EN
🔍

Conseil Législatif, 8 Février 1865, Provinces de L'Amerique Britannique du Nord, Débats de la Confédération.

70

CONSEIL LEGISLATIF.

MERCREDI, 8 février 1865.
L'Hon. M. ROSS reprend le débat: Les hons. membres se rappellent qu'hier soir j'ai fait une motion d'ajournement avec l'intention de répondre aux observations de l'hon. membre pour la division de Niagara, [ l'hon. M. CURRIE], qui a eu la parole pendant la plus grande partie de la séance d'hier. L'hon. membre a fait un discours très- remarquable du commencement à la fin. Il a commencé par citer quelques passages du premier discours qu'il fit en cette chambre, il y a deux ans, et dans lequel il approuvait fortement le principe de la confédération entre le Canada et les provinces maritimes; hier, encore, il a formulé de la façon la plus énergique son approbation du projet. Mais certaines parties de son discours auraient pu faire dire à ceux qui l'ont d'abord compté parmi les partisans et les amis du projet: " mon Dieu! délivrez-nous de nos amis." ( Ecoutez ! écoutez !) Il a fait usage d'un singulier argument que je résume ainsi: —décréditant tour-à-tour les provinces maritimes et le Canada il a cherché à nous prouver que nous faisons une très-mauvaise affaire en unissant notre destinée aux leurs, tandis que les provinces avaient bien tort de rechercher notre alliance puisque nous sommes à la veille d'une banqueroute. [Rires !] Pour répondre à l'hon. membre il suffirait de prendre certaines parties de son discours, de les mettre en regard et de lui faire voir 71 qu'elles jurent de se trouver accouplées. Il ne s'est pas contenté d'employer l'ironie et le sarcasme, il a même contesté des assertions faites par des hommes publics du Canada et des autres provinces. Or, si nous avons un jour la confédération, nous devons prendre garde au langage que nous employons et aux faits que nous affirmons devant le public; c'est du moins mon opinion. Si on tolère un langage comme celui que s'est permis hier l'hon. monsieur, il deviendra impossible de maintenir l'harmonie et la bonne entente dans l'union projetée. Mais je suis convaincu que la chambre condamnera désormais ce langage, non-seulement chez l'hon. membre pour la division de Niagara, mais chez tout autre. [Ecoutez !] L'hon. membre a commencé ses attaques contre les hommes publics des provinces en citant un discours prononcé dernièrement à Halifax par M. LYNCH, et en cherchant à nous faire rire aux dépens de ce monsieur. Or, les assertions de M. LYNCH n'étaient point de futiles inventions comme l'hon. membre l'a prétendu. M. LYNCH a basé toutes ses assertions sur les rapports officiels de nos départements publics, et si l'hon. membre veut bien consulter le recensement de 1851, il trouvera à la page 32 un tableau comparatif des produits du Canada et des Etats-Unis, duquel il appert que pendant la dernière décade nos voisins ont augmenté de 48 par cent, tandis que nous avons augmenté de 400 par cent; c'est précisement ce que M. LYNCH a dit et ce dont l'hon. membre pour la division de Niagara a nié l'exactitude.
L' Hon. M. CURRIE.—Cette augmentation a eu lieu de 1841 à 1851, mais M. LYNCH a fait allusion à la décade suivante.
L'Hon. M. ROSS.—Pas du tout, M. LYNCH a parlé de l'augmentation pendant dix ans, il a cité les documents officiels et ne s'est pas trompé. L'hon. monsieur a probablement puisé ses renseignements dans quelque journal et l'erreur qu'il a commise devrait être un avis pour lui d' être, à l'avenir, plus scrupuleux dans ses attaques contre les hommes publics. (Ecoutez !) Il s'est ensuite permis de censurer le premier ministre du Nouveau-Brunswick qui, par sa haute position et sa capacité, est parfaitement à l'abri de pareilles diatribes. Ces faits suffisent pour établir mon opinion qu'il est au moins de très-mauvais goût d'attaquer les hommes publics des autres pays et principalement ceux des soeurs colonies, comme l'a fait l'hon. membre.
L'Hon. M. CURRIE.—Je ne les ai pas attaqués.
L'Hon. M. ROSS.—L'hon. monsieur a contesté la véracité des assertions, il a même nié les assertions qu'ils ont faites en qualité d'hommes publics. L'hon. M. TILLEY a cité les chiffres de notre propre ministre des finances, et l'hon. membre l'a représenté comme faussant la vérité en vue de tromper ses auditeurs.
L'Hon. M. CURRIE.—Je voudrais bien savoir quand le ministre des finances du Canada a dit que la moyenne des droits perçus dans la province était de 11 pour cent ?
L'Hon. M. ROSS.—L'hon. membre trouvera cela dans le discours du ministre des finances. Je ne me crois pas obligé de citer des chiffres et de faire des calculs en ce moment, mais je maintiens qu'en tenant compte de toutes les importations, y compris les articles exempts de droits, l'hon. membre trouvera que le chiffre indiqué est exact. Les importations de 1863 représentent un montant de$45,964,493 et le chiffre des droits perçus est de $5,169,172 c'est-à-dire précisément 11% du montant total. Je le répète, au lieu d'attaquer les hommes publics les plus éminents comme l'hon. membre l'a fait, il eut été mieux à lui de les défendre. [Ecoutez ! ] Ayant ainsi répondu aux observations que l'hon. membre a faites sur la véracité des assertions de MM. LYNCH et TILLEY, je passe à ce qu'il a dit pour essayer d'établir que M. GALT se trompait. Il a fait allusion aux chiffres concernant le tonnage des navires dans la confédération projetée tels qu'indiqués par M. GALT, et s'est manifestement évertué à mettre les rieurs de son côté. Le ministre des fianances a déclaré qu'une fois l'union effectuée nous serions, à son avis, le troisième pays du monde sous le rapport du tonnage des navires qui fréquenteront nos ports, bien qu'il eût probabilité que la France fut notre égale. L'Angleterre vient en premier lieu sous ce rapport, ensuite les Etats-Unis et, en troisième lieu, la France ou la confédération projetée. Voici son exposé :-
" Le tonnage des navires du Canada, y compris la navigation des lacs, se monte à neuf millions de tonneaux; toutefois, une portion considérable de ce tonnage appartient aux caboteurs qui souvent font des voyages d'aller et retour en un seul jour. J'aime à dire que le commerce entre le Canada et les Etats- Unis fait valoir une grande partie du tonnage des lacs, qui se monte à 6,907,000 tonneaux. Je ne puis classer sous la même catégorie les navires 72 qui arrivent à Québec et à Montréal et qui ne font que deux ou trois voyages par année. Le tonnage des navires de long cours représente en Canada, 2,133,000 tonneaux; au Nouveau-Brunswick, 1,386,000 tonneaux; à la Nouvelle-Écosse, 1,432,000 tonneaux. En somme, le tonnage des navires de long cours est aujourd'hui, sauf une faible déduction, de cinq millions de tonneaux."
