CONSEIL LEGISLATIF.
               
               
               
               
                MERCREDI,
                  8 février 1865.  
                  
               
               
               
               
                  L'Hon. M. ROSS reprend le débat: Les   hons. membres se
                  rappellent qu'hier soir j'ai   fait une motion d'ajournement avec l'intention de répondre
                  aux observations de l'hon.   membre pour la
                  division de Niagara, [ l'hon.   M. CURRIE], qui a eu la parole pendant la
                  plus grande partie de la séance d'hier.   L'hon. membre a fait un
                  discours très-   remarquable du commencement à la fin. Il   a
                  commencé par citer quelques passages du   premier discours qu'il fit en cette
                  chambre,   il y a deux ans, et dans lequel il approuvait   fortement le
                  principe de la confédération   entre le Canada et les provinces maritimes;
                  hier, encore, il a formulé de la façon la plus   énergique son
                  approbation du projet. Mais   certaines parties de son discours auraient  
                  pu faire dire à ceux qui l'ont d'abord   compté parmi les partisans et les
                  amis du   projet: " mon Dieu! délivrez-nous de nos   amis." ( Ecoutez !
                  écoutez !) Il a fait   usage d'un singulier argument que je   résume
                  ainsi: —décréditant tour-à-tour les   provinces maritimes et le Canada il a
                  cherché à  nous prouver que nous faisons une très-mauvaise
                  affaire en unissant notre destinée aux   leurs, tandis que les provinces
                  avaient bien tort   de rechercher notre alliance puisque nous   sommes à
                  la veille d'une banqueroute. [Rires !]   Pour répondre à l'hon. membre il
                  suffirait   de prendre certaines parties de son discours,   de les mettre
                  en regard et de lui faire voir  
                  
                  71 qu'elles jurent de se trouver accouplées. Il   ne s'est
                  pas contenté d'employer l'ironie et   le sarcasme, il a même contesté des
                  assertions faites par des hommes publics du   Canada et des
                  autres provinces. Or, si nous   avons un jour la confédération, nous devons
                  prendre garde au langage que nous employons   et aux faits que nous
                  affirmons devant le   public; c'est du moins mon opinion. Si   on tolère
                  un langage comme celui que s'est   permis hier l'hon. monsieur, il deviendra
                  impossible de maintenir l'harmonie et la   bonne entente dans l'union
                  projetée. Mais   je suis convaincu que la chambre condamnera
                  désormais ce langage, non-seulement   chez l'hon. membre pour la division de
                  Niagara, mais chez tout autre. [Ecoutez !]   L'hon. membre a commencé
                  ses attaques   contre les hommes publics des provinces   en citant un
                  discours prononcé dernièrement à Halifax par M. LYNCH, et en  
                  cherchant à nous faire rire aux dépens   de ce monsieur. Or, les assertions de
                  M.   LYNCH n'étaient point de futiles inventions   comme l'hon. membre l'a
                  prétendu. M.   LYNCH a basé toutes ses assertions sur les   rapports
                  officiels de nos départements publics,   et si l'hon. membre veut bien
                  consulter le   recensement de 1851, il trouvera à la page   32 un tableau
                  comparatif des produits du   Canada et des Etats-Unis, duquel il appert  
                  que pendant la dernière décade nos voisins   ont augmenté de 48 par cent,
                  tandis que   nous avons augmenté de 400 par cent; c'est   précisement ce
                  que M. LYNCH a dit et ce   dont l'hon. membre pour la division de  
                  Niagara a nié l'exactitude.  
                  
 
               
               
               
               
                  L' Hon. M. CURRIE.—Cette augmentation a eu
                  lieu de 1841 à 1851, mais M.   LYNCH a fait allusion à la décade suivante.
                  
                  
 
               
               
               
                  L'Hon. M. ROSS.—Pas du tout, M.   LYNCH a parlé de
                  l'augmentation pendant   dix ans, il a cité les documents officiels et ne
                  s'est pas trompé. L'hon. monsieur a probablement puisé ses
                  renseignements dans quelque journal et l'erreur qu'il a commise
                  devrait   être un avis pour lui d' être, à l'avenir, plus   scrupuleux
                  dans ses attaques contre les   hommes publics. (Ecoutez !) Il s'est ensuite
                  permis de censurer le premier ministre du   Nouveau-Brunswick qui, par
                  sa haute position et sa capacité, est parfaitement à l'abri  
                  de pareilles diatribes. Ces faits suffisent   pour établir mon opinion qu'il
                  est au moins   de très-mauvais goût d'attaquer les hommes   publics des
                  autres pays et principalement   ceux des soeurs colonies, comme l'a fait
                  l'hon.   membre.  
                  
 
               
               
               
               
               
               
               
               
                  L'Hon. M. ROSS.—L'hon. monsieur a   contesté la véracité
                  des assertions, il a même   nié les assertions qu'ils ont faites en qualité
                  d'hommes publics. L'hon. M. TILLEY a cité   les chiffres de notre propre
                  ministre des   finances, et l'hon. membre l'a représenté   comme faussant
                  la vérité en vue de tromper   ses auditeurs.  
                  
 
               
               
               
                  L'Hon. M. CURRIE.—Je voudrais bien   savoir quand le
                  ministre des finances du   Canada a dit que la moyenne des droits   perçus
                  dans la province était de 11 pour   cent ?  
                  
 
               
               
               
                  L'Hon. M. ROSS.—L'hon. membre trouvera cela
                  dans le discours du ministre des   finances. Je ne me crois pas obligé de
                  citer   des chiffres et de faire des calculs en ce   moment, mais je
                  maintiens qu'en tenant   compte de toutes les importations, y compris  
                  les articles exempts de droits, l'hon. membre   trouvera que le chiffre
                  indiqué est exact.  Les importations de 1863 représentent un   montant
                  de$45,964,493 et le chiffre des   droits perçus est de $5,169,172 c'est-à-dire
                  précisément 11% du montant total. Je le   répète, au lieu d'attaquer les
                  hommes publics   les plus éminents comme l'hon. membre l'a   fait, il eut
                  été mieux à lui de les défendre.   [Ecoutez ! ] Ayant ainsi répondu aux
                  observations que l'hon. membre a faites sur la   véracité
                  des assertions de MM. LYNCH et   TILLEY, je passe à ce qu'il a dit pour
                  essayer   d'établir que M. GALT se trompait. Il a fait   allusion aux
                  chiffres concernant le tonnage   des navires dans la confédération projetée
                  tels qu'indiqués par M. GALT, et s'est manifestement évertué
                  à mettre les rieurs de son   côté. Le ministre des fianances a déclaré  
                  qu'une fois l'union effectuée nous serions, à   son avis, le troisième pays du
                  monde sous le   rapport du tonnage des navires qui fréquenteront nos ports, bien qu'il
                  eût probabilité   que la France fut notre
                  égale. L'Angleterre   vient en premier lieu sous ce rapport, ensuite   les
                  Etats-Unis et, en troisième lieu, la France   ou la confédération projetée.
                  Voici son   exposé :- 
                  
 
               
               
               
               
                  
                  
                  " Le tonnage
                     des navires du Canada, y compris la navigation des lacs, se
                     monte à neuf  
                     
                     millions de tonneaux; toutefois, une portion  
                     
                     considérable de ce tonnage
                     appartient aux  
                     
                     caboteurs qui souvent font des voyages d'aller  
                     
                     et retour en un seul jour. J'aime à dire que
                     
                     
                     le commerce entre le Canada et les Etats-
                     
                     
                     Unis fait valoir une grande
                     partie du tonnage 
                     des lacs,
                     qui
                     se monte
                     à 6,907,000 tonneaux. Je ne  
                     
                     puis classer sous la même catégorie les navires  
                     
                     
                     
                     
                     72
                     
                     qui arrivent à Québec et à Montréal
                     et qui ne font  
                     que deux ou trois voyages par
                     année. Le tonnage  
                     des navires de long cours représente en Canada,  
                     2,133,000 tonneaux; au Nouveau-Brunswick,  
                     1,386,000 tonneaux; à la Nouvelle-Écosse, 
                     1,432,000 tonneaux. En somme, le
                     tonnage des 
                     navires de long cours est aujourd'hui,
                     sauf une  
                     faible déduction, de cinq
                     millions de tonneaux."
                   
