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L'Assemblée Législative d'Assiniboia, 24 Juin 1870, Débats de la Confédération au Manitoba avec Canada.

Assemblée Législative d'Assiniboia

Chambre de l'Assemblée, Upper Fort Garry

Vendredi, 24 juin 1870

Le Président prend place au fauteuil à quatre heures P.M..
Le Révérend M. Richot occupe un siège dans la Chambre, par invitation.
Le Président, après quelques propos préliminaires, exprime le plaisir qu'il ressent de voir ici présent le Révérend M. Richot, un des délégués au Canada. L'arrivée du révérend père était impatiemment attendue, car il a été, dans un pays censé être plus civilisé que celui-ci, exposé à de très nombreux affronts et dangers. Le révérend père s'adressera lui-même à la Chambre pour faire un compte rendu des résultats de sa mission, et les honorables députés auront alors la possibilité de juger de l'issue de leur délégation à Ottawa. Pour ma propre part, a continué le Président, je ne peux m'empêcher de féliciter la délégation, mais principalement le Révérend M. Richot, pour l'issue de leurs labeurs, accomplis dans des circonstances de danger telles que ce n'est que grâce au bras protecteur du Ciel qu'ils ont pu les traverser sains et saufs. J'estime qu'il n'est que juste de féliciter le révérend père présent ici personnellement pour le courage, la persévérance et la sagesse qu'il a manifestés dans sa mission, et de lui souhaiter, en votre nom, ainsi que le mien, prospérité, bonheur et longue vie parmi nous (vives acclamations). [Il] demande au révérend père de faire un compte rendu du résultat de sa mission à la Chambre.
Le Révérend M. Richot s'adresse alors à la Chambre en français, et son discours est traduit en anglais par le Président. Le révérend père, en réponse aux propos du Président, dit — Même si les gens de ce pays étaient inquiets pour leurs délégués, nous n'étions pas craintifs, parce que si un certain nombre des étrangers du pays dans lequel nous étions étaient animés par un apparent désir de commettre une injustice, la grande masse des gens du Canada avait davantage égard à la justice et aux droits des hommes. Partout où nous sommes allés, tous les hommes, hommes d'affaires et gens qui avaient un intérêt considérable dans le pays nous ont traités, en tant que vos délégués, bien. Le délégué envoyé par le Gouvernement Britannique expressément pour nous rencontrer nous a reçus cordialement, comme l'a aussi fait le Gouvernement Canadien et le Gouverneur Général lui-même. Nous n'étions pas en danger, pour la raison supplémentaire que, comme il a été dit au Parlement, le Canada n'avait, en fait, aucune juridiction sur ce pays; et si on avait désiré une action juridique, il aurait fallu l'intenter ici, sous l'autorité du Gouvernement du jour. Une personne avait été nommée pour nous rencontrer à la ligne internationale, et dès que nous avons été à l'intérieur de cette ligne nous aurions dû être respectés, mais nous ne l'avons pas été. Malgré tout, par respect pour l'Angleterre et le Canada, et pour d'autres considérations, vos délégués se sont soumis aux indignités. Après un certain temps nous avons envoyé au Gouverneur Général une protestation contre ce traitement. Nous estimions qu'il nous incombait de le faire, par égard pour nous-mêmes, pour ceux qui nous avaient délégués, pour le Gouvernement d'ici, et pour le peuple du Nord-Ouest en général. (Une copie de la protestation est lue ici). Cette protestation a été faite sous la garantie de la proclamation du Gouverneur Général envoyée au Nord-Ouest dans le courant de l'hiver. Dans cette proclamation Son Excellence, en tant que représentant de la Reine, déclare qu'un pardon a été accordé à tous ceux qui se sont soulevés en armes (bravos). À notre protestation une réponse a été envoyée, que je remets.
Le Président lit la réponse de Son Excellence, qui accuse réception de la communication demandant protection, et déclare qu'elle a été transmise au Cabinet, où elle sera considérée aussitôt que possible.
