guerre actuelle de nos voisins n'est pas loin 
                  
                  de l'avoir fait complétement disparaître. Je 
                  
                  déplore cette guerre fraticide et je verrais 
                  
                  avec peine la rupture de nos relations 
                  
                  paisibles avec eux. J'espère que nous continuerons à vivre dans les mêmes termes 
                  
                  d'amitié et que si nous avons la guerre ce ne 
                  
                  sera pas nous qui l'aurons provoquée. Ce 
                  
                  peuple est grand et fort, mais j'espère qu'il 
                  
                  continuera à nous traiter aussi amicalement 
                  
                  que par le passé, bien qu'il ne puisse nier 
                  
                  qu'il ait montré récemment une toute autre 
                  disposition en voulant abroger le traité de 
                  réciprocité, contre lequel, il y a deux ou trois 
                  ans, on ne pût trouver de motifs pour le faire 
                  abroger. Je crois, cependant, que cette 
                  disposition à notre égard changera et que le 
                  traité ne sera pas aboli. Si au contraire il 
                  l'était, nous n'en serions pas complétement 
                  ruinés, car nos relations avec les sœurs provinces parviendront en grande partie à
                  
                  réparer cette perte. Malgré cela, nous 
                  pourrions peut-être encore passer par les 
                  Etats-Unis, sinon nous devrons nous contenter 
                  de nos propres voies de communication. 
                  Après cela, il ne me reste plus qu'à souhaiter le rejet de l'amendement de l'hon.
                  
                  député de Sherbrooke ( M. SANBORN ), et 
                  l'adoption de la mesure dans toute sa plénitude. La constitution de la législature
                  fédérale a été adoptée par une réunion de nos premiers hommes politiques, dont quelques
                  uns 
                  étaient opposés à ce que les chambres hautes 
                  fussent électives, entre autres l'honorable 
                  président de l'exécutif. ( l'hon. M. BROWN. ) 
                  Quant au peuple, je crois sincèrement qu'il 
                  ne désire pas que le principe électif soit 
                  maintenu pour les conseils législatifs. Je ne 
                  doute pas non plus que la couronne fera de 
                  judicieuses nominations,—elle a déjà fait ses 
                  preuves à cet égard,—et bien qu'elle ait pu 
                  se tromper quelquefois, je consens volontiers 
                  à m'en rapporter à elle. Je suis bien aise de 
                  donner au peuple tout le pouvoir qu'il peut 
                  raisonnablement demander, mais il est avéré 
                  que le pouvoir ainsi conféré a dégénéré en 
                  abus dans bien des cas, au nombre desquels 
                  on peut citer plusieurs municipalités dont la 
                  ruine est presque complète, de ces municipalités qui ont contracté des emprunts qui,
                  
                  au lieu d'être employés à des fins publiques, 
                  sont restés en grande partie dans le gousset 
                  des emprunteurs. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Je 
                  désire empêcher que de pareils faits se renouvellent. On espérait de grands avantages
                  
                  de la loi du fonds d'emprunt municipal ; de 
                  grandes améliorations furent projetées, quelques-unes furent exécutées, mais les municipalités qui laissèrent les leurs à l'état
                  de 
                  projet et gaspillèrent l'argent obtenu du 
                  fonds, en sont aujourd'hui à demander au 
                  gouvernement des délais pour l'intérêt de 
                  leur emprunt. Par ces observations, je ne 
                  veux blesser personne ; mais si elles avaient 
                  paru blessantes, je demanderais qu'on me 
                  pardonnât en faveur de mon intention. J'ai 
                  fourni une assez longue carrière parlementaire, surtout comme député à l'autre 
                  chambre, et ayant toujours agi avec 
                  indépendance, je crois avoir acquis ce 
                  droit de dire que les hommes publics 
                  devraient se faire un devoir de toujours agir 
                  selon leurs convictions, et non d'après les 
                  conseils et les sollicitations d'amis. Tout 
                  en me promettant d'observer ce précepte, 
                  je termine en exprimant l'espoir qu'une 
                  forte majorité adoptera les résolutions. 
                  ( Applaudissements. ) 
                  
                  
               
               
               
               
               
               
                  HON. M. AIKINS.—Je ne pense pas, 
                  
                  hons. messieurs, que ce qui s'est passé dans 
                  
                  le conseil des comtés d'York et Peel et qui 
                  
                  vient d'être relaté par l'hon. membre pour 
                  
                  la division Saugeen, puisse être interprété 
                  
                  dans le sens de cet hon. monsieur, qui a 
                  
                  donné à entendre qu'une grande majorité de 
                  
                  ce conseil s'était déclarée contre l'appel au 
                  
                  peuple au sujet de la confédération des 
                  
                  provinces dont le rejet est maintenant 
                  
                  devant la chambre. Je connais personnellement la plupart des membres de ce conseil,
                  et 
                  
                  je pense qu'une nouvelle lecture du procèsverbal, que l'hon. membre a cité, fera connaître
                  l'affaire sous un jour différent. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS—C'est égal, je vais 
                  
                  le lire à mon tour et en tirer de nouvelles 
                  
                  conclusions. ( L'hon. membre lit de nouveau 
                  
                  ce procès-verbal, et fait remarquer qu'il n'y 
                  
                  a rien dans le discours des membres du conseil des comtés qui démontre qu'ils fussent
                  
                  
                  opposés à l'appel au peuple. ) Les membres 
                  
                  du conseil de comté ne sont pas élus dans un 
                  
                  but politique mais pour administrer les affaires 
                  
                  de la municipalité. Toute profession de foi 
                  
                  politique qu'ils peuvent faire ne peut donc 
                  
                  être que l'expression de leur opinion particulière, et quelque droit au respect qu'aient
                  
                  
                  ces messieurs composant ce conseil, elle ne 
                  
                  saurait être regardée comme l'expression du 
                  
                  désir de leurs mandataires sur ce sujet. Je 
                  
                  maintiens en outre que le vote du conseil 
                  
                  n'était pas même l'expression de l'opinion 
                  
                  des membres, car nous voyons par le procès
                  157verbal que plusieurs d'entre eux s'opposèrent 
                  
                  à la motion pour l'appel au peuple simplement parce que la question n'était pas de
                  leur 
                  
                  ressort vu son caractère politique, et votèrent 
                  
                  contre sans se prononcer sur son mérite réel. 
                  