               
               
               
                En faisant cet exposé l'hon. ministre des
                  
                  finances a adopté la méthode
                  suivie en Angleterre, aux Etats-Unis et dans tous les  
                  grands pays maritimes, pour indiquer le tonnage total des navires qui fréquentent
                  les  
                  ports de ces pays. Il importe peu de distinguer les navires au long cours des caboteurs;
                  
                  du fait qu'un navire est employé, ne fût-ce  
                  que comme traversier, pour importer ou  
                  exporter des marchandises, il résulte que son  
                  tonnage est imputable au commerce des  
                  pays entre lesquels ou pour lesquels on l'emploie. (Ecoutez !) Mais l'hon. membre
                  a  
                  semblé insinuer que l'exposé du ministre  
                  des finances était inexact en ce qui concerne les navires qui fréquentent les lacs
                  
                  canadiens, et donné dans le but d'induire le public en erreur pour lui faire  
                  croire que la confédération occupera, par  
                  le chiffre du tonnage, une place éminente  
                  parmi les puissances maritimes. M. GALT
                  
                  a calculé le tonnage des navires de long  
                  cours et l'a ajouté à celui des
                  navires qui  
                  fréquentent les lacs pour obtenir le tonnage  
                  total des navires dans l'union projetée. Ces  
                  deux catégories ont toujours été parfaitement  
                  distinguées dans tous les tableaux publiés par l'hon. ministre ou son département
                  et dans tous les discours qu'il a  
                  prononcés. Ainsi, l'hon. membre s'est prévalu de sa position pour lancer de la boue
                  
                  à nos hommes d'état les plus éminents et  
                  pour essayer de ternir la réputation de nos  
                  hommes publics les plus
                  distingués. Je le  
                  répète encore, car je ne saurais trop insister à  
                  cet égard auprès de la chambre, nous devons  
                  mettre fin à ces procédés ; la réputation de  
                  nos hommes publics est une propriété nationale que nous ne devons pas, à la légère,
                  
                  laisser attaquer ou avilir. Si nous devons  
                  entrer dans la confédération, songeons du  
                  du moins à nous présenter avec une bonne  
                  réputation. (Ecoutez !) L'hon. membre est  
                  allé chercher des vieux numéros du Globe
                  
                  et d'autres journaux dans lesquels, grâce
                  a  
                  l'effervescence durant laquelle
                  les publications ont paru, il a trouvé des citations peu  
                  flatteuses pour les ministres canadiens qui  
                  s'occupent aujourd'hui de la confédération.  
                  Je n'ai pas mission de défendre ici les hons.  
                  MM. BROWN et McDOUGALL, ses anciens  
                  
                  
                  
                  chefs qu'il a violemment attaqués, je n'entreprendrai pas non plus de revenir sur
                  le passé,  
                  mais je dois dire que ces messieurs se sont  
                  mis à l'œuvre avec le ferme propos de mettre  
                  fin aux graves difficultés qui ont si longtemps  
                  pesé sur notre pays. Ils ont agi aussi avec  
                  l'approbation de leurs amis politiques dont  
                  ils ont demandé l'avis ; au lieu de leur faire  
                  des reproches, ce serait le moment de  
                  les traiter avec confiance et générosité.
                  
                  Jusqu'à présent j'avais toujours
                  écouté l'hon.  
                  membre avec un certain plaisir, et même  
                  dans le discours que je réfute
                  en ce moment,  
                  il a fait preuve d'une grande capacité, mais  
                  le manque de logique, des contradictions  
                  incessantes, et le ton déplorable de ce  
                  discours en font un document unique dans  
                  les annales de la législature canadienne. En  
                  le lisant, j'ai songé aux canons PARROTT,  
                  employés devant le fort FISHER,
                  dont six  
                  ont légèrement blessé deux soldats ennemis,  
                  mais ont tué ou blessé dangereusement  
                  environ cinquante des canonniers qui servaient les pièces. Je suis sûr que l'hon.
                  
                  membre n'a fait que des blessures très-  
                  légères à l'hon. M. TILLEY
                  ainsi qu'à M.  
                  LYNCH, et que les plus maltraités ont  
                  été ses amis personnels. (Ecoutez ! et  
                  rires !) J'aborde maintenant de plus  
                  près la grande question, celle
                  de la  
                  confédération du Canada avec les autres  
                  colonies de l'Amérique Britannique du  
                  Nord; c'est une question de laquelle  
                  dépendent le bonheur et la prospérité de ce  
                  pays pour le présent et dans un long  
                  avenir. L'hon. membre pour la division  
                  de Niagara a-t-il lu les débats qui ont  
                  précédé l'établissement de la république  
                  américaine après la déclaration d'indépendance? Je veux surtout parler des débats
                  
                  dans les conseils de la Virginie qui jouait  
                  alors vis-à-vis des autres
                  colonies un rôle  
                  analogue à celui du Canada vis-à-vis des  
                  provinces maritimes. S'il a lu les discours des  
                  MADISON, MARSHALL, RANDOLPH,
                  HENRY,  
                  LEE et autres, il
                  n'y a certes pas trouvé un  
                  seul passage où soient exprimés des sentiments analogues à ceux dont il
                  nous faisait  
                  part hier. Ces grands patriotes se réunirent  
                  évidemment avec un sens profond de l'importance de leur œuvre, et au lieu d'apporter
                  
                  dans le débat ces petites animosités de clocher  
                  qui ne peuvent qu'entraver et
                  détruire l'harmonie, ils agirent en hommes sérieux (ils  
                  ont mérité par là le titre de grands hommes)  
                  et se mirent à l'œuvre avec la ferme intention de mener leur entreprise à bonne fin.
                  
                  La confédération qu'ils établirent en 1781  
                  
                  
                  73
                  
                  ne fonctionna point d'une manière satisfaisante. Ils restèrent pauvres sans nom à
                  
                  l'étranger et sans prospérité intérieure,
                  aussi,  
                  en 1789, ils adoptèrent la constitution
                  qui  
                  a duré jusqu'à la malheureuse guerre dont  
                  nous sommes témoins aujourd'hui, et qui  
                  régit encore les Etats du Nord. En parlant  
                  de la constitution élaborée par les délégués,  
                  l'hon. membre pour la division de Niagara a  
                  dit que c'était un non-sens ; qu'elle n'était  
                  ni législative ni fédérative, mais une sorte  
                  de projet amphibie entre les deux, une  
                  élucubration sans précédent dans l'histoire;  
                  c'est du moins ainsi que j'ai compris le sens  
                  de ses paroles. Or voici ce qui arrive: malgré  
                  le suprême et savant arrêt de
                  l'hon. membre,  
                  l'œuvre des délégués a reçu
                  l'approbation des  
                  hommes d'état et des publicistes les plus  
                  éminents d'Angleterre; c'est pour nous une  
                  consolation. Si les délégués réunis à Québec  
                  et qui ont élaboré ce projet
                  étaient incompétents, d'autres auraient-ils fait mieux ? car,  
                  en définitive, malgré les observations de  
                  l'hon. membre, il me semble que les témoinages désintéressés que je viens de mentionner,
                  venant surtout des régions que j'ai  
                  indiquées, auront un certain poids en Canada.
                  
                  (Ecoutez !) Mais si l'hon. membre veut  
                  absolument que ce soit une constitution  
                  amphibie que ne nous a-t-il suggéré quelque  
                  chose de mieux? Son patriotisme ne lui  
                  faisait-il pas un devoir de faire part à
                  son  
                  pays de ses hautes lumières? Inutile de  
                  citer les anciennes républiques. Elles ont cessé  
                  d'exister: c'est une preuve que leurs constitutions n'étaient pas adaptées à
                  leurs besoins.  
                  L'hon. membre aurait pu citer la Suisse, la  
                  Hollande ou la constitution des Etats-Unis en  
                  1781 et 1789, la chambre aurait pu les comparer avec celle qu'on nous propose et arriver
                  
                  peut-être à cette conclusion que la nôtre est  
                  celle qui assure le plus de liberté à
                  nos concitoyens et la plus grande stabilité politique  
                  au pays. Quant à la Suisse notre génération  
                  a vu y éclater une guerre civile et cette  
                  république s'est vue à deux doigts de sa  
                  ruine. L'histoire est la pour nous dire  
                  comment a disparu la république
                  des Pays-  
                  Bas. Pendant la guerre avec PHILIPPE
                  II, 
                  les provinces qui composaient la république  
                  n'avaient point cette centralisation de pouvoir qui assure la stabilité d'un gouvernement,
                  surtout lorsque le pays est attaqué du  
                  dehors. Deux des provinces, Gueldeland et  
                  Over-Yssel, se basant sur leurs droits d'état,  
                  refusèrent de se mêler en aucune façon à la  
                  lutte. Des cinq autres, la Hollande fut  
                  toujours obligée fournir le plus
                  fort contingent; c'est ainsi que cette république  
                  devint une monarchie. Les mêmes
                  vices  
                  existaient dans la constitution américaine.
                  