Le Président— Au nom de cette Chambre, j'aimerais demander au Révérend M. Richot si nos délégués ont été reçus à titre de délégués du Gouvernement Provisoire, représentant le peuple du Nord-Ouest?
Le Révérend M. Richot— Nous avons été reçus à titre de délégués du Nord-Ouest; et, en privé, quand nous avons eu à traiter avec le Ministère Canadien, la Commission que nous avait donnée le Gouvernement Provisoire a reçu le respect qu'elle méritait. J'ai déjà communiqué avec le Gouvernement sur le sujet, mais, pour renseigner les députés, je déclare que nous avons été reçus comme délégués du Nord-Ouest le 11 avril. Nous avons été reçus par le Gouvernement à la frontière. Le 12, nous avons été reçus par le Ministère. Le 21, j'ai écrit une note privée au Secrétaire d'État; privée, parce que nous n'étions pas libres. Le 22 nous étions libres, et ensuite vos trois délégués ont adressé une note conjointe au Ministère lui demandant la reconnaissance officielle. Le Gouvernement avait commencé à traiter avec nous, mais nous ne voulions pas continuer sans réponse écrite. Le 26 nous avons reçu une réponse écrite, dans laquelle nous étions reconnus. Pour ce qui est d'un rapport complet, écrit, de notre mission, je préfère ne pas le présenter avant l'arrivée de mon co-délégué, ou des deux, s'ils viennent. En faisant un tel rapport maintenant, je pourrais oublier quelque chose, ou possiblement déclarer ce qui pourrait prêter à contradiction. Je suis ici aujourd'hui, parce qu'on me l'a demandé, pour assister à la séance de cette honorable Chambre, et fournir les renseignements que je peux entre-temps sur la délégation.
L'honorable M. Bunn, à qui on a demandé de le faire, lit la lettre de reconnaissance officielle, qui est comme suit :
« OTTAWA, 26 avril 1870.
{Rév. M. Richot,
{John Black,
{Alfred Scott.
Je dois accuser réception de votre lettre du 22 courant, annonçant que comme délégués du Nord-Ouest auprès du Gouvernement de la Puissance du Canada, vous désireriez avoir le plus tôt possible une audience du gouvernement, et en réponse, j'ai à vous informer que l'Honorable Sir John Macdonald et l'Hon. Sir George Cartier ont été autorisés par le gouvernement à traiter avec vous le sujet de votre mission; et ils seront prêts à vous recevoir à 11 heures.
J'ai l'honneur d'être, Votre très-obéissant serviteur, JOSEPH HOWE.
Le Révérend M. Richot— Dès que nous avons été reconnus comme délégués, le Ministère à Ottawa a fait lui-même une liste, qu'il se proposait de déposer au Parlement, et l'a soumise aux délégués. Mais nous avons dit que nous n'aurions rien à voir avec votre liste. Ce n'est pas à vous de nous proposer les conditions du traité. Nous sommes envoyés ici avec certaines instructions, et vous devez nous entendre. Nous avons produit notre Liste des Droits, mais ils nous ont dit qu'en tant que Ministres, ils ne pouvaient pas prendre la responsabilité de déposer un bill au Parlement qui embrasserait tous les articles spécifiés dans la liste. Ils ont ensuite dressé une autre liste, fort différente de celle envoyée par les gens du Nord-Ouest. Ils l'ont fait sous leur propre responsabilité, et pour la raison, que si notre liste avait été présentée au Parlement, elle aurait été rejetée, le Ministère serait tombé, et ce qu'en aurait été l'issue, en ce qui nous concerne, il est difficile de le dire. La liste dressée par le Ministère nous a été soumise en notre qualité de délégués, et le Gouverneur Général nous a demandé si on ne pouvait pas parvenir à un arrangement, dans lequel, au lieu d'avoir deux listes, il n'y en aurait qu'une, et a dit que s'il était impossible de faire concorder les deux listes, il lui serait nécessaire de recevoir la délégation et de traiter avec elle au nom de l'Angleterre. Encore une fois, nous avons vu que des dispositions avaient été prises de sorte que, même si nous ne pouvions pas parvenir à une entente avec le