                  Parmi eux se trouvaient les messieurs réellement opposés à l'appel au peuple, qui
                  avec 
                  
                  d'autres formaient la majorité dont l'hon. 
                  
                  monsieur a parlé d'un air si triomphant. 
                  
                  ( Ecoutez ! écoutez !) A part de l'expression 
                  
                  de l'opinion du conseil des comtés qui, à 
                  
                  mon avis, ne doit pas compter, quel ne soit 
                  
                  l'interprétation qu'on lui donne, je m'oppose 
                  
                  à ce que les résolutions soient soumises au 
                  
                  parlement et que l'on presse cette chambre 
                  
                  de les adopter de la même manière que pour 
                  
                  l'adresse en réponse à la harangue du trône. 
                  
                  On veut qu'elles soient adoptées ou rejetées 
                  
                  en bloc, sans modification ou amendement, 
                  
                  tout comme si leur adoption ou leur rejet 
                  
                  devait décider du sort du gouvernement. On 
                  
                  croit savoir que le cabinet s'est engagé envers 
                  
                  les autres gouvernements à maintenir intactes ces résolutions, et si cela était, il
                  serait 
                  
                  logique que leur passation ou leur rejet fut 
                  
                  pour lui une question de vie ou de mort. 
                  
                  Les ministres s'opposent à toute expression 
                  
                  d'opinion à l'égard de ces résolutions autre 
                  
                  que celle que peuvent renfermer les discours 
                  
                  des hon. membres, c'est-à-dire qu'elles 
                  
                  ne peuvent être changées, modifiées ou 
                  
                  amendées sous aucun rapport, et c'est à 
                  
                  cette condition que l'on demande aux chambres de les prendre en délibéré ! Je vous
                  le 
                  
                  demande : à quoi cela servira-t-il, si nous 
                  
                  ne pouvons en venir à nos conclusions ni 
                  
                  leur donner force de loi tout en y faisant les 
                  
                  amendements que nous croirons à propos ? Je 
                  
                  suis ici le député, sinon d'un des plus grands, 
                  
                  au moins d'un des plus intelligents colléges 
                  
                  électoraux du Haut-Canada, et je dis, sans 
                  
                  hésitation aucune, que le peuple est en général favorable au principe des résolutions,
                  
                  
                  ou, si on l'aime mieux, en faveur de 
                  
                  la confédération du Canada et des provinces inférieures, mais je ne crois pas qu'il
                  
                  
                  adhere à tous les détails du projet. En 
                  
                  proposant les résolutions, l'hon. premier 
                  
                  ministre a dit qu'elles vaudraient au Canada 
                  
                  deux avantages spéciaux : la puissance et la 
                  
                  stabilité, et que, par contre-coup, elles mettraient fin aux difficultés contre lesquelles
                  la 
                  
                  province a eu à lutter pendant ces dernières 
                  
                  années. Il a aussi déclaré que si cette union 
                  
                  ne s'accomplissait pas, nous courrions le danger d'être contraints par la force à
                  faire partie 
                  
                  des Etats-Unis ; que si ce n'était pas la force 
                  
                  
                  
                  
                  
                  qui nous y contraindrait, insensiblement nous 
                  finirions par être absorbés par ce pays ; que 
                  nous sommes au sommet d'un plan incliné 
                  qui nous y conduira indubitablement, bon 
                  gré malgré. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Si l'hon. 
                  premier ministre nous a par cela convaincus 
                  que l'union projetée nous donnerait réellement 
                  plus de force d'action, tout en nous mettant en 
                  mesure de mieux pourvoir à nos défenses, 
                  je suis prêt à reconnaître l'opportunité du 
                  projet. J'ai attendu avec hâte ses raisons et 
                  explications, car, pour voter les résolutions, 
                  j'en voulais de meilleures que celles que je 
                  connaissais déjà. J'ai hâte également, de 
                  les voir minutieusement analysées et scrutées, et je désire beaucoup qu'elles soient
                  dans 
                  l'intérêt du Canada. Si en présentant ces 
                  résolutions le gouvernement eut déclaré 
                  qu'après examen et délibération, elles pouvaient être amendées en certains cas, j'eusse
                  
                  été aise de cette déclaration ; mais non :-   il nous est permis de les discuter,
                  mais non 
                  d'aller plus loin. On les a soumises, ainsi que 
                  je l'ai déjà dit, comme on le fait pour l'adresse 
                  en réponse au discours du trône, dont tout 
                  amendement est regardé comme motion de 
                  non-confiance ; je ne puis voir, naturellement, qu'il soit utile de les discuter.
                  Cependant, avant de voter, je désire savoir 
                  combien coûtera le chemin de fer intercolonial. Il n'y a que peu de temps, le public
                  
                  haut-canadien était adverse à cette entreprise ; si donc il a été donné de nouvelles
                  explications au sujet de ce projet, 
                  je serais aise de les connaître. J'aimerais 
                  aussi à savoir quelle sera sa route et combien 
                  de millions il va coûter ; après cela, si sa 
                  construction m'est démontrée comme devant 
                  être d'un avantage réel pour le pays, j'y 
                  consentirai volontiers. Il est encore d'autres 
                  points sur lesquels je tiens à me renseigner, 
                  celui, par exemple, qui concerne la part de 
                  dette que le Haut et le Bas-Canada seront 
                  respectivement tenus de payer, c'est-à-dire 
                  si les 62 1/2 millions de dettes dont la confédération devra se charger seront répartis
                  