                  de 1781 ; à peine était-elle
                  adoptée qu'elle  
                  fut reconnue inefficace par l'absence totale  
                  d'unité d'action entre les treize états
                  ; c'est  
                  alors que le général WASHINGTON
                  demanda  
                  et obtint le pouvoir dictatorial pour continuer la lutte avec l'Angleterre. Les difficultés
                  entre le Nord et le Sud sont nées de la  
                  question des " droits d'état," et si dans  
                  la constitution américaine il s'était trouvé  
                  certaines clauses introduites dans la nôtre,  
                  les Etats-Unis ne seraient probablement pas  
                  en guerre et l'union aurait été maintenue.  
                  (Ecoutez !) Mais l'hon. membre a ajouté  
                  que ce projet a surpris tout-à-coup
                  le  
                  pays. Sur quoi, je le demande,
                  est fondée  
                  une pareille assertion ? Cette chambre  
                  sait bien que feu le juge en chef SEWELL,  
                  honoré de l'amitié du duc de KENT,
                  père  
                  de Sa Majesté la reine, adressait, dès  
                  1814, une lettre au noble duc lui
                  recommandant l'union. Ce fait est consigné dans  
                  le rapport de lord DURHAM.
                  Dix ou douze  
                  ans plus tôt, l'hon. M. UNIACKE, de la  
                  Nouvelle-Ecosse, avait fait cette
                  recommandation de temps à autre jusqu'à ce que  
                  l'importance et l'opportunité de ce projet  
                  fussent ouvertement recommandées par les  
                  hommes publics les plus éminents de toutes  
                  les colonies. De ce nombre, je mentionnerai  
                  l'archidiacre STRACHAN, aujourd'hui le vénérable et très -révérend évêque de Toronto,
                  dont  
                  les opinions éclairées sur les grandes questions publiques ont toujours commandé le
                  plus  
                  haut respect. Dans une lettre adressée à
                  
                  CHARLES BULWER, l'habile secrétaire de  
                  lord DURHAM, en 1838, il s'exprimait ainsi:  
                  
               
               
               
               
                  
                  
                   " Il me reste à ajouter
                     que je ferai tout en mon  
                     pouvoir pour favoriser les heureux résultats de  
                     l'administration de Lord DURHAM ; et si M. PITT 
                     regarde comme une des gloires de
                     sa vie la  
                     constitution qu'il a donnée aux Canadas, quelle  
                     gloire n'est pas réservée aux hommes d'état qui  
                     doteront d'une constitution libre toutes les colonies de l'Amérique Britannique du
                     Nord, pour en  
                     faire un seul territoire, un seul royaume et une  
                     seule nation sous la protection du gouvernement
                     
                     anglais, assurant: ainsi non
                     seulement leur propérité mais les mettant à l'abri
                     de tout danger 
                     d'invasion !"   
                     
                   
               
               
               
                Cette union est formellement recommandée  
                  dans le rapport de Lord DURHAM,
                  si souvent  
                  cité; l'hon. membre l'a cité lui-même hier.  
                  Or, voici ce que le noble lord écrivait à
                  ce  
                  sujet:  
                  
               
               
               
               
                  
                  
                  " Quelle liaison inséparable
                     d'intérêts je trouvai  
                     dans les provinces de V. M. dans l'Amérique
                     du  
                     
                     
                     74
                     
                     Nord, jusqu'à quel point se ressemblent
                     les maux  
                     que j'y constatai et qui demandent les mêmes  
                     remèdes,—tel est le grave sujet que j'aurai à discuter pleinement avant de terminer
                     ce rapport."  
                     
                   
               
               
               
                Et plus loin :- 
                  
               
               
               
                  
                  
                  " A mon arrivée au Canada, je
                     songeai immédiatement à une union fédérale, et c'est en vue
                     de  
                     ce projet que je discutai une mesure générale
                     
                     pour le gouvernement des
                     colonies, avec les députations des provinces maritimes, les hommes les  
                     plus marquants et certains corps
                     publics des deux  
                     Canadas."  
                     
                  
                  
                   " Mais je fus encore plus
                     convaincu des grands  
                     avantages d'un gouvernement uni
                     lorsque je vis  
                     les hommes les plus distingués des diverses colonies appuyer un projet qui allait
                     donner à
                     leurs  
                     patries une existence nationale."   
                     
                   
               
               
               
                Lord DURHAM,
                  après s'être prononcé dans  
                  son rapport en faveur d'une union législative,
                  
                  et faisant allusion à l'influence des Etats-  
                  Unis qui nous entoure de tous côtés, ajoute :  
                  
               
               
               
               
                  
                  
                   " Si nous voulons arrêter le développement de  
                     cette influence, le seul moyen est de donner aux  
                     colons de l'Amérique du Nord une nationalité  
                     en faisant, des petites sociétés sans importance  
                     actuelle, un peuple ayant en vue son développement national et fier d'un pays qu'il
                     ne voudra  
                     jamais voir absorber par un puissant voisin.  
                     
                  
                  
                  
                   " Une union défensive contre les
                     ennemies du  
                     dehors est le lien qui unit tous les grands
                     empires  
                     du monde; or, s'il est un cas
                     dans lequel une semblable union est nécessaire, c'est celui de toutes  
                     les colonies."  
                     
                   
               
               
               
                Tout citoyen des provinces de l'Amérique  
                  Britannique du Nord devrait lire la partie  
                  de ce remarquable rapport qui a trait à leur  
                  union. Les arguments en faveur de cette  
                  union y sont irrécusables. [Econtez!écoutez !]  
                  Je dirai franchement, comme plusieurs autres  
                  membres l'ont déclaré avant moi, que si une  
                  union législative eût été possible je l'aurais 
                  préférée, mais le Bas-Canada n'y
                  aurait  
                  jamais consenti.  
                  
               
               
               
               
               
               
               
                  L'Hon. M. ROSS.—Mon hon. ami le   premier ministre nous
                  déclare que les provinces maritimes n'auraient pas accepté non
                  plus l'union législative. Il doit être certain   du fait, car il a
                  présidé aux délibérations de   la conférence. C'est à une date récente, à
                  l'époque des dificultés toujours croissantes   entre le Haut et le
                  Bas-Canada et si bien   décrites par l'hon. premier ministre dans son  
                  discours,—que l'hon. M. GALT proposa un   plan de fédération pour résoudre ces
                  difficultés, et fit à ce sujet en parlement un   discours
                  si remarquable. Plus tard, en 1858,  
                  
 l'hon. ministre accepta un portefeuille à la   condition expresse qu'on
                  s'occuperait de   cette question. Il est bien connu qu'il   insista
                  tellement sur ce point qu'à la fin de   la session de 1858 le
                  gouverneur-général,   Sir E. HEAD, y fit allusion et qu'il fut décidé  
                  qu'on s'adresserait au gouvernement impérial   pour obtenir l'autorisation de
                  négocier avec   les provinces maritimes. Peu après trois   membres du
                  gouvernement, les hons. MM.   CARTIER, GALT et moi-même, partîmes   pour
                  l'Angleterre, et le 25 octobre 1858 nous   mettions notre requête devant le
                  secrétaire   d'état pour les colonies, Sir E. B. LYTTON ;   mais des
                  difficultés inattendues et à nous   étrangères intervinrent et causèrent du
                  délai.   Le ministère de lord DERBY fut battu   et la question demeura en
                  suspens. Mais   il est inexact de dire que le projet était   inconnu et a
                  surpris tout-à-coup le pays.   A la fin de la dernière session, il était  
                  expressément mentionné dans le discours   du trône, et les hons. MM. BROWN,
                  McDOUGALL et MOWAT acceptèrent des   portefeuilles à la condition
                  expresse qu'on   entrerait en négociations au sujet de la   fédération.
                  Les hons. MM. BROWN et   MOWAT furent réélus par acclamation, avec   le
                  nouveau programme; l'hon. M. McDOUGALL perdit son élection, mais
                  il a été   élu depuis par acclamation dans un autre   collége. Au lieu
                  d'être décriés et assaillis   pour le rôle qu'ils ont joué, ces messieurs
                  doivent être honorés pour leur patriotisme.   Il n'y a pas eu de
                  surprise, car les résolutions furent adressées à tous les membres
                  de la législature quelque temps après leur   rédaction définitive, avant
                  que les journaux   en eussent communication, et je suis encore   à me
                  demander comment on aurait pu les   rendre plus notoires. L'opposition, il est
                  vrai, n'a pas tenu d'assemblées publiques   pour considérer le projet,
                  mais qui ne sait   qu'elle en agi ainsi que parce que la   majorité
                  s'était déclarée trop fortement en   faveur de la confédération. ( Ecoutez!)
                  L'erreur ou le manque de bonne foi de   l'honorable préopinant se
                  découvre ensuite   en portant la puissance militaire des provinces d'en-bas à 65,000
                  hommes, c'est-à-   dire qu'il limite à
                  ce chiffre le nombre   d'hommes qu'elles peuvent fournir en état  de
                  porter les armes. 
 
               
               
               
                  L'Hon M. CURRIE.—Non! j'ai dit   128,000, dont 65,000
                  seulement peuvent   servir, le reste étant engagé dans des occupations maritimes.
                  
                  
 
               
               
               
                  L'Hon. M . ROSS.—Pourquoi alors l'hon.  
                  
                  75 préopinant n'a-t-il pas franchement donné le   chiffre
                  de ces populations d'après le recensement et lequel ne doit pas
                  être loin à   l'heure qu'il est d'un million d'âmes ?  
                  