En faisant cet exposé l'hon. ministre des finances a adopté la méthode suivie en Angleterre, aux Etats-Unis et dans tous les grands pays maritimes, pour indiquer le tonnage total des navires qui fréquentent les ports de ces pays. Il importe peu de distinguer les navires au long cours des caboteurs; du fait qu'un navire est employé, ne fût-ce que comme traversier, pour importer ou exporter des marchandises, il résulte que son tonnage est imputable au commerce des pays entre lesquels ou pour lesquels on l'emploie. (Ecoutez !) Mais l'hon. membre a semblé insinuer que l'exposé du ministre des finances était inexact en ce qui concerne les navires qui fréquentent les lacs canadiens, et donné dans le but d'induire le public en erreur pour lui faire croire que la confédération occupera, par le chiffre du tonnage, une place éminente parmi les puissances maritimes. M. GALT a calculé le tonnage des navires de long cours et l'a ajouté à celui des navires qui fréquentent les lacs pour obtenir le tonnage total des navires dans l'union projetée. Ces deux catégories ont toujours été parfaitement distinguées dans tous les tableaux publiés par l'hon. ministre ou son département et dans tous les discours qu'il a prononcés. Ainsi, l'hon. membre s'est prévalu de sa position pour lancer de la boue à nos hommes d'état les plus éminents et pour essayer de ternir la réputation de nos hommes publics les plus distingués. Je le répète encore, car je ne saurais trop insister à cet égard auprès de la chambre, nous devons mettre fin à ces procédés ; la réputation de nos hommes publics est une propriété nationale que nous ne devons pas, à la légère, laisser attaquer ou avilir. Si nous devons entrer dans la confédération, songeons du du moins à nous présenter avec une bonne réputation. (Ecoutez !) L'hon. membre est allé chercher des vieux numéros du Globe et d'autres journaux dans lesquels, grâce a l'effervescence durant laquelle les publications ont paru, il a trouvé des citations peu flatteuses pour les ministres canadiens qui s'occupent aujourd'hui de la confédération. Je n'ai pas mission de défendre ici les hons. MM. BROWN et McDOUGALL, ses anciens chefs qu'il a violemment attaqués, je n'entreprendrai pas non plus de revenir sur le passé, mais je dois dire que ces messieurs se sont mis à l'œuvre avec le ferme propos de mettre fin aux graves difficultés qui ont si longtemps pesé sur notre pays. Ils ont agi aussi avec l'approbation de leurs amis politiques dont ils ont demandé l'avis ; au lieu de leur faire des reproches, ce serait le moment de les traiter avec confiance et générosité. Jusqu'à présent j'avais toujours écouté l'hon. membre avec un certain plaisir, et même dans le discours que je réfute en ce moment, il a fait preuve d'une grande capacité, mais le manque de logique, des contradictions incessantes, et le ton déplorable de ce discours en font un document unique dans les annales de la législature canadienne. En le lisant, j'ai songé aux canons PARROTT, employés devant le fort FISHER, dont six ont légèrement blessé deux soldats ennemis, mais ont tué ou blessé dangereusement environ cinquante des canonniers qui servaient les pièces. Je suis sûr que l'hon. membre n'a fait que des blessures très- légères à l'hon. M. TILLEY ainsi qu'à M. LYNCH, et que les plus maltraités ont été ses amis personnels. (Ecoutez ! et rires !) J'aborde maintenant de plus près la grande question, celle de la confédération du Canada avec les autres colonies de l'Amérique Britannique du Nord; c'est une question de laquelle dépendent le bonheur et la prospérité de ce pays pour le présent et dans un long avenir. L'hon. membre pour la division de Niagara a-t-il lu les débats qui ont précédé l'établissement de la république américaine après la déclaration d'indépendance? Je veux surtout parler des débats dans les conseils de la Virginie qui jouait alors vis-à-vis des autres colonies un rôle analogue à celui du Canada vis-à-vis des provinces maritimes. S'il a lu les discours des MADISON, MARSHALL, RANDOLPH, HENRY, LEE et autres, il n'y a certes pas trouvé un seul passage où soient exprimés des sentiments analogues à ceux dont il nous faisait part hier. Ces grands patriotes se réunirent évidemment avec un sens profond de l'importance de leur œuvre, et au lieu d'apporter dans le débat ces petites animosités de clocher qui ne peuvent qu'entraver et détruire l'harmonie, ils agirent en hommes sérieux (ils ont mérité par là le titre de grands hommes) et se mirent à l'œuvre avec la ferme intention de mener leur entreprise à bonne fin. La confédération qu'ils établirent en 1781 73 ne fonctionna point d'une manière satisfaisante. Ils restèrent pauvres sans nom à l'étranger et sans prospérité intérieure, aussi, en 1789, ils adoptèrent la constitution qui a duré jusqu'à la malheureuse guerre dont nous sommes témoins aujourd'hui, et qui régit encore les Etats du Nord. En parlant de la constitution élaborée par les délégués, l'hon. membre pour la division de Niagara a dit que c'était un non-sens ; qu'elle n'était ni législative ni fédérative, mais une sorte de projet amphibie entre les deux, une élucubration sans précédent dans l'histoire; c'est du moins ainsi que j'ai compris le sens de ses paroles. Or voici ce qui arrive: malgré le suprême et savant arrêt de l'hon. membre, l'œuvre des délégués a reçu l'approbation des hommes d'état et des publicistes les plus éminents d'Angleterre; c'est pour nous une consolation. Si les délégués réunis à Québec et qui ont élaboré ce projet étaient incompétents, d'autres auraient-ils fait mieux ? car, en définitive, malgré les observations de l'hon. membre, il me semble que les témoinages désintéressés que je viens de mentionner, venant surtout des régions que j'ai indiquées, auront un certain poids en Canada. (Ecoutez !) Mais si l'hon. membre veut absolument que ce soit une constitution amphibie que ne nous a-t-il suggéré quelque chose de mieux? Son patriotisme ne lui faisait-il pas un devoir de faire part à son pays de ses hautes lumières? Inutile de citer les anciennes républiques. Elles ont cessé d'exister: c'est une preuve que leurs constitutions n'étaient pas adaptées à leurs besoins. L'hon. membre aurait pu citer la Suisse, la Hollande ou la constitution des Etats-Unis en 1781 et 1789, la chambre aurait pu les comparer avec celle qu'on nous propose et arriver peut-être à cette conclusion que la nôtre est celle qui assure le plus de liberté à nos concitoyens et la plus grande stabilité politique au pays. Quant à la Suisse notre génération a vu y éclater une guerre civile et cette république s'est vue à deux doigts de sa ruine. L'histoire est la pour nous dire comment a disparu la république des Pays- Bas. Pendant la guerre avec PHILIPPE II, les provinces qui composaient la république n'avaient point cette centralisation de pouvoir qui assure la stabilité d'un gouvernement, surtout lorsque le pays est attaqué du dehors. Deux des provinces, Gueldeland et Over-Yssel, se basant sur leurs droits d'état, refusèrent de se mêler en aucune façon à la lutte. Des cinq autres, la Hollande fut toujours obligée fournir le plus fort contingent; c'est ainsi que cette république devint une monarchie. Les mêmes vices existaient dans la constitution américaine. de 1781 ; à peine était-elle adoptée qu'elle fut reconnue inefficace par l'absence totale d'unité d'action entre les treize états ; c'est alors que le général WASHINGTON demanda et obtint le pouvoir dictatorial pour continuer la lutte avec l'Angleterre. Les difficultés entre le Nord et le Sud sont nées de la question des " droits d'état," et si dans la constitution américaine il s'était trouvé certaines clauses introduites dans la nôtre, les Etats-Unis ne seraient probablement pas en guerre et l'union aurait été maintenue. (Ecoutez !) Mais l'hon. membre a ajouté que ce projet a surpris tout-à-coup le pays. Sur quoi, je le demande, est fondée une pareille assertion ? Cette chambre sait bien que feu le juge en chef SEWELL, honoré de l'amitié du duc de KENT, père de Sa Majesté la reine, adressait, dès 1814, une lettre au noble duc lui recommandant l'union. Ce fait est consigné dans le rapport de lord DURHAM. Dix ou douze ans plus tôt, l'hon. M. UNIACKE, de la Nouvelle-Ecosse, avait fait cette recommandation de temps à autre jusqu'à ce que l'importance et l'opportunité de ce projet fussent ouvertement recommandées par les hommes publics les plus éminents de toutes les colonies. De ce nombre, je mentionnerai l'archidiacre STRACHAN, aujourd'hui le vénérable et très -révérend évêque de Toronto, dont les opinions éclairées sur les grandes questions publiques ont toujours commandé le plus haut respect. Dans une lettre adressée à CHARLES BULWER, l'habile secrétaire de lord DURHAM, en 1838, il s'exprimait ainsi:
" Il me reste à ajouter que je ferai tout en mon pouvoir pour favoriser les heureux résultats de l'administration de Lord DURHAM ; et si M. PITT regarde comme une des gloires de sa vie la constitution qu'il a donnée aux Canadas, quelle gloire n'est pas réservée aux hommes d'état qui doteront d'une constitution libre toutes les colonies de l'Amérique Britannique du Nord, pour en faire un seul territoire, un seul royaume et une seule nation sous la protection du gouvernement anglais, assurant: ainsi non seulement leur propérité mais les mettant à l'abri de tout danger d'invasion !"