                  d'après le chiffre des deux populations, et si, 
                  en sus de sa part, le Bas-Canada sera tenu 
                  de se charger du montant payé pour le rachat 
                  de la tenure seigneuriale ? A mon avis, ces 
                  questions doivent être élucidées avant l'adoption du projet. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL.—Le gouvernement ne veut nullement refuser aucune information que la chambre peut
                  désirer ; il 
                  
                  est au contraire désireux de lui donner tous 
                  
                  ceux dont il peut disposer ; mais les ques
                  158tions que vient de soulever l'hon. membre 
                  ne sont pas encore soumises aux délibérations 
                  de cette chambre. Quant à la dette créée 
                  pour la tenure seigneuriale, le Bas-Canada 
                  seul devra s'en charger. Pour ce qui est 
                  des cinq millions réservés pour une certaine 
                  partie de la dette, il en sera fait une juste 
                  répartition entre le Haut et le Bas-Canada, 
                  et je saisis cette occasion de déclarer que le 
                  parlement sera mis à même de juger des dispositions que le cabinet pourra proposer
                  à 
                  l'égard de cette répartition, et alors cette 
                  chambre pourra se prononcer à ce sujet. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS.—Ce que vient de 
                  
                  dire l'hon. commissaire des terres de la 
                  
                  couronne me plaît infiniment, mais je ne 
                  
                  conçois pas comment nous pourrons avoir 
                  
                  lieu de considérer aucune de ces résolutions 
                  
                  si nous votons maintenant la proposition 
                  
                  essentielle. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL—L'occasion 
                  
                  vous en sera donnée lorsqu'il s'agira de 
                  
                  régler le partage de ces cinq millions de 
                  
                  dettes entre le Haut et le Bas-Canada, et 
                  
                  lorsque des projets de loi ou propositions 
                  
                  seront mis à cette fin devant le parlement. 
                  
                  L'intention du gouvernement est de présenter des propositions qu'il croit également
                  
                  
                  équitables pour les deux sections du pays, 
                  
                  et le parlement aura alors la faculté de se 
                  
                  prononcer sur le projet. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS.—J'admets volontiers la sincérité du gouvernement dans cette 
                  
                  question ; mais avant de voter pour la confédération, j'aimerais à savoir, et la chambre
                  
                  
                  aussi, j'en suis sûr, non seulement ce que 
                  
                  coûtera le chemin de fer intercolonial, mais 
                  
                  encore comment sera partagée cette partie 
                  
                  de la dette entre le Haut et le Bas-Canada. 
                  
                  Il me paraît très important que nous ayons 
                  
                  tous ces renseignements avant d'être appelés 
                  
                  à voter ces résolutions. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL—L'hon. monsieur me permettra de lui faire remarquer que 
                  
                  la question du chemin de fer intercolonial sera 
                  
                  du ressort du gouvernement fédéré. Cette 
                  
                  chambre ne peut que s'enquérir de quelle 
                  
                  manière seront répartis les cinq millions de 
                  
                  dette entre les deux sections, et sur ce point, 
                  
                  chaque membre aura l'opportunité de se prononcer pour ou contre la proposition du
                  gouvernement. La question du chemin de fer 
                  
                  intercolonial est tout à fait en dehors de 
                  
                  notre contrôle, la législature fédérale seule 
                  
                  devant en être saisie. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS—Je sais parfaitement que cette voie ferrée doit être construite 
                  
                  
                  
                  
                  par le gouvernement général, mais ce que 
                  
                  j'ignore et voudrais savoir, c'est le chiffre de 
                  
                  son prix de revient. A mon sens, et selon 
                  
                  l'idée d'hons. membres, cette question est 
                  
                  des plus importantes, elle est la clef de voûte, 
                  
                  pour ainsi dire, de toute l'affaire, et je sais 
                  
                  qu'elle me touche de très près. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Cela dit, passons au sujet
                  de 
                  
                  la constitution de cette chambre. L'hon. 
                  
                  monsieur qui vient justement de s'asseoir, et 
                  
                  qui vient de Cobourg, ( l'hon. M. BOULTON ) 
                  
                  s'est plu à décrier le système électif, s'appuyant, pour le condamner comme mauvais
                  
                  
                  en général et pour conclure qu'on devrait 
                  
                  l'éliminer de la constitution de cette chambre, sur le fait que certaines municipalités
                  
                  
                  du pays ont mal employé les fortes sommes 
                  
                  qu'elles avaient obtenues du fonds d'emprunt ; 
                  
                  or, je trouve étrange qu'un hon. membre 
                  
                  juge d'un principe sur des données aussi 
                  mesquines, d'autant plus étrange que cet 
                  hon. monsieur se trouve être le représentant 
                  d'une municipalité fortement arriérée envers 
                  le fonds d'emprunt. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. BOULTON—Je n'ai pas voulu 
                  
                  parler de la ville de Cobourg, mais seulement 
                  
                  d'autres municipalités dont les conseillers 
                  
                  ont gaspillé l'argent obtenu du fonds d'emprunt, tout en mettant de fortes sommes
                  dans 
                  
                  leur gousset. Cobourg a dépensé ces fonds 
                  
                  dans de grands travaux publics ; et a agi 
                  
                  honnêtement. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS—Fort bien ; mais 
                  
                  je ne vois pas pourquoi je me serais abstenu 
                  
                  de citer Cobourg comme étant dans le même 
                  
                  cas que les municipalités qui ont manqué à 
                  
                  leurs obligations, surtout après avoir entendu 
                  
                  l'hon. monsieur attaquer le principe électif justement parceque ces municipalités
                  
                  
                  avaient manqué à leurs engagements. L'hon. 
                  
                  membre de la division de Saugeen a déclaré 
                  
                  aussi que la nomination des conseillers 
                  
                  législatifs par la couronne n'ôtait pas au 
                  
                  peuple ses franchises. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. MACPHERSON—L'hon. 
                  
                  préopinant fait erreur : j'ai dit que les nominations se feraient sur la recommandation
                  des 
                  
                  députés à l'autre chambre, et que ce changement n'équivalait pas à un désaffranchissement.
                  