 
               
               
               
                  L'Hon. Sir E. P. TACHÉ .—Avec la   permission de mon hon.
                  ami, M. ROSS, je   ferai connaître ce que m'a appris mon expérience de la question.
                  Ayant pendant   quelque temps été attaché au bureau
                  de   l'adjudant général, j'ai pu examiner les   rapports si corrects de la
                  milice du Bas-   Canada, et j'ai toujours trouvé que sur un  
                  chiffre total d'une population donnée le   cinquième de ce chiffre représente
                  le nombre   exact des hommes de 18 à 60 ans en état de   porter les armes.
                  C'est aussi le cas pour   tous les pays du monde, car cette loi est  
                  aussi uniforme et constante que celle qui   détermine la proportion des deux
                  sexes,   laquelle dans les pays chrétiens est de 21   hommes et une
                  fraction contre 21 femmes,   et donne le contraire pour les pays livrés à la
                  polygamie, c'est-à-dire 21 femmes et une   fraction contre 20 hommes.
                  Ayant pris   d'ailleurs la peine de vérifier le fait pour le   Canada,
                  j'ai trouvé que le cinquième de   notre population représentait le chiffre
                  exact de nos milices, et l'hon. conseiller   (M. CURRIE pourra s'en
                  convaincre lui-   même en s'adressant à l'adjudant général  
                  
 
               
               
               
               
                  L'Hon. M. CURRIE.—Je n'ai fait en   tout ceci que me
                  servir des chiffres qui   m'ont été fournis par un collègue de l'hon.  
                  premier. 
 
               
               
               
               
                  L'Hon. Sir. E. P. TACHÉ.—Eh bien!   mon collégue est en
                  contradiction avec moi   sur ce sujet. Le chiffre de la milice du  
                  Haut-Canada, d'après le dernier recensement,   est de 280,000, qui multiplié
                  par 5 donne   celui de la population, à une petite différence  près. 
                  
 
               
               
               
               
                  L'Hon. M. ROSS.—Je crois tout à fait   inutile de rien
                  ajouter à la réponse que   vient de faire à l'honorable préopinant l'honorable premier,
                  sinon que d'après cette   règle de proportion
                  le million de population   des provinces d'en-bas devrait donner   200,000
                  hommes en état de porter les armes   au lieu de 65,000, les pêcheurs ou les
                  marins étant sujets au même service que le   reste de la
                  population. J'espère que jamais   nous n'aurons besoin d'appeler sous les
                  drapeaux toute |a milice de la confédération,   mais qui ne sait que le
                  moyen d'éviter le   danger est de s'y préparer. (Ecoutez! écoutez!) L'honorable préopinant
                  est ensuite   entré dans la discussion du
                  projet du chemin   de fer intercolonial, lequel semble particu
lièrement lui inspirer une horreur profonde.   Je lui répondrai en
                  extrayant du rapport   de lord DURHAM le passage suivant sur le   même
                  sujet:  
                  
 
               
               
               
               
                  
                  
                   " La construction d'une bonne route entre
                     
                     
                     Québec et Halifax établirait des relations entre  
                     
                     ces provinces et rendrait l'union absolument  
                     nécessaire entr'elles. Diverses
                     explorations ont  
                     démontré qu'il serait facile de
                     lier ces deux points  
                     
                     par un chemin de fer ......... La construction d'un  
                     
                     chemin de fer entre Québec et Halifax
                     ne pourrait  
                     
                     manquer de modifier la condition particulière
                     des  
                     
                     Canadas. C'est ainsi qu'au lieu d'être privés  
                     
                     pendant six mois de communications directes
                     
                     
                     avec l'Angleterre ils auraient en hiver une ligne  
                     
                     de communication bien supérieure à
                     
                     celle de l'été."  
                     
                   
               
               
               
               
                Ces paroles frappèrent plus tard l'esprit  
                  des membres du ministère LAFONTAINE
                  - 
                  BALDWIN, dont M. HINCKS
                  et l'hon. premier actuel formaient partie, et ce fut
                  de leur  
                  temps que la législation des chemins de fer  
                  fit son premier début en Canada et, à la  
                  dernière session, j'ai eu occasion de citer le  
                  préambule de l'acte de 1851, qui suit:- 
                  
               
               
               
               
                  
                  
                  "Attendu qu'il
                     est de la plus haute importance 
                     pour le progrès et le prospérité de cette
                     province  
                     
                  
                  
                   qu'un grand
                     tronc de chemin de fer soit construit  
                     dans toute sa longueur, et depuis la frontière Est  
                     
                     d'icelle, à travers les provinces
                     du Nouveau-  
                     
                     Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, jusqu'à la  
                     cité et au port d'Halifax, et
                     qu'il est expédient  
                     
                     que tous les efforts possibles soient faits pour  
                     
                     assurer la construction du dit chemin de fer,
                     etc." 
                     
                     
                     
                   
               
               
               
               
                La dernière clause de l'acte :- 
                  
               
               
               
               
                  
                  
                  " Autorise le gouvernement d'alors à négocier
                     
                     
                     avec le parlement impérial, le
                     Nouveau-Brunswick  
                     
                     et la Nouvelle-Ecosse, la construction de la ligne  
                     
                     et à faire des démarches pour obtenir la garantie  
                     
                     impériale." 
                   
               
               
               
                Cette loi, hons. messieurs, est encore en
                  
                  force, et ça toujours été le
                  plus vif désir de  
                  tous les hommes publics canadiens depuis  
                  sa passation de faire construire le chemin  
                  de fer d'Halifax. Tous les gouvernements  
                  n'ont en à ce sujet qu'une seule
                  voix, et l'administration MACDONALD-SICOTTE
                  a même  
                  pris des mesures à cette fin, que des   
                  circonstances subséquentes
                  vinrent suspendre en même temps que toute législation.
                  
                  L'hon. M. Brown lui-même a
                  inscrit cette  
                  question dans la constitution, et n'a pas 
                  hésité à dire dans une grande assemblée à 
                  Toronto que lors même que le projet de confédération contiendrait une demi-douzaine
                  
                  de chemins de fer intercoloniaux il n'en serait 
                  pas moins l'un des partisans les plus dévoués.  
                  (Ecoutez! écoutez!) Pour ma part, j'ai la  
                  certitude morale
                  que si la question était dis
                  76cutée comme elle doit l'être en
                  Haut-Canada  
                  les neuf-dixièmes de la population lui seraient  
                  favorables. C'est qu'en effet, ce chemin de  
                  fer nous est indispensable et que nous  
                  ne saurions nous en passer. Le Haut-  
                  Canada seul, sans parler du
                  Bas-Canada,  
                  en a un besoin absolu, et ceci
                  est si  
                  bien compris dans les provinces maritimes que l'on voyait dernièrement l'un  
                  des adversaires politiques de l'hon. M.  
                  TILLEY, (l'hon. M.
                  SMITH,) dire qu'il était  
                  tout à fait oiseux pour le
                  Nouveau-Brunswick  
                  de s'occuper de ce chemin parce que le Haut-  
                  Canada sera obligé de le construire pour lui-  
                  même. On sait que l'on en a de beaucoup  
                  exagéré le prix ; eh bien ! M. BRYDGES, à  
                  qui l'on doit reconnaître une certaine dose  
                  d'expérience en pareille matière, a offert d'en  
                  entreprendre la construction au
                  nom d'une  
                  compagnie anglaise pour £3,500,000 sterling.  
                  Voilà des chiffres que tout le
                  monde peut saisir, et, une fois la réciprocité avec les Etats-  
                  Unis disparue, le Haut-Canada fera bien d'encourir seul les frais de ce chemin, même
                  dans  
                  le cas où les autres provinces refuseraient  
                  d'y contribuer. Un tel refus
                  d'ailleurs n'est  
                  pas à craindre, attendu que ce chemin de fer  
                  est tout aussi nécessaire aux autres provinces  
                  et qu'il est de l'avantage mutuel de toutes
                  
                  qu'il se fasse. Le Nouveau-Brunswick, pour  
                  ouvrir l'intérieur de son territoire qui, au  
                  rapport de quelques ingénieurs, est un des  
                  plus beaux du monde, n'en a pas moins besoin  
                  qu'Halifax pour alimenter son port de fret  
                  lorsque ceux de Québec et de Montréal se  
                  trouvent fermés. Il y a trois ans que  
                  la construction en aurait dû être commencée, car aujourd'hui  il serait
                  terminé et nous n'aurions pas entendu parler de l'abrogation du traité de réciprocité
                  