Cette union est formellement recommandée dans le rapport de Lord DURHAM, si souvent cité; l'hon. membre l'a cité lui-même hier. Or, voici ce que le noble lord écrivait à ce sujet:
" Quelle liaison inséparable d'intérêts je trouvai dans les provinces de V. M. dans l'Amérique du 74 Nord, jusqu'à quel point se ressemblent les maux que j'y constatai et qui demandent les mêmes remèdes,—tel est le grave sujet que j'aurai à discuter pleinement avant de terminer ce rapport."
Et plus loin :-
" A mon arrivée au Canada, je songeai immédiatement à une union fédérale, et c'est en vue de ce projet que je discutai une mesure générale pour le gouvernement des colonies, avec les députations des provinces maritimes, les hommes les plus marquants et certains corps publics des deux Canadas."
" Mais je fus encore plus convaincu des grands avantages d'un gouvernement uni lorsque je vis les hommes les plus distingués des diverses colonies appuyer un projet qui allait donner à leurs patries une existence nationale."
Lord DURHAM, après s'être prononcé dans son rapport en faveur d'une union législative, et faisant allusion à l'influence des Etats- Unis qui nous entoure de tous côtés, ajoute :
" Si nous voulons arrêter le développement de cette influence, le seul moyen est de donner aux colons de l'Amérique du Nord une nationalité en faisant, des petites sociétés sans importance actuelle, un peuple ayant en vue son développement national et fier d'un pays qu'il ne voudra jamais voir absorber par un puissant voisin.
" Une union défensive contre les ennemies du dehors est le lien qui unit tous les grands empires du monde; or, s'il est un cas dans lequel une semblable union est nécessaire, c'est celui de toutes les colonies."
Tout citoyen des provinces de l'Amérique Britannique du Nord devrait lire la partie de ce remarquable rapport qui a trait à leur union. Les arguments en faveur de cette union y sont irrécusables. [Econtez!écoutez !] Je dirai franchement, comme plusieurs autres membres l'ont déclaré avant moi, que si une union législative eût été possible je l'aurais préférée, mais le Bas-Canada n'y aurait jamais consenti.
L'Hon. Sir E. P. TACHÉ.—Non plus que les provinces maritimes.
L'Hon. M. ROSS.—Mon hon. ami le premier ministre nous déclare que les provinces maritimes n'auraient pas accepté non plus l'union législative. Il doit être certain du fait, car il a présidé aux délibérations de la conférence. C'est à une date récente, à l'époque des dificultés toujours croissantes entre le Haut et le Bas-Canada et si bien décrites par l'hon. premier ministre dans son discours,—que l'hon. M. GALT proposa un plan de fédération pour résoudre ces difficultés, et fit à ce sujet en parlement un discours si remarquable. Plus tard, en 1858, l'hon. ministre accepta un portefeuille à la condition expresse qu'on s'occuperait de cette question. Il est bien connu qu'il insista tellement sur ce point qu'à la fin de la session de 1858 le gouverneur-général, Sir E. HEAD, y fit allusion et qu'il fut décidé qu'on s'adresserait au gouvernement impérial pour obtenir l'autorisation de négocier avec les provinces maritimes. Peu après trois membres du gouvernement, les hons. MM. CARTIER, GALT et moi-même, partîmes pour l'Angleterre, et le 25 octobre 1858 nous mettions notre requête devant le secrétaire d'état pour les colonies, Sir E. B. LYTTON ; mais des difficultés inattendues et à nous étrangères intervinrent et causèrent du délai. Le ministère de lord DERBY fut battu et la question demeura en suspens. Mais il est inexact de dire que le projet était inconnu et a surpris tout-à-coup le pays. A la fin de la dernière session, il était expressément mentionné dans le discours du trône, et les hons. MM. BROWN, McDOUGALL et MOWAT acceptèrent des portefeuilles à la condition expresse qu'on entrerait en négociations au sujet de la fédération. Les hons. MM. BROWN et MOWAT furent réélus par acclamation, avec le nouveau programme; l'hon. M. McDOUGALL perdit son élection, mais il a été élu depuis par acclamation dans un autre collége. Au lieu d'être décriés et assaillis pour le rôle qu'ils ont joué, ces messieurs doivent être honorés pour leur patriotisme. Il n'y a pas eu de surprise, car les résolutions furent adressées à tous les membres de la législature quelque temps après leur rédaction définitive, avant que les journaux en eussent communication, et je suis encore à me demander comment on aurait pu les rendre plus notoires. L'opposition, il est vrai, n'a pas tenu d'assemblées publiques pour considérer le projet, mais qui ne sait qu'elle en agi ainsi que parce que la majorité s'était déclarée trop fortement en faveur de la confédération. ( Ecoutez!) L'erreur ou le manque de bonne foi de l'honorable préopinant se découvre ensuite en portant la puissance militaire des provinces d'en-bas à 65,000 hommes, c'est-à- dire qu'il limite à ce chiffre le nombre d'hommes qu'elles peuvent fournir en état de porter les armes.
L'Hon M. CURRIE.—Non! j'ai dit 128,000, dont 65,000 seulement peuvent servir, le reste étant engagé dans des occupations maritimes.
L'Hon. M . ROSS.—Pourquoi alors l'hon. 75 préopinant n'a-t-il pas franchement donné le chiffre de ces populations d'après le recensement et lequel ne doit pas être loin à l'heure qu'il est d'un million d'âmes ?