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS—Si l'hon. monsieur 
                  
                  n'était pas aussi susceptible, il se serait épargné la peine de cette explication.
                  
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS—Il n'était assurément pas dans mon intention de mal inter
                  159préter l'hon. monsieur en quoi que ce soit ; 
                  
                  après avoir entendu ses remarques sur ce 
                  
                  point, chacun, je pense, a dû comprendre 
                  
                  qu'après le changement de constitution projeté, le peuple serait encore nanti du pouvoir
                  
                  
                  de nommer à cette chambre. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS.—L'hon. monsieur 
                  
                  dit que par la voie de ses représentants le 
                  
                  peuple aura le pouvoir de faire ces nominations ; eh ! bien, après avoir lu la l4me
                  
                  
                  résolution, j'ai compris, moi, qu'une fois la 
                  
                  première nomination accomplie, il n'aura plus 
                  
                  rien à faire avec cette chambre. ( Ecoutez ! 
                  
                  écoutez ! ) D'ailleurs, de quels représentants veut parler l'hon. monsieur, si ce
                  n'est 
                  
                  des membres du cabinet, qui auront le pouvoir de faire ces nominations, ou plutôt
                  la 
                  
                  couronne elle-même ? 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKlNS.—Oui, sans doute, 
                  
                  à cette différence près que le peuple n'aura 
                  
                  rien à y voir. Il est visible que nous voulons revenir à l'ancien principe d'après
                  
                  
                  lequel toutes ces nominations se faisaient 
                  
                  par la couronne. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Eh ! 
                  bien, quoique je sois peut-être pour la 
                  nomination par la couronne—je remets 
                  cependant à plus tard pour me prononcer 
                  sur ce dernier point. Voici quelle sera ma 
                  position, si je vote pour ces résolutions : il 
                  se trouvera que mon vote, ainsi que celui de 
                  chaque membre, sera à l'effet de nous 
                  donner un siége en cette chambre pour 
                  aussi long de temps qu'il plairait à la Providence de nous le laisser. ( Ecoutez !
                  écoutez ! ) J'ai été envoyé ici, hons. messieurs, 
                  pour veiller à la conservation de certains 
                  intérêts, pour représenter certaines classes 
                  et pour faire valoir les vues de mes mandataires selon qu'elles se trouvent être d'accord
                  avec mon propre jugement, mais non 
                  pas pour changer la constitution sous 
                  laquelle j'ai été député, ni pour enlever au 
                  peuple son privilége d'envoyer à ce conseil 
                  celui qui possède sa confiance. Il ne 
                  me paraît pas juste que par leur vote 
                  les membres ce cette chambre déclarent 
                  leur siége inamovible. ( Ecoutez ! écoutez ! ) 
                  Les raisons données à l'appui du changement 
                  projeté sont variées et jusqu'à un certain 
                  point contradictoires. Un membre du cabinet nous a dit que c'était parce que les provinces
                  maritimes étaient opposées à ce que 
                  
                  
                  
                  
                  
                  cette chambre fut élective, et le Canada, lui, 
                  
                  le plus populeux et le plus influent des provinces, devra se soumettre à cette exigence
                  
                  
                  et renoncer à un principe qu'il a solennellement adopté, et dont l'action n'a été
                  nullement nuisible à nos intérêts. Nous voyons 
                  
                  un autre honorable monsieur qui a fortement 
                  
                  lutté autrefois contre le principe électif, et 
                  
                  qui y est encore opposé aujourd'hui pour la 
                  
                  raison, que depuis ce temps, certaines municipalités ont emprunté beaucoup plus qu'elles
                  
                  
                  ne peuvent rendre ! ce sont des raisons extraordinaires en quelque sorte, et j'espère
                  
                  
                  que la chambre les prendra pour ce qu'elles 
                  
                  valent. Avant que le changement projeté ait 
                  
                  lieu, je pense, hons. messieurs, je pense que 
                  
                  nous ne devons pas déclarer par notre vote 
                  
                  que nous avons droit à un siége permanent 
                  
                  en cette chambre sans au moins demander au 
                  
                  peuple s'il y consent ou non ; et, en suggérant 
                  
                  cette ligne de conduite, on ne saurait y 
                  
                  trouver à redire, lorsque nous savons que si 
                  
                  les membres nommés par la couronne devront 
                  
                  rester dans cette chambre, un grand nombre 
                  
                  des conseillers élus devront y rester aussi. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. ROSS—Que feriez-vous étant 
                  
                  convaincu que l'opinion publique est en 
                  
                  faveur du changement ? 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS — Ma réponse à 
                  
                  l'hon. monsieur sera très facile. Si je ne 
                  
                  représente pas l'opinion de mes commettants sur un sujet d'une aussi grande 
                  
                  importance que celui-ci, il est une chose 
                  
                  que je puis faire; remettre mon manat. ( Ecoutez ! Ecoutez ! ) Telle est la 
                  décision que je me ferais un devoir de 
                  prendre en pareil cas. ( Ecoutez ! écoutez !) Quant à ce projet, je pense que sa 
                  réussite dépend beaucoup des résolutions 
                  elles-mêmes. Si elles doivent servir de base 
                  à une nouvelle constitution, toutes à mon 
                  avis, doivent être soigneusement examinées 
                  et discutées, et dans cette chambre ainsi que 
                  dans l'autre le gouvernement ne devrait pas 
                  empêcher les députés d'exprimer leurs 
                  opinions sur les mérites de la question. 
                  ( Ecoutez ! ) Beaucoup d'hons. messieurs 
                  ont dit que le peuple était favorable 
                  à ce projet ; moi aussi je le crois en 
                  faveur d'un projet de confédération, mais je 
                  pense qu'il dépend entièrement des détails 
                  de ce projet qu'il lui donne ou refuse son 
                  adhésion. Je n'hésite nullement à faire 
                  connaître l'opinion de mon collége sur ce 
                  sujet. Presque tous les jours je me trouve 
                  d'ordinaire en relation avec mes électeurs, 
                  et j'ai eu aussi de nombreuses occasions de 
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  160
                  