Gouverneur Général, un agent spécial avait été envoyé par le Gouvernement Anglais pour traiter avec nous. Je fais allusion à Sir Clinton Murdoch. En réponse au Gouverneur Général, nous avons dit que nous ne prendrions pas de décision définitive alors, mais espérions qu'un accord pourrait être conclu entre les Ministres et les délégués qui rapprocherait la liste ministérielle de celle des gens du Nord-Ouest, et permettrait aux deux parties d'en convenir. Cela a été fait. Nous sommes arrivés à une entente, et une autre liste a été formée à partir des deux premières mentionnées. Nous avons mis cette liste entre les mains d'hommes compétents, des avocats, afin d'obtenir une opinion entièrement fiable de ses mérites. Nous désirions savoir clairement si la mesure proposée en était une que nous pouvions raisonnablement accepter, et que le Canada pouvait raisonnablement offrir. Ceux à qui nous avons soumis la mesure étaient des hommes de différentes Provinces de la Puissance, des hommes qui sympathisaient avec nous, et ils ont convenu qu'il serait à notre avantage de l'accepter. Ensuite elle a été déposée au Parlement; et a subséquemment reçu la sanction des deux Chambres de la Législature. À un autre moment, nous avons eu quelques explications avec le Ministère à propos de la question des terres, décrite dans l'Acte de Manitoba, et avons reçu des assurances satisfaisantes d'eux. Chaque fois qu'il y a un doute sur le sens de l'acte, permettez-moi d'affirmer qu'il doit être interprété en notre faveur (acclamations). Ce n'est que juste, parce que, manifestement, une loi telle que celle-ci qui a trait aux terres, par exemple, doit être interprétée en faveur des gens pour qui elle est faite. Pour ce qui est de la question d'une réserve, je dois dire que le Ministère nous a d'abord offert 100,000 acres, à donner aux Métis du pays pour leurs enfants. Mais nous leur avons dit que ce n'était pas assez. Nous avons demandé 3,000,000 d'acres (bravos, et acclamations), mais on nous a dit que nous ne pouvions pas en avoir autant. Encore une fois, nous étions anxieux d'obtenir la réserve foncière pour le bien de tous les enfants du pays, autant blancs que métis. Nous avons durement essayé de l'obtenir; mais le Ministère nous a dit qu'il ne pouvait pas l'accorder, comme le seul motif pour lequel des terres pouvaient être données était pour l'extinction du titre indien. Il est raisonnable que lors de l'extinction du titre indien, les enfants qui ont du sang indien dans leurs veines reçoivent des concessions de terres; mais c'était le seul motif pour lequel les Ministres pouvaient demander une réserve au Parlement. Cela devait être une réserve pour les mineurs ayant du sang indien, mais pas pour les adultes, car ces derniers ont toutes les libertés de l'autonomie gouvernementale et tous les droits des Blancs. Ils ont déjà des terres, ou, s'ils n'en ont pas, c'est leur propre faute. Ayant donc les droits et libertés des Blancs, les adultes, même ceux qui ont du sang indien, ne bénéficient d'aucun privilège spécial. Mais c'est différent pour les enfants. Ceux qui sont en âge ont le droit de prendre des terres inoccupées là où ça leur plaît, et toutes celles qu'ils possèdent maintenant sont à eux, payées ou impayées. Comme autre argument contre une concession de terres à tous les enfants de la colonie, les Ministres ont insisté que cela provoquerait des problèmes dans les autres colonies. À présent, par ailleurs, il était clair que les gens de cette colonie avaient de nombreux avantages spéciaux. Car en plus de ce que l'Acte de Manitoba nous conférait exclusivement, nous étions dans une large mesure les gagnants dans l'Acte de Confédération général.
L'honorable M. O'Donoghue— Certains messieurs présents ne comprennent pas clairement, je crois, l'article 31 de l'Acte de Manitoba, qui mentionne l'extinction du titre indien par une concession de terres.