                  (Ecoutez! écoutez !) L'honorable préopinant a demandé, dans le cours de ses remarques,
                  pourquoi l'appel au peuple, qui se  
                  fait dans le Nouveau-Brunswick, n'avait-il
                  
                  pas également lieu en Canada? On a déjà
                  
                  répondu à cette objection, en disant que  
                  comme le terme du parlement dans cette colonie expirait le ler juin et que les députés
                  
                  seraient alors obligés de retourner devant le  
                  peuple pour lui rendre compte de leur conduite pendant les quatre années précédentes,
                  
                  on avait cru, vu les circonstances, préférable  
                  d'anticiper cette date de trois ou quatre  
                  mois. Dans la Nouvelle-Ecosse et Terre-
                  
                  neuve, où les élections sont de date assez  
                  fraîche, il ne doit pas y avoir
                  de dissolution.  
                  Ce mode d'en appeler au peuple me paraît  
                  d'ailleurs bien plus américain qu'anglais, car  
                  
                  la constitution anglaise établit
                  parfaitement  
                  la compétence des députés du peuple en  
                  parlement à décider toutes les questions  
                  d'intérêt public qui leur sont soumises.  
                  C'est ainsi que lors de l'union de l'Angleterre  
                  et de l'Ecosse, de même que lors de celle  
                  de l'Angleterre avec l'Irlande, on n'en  
                  appela pas au peuple, parce qu'il fut compris que les députés choisis par le peuple
                  
                  pour le représenter avaient le
                  droit incontestable de juger de ces mesures. (Ecoutez!  
                  écoutez !) Quoiqu'il en soit, les membres de  
                  cette chambre qui viennent d'être élus ont  
                  trouvé partout l'opinion publique en faveur  
                  du projet, et l'hon. M. McPHERSON, qui  
                  représente 180,000 âmes, a dit à cette  
                  chambre qu'après avoir tenu des assemblées  
                  dans toute sa division, il n'a pas trouvé une  
                  seule personne qui s'y soit montrée hostile  
                  une fois ses explications entendues. [Ecoutez ! écoutez !] Une autre prétention de
                  
                  l'hon. député de Niagara est que le  
                  projet n'avait pas été soumis à la chambre  
                  d'une manière franche et ouverte
                  ; je me  
                  permets de différer d'opinion et je soutiens  
                  que le moyen dont on s'est servi était le seul  
                  convenable de nous le soumettre ainsi qu'au  
                  peuple. En vérité, je ne saurais m'expliquer ce reproche, d'autant plus qu'on ne m'a
                  
                  certainement pas prouvé le manque de gaucherie dont on se plaint [Ecoutez! ] L'honorable
                  préopinant s'est attaqué en outre aux  
                  dispositions financières du plan de confédération et s'est appuyé d'une masse de statistiques
                  que je le soupçonne de ne
                  pas comprendre du tout. [ Ecoutez ! et rires.] La  
                  question ayant été supérieurement traitée  
                  hier soir par le ministre des finances, j'extrairai de son discours le passage suivant
                  
                  dans lequel il explique les arrangements aux- quels on en est venu:  
                  
               
               
               
                  
                  
                   " Pour ce qui est du commerce de
                     ce pays, j'ai  
                     pris les rapports de 1863. Les rapports du commerce du Canada, pour cette année, en
                     y prenant  
                     les exportations et les importations conjointement,  
                     démontrent un total de $87,795,000.
                     D'après le  
                     recensement de 1861, ce commerce représente  
                     $35 par individu. La valeur des importations et  
                     des exportations du Nouveau-Brunswick, pour la  
                     même année, a atteint $16,729,680, formant $66  
                     par individu de sa population. Le commerce  
                     total de la Nouvelle-Ecosse,
                     pour la même période,  
                     se monte à $18,622 359, ou $56 par individu.  
                     Dans l'Ile du Prince-Edouard, le
                     commerce d'importation et d'exportation s'est élevé $
                     3,055,568,  
                     représentant $37 par individu de la population  
                     de cette île. La valeur du commerce total de  
                     Terreneuve est de $11,245,032 ou
                     $86 par individu. Tous ces chiffres réunis donnent pour le  
                     commerce de toutes les provinces, un total de  
                     $137,447,567.  (Ecoutez! écoutes!)  
                     
                   
               
               
               77
               
               
               
               
                Je trouve dans un autre discours du même  
                  ministre, prononcé à Sherbrooke,
                  les chiffres  
                  suivants sur le revenu et les dépenses de  
                  toutes les provinces :- 
                  
               
               
               
               
               
               
                                                    
                  
                  
                  
                     
                     
                        
                        
                           
                           
                           
                              
                               | 
                              
                              Revenu. | 
                              
                              Dépenses. | 
                              
 
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Nouvelle-Écosse......  | 
                              
                              $ l, l85,629 | 
                              
                              $ l,072,274 | 
                              
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Nouveau-Brunswick   ...    | 
                              
                              899,991 | 
                              
                              884,613 | 
                              
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Terreneuve (l862) . . . .    | 
                              
                              480,000 | 
                              
                              479,420 | 
                              
 
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Ile du Prince-Edouard. | 
                              
                              197,384 | 
                              
                              171,718 | 
                              
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Canada ....... . . . . ..... | 
                              
                              9,760,316 | 
                              
                              10,742,867 | 
                              
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Total, 1863 ..... . . . . .  | 
                              
                              12,523,320 | 
                              
                              13,350,832 | 
                              
 
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Total, 1864 ...... . . ..  | 
                              
                              $14,223,320 | 
                              
                              $ 13,350,832 | 
                              
 
                           
                           
                           
                           
                              
                              | Surplus évalué, 1864 | 
                              
                              . . . . . . . . . .  | 
                              
                              $872,488 | 
                              
                           
                         
                      
                   
               
               
               
                Parmi les observations
                  remarquables que fit  
                  l'honorable M. GALT
                  à la même assemblée  
                  sur la dette des colonies, je trouve le tableau  
                  suivant :- 
                  
                  
               
               
               
               
               DETTES DES COLONIES.
 
               
               
               
                  
                  
                     
                     
                        
                        
                        
                        
                           
                           | Dette de la Nouvelle-Ecosse (1868)… | 
                           
                           $4,858,547 | 
                           
                        
                        
                        
                        
                           
                           | "    du Nouveau-Brunswick . . . .. ..  | 
                           
                           5,702,991 | 
                           
                        
                        
                        
                        
                           
                           | "    de Terreneuve(1862)……. | 
                           
                           946,000 | 
                           
                        
                        
                        
                        
                           
                           | "       de l'Ile du Prince-Edouard . . . . | 
                           
                           240,673 | 
                           
                        
                        
                        
                        
                           
                           | Dette totale des provinces maritimes. | 
                           
                           $11,748,211 | 
                           
                        
                        
                        
                        
                           
                           | Dette du Canada. (1863) ............ ..... | 
                           
                           67,263,994 | 
                           
                        
                        
                        
                        
                           
                           | Grand total ..................... ..... | 
                           
                           $79,012,205 | 
                           
                        
                      
                   
               
               
               
               
               
                Puis, basant son raisonnement sur ces
                  données, M. GALT ajouta que la dette du Canada,  
                  s'élevant à environ $27  par tête, il avait eu,  
                  afin de transporter les dettes de
                  toutes les  
                  colonies au compte de la confédération et  
                  s'entendre à ce sujet avec les
                  autres colonies,  
                  dont les dettes se montaient à
                  près de $25  
                  par tête, à diminuer ou à
                  augmenter la proportion dans l'un ou l'autre cas. Comme le  
                  premier de ces modes parut le meilleur, le  
                  surplus ou l'excédent de notre proportion sur  
                  $25 devra être porté au compte particulier  
                  du Canada. Il expliqua ensuite que les  
                  dettes de l'Ile du Prince-Edouard et de  
                  Terreneuve donnant une proportion par tête
                  
                  de moins de $25, il devra leur être fait une  
                  remise nécessaire et suffisante pour rétablir  
                  l'égalité entre elles et les autres colonies.  
                  Pour l'information de l'hon. représentant de  
                  Niagara, j'ajouterai les chiffres
                  officiels suivants, d'après lesquels on peut
                  voir que le  
                  peuple des provinces matitimes contribue  
                  largement au revenu.  
                  
               
               
               
                      IMPÔT PAR TÊTE (1863.) 
               
               
               
                  
                  
                     
                     
                        
                        
                        
                           
                           | Terreneuve ...... ….... .......... | 
                           
                           $3 53  | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Nouvelle-Ecosse...…...............….  | 
                           
                           2 46 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Nouveau-Brunswick.....................  | 
                           
                           2 81 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Ile du Prince-Edouard . .............. . | 
                           
                           1 69  | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Canada................................... | 
                           
                           1 85 | 
                           
                        
                      
                   
               
               
               
               
               
                   Et tout bien considéré, je pense que
                  l'arrangement proposé est équitable sous tout  
                  rapport, et qu'il a été arrété avec la conviction que chaque province y trouverait
                  cette  
                  équité et cette justice qu'elle
                  est en droit  
                  d'attendre. Nul hon. membre ne doit  
                  désirer pour le Canada de plus grands  
                  avantages que pour les autres provinces.  
                  C'est l'esprit de justice qui a toujours présidé aux délibérations de la conférence,
                  et  
                  s'il en eut été autrement, si ses membres  
                  n'eussent été sous l'impression qu'ils devaient  
                  se faire, pour le bien commun,
                  de mutuelles  
                  concessions, il eut été impossible qu'ils arrivassent à un résultat. (Ecoutez! écoutez
                  !)  
                  Le sujet abordé ensuite par
                  l'hon. membre  
                  a été l'avoir des provinces inférieures, et il  
                  a demandé avec emphase ce qu'elles avaient  
                  à apporter dans la
                  confédération. Nous  
                  avons, a-t-il dit, nos immenses canaux, mais  
                  ces provinces, qu'ont-elles? Elles ont des  
                  chemins de fer construits à
                  leurs frais. Le  
                  Nouveau-Brunswick en a 200 milles, dont la  
                  valeur égale huit millions de piastres, et la  
                  Nouvelle-Ecosse 150 milles ou environ,  
                  valant six millions de piastres,—cependant,  
                  je ne suis pas sûr de
                  l'exactitude de ces   
                  derniers chiffres.  
                  