                  connaître leur opinion sur différents sujets. 
                  et je crois que la majeure partie d'entre eux 
                  n'en a point d'arrêtée et de définie sur ce 
                  projet. Ils sont en faveur d'une confédération, 
                  mais ils n'ont nulle idée des détails du plan 
                  proposé. S'ils savaient que par cette mesure 
                  l'impôt et les dépenses publiques seront 
                  considérablement augmentés, à coup sûr ils 
                  seraient contre. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Je 
                  pense donc que nous qui sommes ici pour 
                  veiller à la protection des intérêts publics, 
                  nous devrions avant de prendre la responsabilité des votes examiner et analyser avec
                  
                  soin ces résolutions, afin de pouvoir, autant 
                  que possible, juger des résultats qu'elles 
                  donneront. Je ne crains pas de l'affirmer, 
                  jamais le peuple canadien n'a plus souffert 
                  qu'à présent. ( Ecoutez ! écoutez ! ) La gêne 
                  des particuliers, la dette municipale et nationale font aux agriculteurs la position
                  la 
                  plus difficile. Durant les cinq dernières 
                  années, la valeur de la propriété est tombée 
                  de 20, 30, 40, 50 et même 60 pour cent ; les 
                  récoltes, pendant cette période, ont toujours 
                  aussi diminué en valeur et en quantité. D'un 
                  autre côté, le peuple est mécontent de la 
                  manière dont le pays a été gouverné depuis 
                  huit ou dix ans, et il n'y a par conséquent 
                  pas lieu de s'étonner si on le trouve prêt à 
                  accepter tout changement à l'aide duquel il 
                  croira pouvoir mettre fin à ses difficultés 
                  présentes ; mais nous qui sommes ici pour 
                  veiller à ses intérêts, pour rechercher son 
                  bien-être, nous ne devons pas, quand même 
                  nous serions tous du même parti, nous hâter 
                  d'adopter aucun projet de n'importe quel 
                  gouvernement sans s'être, au préalable, mis 
                  en mesure de juger de ses conséquences. 
                  ( Ecoutez ! écoutez ! ) On croit que le public 
                  est bien au fait de cette mesure ; je m'inscris en faux contre cette assertion ; le
                  peuple 
                  ne le connaît pas dans toutes ses conséquences, 
                  et s'il est quelque chose que je regrette, 
                  c'est qu'on n'en ait pas fait une mesure de 
                  parti. ( Ecoutez ! écoutez ! ) Il se peut 
                  qu'aucun parti n'aurait pu la faire passer 
                  comme telle, mais je le regrette parce que 
                  cela eut été mieux ; parce que ses mérites 
                  et démérites eussent été ainsi mieux connus. 
                  Nos hommes publics se fussent rangés d'eux- 
                  mêmes d'un côté ou de l'autre, soit pour le 
                  favoriser ou s'y opposer ; ils eussent montré 
                  ses défauts et ses qualités ; toute la question 
                  eut été ainsi élucidée, et si après cette lutte 
                  le projet eut été adopté, il aurait été aussi parfait que possible. Mais qu'avons-nous
                  au lieu 
                  de cela ? d'un bout du pays à l'autre, c'est à 
                  
                  
                  
                  
                  peine si vous voyez un journal qui n'est pas 
                  
                  rempli de louanges à l'égard du projet. 
                  
                  Pourquoi cela ? Parce que les premiers 
                  
                  hommes publics du pays ont jugé à propos 
                  
                  d'opérer une fusion ; les principaux journaux de chaque parti applaudissent maintenant
                  à cette fusion et au projet venu à sa 
                  
                  suite,—et les petites feuilles, elles, font de 
                  
                  leur mieux pour se mettre à l'unisson de 
                  
                  ce concert. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. AIKINS.—De l'opinion publique, vraiment ? Eh ! bien, je répète à 
                  
                  l'hon. monsieur que le peuple n'a pas pu 
                  
                  suffisamment juger de la mesure, et qu'ici 
                  
                  nous devrions exercer le droit d'exprimer 
                  
                  notre entière opinion à ce sujet. ( Ecoutez ! 
                  
                  écoutez ! ) Ainsi que je l'ai déjà déclaré, je 
                  
                  suis pour une confédération de ces provinces 
                  
                  qui sera établie sur de justes bases, et tout 
                  
                  ce que je désire, c'est qu'il nous soit permis 
                  
                  d'examiner toutes ces résolutions et d'amender au besoin celles qui paraîtront imparfaites
                  
                  
                  sous quelque rapport. (Bien ! très bien ! ) 
                  
                  J'adhère cordialement à certaines parties de 
                  
                  l'amendement proposé, et lorsque la discussion en aura fini avec lui, comme les autres
                  
                  
                  honorables je me déciderai sur ce que j'aurai 
                  
                  à faire. ( Ecoutez ! écoutez ! ) 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. REESOR.—Personne ne se 
                  
                  levant pour continuer les débats, je demande 
                  
                  la liberté de m'enquérir auprès de l'hon. 
                  
                  commissaire des terres de la couronne pourquoi, en vertu du projet de confédération,
                  
                  
                  certains droits d'exportation seront perçus par 
                  
                  le gouvernement local du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, quand, au 
                  
                  Canada, ils seront perçus par le gouvernement général ? Ce privilége forme partie
                  de 
                  
                  la 43me résolution, dont suit les termes : 
                  
                  " La taxation directe dans le Nouveau- 
                  
                  Brunswick et l'imposition de droits sur 
                  
                  l'exportation du bois carré, des billots, 
                  
                  mâts, espars, madriers et bois sciés, et 
                  
                  dans la Nouvelle-Ecosse du charbon et des 
                  
                  autres minéraux. " Ce sont là, ce me 
                  
                  semble, des articles en très grande demande 
                  
                  qui se trouveront ainsi sujets à l'imposition de ces gouvernements locaux, car ils
                  
                  
                  entrent pour une grande part dans les 
                  
                  exportations du pays. On semble par là 
                  
                  avoir donné une préférence aux provinces 
                  
                  inférieures quant au droit d'impôt. ( Ecoutez ! 
                  