L'Hon. Sir E. P. TACHÉ .—Avec la permission de mon hon. ami, M. ROSS, je ferai connaître ce que m'a appris mon expérience de la question. Ayant pendant quelque temps été attaché au bureau de l'adjudant général, j'ai pu examiner les rapports si corrects de la milice du Bas- Canada, et j'ai toujours trouvé que sur un chiffre total d'une population donnée le cinquième de ce chiffre représente le nombre exact des hommes de 18 à 60 ans en état de porter les armes. C'est aussi le cas pour tous les pays du monde, car cette loi est aussi uniforme et constante que celle qui détermine la proportion des deux sexes, laquelle dans les pays chrétiens est de 21 hommes et une fraction contre 21 femmes, et donne le contraire pour les pays livrés à la polygamie, c'est-à-dire 21 femmes et une fraction contre 20 hommes. Ayant pris d'ailleurs la peine de vérifier le fait pour le Canada, j'ai trouvé que le cinquième de notre population représentait le chiffre exact de nos milices, et l'hon. conseiller (M. CURRIE pourra s'en convaincre lui- même en s'adressant à l'adjudant général
L'Hon. M. CURRIE.—Je n'ai fait en tout ceci que me servir des chiffres qui m'ont été fournis par un collègue de l'hon. premier.
L'Hon. Sir. E. P. TACHÉ.—Eh bien! mon collégue est en contradiction avec moi sur ce sujet. Le chiffre de la milice du Haut-Canada, d'après le dernier recensement, est de 280,000, qui multiplié par 5 donne celui de la population, à une petite différence près.
L'Hon. M. ROSS.—Je crois tout à fait inutile de rien ajouter à la réponse que vient de faire à l'honorable préopinant l'honorable premier, sinon que d'après cette règle de proportion le million de population des provinces d'en-bas devrait donner 200,000 hommes en état de porter les armes au lieu de 65,000, les pêcheurs ou les marins étant sujets au même service que le reste de la population. J'espère que jamais nous n'aurons besoin d'appeler sous les drapeaux toute |a milice de la confédération, mais qui ne sait que le moyen d'éviter le danger est de s'y préparer. (Ecoutez! écoutez!) L'honorable préopinant est ensuite entré dans la discussion du projet du chemin de fer intercolonial, lequel semble particulièrement lui inspirer une horreur profonde. Je lui répondrai en extrayant du rapport de lord DURHAM le passage suivant sur le même sujet:
" La construction d'une bonne route entre Québec et Halifax établirait des relations entre ces provinces et rendrait l'union absolument nécessaire entr'elles. Diverses explorations ont démontré qu'il serait facile de lier ces deux points par un chemin de fer ......... La construction d'un chemin de fer entre Québec et Halifax ne pourrait manquer de modifier la condition particulière des Canadas. C'est ainsi qu'au lieu d'être privés pendant six mois de communications directes avec l'Angleterre ils auraient en hiver une ligne de communication bien supérieure à celle de l'été."
Ces paroles frappèrent plus tard l'esprit des membres du ministère LAFONTAINE - BALDWIN, dont M. HINCKS et l'hon. premier actuel formaient partie, et ce fut de leur temps que la législation des chemins de fer fit son premier début en Canada et, à la dernière session, j'ai eu occasion de citer le préambule de l'acte de 1851, qui suit:-
"Attendu qu'il est de la plus haute importance pour le progrès et le prospérité de cette province
qu'un grand tronc de chemin de fer soit construit dans toute sa longueur, et depuis la frontière Est d'icelle, à travers les provinces du Nouveau- Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, jusqu'à la cité et au port d'Halifax, et qu'il est expédient que tous les efforts possibles soient faits pour assurer la construction du dit chemin de fer, etc."
La dernière clause de l'acte :-
" Autorise le gouvernement d'alors à négocier avec le parlement impérial, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Ecosse, la construction de la ligne et à faire des démarches pour obtenir la garantie impériale."
Cette loi, hons. messieurs, est encore en force, et ça toujours été le plus vif désir de tous les hommes publics canadiens depuis sa passation de faire construire le chemin de fer d'Halifax. Tous les gouvernements n'ont en à ce sujet qu'une seule voix, et l'administration MACDONALD-SICOTTE a même pris des mesures à cette fin, que des circonstances subséquentes vinrent suspendre en même temps que toute législation. L'hon. M. Brown lui-même a inscrit cette question dans la constitution, et n'a pas hésité à dire dans une grande assemblée à Toronto que lors même que le projet de confédération contiendrait une demi-douzaine de chemins de fer intercoloniaux il n'en serait pas moins l'un des partisans les plus dévoués. (Ecoutez! écoutez!) Pour ma part, j'ai la certitude morale que si la question était dis 76cutée comme elle doit l'être en Haut-Canada les neuf-dixièmes de la population lui seraient favorables. C'est qu'en effet, ce chemin de fer nous est indispensable et que nous ne saurions nous en passer. Le Haut- Canada seul, sans parler du Bas-Canada, en a un besoin absolu, et ceci est si bien compris dans les provinces maritimes que l'on voyait dernièrement l'un des adversaires politiques de l'hon. M. TILLEY, (l'hon. M. SMITH,) dire qu'il était tout à fait oiseux pour le Nouveau-Brunswick de s'occuper de ce chemin parce que le Haut- Canada sera obligé de le construire pour lui- même. On sait que l'on en a de beaucoup exagéré le prix ; eh bien ! M. BRYDGES, à qui l'on doit reconnaître une certaine dose d'expérience en pareille matière, a offert d'en entreprendre la construction au nom d'une compagnie anglaise pour £3,500,000 sterling. Voilà des chiffres que tout le monde peut saisir, et, une fois la réciprocité avec les Etats- Unis disparue, le Haut-Canada fera bien d'encourir seul les frais de ce chemin, même dans le cas où les autres provinces refuseraient d'y contribuer. Un tel refus d'ailleurs n'est pas à craindre, attendu que ce chemin de fer est tout aussi nécessaire aux autres provinces et qu'il est de l'avantage mutuel de toutes qu'il se fasse. Le Nouveau-Brunswick, pour ouvrir l'intérieur de son territoire qui, au rapport de quelques ingénieurs, est un des plus beaux du monde, n'en a pas moins besoin qu'Halifax pour alimenter son port de fret lorsque ceux de Québec et de Montréal se trouvent fermés. Il y a trois ans que la construction en aurait dû être commencée, car aujourd'hui il serait terminé et nous n'aurions pas entendu parler de l'abrogation du traité de réciprocité (Ecoutez! écoutez !) L'honorable préopinant a demandé, dans le cours de ses remarques, pourquoi l'appel au peuple, qui se fait dans le Nouveau-Brunswick, n'avait-il pas également lieu en Canada? On a déjà répondu à cette objection, en disant que