               
               
               
               
               
               
                  L'HON. M. ROSS—Combien rapportent   nos canaux ? ils
                  forment pourtant un avoir   considérable ; mais il ne s'agit pas de cela ;
                  bien qu'ils donnent peu de revenu, ils diminuent
                  considérablement le prix de transport.   Je me souviens du temps où le fret
                  d'un   baril de farine de Toronto à Montréal était   d'une piastre, tandis
                  qu'aujourd'hui il n'est   que de dix deniers ;—un quintal de marchandises coûtait
                  aussi une piastre de   transport, et ne coûte maintenant
                  qu'un   chelin. C'est de cette manière que les grands   travaux publics
                  sont profitables à un pays.   Quant au revenu des voies ferrées des provinces maritimes,
                  les profits nets—non les   recettes
                  brutes—sont portés, je crois, à   $140,000 ; $70,000 au Nouveau-Brunswick,
                  et $70,000 à la Nouvelle-Ecosse,—ce qui   peut compter pour quelque
                  chose. Le canal   Welland, dont parle tant l'hon. monsieur, ne
                  rapporte pas même assez pour payer   l'intérêt de son prix de revient, et si,
                  comme   nous l'apprend la presse américaine, le canal   sur le côté
                  américain du Niagara se construit, la principale source de son
                  revenu lui   sera enlevée, et loin d'être ensuite le plus   productif des
                  canaux, il sera celui qui rapportera le moins de tous ceux qui se
                  relient  
                  
                  78 à la navigation du St. Laurent. N'allez   pas croire,
                  cependant, que je veuille déprécier la valeur du canal Welland; je
                  suis le   premier à reconnaître son utilité, tout en   espérant qu'elle ne
                  fera qu'augmenter.   (Ecoutez! écoutez !) L'hon. membre, qui   habite sur
                  les bords du canal Welland, a   tout naturellement demandé comment allaient être élargis
                  les canaux, eh! bien,   comme ils doivent
                  être la propriété du gouvernement général, c'est à ce dernier
                  qu'il   incombera d'affecter un crédit à ces travaux   lorsque le commerce
                  l'exigera. (Ecoutez !)   Quant à l'impôt local, toutes les provinces  
                  seront sur un pied d'égalité, et partant,   rien de plus juste. Si le
                  Haut-Canada   est beaucou plus riche que les autres   parties de
                  confédération et qu'il lui   faille plus que les 80 centins par tête  
                  alloués à toutes les provinces, ce sera   d'autant mieux et une preuve qu'il
                  se ressent   d'autant moins de l'impôt. (Ecoutez!)   L'hon. membre a
                  attaqué la constitution   projetée du conseil législatif et insisté non  
                  seulement à ce qu'il reste électif, mais encore   à ce que le principe de la
                  représentation   d'après le nombre prévalut. Mais qui a   jamais entendu
                  parler que sous une constitution fédérale la chambre haute put
                  être   formée sur ce principe? Si cela pouvait logiquement s
                  faire, le meilleur moyen serait   de n'avoir qu'une chambre, car deux 
                  chambres élues sur le principe de la représentation d'après le
                  nombre ne feraient que   se combattre l'une l'autre, et ainsi placé  
                  entre elles deux, le gouvernement serait dans   l'impossibilité de ne rien
                  faire. En pareil   cas, les plus forts feraient la loi aux plus   faibles!
                  Ce principe a été complétement   étudié avant l'adoption d'une constitution
                  pour les Etats-Unis, d'après laquelle il est   bien connu que les plus
                  petits Etats sont   représentés au sénat par le même nombre de   sénateurs
                  que les plus grands, c'est-à-dire   par deux sénateurs. Le même principe a
                  été suivi pour ce projet et pour la  raison: protéger les plus faibles
                  contre   les plus forts. [Ecoutez !] Le sujet   discuté ensuite par l'hon.
                  membre a trait   aux écoles communes et au fonds que   devait créer l'acte
                  de 1849, mais, comme il   en a été informé, une des dispositions de  
                  cette loi—celle concernant ce fonds,—n'a   jamais été mise à effet. Quant aux
                  autres,   mon hon. ami le commissaire des terres   de la couronne, a déjà
                  dit que le million  d'acres de terre avait été réservé, qu'un   fonds se
                  créait d'année en année, et que le  
                  
 parlement vote chaque année un crédit d'environ $100, 000
                  pour le soutien des écoles.   Le Haut-Canada n'a donc souffert aucune  
                  injustice sous ce rapport. (Ecoutez !) L'hon.   membre a terminé ses
                  observations par une   sombre peinture de la condition du Canada.   A
                  l'entendre, notre pays serait à la veille de la  
                  
 
               
               
               
               
               
                banqueroute, et un nombre de délégués
                  (sous  
                  leur propre autorité) se sont
                  réunis pour  
                  élaborer ce projet qui devra encore ajouter  
                  à ses embarras. Cette dernière
                  assertion  
                  surtout est bien loin de la vérité, car nous  
                  savons tous que le gouvernement a été  
                  expressément formé pour qu'il étudiât
                  et  
                  préparat ce projet qui doit mettre fin
                  à toutes  
                  ces crises politiques qui ont tant nui à la  
                  législation du pays. Pour parler
                  ainsi, il  
                  faut, je le crois, que l'hon. membre se  
                  soit trouvé excité au point de ne plus  
                  savoir ce qu'il disait. (Ecoutez ! écoutez !)  
                  Je vais terminer en citant un extrait du  
                  discours remarquable prononcé par M.  
                  l'0RATEUR, (l'hon. U. J. TESSIER),
                  à une  
                  assemblée publique tenue à Québec
                  en 1858,  
                  alors que les trois délégués
                  étaient en Angleterre au sujet de la confédération :  
                  
               
               
               
               
                  
                  
                   " En 1849
                     et 1852, notre parlement a passé des  
                     lois ayant pour but de donner une certaine garantie à la construction de cette
                     voie (le chemin de  
                     fer intercolonial). Comme membre de la législature canadienne, j'ai promis mon appui
                     le plus  
                     cordial à cette entreprise, et
                     quant à une nationalité canadienne, distincte de la nationalité anglaise  
                     ou française, et formée, comme
                     on l'a dit, des  
                     meilleurs éléments, cela entre tout à fait dans  
                     mes vues. Je désire ardemment qu'un empire  
                     canadien se forme dans
                     l'Amérique du Nord par  
                     une union fédérale de toutes les
                     colonies reliées  
                     ensemble par le chemin de fer intercolonial, sous  
                     lequel nous pourrions contrebalancer,
                     sur ce  continent, la force envahissante des Etats-Unis."
                     
                     
                   
               
               
               
                J'ai cité cet habile discours à l'effet de faire  
                  connaître les vues éclairées de cet hon.  
                  monsieur sur ce sujet, vues que partageaient
                  
                  beaucoup d'autres hommes publics distingués. J'en ai fini avec le discours de  
                  l'hon. membre de Niagara, et je n'ai plus  
                  qu'à exprimer l'espoir que l'important sujet  
                  devant la chambre sera complétemcnt discuté jusqu'à ce que les
                  véritables mérites du  
                  projet soient parfaitement connus. Je suis  
                  convaincu qu'il sera discuté avec calme et  
                  dignité, et avec les excellentes dispositions  
                  que les hons. membres apportent d'ordinaire  
                  à l'examen des matières soumises à leur  
                  décision. (Ecoutez ! écoutez ! et applaudissements). Tout me porte à croire que cette
                  
                  chambre couronnera cette oeuvre si noble en  
                  adoptant ces résolutions. (Ecoutez ! écoutez!)  
                  
               
               
               79
               
               
               
               
                  L'HON. M. ALEXANDER. —Je suis sûr  que les membres du
                  gouvernement désirent   que cette grande question soit discutée aussi  
                  librement et complétement que possible; je   suis sûr qu'ils verront avec
                  plaisir aucun   membre de cette chambre signaler franchement
                  les détails qui lui semblent défectueux;   je suis sûr enfin que les
                  recommandations   faites par les hons. MM. qui représentent   les
                  divisions de Victoria et Wellington   seront dûment pesées par
                  l'administration   actuelle ainsi que toute recommandation   faite à bonne
                  intention. Quelques membres   des deux branches de la législature semblent
                  totalement opposés au projet de confédération. Ils
                  prétendent les changements   constitutionnels proposés sont imprudents  
                  et remplis des plus grands dangers. L'hon.   membre pour la division de
                  Niagara   (l'hon. M. CURRIE) me semble être de   ce nombre, si j'en juge
                  par l'appel énergique qu'il a fait à cette chambre contre le  
                  projet entier, et je vais essayer de répondre   à quelques uns des arguments
                  par lui présentés avec autant d'habileté que de force.   Il
                  récuse dés l'abord la manière dont la convention a été formée; il
                  n'ajoute aucune foi   à ses délibérations. Il soutient audacieusement que l'union
                  sera désavantageuse et   préjudiciable aux
                  provinces-unies. Il s'appuie sur des calculs préparés à l'avance
                  pour   montrer que nos charges se trouveront augmentées de
                  $3,000,000 par année—augmentation qui accablera l'industrie de la
                  province   du Canada. Je ne puis m'expliquer où il a   trouvé des chiffres
                  pour arriver à une telle   conclusion. Il est facile de nous faire une  
                  juste idée de ce que sera la position financière des gouvernements
                  fédéral et locaux   projetés. En évaluant le revenu total de ces  
                  provinces d'après les rapports de 1863   nous trouvons que le gouvernement
                  général   aura à sa disposition un revenu net, après   avoir payé une
                  subvention de quatre-   vingts centins aux gouvernements locaux,
                  de $9,648,108 ; de plus, les calculs   les plus probables démontrent que
                  les   dépenses du gouvernement général n'excéderont pas $9,
                  000,000. Il va sans dire que   certains octrois d'argent ne sont pas compris
                  dans les dépenses ordinaires. Nous devrons,   par exemple, construire le
                  chemin de fer   intercolonial et élargir et creuser les canaux   du St.
                  Laurent. En accordant, pour   ces deux items, le montant de $25,000,000,  
                  personne ne prétendra que nous ne pouvons pas trouver cette somme
                  à 4 pour  cent avec la garantie impériale. Le trésor 
                  
 fédéral se trouvera ainsi grevé d'une somme   annuelle de $1,000,000
                  qu'il pourra, comme   je vais le prouver, payer de la manière suivante : il dépend
                  de nous de savoir si   nous pourrons faire
                  face aux dépenses ordinaires et payer l'intérêt de la dette
                  fédérale   avec le montant déjà cité de $9,643,108.   Or, la plupart des
                  négociants avoueront   qu'avec la faculté d'imposer un tarif et des  
                  droits d'accise uniformes dans tout le territoire des
                  provinces-unies nous prélèverons   une somme suffisante pour payer cet item
                  considérable. Mais, comme je l'ai dit   dans une autre circonstance, à
                  l'aurore   de notre nouvelle nationalité nous devons   agir avec les plus
                  grandes précautions et   la plus stricte prudence. Tout agiotage   public,
                  toutes dépenses extravagantes doivent   être soigneusement évités et, si nous
                  agissons   ainsi, je puis garantir à mon hon. ami de   Niagara que ses
                  prévisions ne seront jamais   réalisées. Malgré ses sinistres prédictions au
                  sujet de l'augmentation de notre dette, nous   nous trouverons bientôt
                  dans une position   plus avantageuse. Dans son habile et énergique discours, il a
                  voulu tirer parti de tout   et n'a pas même oublié de
                  condamner l'attitude de l'hon. secrétaire-provincial à la  
                  fameuse assemblée de Harrington. Je suis   un de ceux qui ont voté contre le
                  bill des   écoles séparées de M SCOTT. D'accord   avec les électeurs
                  sérieux de Harrington   j'apprécie trop hautement notre admirable  
                  système scolaire du Haut-Canada, qui nous   permet de répandre dans toutes les
                  parties   du pays les bienfaits de l'éducation. Mais   ce n'est pas en
                  considération de ce point   qu'on veut rejeter la confédération, bien  
                  qu'un grand nombre de gens aient des idées   fort arrêtées à cet égard. Mon
                  hon. ami a   insisté sur le montant qui devra être affecté   à la milice.
                  Il sembe croire qu'une influence magique peut nous donner des
                  soldats   en un jour; pour réaliser une faible économie   il n'hésiterait
                  pas, il laisserait, sans hésiter,   notre riche territoire et les foyers de
                  ses   habitants à la merci d'un aggresseur impitoyable, et ne
                  calcule pas que le Canada   aurait par le fait de l'invasion à payer sa  
                  part d'une dette de trois mille milions de   piastres, en outre de sa dette
                  actuelle.   Le Haut-Canada a foi dans l'avenir d'un pays   jeune comme le
                  notre. (Applaudissements).   On n'y oublie pas qu'après plusieurs années  
                  de déficit dans notre revenu et malgré d'assez   mauvaises récoltes, nous
                  pouvons constater   en ce moment une augmentation notable de   notre
                  revenu. En consolidant de vastes  
                  
                  80 intérêts dont dépend notre avenir, nous prendrons un rang plus élevé parmi les nations,
                  notre population augmentera en
                  même temps   que notre commerce et nos revenus, et si les   grandes
                  améliorations que nous devons faire   accroissent momentanément notre dette,
                  notre nouvelle prospérité nous fera trouver   le fardeau bien léger. Une
                  foule de circonstances se réunissent pour nous faire voir  
                  favorablement ce grand projet—fruit de la   longue expérience et des
                  méditations profondes des hommes politiques les plus marquants de ces provinces. (Applaudissements.)
                  Nous
                  pouvons sans crainte l'accepter et le mettre à l'essai, comme le
                  meilleur   moyen de parer aux difficultés qui ont   entravé notre
                  législation. Il est vrai que,   jusqu'à ce jour, nous avons été opposés à la
                  construction du chemin de fer intercolonial,   parce que nous avions des
                  doutes sérieux sur   la valeur commerciale de cette entreprise et   sur
                  ses chances de prospérité. Mais tout le   monde reconnaître que l'attitude
                  hostile   prise par la république voisine, en ce qui   concerne les
                  relations commerciales des deux   pays, oblige notre prudence à nous assurer,
                  pendant l'hiver, une grande voie de communication avec
                  l'océan—route commune au   commerce du monde entier. (Ecoutez !)   Il y a
                  plus, nous nous trouverions alors dans   une position beaucoup plus forte pour
                  renouveler ou modifier sur des bases équitables le   traité
                  de réciprocité. Cette grande entreprise publique forme partie
                  essentielle du   projet et le gouvernement nous donne l'assurance qu'on approfondira
                  et élargira les canaux   du St. Laurent, en même
                  temps qu'on construira le chemin de fer intercolonial. Il ne  
                  peut que résulter du bien de l'union, si   justice est rendue à toutes les
                  parties contractantes. Dans la question des finances, la  
                  proposition d'assumer les dettes des différentes provinces sur une
                  certaine base et d'im   poser un tarif uniforme, avec certaines  
                  stipulations raisonnables, est peut-être le   meilleur moyen de ne point léser
                  tant d'intérêts divers. Nos délégués ont demandé,   et nous
                  demandons aujourd'hui que la subvention payable par le
                  gouvernement général   à chacune des provinces soit de 80 centins   par
                  tête, le montant total devant être déterminé par les chiffres d'un
                  recensement qui   se renouvellera tous les dix ans; cette demande semble juste et
                  équitable. Mais ce   n'est pas le moment de m'étendre
                  sur ce point   ni d'insister sur les détails qui offusquent   aujourd'hui
                  mes commettants, je me réserve   de le faire lorsque nous discuterons les
                  
 résolutions 
seriatim. En terminant, je
                  ferai   observer que les hommes les plus éclairés ne   voient que
                  faiblesse et incertitude dans notre   position actuelle où tout est morcelé,
                  tandis   que l'union projetée leur apparaît comme la   source de notre
                  importance, de notre sécurité   et de notre force dans l'avenir et un gage que
                  notre crédit s'augmentera et que la confiance   en nos ressources
                  amènera vers nous une d'être   fiers de notre développement prodigieux  
                  pendant les vingt-cinq dernières années, et   nous pouvons entrer avec
                  confiance dans   l'union projetée qui augmentera notre territoire, notre population
                  et notre puissance.   Nous débutons dans la carrière
                  avec un   trafic qui excède $137,000,000, des ressources   que nous avons
                  à développer,—ressources   inépuisables,—et nul obstacle ne s'oppose à  
                  notre avancement matériel. (Ecoutez ! )   Nous devons comprendre qu'un si
                  vaste   champ ouvert à l'activité humaine donnera   à nos populations des
                  aspirations plus élevées   et leur fera chérir ce que certaines personnes
                  peuvent encore appeler un rêve. L'empire   Russe étend sa puissance de
                  la mer Noire au   pôle nord. L'Amérique Britannique du Nord   peut viser à
                  la domination du nord de ce   continent, et ce nouvel empire se distinguera
                  par la sagesse et la stabilité de ses institutions en
                  s'efforçant de rivaliser avec les grandes   nations dont nous tirons notre
                  origine, dans   la pratique des mâles vertus et la diffusion   d'une
                  civilisation supérieure partout où ses   enfants iront planter leur tente.
                  (Applaudissements.) 
 
               
               
               
                  L'HON. M . VIDAL.—Je partage cordialement
                  l'opinion de l'hon. monsieur qui a   parlé en faveur d'une union des
                  provinces, et   je crois avec l'hon. premier ministre que cette   union
                  sera à l'avantage de toutes les provinces qui en formeront partie.
                  L'hon. premier ministre a peut-être exagéré les choses   en
                  disant que nous étions sur un plan incliné   et que le rejet de la
                  confédération proposée   nous conduirait aux Etats-Unis, mais les arguments qu'il
                  a fait valoir pour démontrer la   nécessité de
                  quelque changement propre à   nous mettre à l'abri des difficultés à venir
                  sont restés sans réponse et sont même, je   crois, irrécusables. Mais ce
                  que je ne saurais   approuver c'est la manière dont le projet a   été
                  soumis au parlement, car, en définitive,   on nous interdit de suggérer aucune
                  amélioration ou aucune modification aux détails.   J
                  'admets avec tous les hons. membres que la   question est de la plus haute
                  importance,   que nous n'essayons pas seulement aujour
                  81d'hui de mettre fin aux animosités de parti,   mais que
                  nous travaillons pour le bien-être   et à la prospérité de nos descendants;
                  par   suite, je ne saurais convenir avec l'hon.   membre pour la division
                  de Brock (l'hon.   M. BLAIR) que nous devons agir immédiatement et que tout délai
                  sera fatal.   On a dit que le pays était
                  suffisamment   préparé à ce changement ; telle n'est pas  mon opinion. On
                  n'a point consulté les   représentants du peuple sur les détails   quand
                  le peuple même devrait pouvoir   se prononcer. On présuppose que le plan  
                  de confédération est parfait et on veut   que la chambre l'adopte sans y
                  apporter   aucune modification; on assure que les neufdixièmes
                  de la population sont en faveur du   projet ; cela peut-être vrai pour
                  l'ensemble,   mais bien des détails rencontreront de l'opposition. Il est regrettable
                  que les " résolutions" n'aient pas
                  été présentées de manière à   permettre à la chambre d'exprimer ses vues  
                  sur les détails inacceptables et de suggérer   aux autorités impériales, qui
                  dresseront le   projet de loi, les amendements qu'elle aurait   jugés
                  désirables. L'hon. membre pour   Wellington (l'hon. M. SANBORN) a fait  
                  erreur en proposent son amendement;—   à proprement parler, les résolutions ne
                  sont autre chose qu'une convention passée   entre des parties étrangères
                  à la chambre,   et dont on nous donne simplement avis ;par
                  suite, nous ne pouvons rien y changer,  rien y modifier. Nous sommes dans
                  une fausse position; d'une part on nous   invite à discuter librement
                  cette grande   question, on demande notre avis et assistance,   mais en
                  même temps on nous informe qu'aucun changement n'est possible, en
                  un mot   on nous demande de voter les yeux fermés.   Parmi les opinions
                  diverses au sujet du bien   ou du mal que pourra produire la confédération, un fait
                  reste constant c'est que les   dépenses
                  publiques seront de beaucoup augmentées. Sans trop spécifier, le
                  Canada, par   exemple, devra maintenir deux législatures   locales et
                  payer en outre sa part au budget   du gouvememsnt fédéral; or, cette part ne
                  sera pas moindre que les dépenses actuelles.   Quant au changement
                  proposé dans la formation du conseil législatif je pense avec
                  l'hon. membre pour division de Niagara   (l'hon. M. CURRIE), que c'est
                  une mesure   peu sage, car enfin de quel droit priver   les électeurs de
                  leurs franchises sans même   les consulter? Mes électeurs m'ont envoyé  
                  ici pour légiférer en vertu de la constitution  
                  
 actuelle, mais non pas pour changer cette   constitution. L'expérience a
                  prouvé que   le système électif était avantageux, pourquoi   le changer,
                  pourquoi faire un pas en arrière?Le pays ne demande nullement
                  cela. On a   beaucoup parlé du danger d'un conflit entre   les deux
                  chambres électives: chose remarquable, avec le système actuel,
                  nous n'avons   jamais eu cette difficulté, tandis qu'en   Angleterre et en
                  Canada, avant l'introduction   du système électif, la couronne a souvent  
                  été appelée à régler des difficultés de ce   genre en nommant des membres
                  additionnels.   Or, quelle sera la position de la chambre   sous la
                  nouvelle constitution? Ce sera le   corps le moins responsable du monde; si un
                  conflit a lieu elle n'aura aucun moyen d'en   sortir, car les chances de
                  décès, de résignation ou d'acceptation de charges ne seront  
                  pas, bien qu'on en ait dit, suffisantes pour   mettre le gouvernement à même
                  de surmonter ces embarras ; telle est, paraît-il, l'opinion du secrétaire des colonies
                  et, selon   toutes
                  probabilités, il faudra laisser à la   couronne la liberté absolue d'exercer
                  sa   prérogative de nomination. Je n'entrerai pas   dans de plus longs
                  détails puisque les " résolutions" doivent être discutées 
seriatim—Je   demanderai toutefois, en
                  terminant, à quoi va   servir cette discussion puisqu'il s'agit seulement d'adopter
                  ou de rejeter, sans avoir le   droit d'y faire
                  aucun changement, le projet   qui nous est soumis.  
                  
 
               
               
               
                  L'Hon. Sir E. P. TACHÉ.—Je dois   déclarer que le projet
                  doit être adopté ou   rejeté dans son ensemble pour la raison qu'il   est
                  le fruit des délibérations non seulement   du gouvernement canadien, mais
                  aussi des   autres provinces. Il ne suit pas de là que   les députés qui
                  peuvent différer d'opinion sur   certains détails, n'aient pas le droit de
                  faire   inscrire leur dissentiment dans les journaux   de cette chambre.
                  Si les amendements   proposés sont emportés, la motion à l'effet   de
                  proposer une adresse devra être retirée,   mais, s'ils sont repoussés, alors
                  les députés   qui les ont appuyés auront l'avantage de   faire inscrire
                  leurs votes. Autrefois, avant   qu'on eût adopté le système d'enregistrer les
                  voix pour et contre, il était d'usage pour les   membres qui
                  s'opposaient à une mesure   en particulier, d' entrer, conformément à   la
                  pratique de la chambre des lords, un   protêt sur les journaux, dans lequel
                  étaient   assignées les raisons du dissentiment, et   à l'heure qu'il est,
                  je ne sache pas qu'il   existe de règle qui empêche d'avoir recours  
                  
                  82 à ce mode dans la présente occasion. Je   terminerai en
                  disant que les honorables   députés ont toute liberté de proposer des  
                  amendements, et, par ce moyen, de faire   connaître au pays les opinions
                  qu'ils entretiennent à ce sujet.  
                  
 
               
               
                Cris de " ajournement !" " ajoumement !"  
                  
               
               
               
               
                  L'Hon. M. MOORE.—Comme l'on paraît   se prononcer en
                  faveur d'un ajournement, je   demanderai à la chambre de m'accorder  
                  quelques minutes pour répondre à certaines   observations faites par le député
                  (l'hon.   M. VIDAL) qui vient de s'asseoir. Bien   qu'en principe, je
                  partage l'opinion émise   par l'hon. membre, il a, cependant, à mon  
                  avis, tombé dans une erreur, c'est quand   il a dit que la chambre n'avait pas
                  la   faculté d'amender les résolutions, mais   qu'elle devait les adopter
                  ou les rejeter   dans leur ensemble. Il est vrai que le   gouvernement
                  avait énoncé ce principe,   mais je crois que la question peut-être modifiée comme
                  toute autre question soumise à  la chambre. Mon hon.
                  ami a aussi dit que   puisqu'il était impossible de modifier ou   amender
                  le projet, c'était pure perte de temps   que de le discuter. Je me permettrai
                  à cet égard   de différer d'opinion avec l'hon. monsieur,   et je
                  maintiens que non seulement il est   utile, mais même qu'il est
                  essentiellement   nécessaire que les détails d'une mesure aussi   grave et
                  aussi importante pour le pays soient   discutés à fond. Un examen calme et
                  approfondi du sujet est nécessaire, et j'ai l'espoir   que
                  le gouvernement ne hâtera pas la passation de cette mesure de
                  manière à empêcher   les représentants du peuple de se prononcer  
                  franchement et sans entraves. Je crois aussi   qu'il serait important que les
                  députés eussent   le temps d'en conférer avec leurs mandataires. Je veux donc croire
                  que le gouvernement leur permettra
                  d'exprimer clairement   leurs vues, quand mêmes elles auraient le  
                  résultat de susciter des amendements au   projet.  
                  
 
               
               
               
                Les débats sont alors ajournés à demain.