                  écoutez! ) De plus, et tel que l'a dit le président du conseil, on voit plus loin
                  figurer 
                  
                  une somme de $68,000 qui devra être donnée 
                  
                  
                  
                  161
                  
                  
                  chaque année et pendant dix ans, comme 
                  
                  gratuité au Nouveau-Brunswick. Quand ces 
                  
                  faits seront pris en considération, à coup sûr 
                  
                  on ne pourra faire autrement que d'avouer 
                  
                  que nos hommes publics qui faisait partie de 
                  
                  la conférence ont agi un peu à la légère. 
                  
                  On verra que pour ôter toute objection aux 
                  
                  provinces maritimes, ils n'ont pas regardé à 
                  
                  ce qu'il en pourrait coûter au Canada. Il 
                  
                  s'ensuivrait donc que parce que le Canada 
                  
                  est la plus grande de ces colonies, il doit 
                  
                  consentir à tout ce que les autres demandent. 
                  
                  ( Ecoutez ! écoutez ! ) Il semble aussi étrange 
                  
                  que ces messieurs ait adopté un projet qui 
                  
                  engage le gouvernement à construire le chemin de fer intercolonial, sans définir ou
                  sans 
                  
                  savoir quel en sera le coût. ( Ecoutez !) 
                  
                  
                  
 
               
               
               L'HON. M. CAMPBELL. —Il est en 
                  quelque sorte difficile à un membre du cabinet de répondre sur le champ aux questions
                  
                  que vient de faire l'hon. membre ; mais quant 
                  à la première, je n'éprouve pas le même 
                  embarras. La chambre sait comme moi que 
                  sans la confédération les terres de la conronne resteront sous le contrôle de chaque
                  
                  province, et que cela a été jugé nécessaire 
                  afin que chacune d'elle trouvât là les fonds 
                  requis pour le fonctionnement de son administration locale. Au Nouveau-Brunswick,
                  
                  les droits ne sont pas prélevés comme en 
                  Canada, dans les forêts, mais aux ports et 
                  comme droits d'exportation,—cette manière 
                  d'obtenir le revenu sur ces bois étant plus 
                  commode et moins dispendieuse pour cette 
                  province—et l'hon. monsieur verra que si 
                  nous ne permettons pas au gouvernement 
                  local du Nouveau-Brunswick de percevoir 
                  ces droits de cette manière, le revenu provenant au Canada des droits sur coupes (
                  
stumpage dues) sera perdu pour le Nouveau- 
                  Brunswick. Dans ce fait se trouve le motif 
                  de l'exception qu'il vient de citer. La même 
                  chose a été faite pour la Nouvelle-Ecosse, 
                  en lui accordant un droit sur la houille, 
                  c'est-à-dire le percentage du produit des 
                  mines réservés pour l'usage du gouvernement, lequel sera perçu comme droit sur 
                  l'exportation de l'article. Si le droit d'exportation est aussi réservé au gouvernement
                  
                  local comme source de revenu, c'est qu'il est 
                  nécessaire dans les deux cas qu'il ait l'avantage de son revenu territorial de même
                  que 
                  les gouvernements locaux du Canada, qui 
                  percevront le revenu d'une manière différente. Au premier abord, il peut paraître
                  
                  que cet article donne aux provinces inférieures des avantages que n'auront pas les
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  gouvernements locaux d'ici, mais ce n'est 
                  pas le cas. ( Ecoutez ! écoutez !) Quant à la 
                  subvention annuelle de $63,000 au Nouveau- 
                  Brunswick pour une période de dix ans, on 
                  l'a jugée necessaire, parceque durant ce 
                  temps, cette province serait incapable, avec 
                  son revenu local, d'exécuter les entreprises 
                  qu'elle a commencées. C'est avec peine que 
                  j'ai entendu l'hon. monsieur déclarer que 
                  les représentants canadiens avaient dû se 
                  montrer faciles dans l'acceptation des conditions auxquelles les provinces maritimes
                  
                  consentiront à entrer dans l'union ; tout ce 
                  que j'ai à répondre, c'est que j'aurais voulu 
                  voir à la conférence les hons. messieurs qui 
                  trouvent ainsi à redire, et ils auraient vu si 
                  nous étions faciles ou non. Je dois dire de 
                  plus à mon hon. monsieur, dont j'ai le plaisir 
                  d'être l'ami depuis quelques années, que 
                  s'il eut parfaitement connu les représentants 
                  du Canada en cette occasion, il se serait bien 
                  gardé aujourd'hui de lâcher cette imputation. ( Écoutez ! écoutez !) Les $63,000 ont
                  
                  été accordées au Nouveau-Brunswick parce 
                  qu'on a vu qu'avec le revenu local qui lui 
                  était affecté il lui serait impossible de faire 
                  face à ses engagements. Cette province, 
                  voyant que son revenu aurait été trop restreint pour subvenir aux obligations quelle
                  
                  se trouve avoir contractées, n'aurait pas, 
                  naturellement, voulu entrer dans l'union 
                  sans cela. Ces obligations qu'elle se trouve 
                  avoir ainsi contractées sont pour des chemins 
                  de fer. Plutôt que de prendre des actions 
                  ou autres garanties sous forme d'encouragement à ces entreprises de chemin de fer,
                  le 
                  gouvernement du Nouveau-Brunswick a 
                  préféré faire don une fois pour toute d'une 
                  certaine somme. Toute compagnie construisant une voie ferrée avait ainsi droit à une
                  
                  certaine somme prise dans les fonds publics ; 
                  —c'est de cette manière que cette province 
                  s'est fait des obligations qu'il lui faut 
                  nécessairement liquider, et comme elle a cédé 
                  tous ses revenus ordinaires au gouvernement 
                  général, il a bien fallu que ce dernier s'en 
                  chargeât. Je dois en outre ajouter que ces 
                  chemins de fer, cédés avec d'autres travaux 
                  publics au gouvernement général, ne sont 
                  pas sans valeur et pourront contribuer au 
                  revenu général. Je ne me souviens pas 
                  exactement de la somme, mais elle s'élève à 
                  environ $6,000 ou $8,000 par année. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. CURRIE — Cela fait justement trois huitièmes d'un pour cent de leur 
                  
                  prix de revient. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL Peu importe ; 
                  