comme le terme du parlement dans cette colonie expirait le ler juin et que les députés seraient alors obligés de retourner devant le peuple pour lui rendre compte de leur conduite pendant les quatre années précédentes, on avait cru, vu les circonstances, préférable d'anticiper cette date de trois ou quatre mois. Dans la Nouvelle-Ecosse et Terre- neuve, où les élections sont de date assez fraîche, il ne doit pas y avoir de dissolution. Ce mode d'en appeler au peuple me paraît d'ailleurs bien plus américain qu'anglais, car la constitution anglaise établit parfaitement la compétence des députés du peuple en parlement à décider toutes les questions d'intérêt public qui leur sont soumises. C'est ainsi que lors de l'union de l'Angleterre et de l'Ecosse, de même que lors de celle de l'Angleterre avec l'Irlande, on n'en appela pas au peuple, parce qu'il fut compris que les députés choisis par le peuple pour le représenter avaient le droit incontestable de juger de ces mesures. (Ecoutez! écoutez !) Quoiqu'il en soit, les membres de cette chambre qui viennent d'être élus ont trouvé partout l'opinion publique en faveur du projet, et l'hon. M. McPHERSON, qui représente 180,000 âmes, a dit à cette chambre qu'après avoir tenu des assemblées dans toute sa division, il n'a pas trouvé une seule personne qui s'y soit montrée hostile une fois ses explications entendues. [Ecoutez ! écoutez !] Une autre prétention de l'hon. député de Niagara est que le projet n'avait pas été soumis à la chambre d'une manière franche et ouverte ; je me permets de différer d'opinion et je soutiens que le moyen dont on s'est servi était le seul convenable de nous le soumettre ainsi qu'au peuple. En vérité, je ne saurais m'expliquer ce reproche, d'autant plus qu'on ne m'a certainement pas prouvé le manque de gaucherie dont on se plaint [Ecoutez! ] L'honorable préopinant s'est attaqué en outre aux dispositions financières du plan de confédération et s'est appuyé d'une masse de statistiques que je le soupçonne de ne pas comprendre du tout. [ Ecoutez ! et rires.] La question ayant été supérieurement traitée hier soir par le ministre des finances, j'extrairai de son discours le passage suivant dans lequel il explique les arrangements aux- quels on en est venu:
" Pour ce qui est du commerce de ce pays, j'ai pris les rapports de 1863. Les rapports du commerce du Canada, pour cette année, en y prenant les exportations et les importations conjointement, démontrent un total de $87,795,000. D'après le recensement de 1861, ce commerce représente $35 par individu. La valeur des importations et des exportations du Nouveau-Brunswick, pour la même année, a atteint $16,729,680, formant $66 par individu de sa population. Le commerce total de la Nouvelle-Ecosse, pour la même période, se monte à $18,622 359, ou $56 par individu. Dans l'Ile du Prince-Edouard, le commerce d'importation et d'exportation s'est élevé $ 3,055,568, représentant $37 par individu de la population de cette île. La valeur du commerce total de Terreneuve est de $11,245,032 ou $86 par individu. Tous ces chiffres réunis donnent pour le commerce de toutes les provinces, un total de $137,447,567. (Ecoutez! écoutes!)
77
Je trouve dans un autre discours du même ministre, prononcé à Sherbrooke, les chiffres suivants sur le revenu et les dépenses de toutes les provinces :-
                                     
Revenu. Dépenses.
Nouvelle-Écosse...... $ l, l85,629 $ l,072,274
Nouveau-Brunswick ...   899,991 884,613
Terreneuve (l862) . . . .   480,000 479,420
Ile du Prince-Edouard. 197,384 171,718
Canada ....... . . . . ..... 9,760,316 10,742,867
Total, 1863 ..... . . . . . 12,523,320 13,350,832
Total, 1864 ...... . . .. $14,223,320 $ 13,350,832
Surplus évalué, 1864 . . . . . . . . . . $872,488
Parmi les observations remarquables que fit l'honorable M. GALT à la même assemblée sur la dette des colonies, je trouve le tableau suivant :-
DETTES DES COLONIES.
Dette de la Nouvelle-Ecosse (1868)… $4,858,547
"    du Nouveau-Brunswick . . . .. ..  5,702,991
"    de Terreneuve(1862)……. 946,000
"    de l'Ile du Prince-Edouard . . . . 240,673
Dette totale des provinces maritimes. $11,748,211
Dette du Canada. (1863) ............ ..... 67,263,994
Grand total ..................... ..... $79,012,205
Puis, basant son raisonnement sur ces données, M. GALT ajouta que la dette du Canada, s'élevant à environ $27 par tête, il avait eu, afin de transporter les dettes de toutes les colonies au compte de la confédération et s'entendre à ce sujet avec les autres colonies, dont les dettes se montaient à près de $25 par tête, à diminuer ou à augmenter la proportion dans l'un ou l'autre cas. Comme le premier de ces modes parut le meilleur, le surplus ou l'excédent de notre proportion sur $25 devra être porté au compte particulier du Canada. Il expliqua ensuite que les dettes de l'Ile du Prince-Edouard et de Terreneuve donnant une proportion par tête de moins de $25, il devra leur être fait une remise nécessaire et suffisante pour rétablir l'égalité entre elles et les autres colonies. Pour l'information de l'hon. représentant de Niagara, j'ajouterai les chiffres officiels suivants, d'après lesquels on peut voir que le peuple des provinces matitimes contribue largement au revenu.
       IMPÔT PAR TÊTE (1863.) 
Terreneuve ...... ….... .......... $3 53
Nouvelle-Ecosse...…...............…. 2 46
Nouveau-Brunswick..................... 2 81
Ile du Prince-Edouard . .............. . 1 69
Canada................................... 1 85
Et tout bien considéré, je pense que l'arrangement proposé est équitable sous tout rapport, et qu'il a été arrété avec la conviction que chaque province y trouverait cette équité et cette justice qu'elle est en droit d'attendre. Nul hon. membre ne doit désirer pour le Canada de plus grands avantages que pour les autres provinces. C'est l'esprit de justice qui a toujours présidé aux délibérations de la conférence, et s'il en eut été autrement, si ses membres n'eussent été sous l'impression qu'ils devaient se faire, pour le bien commun, de mutuelles concessions, il eut été impossible qu'ils arrivassent à un résultat. (Ecoutez! écoutez !) Le sujet abordé ensuite par l'hon. membre a été l'avoir des provinces inférieures, et il a demandé avec emphase ce qu'elles avaient à apporter dans la confédération. Nous avons, a-t-il dit, nos immenses canaux, mais ces provinces, qu'ont-elles? Elles ont des chemins de fer construits à leurs frais. Le Nouveau-Brunswick en a 200 milles, dont la valeur égale huit millions de piastres, et la Nouvelle-Ecosse 150 milles ou environ, valant six millions de piastres,—cependant, je ne suis pas sûr de l'exactitude de ces derniers chiffres.
L'HON. M. CURRIE.—Combien rapportent-ils ?