Le Président— La concession est faite pour éteindre la partie du titre indien qui est héritée par les enfants qui ont du sang indien. Mais, à part cela, le titre indien général doit être éteint en étant traité séparément. Tous ceux qui ont du sang indien ont un titre qui doit être éteint de même que la prétention indienne générale.
Le Révérend M. Richot —Le titre métis, en ce qui a trait au sang indien, n'est pas entièrement certain. Mais, afin de conclure un arrangement définitif et satisfaisant, on a jugé préférable de le considérer comme étant certain, et d'éteindre le droit de la minorité comme Indiens; et pour cette raison 1,400,000 acres ont été mis de côté par le Gouvernement Canadien pour les enfants métis du pays, pour éteindre leur droit admis comme Métis. Cette réserve ne va aucunement à l'encontre de l'article 91 de l'Acte général, où il est stipulé que certaines parcelles de terrain doivent être réservées aux Indiens, et possédées par eux.
L'honorable M. O'Donoghue—Un honorable député près de moi pose la question, est-ce que les Métis qui prennent ces réserves doivent être considérés comme des mineurs, comme dans l'Acte de Confédération?
Le Révérend M. Richot— Non.
L'honorable M. O'Donoghue— C'est juste.
Le Révérend M. Richot— Les Ministres au début ont durement lutté contre nous sur ce sujet. Ils ont dit, vous réclamez pour les Métis les droits et libertés des gens civilisés, et en même temps vous voulez qu'ils aient certains droits comme Indiens. Nous ne pouvons pas reconnaître ces deux prétentions. Nous avons répondu : si vous ne voulez pas reconnaître ces droits, ne nous demandez pas d'entrer dans la Confédération. Nous ne sommes pas obligés d'entrer dans la Puissance. Ils ont répondu qu'ils souhaitaient l'achèvement de la Confédération. Nous avons soutenu, encore une fois, que bien que les Métis demandent à être reconnus comme des gens civilisés, ils n'ont pas pour autant perdu les prétentions qui viennent de leur sang indien. Ces prétentions ne sont pas moins bonnes, parce que par leur énergie dans la chasse et l'agriculture, les Métis se sont élevés à une position plus haute que les Indiens. L'Angleterre est entièrement disposée à accorder tout le respect qui lui est dû au titre indien; et, ce faisant, ne passera pas outre aux réclamations des Métis pour les droits qui leur reviennent de cette manière (acclamations). Permettez-moi de saisir cette occasion de dire que mes co-délégués ont travaillé sincèrement avec moi dans notre mission pour garantir les droits des gens d'ici, et M. Alfred Scott, particulièrement, qui a été tellement insulté par la Presse, a fait un excellent travail, et gagné l'estime des Ministres par son tact et son adresse (acclamations). Pour ce qui est du Juge Black, je n'ai qu'à mentionner son nom pour que vous soyez certains qu'il a fait une bonne impression au Gouvernement et à tous ceux avec qui il est entré en contact, et qu'il a fait de bonnes choses pour nous (acclamations). En outre, j'ajoute que sur toutes les questions, vos délégués étaient parfaitement en accord (vives acclamations).
Le Président— J'aimerais m'assurer d'un point, qui est d'une grande importance. Allons-nous entrer dans la Confédération seulement pour donner au Canada pouvoir sur nous?