                  
                  
                  162
                  
                  
                  j'ai dit qu'ils donnaient un revenu sans en 
                  
                  mentionner le chiffre, et en donnant cette 
                  
                  somme nous savons que nous en retirerons 
                  
                  toujours une partie. Sans cet arrangement, 
                  
                  le projet devenait impossible, et de plus, il 
                  
                  y a toute probabilité que ces travaux deviendront plus productifs Je comprends 
                  
                  que quelques messieurs disent qu'on aurait 
                  
                  pu, dans ce cas, donner un équivalent aux 
                  
                  autres provinces, mais nous savons tous 
                  
                  combien ce système d'équivalents est nuisible 
                  
                  aux finances. (Ecoutez ! écoutez !) On aurait 
                  
                  pu donner une pareille somme aux autres 
                  
                  provinces, mais cela eut semblé une prodigalité que le pays n'aurait pas vu d'un bon
                  
                  
                  oeil. (Ecoutez ! écoutez !) Si la conférence a 
                  
                  décidé de lui affecter cette somme, c'était, il 
                  
                  n'y a pas à en douter, pour obtenir la confédération. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. SIMPSON—Je désire savoir 
                  
                  de l'hon. commissaire si un navire chargé de 
                  
                  céréales et expédié de Montréal à un port 
                  
                  des provinces maritimes, serait assujetti à un 
                  
                  droit d'exportation à la Nouvelle-Ecosse s'il 
                  
                  revenait avec un chargement  de houille ? 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL—Je ne le crois 
                  
                  pas. Cependant, si l'hon. monsieur désire 
                  
                  une information, je le prie de remettre sa 
                  
                  demande à un autre jour. Si toutes ces 
                  
                  questions ne sont pas faites pour entraver 
                  
                  les délibérations, mais bien dans un but 
                  
                  d'utilité, je me mettrai en mesure d'y répondre aussi amplement que possible. (Écoutez
                  ! écoutez !) Je suis convaincu, d'ailleurs, 
                  
                  que personne parmi les honorables membres 
                  
                  ne voudrait faire de questions pour retarder 
                  
                  le progrès de la mesure, mais seulement pour 
                  
                  se renseigner sur certains points. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. SIMPSON — Jamais pareille 
                  
                  idée ne m'est venue, et la question que je 
                  
                  viens de faire m'a été suggérée par les explications que nous avons entendues. Cependant,
                  comme je suis debout, je me 
                  
                  permettrai d'en faire une autre. Je n'entends pas vouloir discuter sur la somme que
                  
                  
                  le Haut-Canada doit donner au gouvernement général en vertu de c. projet, mais il
                  
                  
                  me parait singulier qu'en faisant ces compensations, la conférence les ait données
                  toutes 
                  
                  aux provinces d'en bas. Pourquoi n'avoir 
                  
                  pas pourvu à ce qu'il faut d'argent au Nouveau-Brunswick par une taxe directe, et
                  les 
                  
                  colonies auraient ainsi été mises sur un pied 
                  
                  d'égalité. (Ecoutez ! écoutez !) 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. ROSS — Parce que ces chemins de fer du Nouveau-Brunswick contribueront au revenu du gouvernement
                  général. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L' HON. M. ROSS — Ils rapportent quelque chose aujourd'hui, et plus tard ils rapporteront davantage.
                  C'est à mon point de 
                  
                  vue individuel que je parle ainsi, et je n'affirme rien sur d'autres données que celles
                  à 
                  
                  la disposition de la chambre. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L' HON. M. ROSS. — Quant au droit d'exportation de la houille de la Nouvelle- 
                  Ecosse, on voit par les résolutions que 
                  l'équivalent donné au Haut-Canada pour ce 
                  revenu est le droit sur les bois de la couronne. 
                  
                  
 
               
               
               ' 
L'HON. M. SIMPSON. -—Et puis, que 
                  dites-vous des droits de pêche donnés aux 
                  provinces maritimes ? 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L' HON. M. ROSS.—On en parlera tout à 
                  
                  l'heure. Je ne répond qu'à une question 
                  
                  maintenant. C'est à la place du droit que 
                  
                  nous prélevons sur les bois, et connue sous 
                  
                  le nom de droits sur coupe (
stumpage dues) 
                  
                  que la Nouvelle-Ecosse est autorisée à prélever un droit d'exportation sur la houille.
                  
                  L'hon. monsieur secoue la tête, mais c'est le 
                  cas. 
                  
                  
 
               
               
               
               L'HON. M. SIMPSON.—Ce n'est pas 
                  sur la souche que nous prélevons des droits, 
                  mais à mesure que le bois carré passe par 
                  les glissoires. 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. ROSS.—Bien ; ce n'est toujours pas un droit d'exportation ; mais au 
                  
                  Nouveau-Brunswick, il paie un droit lorsqu'il 
                  
                  est exporté, soit comme billots de sciage ou 
                  
                  comme bois carré ; dans les deux cas il 
                  
                  paie un droit au gouvernement local, et il 
                  
                  me paraît que raisonnable que la Nouvelle- 
                  
                  Ecosse jouisse d'un revenu de ses houilles, 
                  
                  n'importe où elles sont exportées. (Ecoutez ! 
                  