L'HON. M. ROSS—Combien rapportent nos canaux ? ils forment pourtant un avoir considérable ; mais il ne s'agit pas de cela ; bien qu'ils donnent peu de revenu, ils diminuent considérablement le prix de transport. Je me souviens du temps où le fret d'un baril de farine de Toronto à Montréal était d'une piastre, tandis qu'aujourd'hui il n'est que de dix deniers ;—un quintal de marchandises coûtait aussi une piastre de transport, et ne coûte maintenant qu'un chelin. C'est de cette manière que les grands travaux publics sont profitables à un pays. Quant au revenu des voies ferrées des provinces maritimes, les profits nets—non les recettes brutes—sont portés, je crois, à $140,000 ; $70,000 au Nouveau-Brunswick, et $70,000 à la Nouvelle-Ecosse,—ce qui peut compter pour quelque chose. Le canal Welland, dont parle tant l'hon. monsieur, ne rapporte pas même assez pour payer l'intérêt de son prix de revient, et si, comme nous l'apprend la presse américaine, le canal sur le côté américain du Niagara se construit, la principale source de son revenu lui sera enlevée, et loin d'être ensuite le plus productif des canaux, il sera celui qui rapportera le moins de tous ceux qui se relient 78 à la navigation du St. Laurent. N'allez pas croire, cependant, que je veuille déprécier la valeur du canal Welland; je suis le premier à reconnaître son utilité, tout en espérant qu'elle ne fera qu'augmenter. (Ecoutez! écoutez !) L'hon. membre, qui habite sur les bords du canal Welland, a tout naturellement demandé comment allaient être élargis les canaux, eh! bien, comme ils doivent être la propriété du gouvernement général, c'est à ce dernier qu'il incombera d'affecter un crédit à ces travaux lorsque le commerce l'exigera. (Ecoutez !) Quant à l'impôt local, toutes les provinces seront sur un pied d'égalité, et partant, rien de plus juste. Si le Haut-Canada est beaucou plus riche que les autres parties de confédération et qu'il lui faille plus que les 80 centins par tête alloués à toutes les provinces, ce sera d'autant mieux et une preuve qu'il se ressent d'autant moins de l'impôt. (Ecoutez!) L'hon. membre a attaqué la constitution projetée du conseil législatif et insisté non seulement à ce qu'il reste électif, mais encore à ce que le principe de la représentation d'après le nombre prévalut. Mais qui a jamais entendu parler que sous une constitution fédérale la chambre haute put être formée sur ce principe? Si cela pouvait logiquement s faire, le meilleur moyen serait de n'avoir qu'une chambre, car deux chambres élues sur le principe de la représentation d'après le nombre ne feraient que se combattre l'une l'autre, et ainsi placé entre elles deux, le gouvernement serait dans l'impossibilité de ne rien faire. En pareil cas, les plus forts feraient la loi aux plus faibles! Ce principe a été complétement étudié avant l'adoption d'une constitution pour les Etats-Unis, d'après laquelle il est bien connu que les plus petits Etats sont représentés au sénat par le même nombre de sénateurs que les plus grands, c'est-à-dire par deux sénateurs. Le même principe a été suivi pour ce projet et pour la raison: protéger les plus faibles contre les plus forts. [Ecoutez !] Le sujet discuté ensuite par l'hon. membre a trait aux écoles communes et au fonds que devait créer l'acte de 1849, mais, comme il en a été informé, une des dispositions de cette loi—celle concernant ce fonds,—n'a jamais été mise à effet. Quant aux autres, mon hon. ami le commissaire des terres de la couronne, a déjà dit que le million d'acres de terre avait été réservé, qu'un fonds se créait d'année en année, et que le parlement vote chaque année un crédit d'environ $100, 000 pour le soutien des écoles. Le Haut-Canada n'a donc souffert aucune injustice sous ce rapport. (Ecoutez !) L'hon. membre a terminé ses observations par une sombre peinture de la condition du Canada. A l'entendre, notre pays serait à la veille de la
banqueroute, et un nombre de délégués (sous leur propre autorité) se sont réunis pour élaborer ce projet qui devra encore ajouter à ses embarras. Cette dernière assertion surtout est bien loin de la vérité, car nous savons tous que le gouvernement a été expressément formé pour qu'il étudiât et préparat ce projet qui doit mettre fin à toutes ces crises politiques qui ont tant nui à la législation du pays. Pour parler ainsi, il faut, je le crois, que l'hon. membre se soit trouvé excité au point de ne plus savoir ce qu'il disait. (Ecoutez ! écoutez !) Je vais terminer en citant un extrait du discours remarquable prononcé par M. l'0RATEUR, (l'hon. U. J. TESSIER), à une assemblée publique tenue à Québec en 1858, alors que les trois délégués étaient en Angleterre au sujet de la confédération :
" En 1849 et 1852, notre parlement a passé des lois ayant pour but de donner une certaine garantie à la construction de cette voie (le chemin de fer intercolonial). Comme membre de la législature canadienne, j'ai promis mon appui le plus cordial à cette entreprise, et quant à une nationalité canadienne, distincte de la nationalité anglaise ou française, et formée, comme on l'a dit, des meilleurs éléments, cela entre tout à fait dans mes vues. Je désire ardemment qu'un empire canadien se forme dans l'Amérique du Nord par une union fédérale de toutes les colonies reliées ensemble par le chemin de fer intercolonial, sous lequel nous pourrions contrebalancer, sur ce continent, la force envahissante des Etats-Unis."
J'ai cité cet habile discours à l'effet de faire connaître les vues éclairées de cet hon. monsieur sur ce sujet, vues que partageaient beaucoup d'autres hommes publics distingués. J'en ai fini avec le discours de l'hon. membre de Niagara, et je n'ai plus qu'à exprimer l'espoir que l'important sujet devant la chambre sera complétemcnt discuté jusqu'à ce que les véritables mérites du projet soient parfaitement connus. Je suis convaincu qu'il sera discuté avec calme et dignité, et avec les excellentes dispositions que les hons. membres apportent d'ordinaire à l'examen des matières soumises à leur décision. (Ecoutez ! écoutez ! et applaudissements). Tout me porte à croire que cette chambre couronnera cette oeuvre si noble en adoptant ces résolutions. (Ecoutez ! écoutez!)