Le Révérend M. Richot — Permettez-moi de commencer en faisant allusion à la question d'amnistie, dont j'ai entendu parler dans la Colonie. C'est pour régler ce point que la 19 clause de notre Liste a été préparée, et nous l'avons préconisée dès que nous sommes arrivés pour traiter avec le Canada. Nous avons dit que nous ne ferions rien tant que cela ne serait pas convenu. On nous a répondu que le Gouvernement Canadien n'avait pas à s'immiscer dans ce pays, et devrait plutôt nous demander pardon de nous avoir perturbés. S'ils sont venus ici sans autorité et ont essayé de faire la guerre à nos gens par l'entremise de leurs agents, ils ont fait ce qu'ils n'avaient aucun droit de faire. Par conséquent, le Canada n'a rien à dire sur cette question d'amnistie. C'est l'affaire de la Couronne. La Couronne est représentée de facto par le Gouvernement Provisoire. Étant responsable du Gouvernement du pays, la Couronne aurait dû prendre des dispositions à cet égard; et c'est la faute de l'Angleterre si nous avons été contraints d'établir un Gouvernement Provisoire. Pour ce qui est des dettes de ce Gouvernement Provisoire, il faut comprendre que dès qu'il cesse d'exister, il n'en reste rien, et il ne peut être attaqué d'aucune façon. Il périt entièrement dès que l'autorité de la Couronne arrive ici, et ceux qui pourraient avoir perdu à cause de lui, devront demander dédommagement à la Couronne. Le Canada est venu ici un peu trop tôt, et devra payer une portion de la dette du Gouvernement Provisoire, ainsi que quelques autres parties. En fait, entre la Couronne et le Canada et la Compagnie de la Baie d'Hudson, toutes les dépenses devront être arrangées. Le Gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, le délégué de la Couronne au Canada, Sir Clinton Murdoch, le Gouvernement Canadien, le Juge Black, Donald A. Smith, et les autres délégués, ont tous convenu ensemble du paiement de la dette ainsi que je l'ai énoncé (bravos). Il y a un autre point que j'aimerais évoquer. Les Ministres nous ont demandé s'il y avait des objections à ce que le Lieutenant-Gouverneur du Manitoba soit aussi le Lieutenant-Gouverneur des Territoires du Nord-Ouest? Et nous, en tant que délégués, avons répondu que nous n'étions au courant d'aucune objection, mais pensions que ce serait plutôt un avantage qu'il occupe les deux postes. Il a donc été arrangé que le Lieutenant-Gouverneur du Manitoba serait aussi Lieutenant-Gouverneur des Territoires du Nord-Ouest.
L'honorable M. O'Donoghue— Il sera le roi du Nord-Ouest (rires).
Le Révérend M. Richot— Une explication s'impose à propos d'une autre affaire : les pêcheries. La Province de Manitoba, vous le remarquerez, est exemptée de la loi générale de la Confédération sur la protection des pêcheries. Dans plusieurs saisons les gens de ce pays veulent, par nécessité, faire libre usage des rivières et des lacs, et ils auront donc les mêmes privilèges de pêche que jusqu'à maintenant.
L'honorable M. Bannatyne— C'est-à-dire qu'ils ne seront pas obligés de se conformer aux lois de la Confédération sur les pêcheries?
Le Président— C'est juste.
Le Révérend M. Richot— On a pensé qu'il ne serait pas très bon de faire des lois pour protéger les poissons quand les gens ont faim (rires). Encore ici, pour ce qui est du montant versé par le Canada au Gouvernement du pays, ils ont proposé $20,000, mais nous nous sommes objectés pour le motif qu'une telle somme ne serait pas du tout suffisante. Nous avons fait valoir qu'il s'agit d'un nouveau pays, où les circonstances pour la promotion de l'éducation, etc., ne sont pas les mêmes que dans d'autres pays, et que le Gouvernement aurait à faire des dépenses pour l'éducation et l'agriculture. Dans les circonstances, ils ont augmenté le montant à $30,000.
L'honorable M. Bunn lit la lettre qui suit, comme autre explication de l'Acte de Manitoba :
MINISTÈRE DE LA MILICE ET DE LA DÉFENSE.
Ottawa, 23 mai 1870.
MESSIEURS — Au sujet des observations que vous avez faites relativement au quatrième paragraphe de l'article 32 de l'Acte visant à établir et pourvoir le Gouvernement, de la Province de Manitoba, qui dit que « toute personne étant en possession paisible d'étendues de terre, à l'époque du transfert au Canada, dans les parties de la province dans lesquelles les titres des Sauvages n'ont pas été éteints, pourra exercer le droit de préemption à l'égard de ces terres, aux termes et conditions qui pourront être arrêtés par le gouverneur en conseil » — Je suis en position de vous donner l'assurance des membres du Gouvernement que dès que le Gouvernement sera capable de concéder les actes de cession nécessaires, aucun paiement ne sera exigé des personnes mentionnées dans ce paragraphe, mais qu'elles seront placées sur le même pied que celles mentionnées dans les 3 paragraphes précédents.
Permettez-moi d'attirer votre attention sur l'entrevue que vous avez eue avec Son Excellence le Gouverneur-Général le 19 courant, à laquelle j'étais présent, et où il a plû à Son Excellence d'exprimer que la politique libérale que le gouvernement se propose de suivre à l'égard des personnes à qui vous vous intéressez est correcte et est celle qui devrait être adoptée.
J'ai l'honneur d'être, Messieurs, Votre très-obéissant serviteur, GEO. E. CARTIER, Ministre de la Milice et de la Défense.
P.S. — Vous pouvez en tout temps faire usage de la présente de telle manière que vous le jugerez à propos, dans toute explication que vous pourriez avoir à donner, concernant l'objet pour lequel vous avez été envoyés en délégués auprès du gouvernement du Canada. — G.E.C.
À M.M. Richot et Scott,
J'ai l'honneur de vous donner l'assurance de ma propre part, ainsi qu'au nom de mes collègues, à l'égard des 1,400,000 acres de terre réservées par le 31 article de l'Acte de Manitoba au bénéfice des familles des Métis résidents, que les règlements que le Gouverneur en Conseil est autorisé à établir de temps à autre au sujet de cette réserve, seront de nature à satisfaire les souhaits des Métis résidents, et à assurer de la manière la plus efficace et équitable le partage de cette étendue de terre entre les enfants des chefs de famille métis domiciliés au Manitoba au moment du transfert qui doit être fait au Canada.
J'ai l'honneur d'être, Messieurs, Votre très-obéissant serviteur, GEO. ET. CARTIER, Ministre de la Milice et de la Défense.
Le Révérend M. Richot — Il faut comprendre le mot « résident » comme incluant tous ceux qui ont un domicile ici, même s'ils sont en voyage. Pour ce qui est du résultat de la mission de vos délégués dans l'ensemble, je dis seulement que comme le Gouvernement Canadien semble réellement sérieux, il faut le croire et nous pouvons lui faire confiance (acclamations). Ma propre conviction est que le Gouvernement Canadien et le Gouvernement Anglais sont tous les deux désireux de faire ce qu'ils peuvent pour bien nous traiter (acclamations). J'ai découvert que notre futur Lieutenant-Gouverneur est considéré comme étant un véritable gentilhomme et quelqu'un qui agira avec justice envers tout le monde (acclamations). Pour ce qui est des troupes, je n'ai jamais dit un mot pour ou contre leur venue. Mais les intentions du Gouvernement à cet égard semblent assez justes. Leur intention est bonne en l'occurrence (acclamations).
Le Président — Toutes les explications attendues ont été données par notre délégué.
Le Révérend M. Richot — Un mot, sur les gens du Canada avec qui nous sommes entrés en contact. J'ai trouvé qu'ils étaient très bons, généreux et justes, et qu'ils n'avaient pas, en règle générale, le même point de vue sur les choses que certains journaux. Ils voient les événements de l'hiver dernier sous le bon jour; et, tout en censurant là où ils pensent que c'est mérité, ils ne blâment pas les gens, car ils pensent qu'ils étaient dans ces circonstances particulières. Et, pour ce qui est de l'action du Gouvernement, on estime que comme il a été attaqué, devait se défendre, aucun autre groupe d'hommes n'aurait pu, peut-être, en faire moins dans les circonstances (bravos).
L'honorable M. Bunn, appuyé par l'honorable M. Bannatyne, propose un vote de remerciement pour le Révérend M. Richot en sa qualité de délégué au Canada — J'ai le grand plaisir de proposer un vote de remerciement au Révérend M. Richot. Nous devons tous être reconnaissants à ce monsieur et à ses co-délégués pour le succès avec lequel ils ont accompli leur travail, pour le risque couru, et pour le temps, la peine et la dépense qu'ils ont pris dans sa réalisation (acclamations). Dans la première motion déposée devant notre Parlement pendant sa première session, j'ai pris la liberté d'exprimer notre confiance que l'Angleterre veillerait aux besoins de nos gens, dès qu'ils seraient portés à sa connaissance; et elle l'a fait (acclamations). Selon le rapport présenté par le Révérend M. Richot, on voit que cette confiance n'était pas mal placée, mais que l'Angleterre est encore la bonne vieille Angleterre (vives acclamations). J'ai le grand plaisir de proposer un vote de remerciement à notre délégué, M. Richot (acclamations).
Le Révérend M. Richot — Pour ma part, j'ai exprimé à peu près la même chose au Gouverneur Général et à Sir Clinton Murdoch. Je leur ai dit que les gens avaient expulsé M. McDougall, mais étaient certains que dès que l'Angleterre connaîtrait les causes de leur mécontentement, elle serait disposée à les satisfaire (acclamations).
L'honorable M. Schmidt appuie chaleureusement le vote de remerciement au Révérend M. Richot.
La résolution est adoptée au milieu de vives acclamations.
Le Président — Nous avons vu l'Acte de Manitoba, avons entendu le rapport de notre délégation, et maintenant nous devons passer à autre chose. Est-ce l'intention de la Chambre de se prononcer sur l'Acte de Manitoba?
L'honorable M. Schmidt, appuyé par l'honorable M. Poitras, propose que l'Assemblée Législative de ce pays adopte maintenant, au nom du peuple, l'Acte de Manitoba, et décide d'entrer dans la Puissance du Canada, aux conditions proposées dans l'Acte de Confédération. — Adopté parmi de vives acclamations.
Le Révérend M. Richot obtient encore une fois la permission de s'adresser à la Chambre, en acceptant le vote de remerciement qui lui a été accordé, [il] dit — En tant que délégué, vous comprendrez, bien sûr, que ma position était très difficile. Le bill sur le Manitoba a été adopté; mais, vous le remarquerez, il diffère de notre Liste des Droits, et, en tant que délégués, nous ne pouvions pas dire si les gens du Nord-Ouest l'accepteraient. Par conséquent, bien que pleinement conscients du fait que nous avions de nombreux amis au Canada, dans la Législature et en dehors de celle-ci, nous ne pouvions pas leur exprimer notre sentiment de gratitude. La seule chose que nous pouvions faire était de les remercier pour leur sympathie. Mais maintenant que notre travail, et celui du Parlement Canadien, a été ratifié par cette Chambre, mon désir est, premièrement, de remercier les gens de ce pays pour la noble position qu'ils ont prise sur cette question. Je dois remercier le Ministère canadien, particulièrement Sir John A. Macdonald et Sir George Cartier, pour le bill libéral qu'ils ont formulé, avec l'assistance de la délégation. Je dois remercier la Chambre des Communes et le Parlement de la Puissance en général : parce qu'alors que 120 ont voté pour nous, seulement 11 se sont trouvés contre nous (acclamations). Je dois aussi remercier la Reine d'Angleterre, dont j'ai toujours été le sujet, dont je suis le sujet aujourd'hui (vives acclamations). Mais, surtout, je dois exprimer mes remerciements et ma gratitude à un Pouvoir plus haut que tous les autres. Je dois remercier une Providence toute puissante de m'avoir guidé à travers tant de difficultés et de dangers. Nous ne devons pas non plus maintenant juger sévèrement ceux qui n'ont pas osé venir avec nous et demander des droits; parce que c'était une chose très risquée et imprudente. Que nous ayons réussi, est dû à la Providence. Nous avons réussi, mais nous avons vu combien difficile la tâche a été. Pourquoi? Parce que nous étions divisés. Mais maintenant que nous sommes unis, nous serons un peuple fort, et notre petite Province sera la Province Modèle de la Confédération (acclamations). Nous aurons un afflux d'étrangers ici. Nous les voulons, et serons heureux de les recevoir (acclamations). Mais soyons assez intelligents pour distinguer entre les bons et ceux qui viennent seulement à des fins égoïstes, pour travailler contre nous (acclamations). Permettez-moi d'ajouter à ce que j'ai dit au sujet de l'Acte de Manitoba, qu'au début l'intention était de laisser Portage Laprairie [sic] en dehors de la Province. Les délégués s'y opposaient, ceux qui le prônaient étaient les ennemis du Portage, et dès que les Ministres ont compris entièrement l'affaire, ils ont inclus ce district dans le bill (acclamations). J'aimerais, pour ma part, qu'on comprenne bien que tout ce que j'ai fait par le passé a été fait de bonne foi et avec le désir de servir le pays (acclamations). Je n'ai jamais essayé de travailler contre une partie quelconque du peuple. En tant que délégué, j'ai apporté le bill au Canada, et travaillé à ce bill pour les gens du pays dans l'ensemble, sans distinction (bravos). J'offre ma sympathie à toutes les dénominations au pays, et répète que s'il y en a eu parmi nous qui n'ont pas osé s'opposer à McDougall, ils avaient peut-être raison. Quand nous étions au Canada, permettez-moi de dire, en conclusion, que nous avons eu non seulement toute la sympathie et l'attention auxquelles nous pouvions nous attendre, mais qu'on a exprimé de l'admiration pour la position prise par les gens, qui s'étaient montrés, pensait-on, être des gens réfléchis, prudents, conscients d'un plan, résolus à agir, de sorte que, bien que menacés par des dangers de la plus grande magnitude, ils ont traversé presque indemnes la crise (vives acclamations).
Sur motion de l'honorable M. Schmidt —Je vais maintenant faire une autre motion découlant des précédentes. Je propose que nous souhaitions la bienvenue au nouveau Gouverneur à son arrivée (acclamations). — Il est résolu à l'unanimité que le nouveau Gouverneur serait bien accueilli à son arrivée.
Le Président s'adresse alors à l'Assemblée, pour clore la séance — Nous ne pouvons pas nous attendre à épuiser le sujet. Si nous avons le bonheur de rencontrer bientôt le nouveau Lieutenant-Gouverneur, nous aurons assez de temps et d'occasions pour exprimer nos sentiments. Pour le moment permettez-moi de ne dire qu'une chose. Je félicite les gens du Nord-Ouest de l'heureuse issue de leur entreprise (acclamations). Je les félicite de leur modération et de leur fermeté dans leur dessein; et je les félicite d'avoir eu assez confiance en la Couronne d'Angleterre pour croire qu'ils finiraient par obtenir leurs droits (acclamations). Je dois aussi féliciter le pays de passer de ce régime provisoire à un autre de caractère plus permanent et plus satisfaisant. D'après tout ce qu'on a pu apprendre, il y a aussi amplement lieu de se féliciter pour la sélection du Lieutenant-Gouverneur qui a été faite. Quant à moi, ce sera mon devoir et mon plaisir, plus que tout autre, de souhaiter la bienvenue au nouveau Gouverneur à son arrivée (vives acclamations). J'aimerais être le premier à lui présenter les hommages qui lui sont dus en sa qualité de représentant de la Couronne (acclamations). Il reste encore quelque chose à faire. Bien des gens sont encore inquiets et emplis de doutes. Continuons le travail dans lequel nous nous sommes engagés dernièrement : cultiver la paix et l'amitié, et faire ce qui peut être fait pour convaincre ces gens que nous n'avons jamais voulu les léser (acclamations), mais que ce qui a été fait l'a été autant dans leur intérêt que dans le nôtre (bravo).
Le Révérend M. Richot — J'aimerais dire un mot. Il est facile de soulever des objections à l'Acte de Manitoba, en commençant par un point de vue américain. J'ai entendu de nombreuses telles objections. Mais elles n'ont aucun poids pour nous (acclamations).
Le Président, en quelques mots, proroge la Chambre.

Source:

Manitoba. Débats de l'Assemblée législative d'Assiniboia. Édité par Norma Jean Hall. 2010. Numérisé par la Province du Manitoba.

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