                  écoutez !) 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. MOORE.—Si la houille était 
                  
                  exportée à l'étranger, je pourrais comprendre 
                  
                  pourquoi un droit devrait être imposé, mais 
                  
                  lorsqu'un navire se sera chargé de cet article 
                  dans un port de la confédération pour l'acheminer dans un autre port du même pays,
                  
                  cela ne paraît guère devoir être une confédération libre, si un droit doit être exigé
                  
                  sur le chargement. ( Ecoutez ! écoutez ! ) 
                  Une distinction semblerait alors exister, une 
                  colonie aurait ainsi une préférence sur 
                  l'autre dans les limites de la confédération. 
                  Si nous devons former une union, j'espèr 
                  que nous l'aurons de fait et non pas seulement de nom. Je désire savoir au juste si
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  163
                  
                  
                  un droit d'exportation sera prélevé sur les 
                  
                  houilles de la Nouvelle-Ecosse, qu'elles soient 
                  
                  à destination d'une autre partie de la confédération ou d'un pays étranger. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL.—Le droit 
                  
                  perçu sur les houilles dans la Nouvelle- 
                  
                  Ecosse est analogue au droit sur coupe de 
                  bois en Canada, lequel est payé là où le bois 
                  est exporté. Il pourrait donc être juste que 
                  le charbon contribuât au revenu du gouvernement local de la Nouvelle-Ecosse, lorsqu'il
                  
                  est exporté dans une autre province. 
                  (Ecoutez ! écoutez! ) 
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. REESOR. —Il est plusieurs 
                  
                  autres dispositions du projet qui paraissent 
                  
                  ambiguës, et avant que le temps de les discuter soit venu, il serait utile qu'elle
                  fussent 
                  
                  clairement expliquées, par exemple, dans le 
                  
                  11me article de la 29me résolution, il est 
                  
                  déclaré que le parlement général aura le 
                  
                  pouvoir d'édicter des lois concernant " tous 
                  
                  les travaux qui, bien que situés dans une 
                  
                  seule province, seront spécialement déclarés, dans les actes qui les autoriseront,
                  
                  
                  être d'un avantage général. " D'après cette 
                  
                  disposition, il semblerait que des travaux 
                  
                  comme le canal Welland, qui contribue pour 
                  
                  une très grande part du revenu, seront sous 
                  
                  le contrôle du gouvernement général ; et si 
                  
                  cela était, il y aurait là, assurément, une 
                  
                  compensation suffisante —c'est-à-dire cinq 
                  
                  fois plus grande—pour les chemins de fer 
                  
                  donnés par le Nouveau-Brunswick, sans 
                  
                  mettre en compte la subvention annuelle de 
                  
                  $63,000, que l'on propose de faire à cette 
                  
                  province. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. MACPHERSON.—Le prix 
                  
                  de revient de ces travaux forme partie de la 
                  
                  dette publique du Canada, au paiement de 
                  
                  laquelle contribueront les provinces inférieures sous la confédération. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL.—L'hon. membre verra qu'il est des travaux qui, bien que 
                  
                  locaux par leur position géographique, sont 
                  
                  généraux dans leur caractère et résultats. Ces 
                  
                  travaux deviennent la propriété du gouvernement général. Le canal Welland est un 
                  
                  de ceux-là, malgré sa position, parce qu'il est 
                  
                  d'un intérêt général pour tout le pays et une 
                  
                  des principales voies de communication entre 
                  les lacs de l'ouest et la mer. Dans les provinces maritimes, il peut se trouver d'autres
                  
                  travaux de cette nature, et il n'est pas sûr 
                  de dire que certains travaux n'appartiendront pas au gouvernement général parce 
                  qu'ils sont situés en une province. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. REESOR—Je ne m'oppose 
                  
                  
                  
                  
                  pas à ce que le gouvernement général ait le 
                  
                  contrôle de ces travaux ; je trouve plutôt 
                  
                  cette disposition sage ; mais je persiste à 
                  
                  dire qu'il est injuste que l'on stipule expressément qu'une forte somme annuelle sera
                  
                  
                  payée à une province en échange de certains 
                  
                  travaux, tandis qu'on s'empare des canaux 
                  
                  de Welland et du St. Laurent sans compensation aucune pour les provinces où ils se
                  
                  
                  trouvent. Je pense que c'est payer les violons 
                  
                  un peu trop cher. A l'égard du droit d'exportation sur les minerais de la Nouvelle-
                  
                  
                  Ecosse, la réponse du commissaire des terres 
                  
                  n'est pas non plus satisfaisante. Quels que 
                  
                  soient les droits prélevés sur les minérais en 
                  
                  Canada—et le Canada, bien qu'il ne renferme pas de houille, est riche en mines d'or,
                  
                  
                  d'argent, de cuivre, de fer, etc.,—sous forme 
                  
                  de droit régalien ou autrement, ils vont au 
                  
                  gouvernement général, tandis que dans la 
                  
                  Nouvelle-Ecosse ils sont laissés au gouvernement local.   
                  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. REESOR.—Pourtant, il n'y 
                  
                  a rien au contraire dans les résolutions, et 
                  
                  vous pouvez être certains que l'on insistera 
                  
                  à connaître n'importe quels revenus le gouvernement général pourra réclamer sous la
                  
                  
                  constitution projetée. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. CAMPBELL—En parlant 
                  
                  du canal Welland et d'autres, mon hon. ami 
                  
                  a objecté à ce que certains travaux fussent 
                  
                  considérés comme appartenant au gouvernement général par rapport à leur position 
                  
                  géographique. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'HON. M. REESOR. —Je ne dis pas 
                  
                  qu'ils ne doivent pas devenir propriété du 
                  
                  gouvernement général, mais bien qu'ils sont 
                  
                  une suffisante compensation pour les travaux 
                  
                  cédés par les provinces inférieures sans leur 
                  
                  donner encore une somme de $63,000 par 
                  
                  année à prendre sur le revenu général. 
                  
                  
 
               
               
               
               
                  L'arrivée d'un message de l'assemblée législative interrompt ce débat, et la chambre
                  
                  
                  ajourne ensuite sans le continuer.