79
L'HON. M. ALEXANDER. —Je suis sûr que les membres du gouvernement désirent que cette grande question soit discutée aussi librement et complétement que possible; je suis sûr qu'ils verront avec plaisir aucun membre de cette chambre signaler franchement les détails qui lui semblent défectueux; je suis sûr enfin que les recommandations faites par les hons. MM. qui représentent les divisions de Victoria et Wellington seront dûment pesées par l'administration actuelle ainsi que toute recommandation faite à bonne intention. Quelques membres des deux branches de la législature semblent totalement opposés au projet de confédération. Ils prétendent les changements constitutionnels proposés sont imprudents et remplis des plus grands dangers. L'hon. membre pour la division de Niagara (l'hon. M. CURRIE) me semble être de ce nombre, si j'en juge par l'appel énergique qu'il a fait à cette chambre contre le projet entier, et je vais essayer de répondre à quelques uns des arguments par lui présentés avec autant d'habileté que de force. Il récuse dés l'abord la manière dont la convention a été formée; il n'ajoute aucune foi à ses délibérations. Il soutient audacieusement que l'union sera désavantageuse et préjudiciable aux provinces-unies. Il s'appuie sur des calculs préparés à l'avance pour montrer que nos charges se trouveront augmentées de $3,000,000 par année—augmentation qui accablera l'industrie de la province du Canada. Je ne puis m'expliquer où il a trouvé des chiffres pour arriver à une telle conclusion. Il est facile de nous faire une juste idée de ce que sera la position financière des gouvernements fédéral et locaux projetés. En évaluant le revenu total de ces provinces d'après les rapports de 1863 nous trouvons que le gouvernement général aura à sa disposition un revenu net, après avoir payé une subvention de quatre- vingts centins aux gouvernements locaux, de $9,648,108 ; de plus, les calculs les plus probables démontrent que les dépenses du gouvernement général n'excéderont pas $9, 000,000. Il va sans dire que certains octrois d'argent ne sont pas compris dans les dépenses ordinaires. Nous devrons, par exemple, construire le chemin de fer intercolonial et élargir et creuser les canaux du St. Laurent. En accordant, pour ces deux items, le montant de $25,000,000, personne ne prétendra que nous ne pouvons pas trouver cette somme à 4 pour cent avec la garantie impériale. Le trésor fédéral se trouvera ainsi grevé d'une somme annuelle de $1,000,000 qu'il pourra, comme je vais le prouver, payer de la manière suivante : il dépend de nous de savoir si nous pourrons faire face aux dépenses ordinaires et payer l'intérêt de la dette fédérale avec le montant déjà cité de $9,643,108. Or, la plupart des négociants avoueront qu'avec la faculté d'imposer un tarif et des droits d'accise uniformes dans tout le territoire des provinces-unies nous prélèverons une somme suffisante pour payer cet item considérable. Mais, comme je l'ai dit dans une autre circonstance, à l'aurore de notre nouvelle nationalité nous devons agir avec les plus grandes précautions et la plus stricte prudence. Tout agiotage public, toutes dépenses extravagantes doivent être soigneusement évités et, si nous agissons ainsi, je puis garantir à mon hon. ami de Niagara que ses prévisions ne seront jamais réalisées. Malgré ses sinistres prédictions au sujet de l'augmentation de notre dette, nous nous trouverons bientôt dans une position plus avantageuse. Dans son habile et énergique discours, il a voulu tirer parti de tout et n'a pas même oublié de condamner l'attitude de l'hon. secrétaire-provincial à la fameuse assemblée de Harrington. Je suis un de ceux qui ont voté contre le bill des écoles séparées de M SCOTT. D'accord avec les électeurs sérieux de Harrington j'apprécie trop hautement notre admirable système scolaire du Haut-Canada, qui nous permet de répandre dans toutes les parties du pays les bienfaits de l'éducation. Mais ce n'est pas en considération de ce point qu'on veut rejeter la confédération, bien qu'un grand nombre de gens aient des idées fort arrêtées à cet égard. Mon hon. ami a insisté sur le montant qui devra être affecté à la milice. Il sembe croire qu'une influence magique peut nous donner des soldats en un jour; pour réaliser une faible économie il n'hésiterait pas, il laisserait, sans hésiter, notre riche territoire et les foyers de ses habitants à la merci d'un aggresseur impitoyable, et ne calcule pas que le Canada aurait par le fait de l'invasion à payer sa part d'une dette de trois mille milions de piastres, en outre de sa dette actuelle. Le Haut-Canada a foi dans l'avenir d'un pays jeune comme le notre. (Applaudissements). On n'y oublie pas qu'après plusieurs années de déficit dans notre revenu et malgré d'assez mauvaises récoltes, nous pouvons constater en ce moment une augmentation notable de notre revenu. En consolidant de vastes 80 intérêts dont dépend notre avenir, nous prendrons un rang plus élevé parmi les nations, notre population augmentera en même temps que notre commerce et nos revenus, et si les grandes améliorations que nous devons faire accroissent momentanément notre dette, notre nouvelle prospérité nous fera trouver le fardeau bien léger. Une foule de circonstances se réunissent pour nous faire voir favorablement ce grand projet—fruit de la longue expérience et des méditations profondes des hommes politiques les plus marquants de ces provinces. (Applaudissements.) Nous pouvons sans crainte l'accepter et le mettre à l'essai, comme le meilleur moyen de parer aux difficultés qui ont entravé notre législation. Il est vrai que, jusqu'à ce jour, nous avons été opposés à la construction du chemin de fer intercolonial, parce que nous avions des doutes sérieux sur la valeur commerciale de cette entreprise et sur ses chances de prospérité. Mais tout le monde reconnaître que l'attitude hostile prise par la république voisine, en ce qui concerne les relations commerciales des deux pays, oblige notre prudence à nous assurer, pendant l'hiver, une grande voie de communication avec l'océan—route commune au commerce du monde entier. (Ecoutez !) Il y a plus, nous nous trouverions alors dans une position beaucoup plus forte pour renouveler ou modifier sur des bases équitables le traité de réciprocité. Cette grande entreprise publique forme partie essentielle du projet et le gouvernement nous donne l'assurance qu'on approfondira et élargira les canaux du St. Laurent, en même temps qu'on construira le chemin de fer intercolonial. Il ne peut que résulter du bien de l'union, si justice est rendue à toutes les parties contractantes. Dans la question des finances, la proposition d'assumer les dettes des différentes provinces sur une certaine base et d'im poser un tarif uniforme, avec certaines stipulations raisonnables, est peut-être le meilleur moyen de ne point léser tant d'intérêts divers. Nos délégués ont demandé, et nous demandons aujourd'hui que la subvention payable par le gouvernement général à chacune des provinces soit de 80 centins par tête, le montant total devant être déterminé par les chiffres d'un recensement qui se renouvellera tous les dix ans; cette demande semble juste et équitable. Mais ce n'est pas le moment de m'étendre sur ce point ni d'insister sur les détails qui offusquent aujourd'hui mes commettants, je me réserve de le faire lorsque nous discuterons les résolutions seriatim. En terminant, je ferai observer que les hommes les plus éclairés ne voient que faiblesse et incertitude dans notre position actuelle où tout est morcelé, tandis que l'union projetée leur apparaît comme la source de notre importance, de notre sécurité et de notre force dans l'avenir et un gage que notre crédit s'augmentera et que la confiance en nos ressources amènera vers nous une d'être fiers de notre développement prodigieux pendant les vingt-cinq dernières années, et nous pouvons entrer avec confiance dans l'union projetée qui augmentera notre territoire, notre population et notre puissance. Nous débutons dans la carrière avec un trafic qui excède $137,000,000, des ressources que nous avons à développer,—ressources inépuisables,—et nul obstacle ne s'oppose à notre avancement matériel. (Ecoutez ! ) Nous devons comprendre qu'un si vaste champ ouvert à l'activité humaine donnera à nos populations des aspirations plus élevées et leur fera chérir ce que certaines personnes peuvent encore appeler un rêve. L'empire Russe étend sa puissance de la mer Noire au pôle nord. L'Amérique Britannique du Nord peut viser à la domination du nord de ce continent, et ce nouvel empire se distinguera par la sagesse et la stabilité de ses institutions en s'efforçant de rivaliser avec les grandes nations dont nous tirons notre origine, dans la pratique des mâles vertus et la diffusion d'une civilisation supérieure partout où ses enfants iront planter leur tente. (Applaudissements.)
L'HON. M . VIDAL.—Je partage cordialement l'opinion de l'hon. monsieur qui a parlé en faveur d'une union des provinces, et je crois avec l'hon. premier ministre que cette union sera à l'avantage de toutes les provinces qui en formeront partie. L'hon. premier ministre a peut-être exagéré les choses en disant que nous étions sur un plan incliné et que le rejet de la confédération proposée nous conduirait aux Etats-Unis, mais les arguments qu'il a fait valoir pour démontrer la nécessité de quelque changement propre à nous mettre à l'abri des difficultés à venir sont restés sans réponse et sont même, je crois, irrécusables. Mais ce que je ne saurais approuver c'est la manière dont le projet a été soumis au parlement, car, en définitive, on nous interdit de suggérer aucune amélioration ou aucune modification aux détails. J 'admets avec tous les hons. membres que la question est de la plus haute importance, que nous n'essayons pas seulement aujour 81d'hui de mettre fin aux animosités de parti, mais que nous travaillons pour le bien-être et à la prospérité de nos descendants; par suite, je ne saurais convenir avec l'hon. membre pour la division de Brock (l'hon. M. BLAIR) que nous devons agir immédiatement et que tout délai sera fatal. On a dit que le pays était suffisamment préparé à ce changement ; telle n'est pas mon opinion. On n'a point consulté les représentants du peuple sur les détails quand le peuple même devrait pouvoir se prononcer. On présuppose que le plan de confédération est parfait et on veut que la chambre l'adopte sans y apporter aucune modification; on assure que les neufdixièmes de la population sont en faveur du projet ; cela peut-être vrai pour l'ensemble, mais bien des détails rencontreront de l'opposition. Il est regrettable que les " résolutions" n'aient pas été présentées de manière à permettre à la chambre d'exprimer ses vues sur les détails inacceptables et de suggérer aux autorités impériales, qui dresseront le projet de loi, les amendements qu'elle aurait jugés désirables. L'hon. membre pour Wellington (l'hon. M. SANBORN) a fait erreur en proposent son amendement;— à proprement parler, les résolutions ne sont autre chose qu'une convention passée entre des parties étrangères à la chambre, et dont on nous donne simplement avis ;par suite, nous ne pouvons rien y changer, rien y modifier. Nous sommes dans une fausse position; d'une part on nous invite à discuter librement cette grande question, on demande notre avis et assistance, mais en même temps on nous informe qu'aucun changement n'est possible, en un mot on nous demande de voter les yeux fermés. Parmi les opinions diverses au sujet du bien ou du mal que pourra produire la confédération, un fait reste constant c'est que les dépenses publiques seront de beaucoup augmentées. Sans trop spécifier, le Canada, par exemple, devra maintenir deux législatures locales et payer en outre sa part au budget du gouvememsnt fédéral; or, cette part ne sera pas moindre que les dépenses actuelles. Quant au changement proposé dans la formation du conseil législatif je pense avec l'hon. membre pour division de Niagara (l'hon. M. CURRIE), que c'est une mesure peu sage, car enfin de quel droit priver les électeurs de leurs franchises sans même les consulter? Mes électeurs m'ont envoyé ici pour légiférer en vertu de la constitution actuelle, mais non pas pour changer cette constitution. L'expérience a prouvé que le système électif était avantageux, pourquoi le changer, pourquoi faire un pas en arrière?Le pays ne demande nullement cela. On a beaucoup parlé du danger d'un conflit entre les deux chambres électives: chose remarquable, avec le système actuel, nous n'avons jamais eu cette difficulté, tandis qu'en Angleterre et en Canada, avant l'introduction du système électif, la couronne a souvent été appelée à régler des difficultés de ce genre en nommant des membres additionnels. Or, quelle sera la position de la chambre sous la nouvelle constitution? Ce sera le corps le moins responsable du monde; si un conflit a lieu elle n'aura aucun moyen d'en sortir, car les chances de décès, de résignation ou d'acceptation de charges ne seront pas, bien qu'on en ait dit, suffisantes pour mettre le gouvernement à même de surmonter ces embarras ; telle est, paraît-il, l'opinion du secrétaire des colonies et, selon toutes probabilités, il faudra laisser à la couronne la liberté absolue d'exercer sa prérogative de nomination. Je n'entrerai pas dans de plus longs détails puisque les " résolutions" doivent être discutées seriatim—Je demanderai toutefois, en terminant, à quoi va servir cette discussion puisqu'il s'agit seulement d'adopter ou de rejeter, sans avoir le droit d'y faire aucun changement, le projet qui nous est soumis.
L'Hon. Sir E. P. TACHÉ.—Je dois déclarer que le projet doit être adopté ou rejeté dans son ensemble pour la raison qu'il est le fruit des délibérations non seulement du gouvernement canadien, mais aussi des autres provinces. Il ne suit pas de là que les députés qui peuvent différer d'opinion sur certains détails, n'aient pas le droit de faire inscrire leur dissentiment dans les journaux de cette chambre. Si les amendements proposés sont emportés, la motion à l'effet de proposer une adresse devra être retirée, mais, s'ils sont repoussés, alors les députés qui les ont appuyés auront l'avantage de faire inscrire leurs votes. Autrefois, avant qu'on eût adopté le système d'enregistrer les voix pour et contre, il était d'usage pour les membres qui s'opposaient à une mesure en particulier, d' entrer, conformément à la pratique de la chambre des lords, un protêt sur les journaux, dans lequel étaient assignées les raisons du dissentiment, et à l'heure qu'il est, je ne sache pas qu'il existe de règle qui empêche d'avoir recours 82 à ce mode dans la présente occasion. Je terminerai en disant que les honorables députés ont toute liberté de proposer des amendements, et, par ce moyen, de faire connaître au pays les opinions qu'ils entretiennent à ce sujet.
Cris de " ajournement !" " ajoumement !"
L'Hon. M. MOORE.—Comme l'on paraît se prononcer en faveur d'un ajournement, je demanderai à la chambre de m'accorder quelques minutes pour répondre à certaines observations faites par le député (l'hon. M. VIDAL) qui vient de s'asseoir. Bien qu'en principe, je partage l'opinion émise par l'hon. membre, il a, cependant, à mon avis, tombé dans une erreur, c'est quand il a dit que la chambre n'avait pas la faculté d'amender les résolutions, mais qu'elle devait les adopter ou les rejeter dans leur ensemble. Il est vrai que le gouvernement avait énoncé ce principe, mais je crois que la question peut-être modifiée comme toute autre question soumise à la chambre. Mon hon. ami a aussi dit que puisqu'il était impossible de modifier ou amender le projet, c'était pure perte de temps que de le discuter. Je me permettrai à cet égard de différer d'opinion avec l'hon. monsieur, et je maintiens que non seulement il est utile, mais même qu'il est essentiellement nécessaire que les détails d'une mesure aussi grave et aussi importante pour le pays soient discutés à fond. Un examen calme et approfondi du sujet est nécessaire, et j'ai l'espoir que le gouvernement ne hâtera pas la passation de cette mesure de manière à empêcher les représentants du peuple de se prononcer franchement et sans entraves. Je crois aussi qu'il serait important que les députés eussent le temps d'en conférer avec leurs mandataires. Je veux donc croire que le gouvernement leur permettra d'exprimer clairement leurs vues, quand mêmes elles auraient le résultat de susciter des amendements au projet.
Les débats sont alors ajournés à demain.

Source:

Province du Canada. Débats parlementaires sur la question de la Confédération des provinces de l'Amérique britannique du nord. Quebec: Hunter, Rose et Lemieux, Imprimeurs Parlementaires, 1865. Numérisé par Canadiana.

Credits:

.

Selection of input documents and completion of metadata: Gordon Lyall.

Personnes participantes: