LUNDI, 13 mars 1865.
               
               
               
               L'
HON. Proc.—Gén. MACDONALD—  
                  Lorsque la chambre était sur le point de  
                  s'ajourner vendredi soir, M. l'ORATEUR, il  
                  a été convenu que nous terminerions aujourd'hui les débats sur l'adresse. En conséquence,
                  je propose:  
  
               
               
               
               "Qu'un comité, composé des hon. MM. les procureurs-généraux MacDonald et Cartier,
                  des hon.  
                  MM. Galt et Brown et de M M . Robitaille et Haultain, soit nommé pour préparer le
                  projet d'une  
                  adresse à Sa Majesté, basé sur les résolutions  
                  adoptées vendredi dernier, le 10 du courant, au  
                  sujet de l'union des colonies de l'Amérique Britannique du Nord."  
 
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—Avant que  
                  cette motion ne soit adoptée, M. l'ORATEUR,  
                  je me propose de présenter,—car je crois  
                  que c'est maintenant le moment de le faire,—  
                  la résolution dont j'ai donné avis il y a  
                  quelques jours. Je désire donc mettre entre  
                  vos mains, M. l'ORATEUR secondé par M.  
                  M. C. CAMERON, cette résolution qui est  
                  comme suit:  
  
               
               
               
               "Que tous les mots après" Que" soient retranchés, et qu'ils soient remplacés par les
                  suivants:  
                  " il soit présenté une humble adresse à Son Excellence le gouverneur-général, demandant
                  à Son  
                  Excellence de vouloir bien, en vue des grands intérêts qui sont mis en jeu dans une
                  mesure si importante, et qui change entièrement la constitution  
                  de cette province, ordonner qu'il soit fait un  
                  appel au peuple avant que le parlement impérial  
                  ne confirme ou décrète la dite mesure."  
 
               
               
               
               J'ai compris l'autre jour que l'hon. récureur-général du Haut-Canada avait insentation
                  de soulever une question d'ordre à  
                  propos de la présentation de cette résolution  
                  à cette phase des débats. Je voudrais  
                  savoir si telle est encore son intention, parce  
                  que, dans ce cas, je me bornerai à discuter  
                  ce point en premier lieu.  
 
               
               
               
               L'
HON. Proc.—Gén. MACDONALD—  
                  Oui, je soulève l'objection. Je ne veux pas  
                  provequer de discussion, mais seulement  
                  demander la décision de M. l'Orateur sur  
                  le point d'ordre.  
  
               
               
               
               
               
               L'
HON. M. L'ORATEUR—Ayant appris  
                  que le point d'ordre devait être soulevé, j'ai  
                  étudié la question, et je déclare que la présentation de cette résolution est dans
                  l'ordre.  
  
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—Je vais  
                  donc, dans ce cas, présenter à la chambre les  
                  remarques que je crois nécessaire de faire,  
                  tant sur la question générale que sur la  
                  matière particulière de ma motion. Et,  
                  comme la chambre sait que je la trouble  
                  très rarement de mes discours sur aucune  
                  question, à moins que je ne la regarde comme  
                  importante, et que lorsque je le fais j'occupe rarement le temps de la chambre pendant
                  longtemps, "espère qu'elle m'accordora toute son indulgence pendant que je  
                  ferai ces remarques. En considérant la  
                  longueur du temps occupé à la discussion  
                  de ce sujet, et le grand désir qui existe dans  
                  l'esprit de tout le monde, que cette affaire  
                  soit terminée le plus rapidement possible, je  
                  puis promettre à la chambre que je serai  
                  court. J'ai déjà, en tout que mon vote  
                  individuel dans cet-te chambre y est concerné,  
                  fait exactement ce que j'aurais fait si je  
                  n'avais été qu'un simple électeur appelé à  
                  voter. Nous nous sommes prononcés sur les  
                  résolutions soumises à la chambre, et j'ai  
                  rouvé jusqu'à quel point j'en appréciais  
                  'importance et la nécessité en votant en leur  
                  faveur,—et, si je devais exercer mon droit  
                  de vote comme électeur, je ferais, en dehors  
                  de la chambre, ce que j'ai fait dans son  
                  enceinte, et je me déclarerais en faveur de  
                  ces résolutions, tout en n'étant pas convaincu  
                  que le projet d'une confédération des provinces serait aussi avantageux qu'un projet
                  
                  plus vaste d'union législative. Mais j'ai  
                  toujours cru que, si l'on voulait obtenir  
                  quelque chose à l'avantage du pays, il ne  
                  fallait pas insister sur ce qui est impossible,  
                  —sur ce qui ne peut—être obtenu,—mais  
                  qu'il fallait chercher à obtenir ce que l'on  
                  peut raisonnablement atteindre, et avec le  
                  temps ou peut parvenir à réaliser ce qui de  
                  de loin parait impossible. (Ecoutez!) Je  
                  crois que la confédération des colonies nous  
                  conduira plus tard à une union législative.  
                  La seule difficulté que j'aie éprouvée, est  
                  que je crois qu'il aurait été infiniment  
                  mieux si tous les pouvoirs donnés aux gouvernements locaux étaient aussi donnés au
                  
                  gouvernement général, de manière que  
                  lorsque le temps serait arrivé, lorsque toutes  
                  ces petites étoiles tomberaient du firmament,  
                  le gouvernement général posséderait tous ces  
                  pouvoirs, et qu'i n'y aurait alors aucune  
                  
                  
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                  nécessité de refaire une nouvelle constitution. Je crois que l'on peut envisager ce
                  
                  sujet sous trois aspects différents: premièrement, à l'égard de la nécessité d'un
                  changement dans la constitution; secondement,  
                  à l'égard de la nature des changements  
                  proposés. et eonrment ils affecteront les intéréts qu'ils embrassent; et troisièmement,
                  à  
                  l'égard de la convenance de soumettre la  
                  mesure au peuple avant qu'elle ne soit finalement décrétée par le gouvernement impérial.
                  Quant au premier point—la nécessité  
                  d'un changement—je crois qu'il y a bien  
                  peu de gens dans le pays, dans quelque  
                  partie qu'ils se trouvent, qui diront qu'un  
                  changement quelconque dans la constitution  
                  du pays n'est pas devenu nécessaire. Je  
                  pense que nous sommes tous convaincus que  
                  les choses ne peuvent pas continuer à  
                  marcher telles qu'elles sont aujourd'hui. Je  
                  crois que nous sonnnes tous convaincus que  
                  le peuple s'attend à un changement, au  
                  moyen duquel il espère que nous parviendrons à un plus haut degré de prospérité  
                  que celle dont nous avons joui depuis  
                  quelques années. Pour ma part, je suis  
                  fermement convaincu—contre l'opinion de  
                  deux ou trois hon. messieurs qui ont parlé  
                  l'autre soir—qu'il n'y a pas ou, depuis  
                  l'Union des provinces, une plus grande  
                  gêne, une plus grande absence du sentiment  
                  de la prospérité, dans toute la partie occidentale du Canada, qu'il n'en existe en
                  ce  
                  moment. Je crois que, dans quelque partie  
                  du pays que vous alliez, vous trouverez  
                  qu'une suite de mauvaises récoltes, et les  
                  difficultés survenues en conséquence de ce  
                  que de fortes sommes d'argent avaient été  
                  empruntées à un intérêt élevé, et la nécessité de faire de fortes remises en Angleterre,—que
                  toutes ces causes ont lourdement  
                  pesé sur l'énergie et l'activité du peuple, et  
                  ont contribué à les paralyser. C'est pourquoi  
                  il s'attend de toutes parts, avec tout l'espoir  
                  qu'il peut y apporter, à des changements  
                  en des modifications qui seront de nature à  
                  le placer sur un meilleur pied que celui sur  
                  lequel il a été jusqu'à présent. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Le président du conseil a cru  
                  depuis plusieurs années, avec un grand  
                  nombre de ceux qui ont toujours eu l'habitude de marcher avec lui, que si nous  
                  obtenions, dans la partie occidentale du  
                  Canada, la représentation basée sur la population, cela aurait une grande influence
                  pour  
                  stimuler l'énergie du peuple et le placer  
                  dans une bien meilleure position que celle  
                  
                  
                  
                  qu'il occupe aujourd'hui. Je suis convaincu,  
                  avec cet hon. monsieur, que cela aurait en  
                  cet effet à un point très considérable. Mais  
                  nous connaissons parfaitement l'antagonisme  
                  qui existait entre les deux sections, et que  
                  cette mesure, tout en étant demandée avec  
                  instance par le Haut-Canada, était repoussée  
                  par le Bas-Canada. Nous avons senti—et.  
                  sans doute un grand nombre des habitants  
                  du Bas-Canada aussi—que cette confédération des colonies de l'Amérique Britannique
                  
                  du Nord n'aurait probablement pas atteint  
                  le point qu'elle a atteint, silos demandes——  
                  lcsjustcs demandes—du Haut-Canada avaient  
                  été favorablement reçues par le Bas- Canada;  
                  —si nous avions été placés, sur le parquet  
                  de cette chambre, dans la. position que nous  
                  croyions pouvoir exiger de la législature en  
                  considération des intérêts de la partie occidentale du Canada. (Ecoutez! écoutez!)
                  Mais  
                  cela n'a pas été fait. Le Bas-Canada pensait  
                  ne, si la représentation basée sur la population était concédée, ses institutions
                  auraient  
                  couru des dangers étant ainsi placées à la  
                  merci d'un plus grand nombre de représentants du Haut-Canada. Je crois que le peuple
                  
                  du Bas-Canada se trompait sous ce rapport.  
                  Je ne crois pas que ses institutions auraient  
                  été traitées d'une manière a froisser les sentiments de ses habitants. Le peuple du
                  Haut- Canada, je crois, a toujours été prêt a faire  
                  ce qui était juste et raisonnable envers le  
                  peuple du Bas-Canada. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Je n'ai aucun doute, cependant, que le peuple  
                  du Bas-Canada serait bien plus prêt à accepter un projet comme celui-ci, qui lui donnerait
                  une législature locale our administrer  
                  ses propres affaires locales, plutôt que d'adopter une mesure qui le mettrait dans
                  ce qu'il  
                  croirait être une position inférieure sous le  
                  rapport du nombre des représentants en cette  
                  chambre, et dans une position inférieure sous  
                  le rapport du pouvoir—en supposant que la  
                  représentation dans la législature-unie du Canada fût basée sur la population. Il
                  ne peut  
                  y avoir aucun doute que l'idée de la nécessité  
                  d'un changement est venue non seulement du  
                  sentiment dont je viens de parler, mais encore  
                  des circonstances qui se rattachent à nos relations avec la république voisine denuis
                  trois  
                  ou quatre ans. Le traité de réciprocité a été  
                  passé il y a dix ans, a une époque où la valeur  
                  donnée aux Canada par le pays voisin était  
                  bien différente de celle qu'i leur donne aujourd'hui,—lorsque les hommes d'Etat des
                  
                  Etats-Unis croyaient que l'effet de ce traité  
                  serait de faire mûrir graduellement la poire de  
                  
                  
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                  ce pays, jusqu'à ce qu'elle fût prête à tomber  
                  entre leurs mains. Et incontestablement les  
                  vues de beaucoin de ceux qui consentaicnt  
                  a ce traité de réciprocité, à cette époque,  
                  étaient qu'ils espéraient que son effet serait  
                  de faciliter graduellement l'absorption de  
                  ces colonies par les Etats-Unis,—de créer  
                  un sentiment favorable à l'annexion, et d'arrêter le sentiment d'un tout autre caractère
                  
                  qui s'élevait alors. Mais aujourd'hui, il n'y  
                  a aucun doute que la disposition à abroger  
                  le traité de réciprocité, ne provient pas  
                  seulement d'un sentiment. d'hostilité envers  
                  l'Angleterre, de la part du peuple des Etats- Unis, et en conséquence des prétendues
                  incursions sur leur territoire, parties d'ici, mais  
                  elle provient aussi du fait que les taxes pèsent  
                  lourdement sur lui, et qu'il est devenu nécessaire d'élever le tarif, et de l'idée
                  que,  
                  s'il était imposé une taxe sur les produits  
                  du Canada qui entrent aux Etats-Unis il en  
                  résulterait. un accroissement de revenu.  
                  Toutes ces circonstances ont donné lieu au  
                  désir, de la part du peuple et du gouvernement des Etats-Unis, de mettre cette question
                  
                  sur un pied différent de celui sur lequel elle  
                  a été depuis dix ans, et d'abroger ce traité  
                  qu'ils représentent comme étant tout en faveur du Canada, bien que de fait, il soit
                  très  
                  considérablement en laveur des Etats-Unis.  
                  (Ecoutez! écoutez!) Une autre raison qui  
                  rend un changement nécessaire, est—comme  
                  nous ne pouvons nous le cacher à nous-mêmes  
                  —que notre position comme colonie a été  
                  considérablement modifiée par les évènements  
                  qui ont en lieu dans les Etats-Unis. Nous  
                  ne pouvons maintenant espérer pouvoir  
                  rester les bras croisés, en priant la Providence  
                  de nous être propice, sans nous préparer à  
                  nous défendre. Nous ne pouvons espérer  
                  que l'Angleterre sera prête a prendre sur elle  
                  presque tout le fardeau de la défense, et que  
                  nous ne serons même pas les bûcheurs de  
                  bois ou les charroyeurs d'eau. Il nous faut  
                  être les deux. Et si nous obtenons,—comme  
                  j'espère que nous l'obtiendrons lorsque le  
                  temps ou sera venu, grâce aux résolutions  
                  qui viennent d'être adoptées,—si nous obtenons le nom et la position d'une nation,
                  nous  
                  ne devons pas craindre de prendre en même  
                  temps les responsabilités d'une nation. Et  
                  ce que nous avons de mieux à faire pour  
                  éviter une attaque, est d'apprendre, en temps  
                  de paix, à nous préparer aux exigences de la  
                  guerre, et de nous mettre—ainsi que doit le  
                  faire un peuple de quatre millions d'âmes,  
                  comme nous le serons lorsque nous serons  
                  
                  
                  
                  unis ensemble —en état de défendre nos libertés, de quelque côté qu'elles soient attaquées.
                  (Ecoutez! écoutez!) Nous ne pouvons donc nous empêcher de voir la nécessité  
                  d'un changement,—nécessité qui nous est  
                  imposée et par notre position politique, relativement à l'état de la représentation
                  en parlement, et par la position dans laquelle nous  
                  nous trouvons, en commun avec les colonies  
                  maritimes. relativement aux probabilités  
                  d'hostilités de la part des Etats-Unis, et à la  
                  nécessité de placer le pays en état de défense.  
                  La nécessité d'un changement est donc  
                  admise,—et je crois qu'il n'y a guère  
                  un seul membre de cette chambre,  
                  d'un côté ou de l'autre, qui ne l'admet  
                  pas, — les uns pensent que ce changement doit avoir lieu d'une manière, tandis  
                  ne les autres pensent qu'il doit avoir lieu  
                  'une autre manière; les uns pensent,—et  
                  le président du conseil paraissait être de  
                  cette opinion à. une certaine époque—que le  
                  changement le plus désirable, serait le  
                  moindre projet de fédération du Canada,  
                  divisé en deux ou trois provinces,—que ce  
                  serait la le meilleur moyen de prévenir les  
                  maux qui nous menacent. D'autres pensent  
                  que nous pouvons continuer à marcher tels  
                  que nous sommes.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—Ët d'autres  
                  pensent que le seul moyen par lequel nous  
                  pouvons atteindre à une position satisfaisante, serait une union des colonies soit
                  
                  conformément à ce projet, soit par une union  
                  législative. J'aimerais à savoir combien il  
                  y en a qui croient que nous pouvons marcher  
                  tels que. nous sommes?  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—Je crois  
                  qu'il n'y a pas. six membres de cette chambre  
                  qui croient que, avec les difficultés de notre  
                  position, nous pouvons faire fonctionner  
                  l'Union sous les conditions actuelles. Si nous  
                  ne le pouvons pas, alors nous avons le choix  
                  entre la dissolution de l'Union, en revenant  
                  à l'ancienne position que nous occupions  
                  avant l'Union,—ce que personne ne désirerait  
                  pour un instant,—ou une fédération des  
                  deux Canadas, ou le rojet plus vaste de  
                  l'Union de toutes les colonies de l'Amérique  
                  Britannique du Nord. Si l'on veut examiner  
                  pour un instant tous ces projets sous le veritable point de vue sous lequel ils doivent
                  
                  être examinés, l'on verra qu'à l'égard de la  
                  
                  
                  964
                  
                  seconde partie de mon sujet—la nature  
                  des changements et l'importance des intérêts qu'ils embrassent,—ce projet est celui
                  
                  auquel la législature et le penp e de ce pays  
                  doivent nécessairement en venir. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Nous désirons prendre une position sur ce continent qui mettra toutes ces
                  
                  faibles colonies sous un seul gouvernement.  
                  Et lorsque ce gouvernement sera fermé,  
                  lorsque cette union aura lieu, nous serons  
                  alors dans une position qui, d'après les faits  
                  et les chiffres que l'on a cités de temps à  
                  autres dans le cours de ce débat, nous établira comme puissance sur ce continent et
                  
                  nous aidera it résoudre les trois problèmes  
                  ofl'erts par les trois formes de gouvernement:  
                  —le gouvernement despotique de Mexico,  
                  le gouvernement républicain des Etats-Unis,  
                  et le gouvernement constitutionnel de ces  
                  colonies. (Ecoutez! écoutez!) J'espère que  
                  le résultat sera que nous verrons le gouvernement de ces colonies durer plus longtemps
                  
                  qu'aucun des autres, puisque nous croyons  
                  qu'il est basé sur le plus libre exercice de  
                  la véritable volonté du peuple et qu'il met  
                  en pratique des institutions qui, dans la  
                  mère—patrie, ont resisté à l'épreuve du  
                  temps, des secousses et des revers, jusqu'à  
                  ce qu'elles soient devenues plus fermement  
                  eimentées aujourd'hui qu'à aucune époque  
                  de leur existence. (Ecoutez! écoutez!) Et  
                  je ne puis m'empêcher de penser que, si  
                  cette nécessité de changement existe, la  
                  nature du changement proposé doit se recommander d'elle-même a tous ceux qui  
                  aiment véritablement leur pays de ce côté- ci de l'Atlantique. (Ecoutez! écoutez!)
                  
                  Nous sommes cin colonies avec une population de 4,000,00 d'âmes, et nous aurons  
                  une dette d'environ $80,000,000, ou à peu  
                  près $20 pour chaque habitant. Dans la  
                  république voisine, d'après un état fait à  
                  la fin de l'année dernière, nous apprenons  
                  que la dette de ce pays, au ler juillet prochain, sera d'environ $150 pour chaque
                  
                  habitant. Donc, notre jeune nation, avec  
                  une dette de $20 par tête, se trouvera sous  
                  ce rapport dans une position bien différente  
                  de celle du peuple de ce pays. Jetons un  
                  coup-d'œil sur tout l'ensemble de l'empire  
                  colonial britannique. L'Angleterre a trente- huit colonies, contenant 10,000,000 d'âmes.
                  
                  Sur ce chiffre, y a six millions de blancs et  
                  quatre millions de noirs. Sur les six millions  
                  de blancs, quatre millions habitent les colonies de l'Amérique Britannique. Nous avons
                  
                  pour le Canada, le Nouvelle-Ecosse et le  
                  
                  
                  
                  Nouveau-Brunswick, des navires de mer  
                  d'une capacité de pas moins de cinq millions de tonneaux, et de sept millions sur
                  
                  les lacs, ou un tonnage total de douze millions—ce qui nous met, sous ce rapport,
                  
                  au rang de la troisième puissance du  
                  monde. Nulle autre nation que l'Angleterre et les Etats-Unis ne possède un plus  
                  grand tonnage que celui-ci. La Nouvelle- Ecosse seule a un plus grand tonne e que
                  
                  le grand empire d'Autriche. Si telle doit  
                  être notre position relativement à notre population, notre dette et notre tonnage,
                  l'on  
                  ne peut s'empêcher de voir qu'il nous faut  
                  nous fortifier en nous unissent ensemble par  
                  une union politique et commerciale. Nous  
                  avons aujourd'hui cinq tarifs différents—et  
                  je puis dire hostiles: un dans chaque colonie—et nous avons cinq gouvernements différents.
                  Nous aurons alors un seul gouvernement fcrt, et un seul système d'impôts  
                  douaniers. Bien que nous n'aurons pas la  
                  même concentration de pouvoir que nous  
                  aurions avec une union législative, nous  
                  aurons cependant un pouvoir qui possèdera  
                  sur ce pays cette grande autorité qu'il doit  
                  posséder pour lui permettre de concentrer  
                  sur un point toute la force militaire du  
                  pays dans le cas où il deviendrait nécessaire de le défendre, et qui nous mettre 
                  
                  dans une bien meilleure position que jamais.  
                  Regardons toutes les colonies de l'Angleterre,  
                  et voyons si, sous le rapport de l'importance  
                  du commerce qu'elles font avec l'Angleterre et de la quantité de marchandises  
                  anglaises qu'elles consomment, comparées  
                  aux dépenses que l'Angleterre est obligée  
                  de faire, il a réellement quelque fondement valide dans la position que prennent 
                  
                  les économistes olitiques de l'école de Manchester et de Birmingham. Prenons toutes
                  
                  les exportations de l'Angleterre aux colonies et ses importations des colonies, et
                  que  
                  trouvons-nous? Nous trouvons que les exportations de l'Angleterre, l'année dernière,
                  
                  se sont élevées à près de £100,000,000 sterling, tandis que les exportations des colonies
                  
                  à la Grande-Bretagne se sont élevées à  
                  £40,000,000 sterling. Placez les habitants  
                  des colonies, homme pour homme, en comparaison avec ceux des pays étrangers, et vous
                  
                  verrez que le commerce des colonies est  
                  beaucoup plus avantageux pour l'Angleterre  
                  que celui des nations étrangères, indépendamment de tous les autres grands intérêts
                  
                  qui découlent de la conservation par l'Angleterre de ses possessions coloniales. Prenez
                  
                  
                  
                  965
                  
                  le fait que toutes les dépenses de l'Angleterre  
                  sont de £40,000,000 à part l'intérêt de la  
                  dette publique, tandis que ses dépenses pour  
                  les besoins coloniaux, annuellement, à part  
                  des Indes et des dépenses occasion nées parl envoi de troupes aux colonies où des
                  troubles ont lien, ne sont que de £2,000,000  
                  sterling, dont le Canada n'a reçu que  
                  £500,000 sterling. Quand ces faits sont pris  
                  en considération, je dis que l'on voit que ces  
                  colonies sont d'une bien plus grande valeur  
                  pour la mère-patrie qu'on ne le suppose  
                  généralement, et beaucoup plus rande que  
                  les politiques de l'école dont j'ai parlé ne  
                  voudraient le faire croire. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Si ce que retire le mère-patrie  
                  de nos relations avec elle est d'assez eu  
                  d'importance pour donner cours aux doctrines de cette école, je crois qu'il ne serait
                  
                  pas difficile de démontrer que ce que nous  
                  retircns de notre connexion avec la Grande- Bretagne n'est pas très important pour
                  nous,  
                  excepté sous le rapport de la défense. Si  
                  nous voulons vivre sous le vieux et glorieux  
                  drapeau, et conserver le titre honorable de  
                  sujets britanniques, est-il juste pour nos  
                  frères d'Angleterre, qui sont exempts de  
                  l'atteinte de l'ennemi, de dire qu'à moins  
                  que nous ne pourvoyions nous-même à notre  
                  défense, il faut nous abandonner? L'on  
                  nous regarderait comme déloyaux si nous  
                  prenions la même position et si nous disions  
                  que nous choisirons nous-mêmes nos relations  
                  si nous avons à pourvoir à tous les frais de notre  
                  défense. (Ecoutez! écoutez!) Je crois, M.  
                  l'ORATEUR, que nous devrions pouvoir dire  
                  à la mère-patrie que nous sommes prêts à  
                  faire tout ce qui est en notre pouvoir pour  
                  nous défendre. Quand je dis que la dette du  
                  Canada n'est que de $20 par tête, et que  
                  celle des Etats-Unis serait bientôt, si elle  
                  ne l'est déjà, de $150 par tête de leur population, je suis prêt a ajouter que je
                  suis  
                  parfaitement disposé, afin de compléter notre  
                  communication avec les bords de la mer, à  
                  construire le chemin de fer intercolonial et  
                  éviter la possibilité où nous sommes aujourd'hui de voir couper nos communications
                  
                  avec la Grande-Bretagne. Je suis prêt à  
                  ajouter $10 de dette de plus sur chaque  
                  habitant de ce pays, afin que nous soyons  
                  placés dans la véritable position que nous  
                  devons occuper dans l'estime du peuple  
                  anglais et du monde,—celle d'un peuple qui  
                  ne regarde pas le simple sacrifice d'argent  
                  comme comparable au devoir de se défendre  
                  lui-même. (Ecoutez! écoutez!) Je crois,  
                  
                  
                  
                  M. l'ORATEUR que lorsque les délégués  
                  de notre gouvernement iront en Angleterre,  
                  ils devraient cuvcir dire ce que nous  
                  sommes prêts à faire pour notre défense.  
                  Ils devraient pouvoir dire au gouvernement  
                  anglais que bien que nous soyons un jeune  
                  et comparativement pauvre pays,—bien que  
                  notre climat soit rigoureux et que la mer nous  
                  soit fermée pendant une grande partie de  
                  l'année,—cependant, que nous avons prouvé  
                  plus d'une fois que nous sommes un peuple  
                  à qui l'on ne pouvait pas enlever ses libertés  
                  par la force des armes, et ne nous ne  
                  sommes pas prêts à nous les laisser enlever  
                  d'aucune autre manière; que nous sommes  
                  prêts à prendre notre part dans toute mesure  
                  juste et raisonnable que pourra adopter la  
                  mère-patrie, mais que nous ne pouvons pas,—  
                  et que l'on ne dort pas s'y attendre,—nous  
                  charger de tout le poids de la défense de  
                  cette partie exposée de l'empire britannique.  
                  Voyez nos effets sur le marché anglais. Le  
                  public anglais est sous l'impression que nous  
                  pouvons à tout instant être envahie par les  
                  Etats—Unis, ou que les idées de l'école de  
                  Manchester peuvent prévaloir, et nos bons  
                  5 pour cent sont à 80. La position des  
                  Etats-Unis le long de notre immense frontière ouverte est telle ne, dans l'état d'excitation
                  et de force où ils se trouvent aujourd'hui, nous pourrions être plongés dans les 
                  
                  hostilités d'un moment à l'autre, et en  
                  conséquence notre gouvernement devrait  
                  dire aux autorités impériales " qu'il est absolument nécessaire de prendre des mesures
                  
                  de défense sur une grande échelle,—que  
                  nous sommes prêts à faire ce que devons  
                  faire, mais qu'a les ne doivent pas s'attendre  
                  à ce que nous en fassions tous les frais,  
                  outre que nous subirions les pertes qui  
                  résulteraient de la dépréciation de nos effets  
                  publics sur le marché. S'il nous faut le  
                  faire, ou même s'il nous faut faire de  
                  grandes dépenses, il faut que vous garantissiez nos débentures. Sachant que vous 
                  
                  êtes notre garant, nous ne nous occupons  
                  pas que les Etats-Unis traversent notre frontière avec des intentions hostiles ou
                  non.  
                  Si nos voisins savent que nous obtiendrons  
                  n'importe quelle somme nous aurons besoin,  
                  soit comme prêt de votre part ou avec votre  
                  garantie, de manière que nos bons resteront  
                  au pair sur le marché, ils y penseront à  
                  deux fois avant de nous attaquer. " Lorsque  
                  le gouvernement anglais sera prêt à nous  
                  supporter de cette manière, je dis qu'alors  
                  nous devons marcher de l'avant et coopérer  
                  
                  
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                  avec lui pour construire un réseau considérable de travaux de défense, en supportant,
                  au moins, la principale partie du  
                  fardeau. Nous n'avons que faire de ses  
                  £50,000 et année pour l'érection de quelques fortifications à Québec, en employant
                  
                  une autre petite somme pour restaurer  
                  des ouvrages de terrassements dans l'Ouest,  
                  justement pour inviter les Américains a  
                  venir s'en emparer lorsque les travaux seront  
                  a moitié faits, et qu'ils formeront un piége  
                  dans lequel nous pourrons être plus facilement pus. Je suis sûr que chaque membre
                  
                  de cette chambre et chaque citoyen du Canada  
                  a dû être surpris de la position prise par les  
                  honnnes d'état anglais à l'égard des défenses  
                  du Canada, et de ce qu'ils ont dit qu'il n'y  
                  avait que quelques jours de l'année pendant  
                  lesques on pouvait travailler, avec notre  
                  climat, a la construction de fortifications.  
                  Je lisais l'autre jour que l'on avait dit en  
                  Angleterre qu'il n'y avait qu'un mois dans  
                  l'année où l'on pouvait travailler au dehors  
                  avec avantage. Bien qu'il soit vrai que nos  
                  communications avec la mer soient interrompues pendant environ la moitié de l'année,
                  par les glaces, cependant l'on peut  
                  travailler dehors toute l'année dans le Haut- Canada, et pendant l'autre moitié de
                  l'année  
                  dansle Bas-Canada, à l'exception de quelques  
                  jours très orageux, à l'une ou l'autre partie  
                  des travaux nécessaires a l'érection de  
                  fortifications. Mais en ce qui a rapport à  
                  notre protection contre les attaques des  
                  Etats-Unis, la grande chose est de leur faire  
                  savoir que, soit que nous dépensions l'argent  
                  immédiatement—cet été—ou non, nous l'avons à dépenser. Il faut faire savoir que  
                  le gouvernement impérial et le gouvernement provincial ont voté tous deux l'argent,
                  et qu'il sera converti en fortifications  
                  solides le plus rapidement possible. La  
                  population du Sud a eu bientôt construit  
                  des fortifications derrière lesquelles elle a  
                  combattu pour sa liberté, et nous aussi  
                  devrions être prêts à combattre pour notre  
                  liberté. C'est à l'argent qu'elle a employé  
                  en fortifications qu'elle doit son existence  
                  comme puissance formidable au moment  
                  actuel. Il ne faudrait pas laisser circuler à  
                  l'étranger l'idée que nous allons dépenser  
                  une bagatelle de cinquante ou de cent mille  
                  louis à faire un peu de replatrage ici et un  
                  peu de maçonnerie là; mais nous devrions  
                  commencer aussi rapidement que possible à  
                  montrer que nous sommes prets a dépenser  
                  en travaux efficaces tout l'argent nécessaire  
                  
                  
                  
                  pour nous mettre en état de résister à une  
                  invasion, même avec une poignée de troupes  
                  jusqu'à ce qu'il puisse nous en être envoyé  
                  davantage. Comme nous sommes à présent,  
                  le gouvernement des Etats-Unis comprend  
                  que nous sommes à sa merci, et qu'il peut  
                  faire de nous ce que bon lui semblera.  
                  Un jour il nous impose un système de  
                  passeports, et le lendemain il nous en  
                  débarrasse. Aujourd'hui il nous menace  
                  de l'abrogation du traité de réciprocité, et  
                  demain il sera peut-être prêt, si nous sommes  
                  bons enfants, à en continuer l'opération.  
                  Un jour le système de transit en douane  
                  doit être aboli; le lendemain nous n'en  
                  entendons plus parler. Nous entendons dire  
                  ensuite qu'il a l'intention de mettre une  
                  flottille de chaloupes canonnières sur les  
                  lacs; puis nous apprenons qu'il renonce à  
                  cette intention. Que sont toutes ces belles promesses et ces bons sentiments qu'il
                  cherche  
                  a faire naître, sinon des moyens de cacher ses  
                  véritables projets? Croit-ou réellement qu'il  
                  n'a pas dans le cœur l'intention de faire tout  
                  ce dont il nous menace, et n'est-il pas de notre  
                  devoir de nous mettre en état de subir les  
                  conséquences de l'exécution de ces menaces?  
                  Il voit maintenant que nous comprenons ses  
                  projets, et il commence à nous traiter avec  
                  plus de douceur, jusqu'a ce qu'il ait réglé  
                  avec le Sud. Il commence a voir qu'il a  
                  agi d'une manière agressive un peu trop tôt  
                  contre ce pauvre lion britannique, et qu'il  
                  y a danger de le réveiller. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Et, M. l'ORATEUR je crois  
                  qu'il serait bon que nous fussions un  
                  peu plus éveillés, en ce pays, par les événements qui se passent autour de nous, et
                  que  
                  le peuple Anglais fût un peu plus sérieux,  
                  afin que le peuple des Etats-Unis ne prenne  
                  pas habitude de regarder le lion britannique, ainsi quc l'appelle le 
Charivari de  
                  Paris, comme un lion empaillé. Je voudrais  
                  quelquefois que le lion rugisso un peu  
                  (rires), comme il a rugi autrefois, et  
                  comme il a rugi quand il a fait trembler  
                  l'empereur de toutes les Bassins. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Je crains que nos voisins ne  
                  soient sous la très-fausse impression que  
                  n'avons plus que la peau de l'animal (rires),  
                  et que si l'on entendait sa voix ce ne serait  
                  pas un rugissement, mais un braiment.  
                  Mais il ne doit pas trop se fier à cette idée,  
                  car il pourra un beau jour être rudement  
                  détrompé en voyant les os, et le sang, et les  
                  muscles du puissant animal d'autrefois.  
                  (Ecoutez! écoutez!) Je crois, M. l'ORA
                  
                  
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                  TEUR, que nous ne pouvons remplir notre  
                  devoir envers les autorités impériales, ni  
                  elles envers nous, à moins que nous ne soyons  
                  unis en une confédération, au lieu de rester  
                  épars comme nous le sommes aujourd'hui.  
                  Quelle serait notre position si nous étions  
                  unis ainsi? Les adversaires de la confédération disent que nous n'aurions qu'une 
                  
                  frontière plus étendue, sans avoir plus de  
                  bras pour la défendre; que la frontière que  
                  nous aurions ainsi serait plus difficile à  
                  défendre avec le surcroit d'hommes qu'elle  
                  nous procurcrait, que notre frontière actuelle  
                  ne le serait avec les forces dont nous disposons; que le Canada pourrait être appelé
                  a  
                  envoyer des troupes dans les provinces d'enbas, en laissant notre propre frontière
                  exposée,  
                  ou qu'elles auraient a envoyer leur milice ici,  
                  laissant leur territoire ouvert à l'attaque de  
                  l'ennemi. Mais en réponse à ces raisonnements, je dirai qu'il n'est pas probable que
                  
                  nous soyons attaqués sur tous les points à la  
                  fois. Nous pourrions être forcés de nous  
                  retirer tout à fait d'une partie du territoire  
                  afin de défendre des points plus importants, ou d'occuper des positions d'une  
                  défense plus facile; mais personne ne peut  
                  hésiter à convenirqu'il vaut infiniment mieux,  
                  pour tous les besoins de la défense, que toute la  
                  force de milice du pays soit placée sous le  
                  contrôle d'un seul chef exécutif, qui pourrait la tenir ainsi sous sa main, plutôt
                  
                  que de la disperser sur un vaste territoire  
                  exposé, sous le commandement de différents  
                  chefs, avec lesquels il faudrait s'entendre  
                  avant que de pouvoir concentrer les troupes.  
                  (Ecoutez! écoutez!) La véritable position  
                  que nous devons occuper devant le monde  
                  est que toute la milice soit placée sous  
                  le contrôle d'un gouvernement central, car,  
                  de cette manière, le bon sens veut et dit  
                  qu'elle serait bien plus utile pour la défense  
                  qu'elle ne pourrait l'être en étant divisée; et  
                  l'effet moral produit sur une puissance  
                  étrangère qui méditerait une attaque serait  
                  beaucoup plus grand, s'il était bien compris  
                  ne nous sommes un peuple uni, au lieu d'être  
                  divisé. Notre population s'élèverait à quatre  
                  millions, ce qui, en comptant dans la proportion ordinaire, nous donnerait une milice
                  de  
                  500,000 hommes. Si nous croyons que notre  
                  population est réellement et véritablement  
                  loyale, fortement attachée à la constitution de  
                  la mère-patrie, parce qu'elle croit que l'implantation des institutions de ce pays
                  sur le  
                  sol de ce continent offre la meilleure et la  
                  plus ample sécurité pour tout homme qui  
                  
                  
                  
                  veut jouir des bienfaits d'un pays et d'institutions libres, alors nous aurions étant
                  
                  unis, non seulement ce sentiment d'attachement au trône de l'Angleterre, mais nous
                  
                  aurions entre nos mains le mécanisme que  
                  fournit cette grande constitution, au moyen  
                  duquel nous pourrions faire fonctionner et  
                  défendre nos libertés, et notre peuple jouirait  
                  d'un véritable gouvernement constitutionnel  
                  libre. (Ecoutez! écoutez!) Nos adversaires  
                  disent que nous ne sommes pas mûrs, que  
                  nous n'avons pas l'âge requis pour fonder  
                  une nouvelle nationalité. Mais, M. l'ORATEUR, il n'y a aucune des puissances secondaires
                  de l'Europe, excepté la Belgique et la  
                  Bavière, qui aient une population de quatre  
                  millions, Si nous ne pouvons former une  
                  nation avec quatre millions d'âmes, que  
                  dirons-nous de la Grèce avec sa population  
                  d'un million? Si nous devons jamais former  
                  une nation,—et peu d'hommes nieront que  
                  notre destinée soit de nous unir à une époque  
                  quelconque,—quelle meilleure occasion pouvons—nous attendre pour transmettre à la
                  postérité le bienfait d'une nationalité libre et unie- le plus grand bienfait qu'un
                  gouvernement et  
                  un peuple puissent léguer—que l'occasion  
                  que l'état actuel des affaires nous présente?  
                  Elle nous est offerte librement et ouvertement à la face du monde, et nous espérons
                  
                  convaincre le monde que, des trois systèmes  
                  de gouvernement maintenant en existence  
                  sur ce continent, le nôtre est le meilleur.  
                  Nous avons le trône despotique des MONTÉZUMAS rempli par un prince étranger et  
                  soutenu par des bayonnettes étrangères; nous  
                  avons le gouvernement républicain des Etats- Unis, basé sur le principe que tous les
                  
                  hommes sont libres et égaux, et que la volonté  
                  de la majorité doit gouverner et avoir raison;  
                  et nous avons le gouvernement responsable  
                  fourni par la constitution britannique, sous  
                  laquelle la nation anglaise a si longtemps  
                  existé, et sous la protection de laquelle ses  
                  colonies est pris tant d'expansion que le  
                  soleil ne s'y couche jamais. (Ecoutez! écou—  
                  tez!) Nous croyons que cette dernière forme  
                  de gouvernement est la meilleure que nous  
                  puissions adopter pour les besoins actuels,  
                  et transmettre à nos descendants sur ce  
                  continent. M. l'ORATEUR si nous avons  
                  des institutions, une population, des richesses  
                  et un territoire d'une pareille étendue et d'une  
                  aussi grande valeur à protéger, et que l'oc  
                  casion nous soit librement offerte de nous unir  
                  pour leur protection, je dis que le but que  
                  l'on veut atteindre par ce changement  
                  
                  
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                  est un but ni ne peut que se recommander très c airement et très distinctement  
                  à l'esprit de tous ceux qui désirent voir un  
                  peuple uni et heureux habiter ce territoire  
                  de 1 Amérique Britannique du Nord, s'étendant d'un océan à l'autre sous l'égide  
                  protectrice de la constitution et de la  
                  couronne anglaise. Nous n'avons, dans mon  
                  humble opinion, à choisir qu'entre deux  
                  états politiques futurs. Nous avons d'un  
                  côté l'occasion de nous constituer en nation,  
                  capable de nous protéger avec l'aide de la  
                  mère-patrie, et de croître en richesse et en  
                  rospérité sous cette forme d'existence.  
                  D'un autre côté, nous avons la perspective  
                  d'une absorption certaine, et à une époque  
                  peu éloignée, par les Etats-Unis. Il n'y a  
                  pas d'alternative. (Approbation ironique de  
                  la gauche.) Il nous faut ou adopter l'une ou  
                  nous réeigner à l'autre. Je n'ai aucun doute  
                  qu'une immense partie de la population ne  
                  voudrait pas consentir à rester ici, et à  
                  se résigner à la dernière alternative, mais  
                  que, comme les anciens loyalistes de l'empire-uni, elle abandonnerait tout ce qu'elle
                  
                  possède, plutôt que de cesser d'avoir la  
                  protection du drapeau britannique et de  
                  porter le nom de sujets anglais—d'hommes dont la loyauté n'est pas seulement  
                  un sentiment des lèvres, mais chez qui elle  
                  forme autant un élément constitutif du sang,  
                  que le principe vital lui-même. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Je suis convaincu, M. l'ORATEUR  
                  qu'il n'y a pas d'autre alternative,—pas  
                  d'autre choix pour nous, que de chercher à  
                  concentrer la puissance anglaise et le sentiment britannique sur ce continent, ou
                  
                  tomber dans les bras du gouvernement républicain des Etats-Unis. (Ecoutez! écoutez!)
                  Et, M. l'ORATEUR, lorsque nous examinons l'étendue du domaine qui nous est  
                  ouvert, lorsque nous réfléchissons que nous  
                  poserions un pied sur l'Atlantique et l'autre  
                  sur le Pacifique, et que nous nous rappelons  
                  l'immense, salubre et fertile territoire qui  
                  existe entre nous et les Montagnes Rocheuses,  
                  ces riches vallées de la Saskatchewan et  
                  de l'Assiniboine, dont on dit ne la fertilité  
                  est bien supérieure et est certainement égale  
                  à celle d'aucune partie de ce continent,—  
                  lorsque nous pensons a ces vallées et a  
                  l'immense population que l'on pourrait y  
                  jeter de l'ancien monde, pour développer  
                  leurs ressources et amener leurs trésors sur  
                  nos marchés par la voie des lacs,—je dis  
                  que lorsque nous voyons tout cela, _nous  
                  voyons s'élever pour nous un avenir qui me  
                  
                  
                  
                  parait, et qui devrait paraitre aux autres si  
                  rillant, que personne ne devrait hésiter à  
                  l'accepter plutôt que la seule autre alternative—de tomber par petites provinces dans
                  
                  les Etats-Unis, où nous ne pouvons qu'être  
                  écrasés par le fardeau de leurs taxes. (Ecoutez! écoutez!) Mais certaines personnes
                  
                  disent que nous éviterons les taxes en nous  
                  donnant aux Américains,—qu'ils seraient  
                  prêts a nous recevoir demain et consentiraient à ne nous imposer aucune taxe, pour
                  
                  le remboursement de leur dette créée par la  
                  guerre; mais cette idée n'est-elle pas chimérique, puisqu'ils n'entretiennent aucun
                  
                  doute, qu'ils peuvent nous envahir et nous  
                  conquérir n'importe quand, et nous forcer de  
                  partager leur dette et de payer la nôtre.  
                  Quant à nos espérances sous le raport de  
                  la colonisation et de l'extension de notre  
                  population et de nos richesses, voyez ce que  
                  nous pourrions faire pour attirer les immigrants de l'ancien monde sur notre territoire.
                  
                  Mais ici je dois dire un mot d'un point du  
                  projet quis. été adopté par la chambre, et  
                  que j'espère voir changer. Je crois que  
                  l'on a commis une fatale erreur, en plaçant  
                  les terres publiques entre les mains des  
                  gouvernements locaux, qui pourront faire  
                  en réglements contraires relativement à  
                  l'immigration, et qui tendront à retarder  
                  plutôt qu'à seconder l'établissement du pays.  
                  Toutes ces terres auraient du être placées  
                  sous le contrôle du gouvernement général,  
                  afin qu'il pût adopter un système uniforme  
                  d'immigration. Quand nous regardons le  
                  Haut-Canada et que nous voyons que sur  
                  ses quatre-vingt millions d'acres de terre, il  
                  n'y en a que treize millions et demi entre les  
                  mains de propriétaires,—une moyenne de  
                  neuf acres par habitant,—quand nous voyons  
                  l'immense quantité de terres de ce pays,  
                  propres à la culture, qui ne sont pas encore  
                  utilisées, nous ne pouvons nous empêcher  
                  d'en venir à la conclusion, que nous avons  
                  un vaste champ ouvert à l'immigration, qui  
                  devrait être placé sous le contrôle du  
                  gouvernement général, et non pas laissé à la  
                  spéculation des gouvernements locaux. Eh  
                  bien! M. l'ORATEUR lorsqu'on voit tout  
                  cela, et que l'on comprend et sait que le  
                  grand changement qui sera opéré 'par cette  
                  union nous donnera tant de choses désirables,  
                  je dis que l'immensité des intérêts qu'il  
                  embrasse devrait nous recommander, le plus  
                  fortement possible, un changement de la  
                  nature de celui dont j'ai parlé,—changement qui tendrait a placer ce pays sur un 
                  
                  
                  
                  969
                  
                  pied qui doit évidemment faire de nous,  
                  avec le temps, une grande nation, et cela en  
                  bien moins de temps que beaucoup de gens  
                  ne se l'imaginent. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Permettez-moi pour un instant, M. l'ORATEUR, de dire un mot de l'histoire des Etats-
                  Unis, pour voir dans quel état s'est trouvé  
                  ce pays autrefois. En 1792, les Etats-Unis,  
                  dont la population n'était alors que de neuf  
                  millions d'âmes, avaient un revenu d'un peu  
                  plus de quatre millions et demi de piastres,  
                  tandis ne le Canada, en 1863, avec une  
                  population de deux millions et demi, avait  
                  un revenu de quatorze millions de piastres.  
                  En 1821, alors que leur population avait  
                  considérablement augmenté, le total de leurs  
                  importations et de leurs exportations s'élevait  
                  a quatre vingt-dix-huit millions de piastres,  
                  tandis ne les nôtres, en 1863, avec une population de deux millions et demi, étaient
                  de  
                  quatre-vingt-neuf millions de piastres, c'est- a-dire environ neuf millions de moins
                  que  
                  toutes les importations et exportations des  
                  Etats-Unis en 1821. Il est vrai que depuis  
                  cette époque toutes les améliorations qui ont  
                  fait des Etats-Unis une grande puissance sur  
                  ce continent—la construction des chemins de  
                  fer et des lignes de télégraphe, l'application  
                  de la vapeur à toute espèce de mécanisme, et  
                  les autres inventions des vingt ou trente  
                  dernières années,—sont venues à l'existence,  
                  et qu'ils ont marché vers la grandeur à  
                  sa de géant. Mais, cependant, cela ne  
                  étruit pas mon argument que de dire que,  
                  comme nous avons, de mémoire d'homme,  
                  progressé aussi rapidement, non seulement  
                  en population, mais en tout ce qui tend à  
                  placer le Canada sur un pied qui devrait être  
                  satisfaisant pour tous ceux qui veulent le  
                  bien du pays, il y ait quelque raison de croire,  
                  pour un instant, ne tous les changements  
                  qui doivent être faits ont été faits, et qu'avec  
                  l'esprit d'entreprise et les efforts d'une population commune et éclairée nous ne
                  serons  
                  pas en position de continuer à marcher dans  
                  la voie de prospérité que nous avons parcourue  
                  en aussi peu de temps, et qui a toujours été  
                  croissante jusqu'à il y a trois ou quatre ans,  
                  lorsque, pour des causes naturelles et en conséquence de la guerre des Etats-Unis,
                  elle  
                  a reçu un aussi grave échec. Nous nous  
                  trouverons, je crois, sitôt sur le chemin de la  
                  prospérité, au moyen de cette union preposée,  
                  que nous n'aurons aucune raison d'envler les  
                  progrès d'aucune nation quelconque. (Ecoutez! écoutez!) Maintenant, M. l'ORATEUR,
                  
                  que j'ai donné les raisons pour lesquelles je   
                  
                  
                  
                  crois un changement nécessaire, et que j'ai  
                  cherché a faire voir la nature de ce changement, je vais tâcher de faire voir pourquoi
                  
                  la résolution queje tiens à la main, et que  
                  j'offre à l'adoption de cette chambre, est  
                  une proposition qui devrait être adoptée.  
                  J'ai déjà dit que, comme membre individuel  
                  de la législature du Canada, je n'hésitais pas  
                  à prendre sur moi la responsabilité de voter  
                  en faveur des résolutions relatives à la confédération, bien qu'elles n'aient pas
                  été acceptées par le peuple de ce pays d'aucune  
                  manière constitutionnelle. J'ai dit que je  
                  le faisais sur le même principe que je l'aurais  
                  fait si j'avais alors voté en dehors de la  
                  chambre, au lieu de voter dans son enceinte.  
                  J 'aurais voté en faveur de ces résolutions  
                  comme électeur, parce que je crois qu'elles  
                  forment une base équitable pour l'union  
                  projetée; et, M. l'ORATEUR, je désire offrir  
                  à tous les électeurs exactement la même occasion que je rechercherais, et je demande
                  pour  
                  eux le même privilége que celui que je réclamerais pour moi-même dans cette chambre.
                  
                  Je crois qu'ils ont droit qu'on soumette  
                  cette question à leur considération, avant  
                  que les résolutions qui ont été adoptées par  
                  cette chambre ne soient définitivement décrétées par la législature impériale. (Ecoutez!
                  écoutez!) L'on a dit, M. l'ORATEUR,  
                  que cela aurait l'effet de remettre indéfiniment l'accomplissement de l'Union projetée,
                  
                  tandis que les événements nous pressent  
                  tellement que nous n'avons aucun temps a  
                  perdre pour nous mettre dans un état de  
                  défense tel que nous puissions rencontrer et  
                  repousser toute armée qui pourrait être  
                  dirigée contre nous. Eh bien! M. l'ORATEUR, il n' a rien dans la résolution que je
                  
                  propose qui empêcherait, suivant moi, l'accomplissement immédiat du projet. Le gouvernement
                  nous a dit qu'il se propose de  
                  proroger le parlement dans quelques jours,  
                  et il nous a dit aussi que nous devons être  
                  réunis de nochau dans le cours de l'été.  
                  Qui peut nous empêcher de prendre le rejet  
                  en considération durant la session d'été?  
                  L'on doit présumer que le gouvernement  
                  impérial en viendra à quelque décision sur  
                  les résolutions de la conférence de Québec,  
                  qui ont été déposées devant les deux  
                  chambres du parlement anglais, et je ne vois  
                  rien qui puisse empêcher le gouvernment  
                  impérial de déclarer son opinion sur ce sujet.  
                  Je pense qu'il n'y a rien qui puisse empêcher notre uvernement d aller en Angleterre
                  et d'offrir ces résolutions à la considé
                  
                  
                  970
                  
                  ration de la législature impériale, en la  
                  laissant agir comme bon lui semblerait, mais  
                  déclarant en même tems que la loi qui sera  
                  passé ne devrait pas devenir en force dans  
                  les différentes colonies jusqu'à ce qu'elle ait  
                  été acceptée par les législatures de ces colonies. Il n'y aurait aucune perte de temps.
                  
                  Il serait aussi facile de dissoudre ce parlement et de le convoquer de nouveau à temps
                  
                  our prendre en considération la mesure que  
                  a Grande-Bretagne aurait passée pendant cet  
                  intervalle, qu'il le serait de nous réunir durant  
                  l'été et de faire la même chose. Pourquoi  
                  vaut-on traiter le Canada autrement qu'on  
                  ne traite les autres provinces? La législature  
                  du Nouveau-Brunswick a été dissoute afin  
                  que le peuple puisse se prononcer sur la  
                  question. Le procureur-général de Terreneuve a déclaré que le gouvernement de  
                  cette colonie a l'intention d'en appeler au  
                  peuple, et que rien ne sera fait avant qu'il  
                  ait donné son opinion. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Dans la Nouvelle-Ecosse, le gouvernement,  
                  si je comprends bien, n'en fait pas une  
                  question ministérielle. Elle ne doit pas  
                  être placée sur ce pied, et, s'il survient  
                  quelque difficulté a la faire adopter par la  
                  législature, le gouvernement de la Nouvelle- Ecosse est prêt a la dissoudre aussi.
                  Je ne  
                  dis rien de l'Ile du Prince-Edouard—car  
                  son acceptation ou son rejet du projet ne  
                  signifierait pas grand'chose. Mais sa législature sera sans doute dissoute aussi,
                  afin  
                  que le peuple uisse se prononcer, si la  
                  chambre d'assem lée est hostile au projet, et  
                  notre gouvernement aurait sans aucun doute  
                  fait la même chose si cette chambre se fût  
                  montrée hostile à la mesure. Mais parce  
                  que cette chambre n'y est pas hostile, et parce  
                  que les ministres se trouvaient assez forts  
                  pour la faire adopter par une grande majorité, ils ont déclaré qu'ils adopteraient
                  la  
                  conduite qu'ils ont suivre, bien que dans les  
                  autres provinces les choses se sont passées  
                  d'une manière tout a fait différente. (Ecoutez! écoutez!) Maintenant, M. l'ORATEUR,
                  
                  examinons un instant pourquoi nous devrions  
                  être placés dans la méme position que celle  
                  qu'occupent les législatures et le peuple  
                  des autres provinces. Nous entendons dire  
                  de tous les côtés de la chambre que  
                  tout le pays est en faveur de cette mesure.  
                  Dans ce cas, pourquoi hésiter à demander  
                  au pays de confirmer par une élection ce  
                  qui est si clairement avantageux et ce  
                  qui est si sûr d'être approuvé? Mars,  
                  M. l'ORATEUR, j'entends dire, dans cette  
                  
                  
                  
                  chambre et en dehors de cette chambre, que  
                  le peuple du Bas-Canada est opposé à la  
                  mesure. Si tel est le cas, s'il y est aussi  
                  fortement opposé qu'on l'a dit, serait-ce une  
                  conduite sage de notre part de la lui imposer  
                  contre sa volonté? (Ecoutez! écoutez!)  
                  Nous voulons créer une existence gouvernementale entièrement nouvelle, et nous proposons
                  de soumettre une immense étendue  
                  de pays à cette nouvelle forme du gouvernement. Nous voulons et rétendons qu'elle
                  
                  ait sa meilleure et plus erme base dans le  
                  coeur du peuple. Et, M. l'ORATEUR, ne  
                  sera-t-elle pas plus forte et mieux enracinée  
                  dans l'estime du peuple si on la lui soumet  
                  et si on obtient sa sanction pour la mettre a  
                  exécution? (Ecoutez l) En proposant qu'elle  
                  soit sanctionnée par le peuple, je n'ai pas dans  
                  l'idée l'absurdité, inconnue à notre forme de  
                  gouvernement, de lui demander un vote  
                  direct par oui et par non sur la question. Je  
                  n'ai jamais pensé à rien de semblable. Je  
                  propose de le faire faire d'une manière constitutionnelle. Tout mon passé politique
                  
                  aurait fait voir à tous ceux qui le connaissent  
                  que je ne pouvais entretenir une idée aussi  
                  démocratique que celle de sortir de la constitution pour faire une chose qui peut
                  être  
                  mieux faite en restant dans les limites de  
                  cette constitution. En conséquence, celui  
                  qui aurait pensé pour un moment que, tout  
                  en cherchant à bâtir, je mettais en même  
                  temps ce qu'on peut appeler une main sacrilége pour détruire, se tromprait grandement
                  
                  sur la ligne de conduite que je voulais tenir  
                  —la seule conduite convenable et sûre qui  
                  pût être suivie. Si vous voulez édifier ce  
                  monument d'une nouvelle nationalité sur les  
                  véritables sentiments et le cœur du peuple,  
                  il faut l'édifier sur un appel au peuple. Vous  
                  ne devez pas le craindre. Vous pouvez dire  
                  qu'il s'élèvera des diffiicultés,—que l'on soulèvera d'autres questions,—que les élections
                  ne se feront pas toujours sur la question  
                  elle-même—pour la confédération ou contre  
                  la confédération. Mais, je vous dis qu'elles  
                  le seront, si le peuple est aussi favorable a  
                  ce projet que vous le dites. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Les mérites ou démérites des  
                  candidats seront mis de côté, et le vote sera  
                  pris sur les mérites de la confédération;—  
                  autrement le peuple ne mériterait pas qu'en  
                  lui fit cet appel. On en a appelé à l'histoire, et l'on a dit ne des appels au peuple
                  
                  sur des questions e cette nature sont inconnus sous la constitution anglaise. Les
                  
                  cas de l'Union entre l'Angleterre et l'Ecosse,  
                  
                  
                  971
                  
                  et de l'Union des Canadas eux-mêmes, ont  
                  été cités; et l'on a demandé si, dans aucun  
                  de ces cas, l'on en avait appelé au peuple—  
                  et on a répondu négativement. Je ne suis  
                  pas prêt à. accepter cette réponse, bien qu'elle  
                  soit vraie sous le rapport des faits. Dans le  
                  premier de ces cas, où la résistance était peut- être la plus forte, un appel au peuple
                  eut lieu.  
                  Ce ne fut ne longtemps après que l'affaire  
                  eût été dé attuc, que l'Union entre l'Angleterre et l'Ecosse fut consommée. L'on se
                  
                  amande alors—exactement comme en 1799  
                  relativement à l'Union de l'Irlande,—si le  
                  parlement écossais avait le pouvoir de livrer  
                  es droits électoraux du peuple entre les  
                  mains du arlement anglais. Quant à  
                  l'Union de l'Ecosse avec l'Angleterre, la  
                  question fut soumise au peuple, non pas  
                  d'une seule ou de deux manières, mais de  
                  plusieurs manières. Il fut nommé des commissaires, et des conventions, et il fut fait
                  
                  plusieurs tentatives pour amener cette Union  
                  avant qu'elle n'eût définitivement lieu.  
                  Elle fut tentée dans le temps de JACQUES I.  
                  dans le temps de CROMWELL, et encore sous  
                  le règne du roi GUILLAUME, et finalement  
                  adoptée sous le règne de la reine ANNE.  
                  La proclamation convoquant le parlement  
                  écossais de 1702 déclarait que, entre autres  
                  choses, il devait s'occuper de l'union de  
                  l'Ecosse avec l'Angleterre. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Nous trouvons encore dans les  
                  livres le texte même de cette proclamation,  
                  qui déclarait que ce parlement était convoqué en Ecosse dans le but exprès de  
                  traiter de cette question. Ce parlement ne  
                  déclara rien de définitif sur la question, mais  
                  le parlement suivant le fit, et l'union fut  
                  consommée. Et ce parlement était exactement dans la position de celui de 1702,  
                  ayant été convoqué par une proclamation  
                  exactement semblable. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Cette question de l'union entre l'Angleterre  
                  et l'Ecosse fut, je crois, la seule qui fut  
                  discutée; et bien qu'ensuite la plus grande  
                  hostilité s'éleva contre cette mesure, et qu'il  
                  fallut envoyer des troupes du nord de  
                  l'Ecosse, ce ne fut qu'après que ce parlement eût été réuni endant quelque temps,
                  
                  qu'il y fut présenté des requêtes des bourgs  
                  contre l'union. (Ecoutezl écoutez!) L'on  
                  vous a dit dans le cours de ce débat que la  
                  plus grande satisfaction règne dans tout le  
                  pays à propos de cette mesure. Permettez- moi de vous dire que, dans beaucoup de 
                  
                  localités, c'est le silence de l'apathie, et non  
                  une preuve de satisfaction. Cela provient 
                  
                  
                  
                  non pas de ce que le peuple n'éprouve aucun  
                  intérêt dans la question, mais de ce ne l'on  
                  a exercé une pression sur lui pour plusieurs  
                  causes, et qu'il a eu à lutter contre un grand  
                  nombre de difficultés de différente nature,  
                  résultant d'une absence de prospérité sans  
                  exemple. (Ecoutez! écoutez!) Il parait donc  
                  attendre quelque chose,—n'importe quoi,—  
                  qui le fera sortir des diffocultés de sa position  
                  actuelle. Je dis ceci, bien que je serais  
                  heureux si ce n'était pas l'apathie, ni le  
                  calme de la mort, mais le ecntentement,  
                  d'un bout à l'autre du pays, qui conduirait  
                  à l'acceptation générale de cette mesure. Je  
                  crois que dans la partie occidentale du pays,—  
                  je ne puis rien dire de la partie orientale, à  
                  moins que ce ne soit d'après les pétitions  
                  qui nous ont été envoyées et les opinions  
                  qui ont été exprimées dans cette chambre  
                  par les bon. députés du Bas-Canada, —mais  
                  dans la partie occidentale du pays, je suis  
                  convaincu, d'après ce que je sais personnellement du sentiment qui y règne, qu'une
                  
                  grande majorité de députés, égale sinon  
                  supérieure à celle qui a voté l'autre soir  
                  dans cette chambre, serait élue dans une  
                  nouvelle élection en faveur de ce projet. Et  
                  c'est parce que je le crois, et que je ne  
                  voudrais pas que 'on ptit dire que le peuple  
                  n'a pas eu l'occasion de se prononcer, au  
                  moyen d'une élection, sur une matière d'une  
                  importance aussi vitale, — que je prétends  
                  qu'elle devrait lui être soumise, afin qu'il  
                  puisse déclarer par son vote s'il est en  
                  laveur de cette mesure ou non. (Ecoutez!  
                  écoutez!) En parlant de l'union de l'Ecosse,  
                  de l'union de l'Irlande, et de l'union des  
                  Canadas, nous devons nous rappeler que les  
                  mêmes circonstances existaient jusqu'à un  
                  certain point. Dans le cas de l'union écossaise, il y avait ces désolautes guerres
                  entre  
                  l'Angleterre et l'Ecosse, durant lesquelles  
                  le meilleur sang des deux pays avait été  
                  versé, — et il existait depuis longtemps des  
                  querelles et des hostilités perpétuelles qui  
                  avaient fait de la frontière —aujourd'hui  
                  si riante et si fertile — un désert aride  
                  et désolé. Puis encore, lorsque l'union  
                  de l'Irlande avec l'Angleterre eut lieu,  
                  l'on venait justement de comprimer une  
                  rebellion, — il y avait 40,000 hommes de  
                  troupes dans le pays,—il avait 116 fonctionnaires publics dans la chambre,—et il peut
                  
                  y avoir en de bonnes raisons our que la  
                  majorité de 6 ou 7 vox: dans e parlement  
                  irlandais contre l'Union, diminua et disparut  
                  
                  
                  972
                  
                  session suivante. La même chose avait eu  
                  lieu dans ce pays. L'Union avait été decrétée lorsque les cendres de l'insurrection
                  
                  de 1837-38 étaient encore chaudes dans  
                  différentes parties du pays, et il y avait en  
                  conséquence de fortes raisous pour lesquelles, au milieu du trouble et de l'agitation—lorsqu'il
                  pouvait être difficile d'avoir  
                  des élections conduites avec pureté et sans  
                  intervention de la part de l'exécutif—une  
                  pareille question ne devait pas être soumise  
                  au peuple. Mais, aujourd'hui, nous n'avons  
                  rien de semblable a craindre. L'on nous dit  
                  que le peuple est heureux, content et prospère, bien qu'il désire un changement,—
                  
                  et par conséquent il n'existe aucune cause  
                  d'excitation pour empêcher l'expression libre  
                  et entière de la volonté populaire, au moyen  
                  d'une élection générale,—rien our empêcher que la question ne soit ranchenent  
                  posée devant le peuple,—rien pour empêcher  
                  qu'il ne ohoisisse des représentants à cause de  
                  leurs opinions sur la question de confédération, et sur cette question seule. Vous
                  n'avez rien pour empêcher que ce nouveau  
                  système ne soit inauguré sur la seule et  
                  véritable base sur laquelle il devrait être  
                  fondé—le voeu opulaire,—et ne reçoive  
                  en conséquence, ès l'abord, la force que le  
                  vœu populaire seul peut lui donner, étant  
                  accepté par ceux qui ont le droit d'envoyer  
                  des représentants en cette chambre. (Ecoutez! écoutez!) L'on a prétendu qu'une  
                  motion de cette nature enlève a la législature,  
                  de fait, le pouvoir qu'elle possède, en lui  
                  niant le droit de faire un pareil changement.  
                  Je ne veux rien' dire contre le pouvoir de la  
                  législature. La législature a, dans les limites  
                  qui lui sont assignées, tous les droits que sa  
                  chatte lui confère. Mais je ne puis m'empêcher de croire que, en nous occupant  
                  de cette question, nous la traitons dune  
                  manière bien différentc de celle dont elle a  
                  été traitée, soit par le parlement indépendant de l'Ecosse soit par le parlement 
                  
                  indépendant de l'Irlande. Nous agissons  
                  en vertu d'une charte et d'une constitution  
                  limitées—n'ayant aucun droit nous-mêmes  
                  de rien dédider finalement par aucun acte  
                  qui nous soit propre—n'ayant que le droit  
                  de nous en occuper au moyen a ces résolutions, et non pas de rien déoréter qui ait
                  
                  l'autorité de la loi. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Nos pouvoirs sont donc limités dès l'abord—  
                  tellement limités qu'il a été décidé à Terre- neuve que les priviléges qui appartiennent
                  
                  à la chambre des communes et à la chambre  
                  
                  
                  
                  des lords en Angleterre n'ap artiennent pas  
                  entièrement à. nos corps législatifs,—que ces  
                  priviléges ont crû avec le temps jusqu'à ce  
                  qu'ils soient devenus parties intégrantes de  
                  l'existence même du parlement impérial,  
                  tandis que nous possédons nos priviléges  
                  d'une manière tout-à-fait différente, ne se  
                  tenant pas d'une main aussi ferme que la  
                  chambre des communes. Il est clair que  
                  nous n'avons pas les mêmes pouvoirs que  
                  le parlement impérial,—autrement nous ne  
                  serions pas obligés d'aller devant ce corps  
                  pour lui demander de sanctionner ces résolutions. Il y a même des limites au pouvoir
                  
                  du parlement impérial lui-même, auxquelles  
                  nous sommes aussi assujétis. Nous ne pouvons rendre aucun de nos actes permanent,
                  
                  pas plus que nous ne pouvons nous rendre  
                  permanents nous mêmes—parce qu'un autre  
                  parlement a le droit d'abroger ce ne nous  
                  avons fait. Nous ne pouvons de nous- mémes décréter ue cette mesure sera loi.  
                  Nous pouvons offrir ces résolutions—nous  
                  avons e pouvoir de faire cela—et le gouvernement et le parlement an lais ont sans
                  
                  doute le droit d'en faire ce que on leur semblera. Mais la question est celle-ci:—Est-il
                  
                  sage de donner force de loi à ces résolutions,  
                  est-il convenable de le faire, est-ce la conduite la plus juste envers le peuple de
                  ce  
                  pays, de déclarer que dans une matière de  
                  cette importance nous légifèrerons pour lui,  
                  jusqu'au point de changer complètement la  
                  constitution, de décréter un a chambre  
                  haute qu'il a déclaré devoir être élective  
                  cesserait de l'etre et serait nommée par la  
                  couronne,—sans le consulter? Je ne veux  
                  pas dire, à l'égard de ce changement, que ce  
                  ne sera pas un changement avantageux.  
                  J'ai été l'un des quelques' membres de  
                  cette législature qui ont combattu le plus  
                  chaudement le changement apporté ans  
                  la constitution du conseil législatif lorsque le principe électif y a été introduit.
                  J'ai aussi été l'un de ceux qui ont  
                  supporté des résolutions dont l'effet aurait  
                  été de placer le pouvoir populaire dans la  
                  chambre basse, au moyen de le représentation basée sur la population dans cette  
                  branche de la législature, avec égalité de  
                  représentation pour les deux sections de la  
                  province dans la chambre haute. Et je me  
                  souviens que quelques-uns des messieurs  
                  qui sont aujourd'hui sur les banquettes  
                  ministérielles—le président du consei entre  
                  autres, par l'entremise de l'influent journal  
                  qu'il oontrôle——déolaraient que l'idée con
                  
                  
                  973
                  
                  tenue dans ces résolutions était absurde et  
                  ne pouvait être mise en pratique, bien  
                  qu'e le soit l'idée même que le gouvernement a incorporé dans ce projet, sous un 
                  
                  autre point de vue. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Et le président du conseil a voté comme je  
                  l'ai fait moi-même, contre l'introduction du  
                  principe électif, et en faveur du maintien du  
                  principe de la nomination, non pas pour les  
                  mêmes raisons que moi, mais pour des raisons  
                  tout a fait différentes, ainsi qu'il l'explique  
                  alors. Mais l'opinion qu'il entretient aujourd'hui en faveur d'un conseil législatif
                  nommé par la couronne est l'opinion qu'il partageait alors, et je serai heureux de
                  voir  
                  s'opérer ce changement. Mais c'est un  
                  changment dont le peuple n'avait aucune  
                  idée ors de la dernière élection. Et les  
                  changements survenus dans l'esprit de nos  
                  hommes publics ont été si grands, depuis  
                  très peu de temps, que je maintiens que  
                  nous avons le droit de penser, de nous arrêter  
                  et de réfléchir. (Ecoutez! écoutez!) Voyez  
                  le programme qui a été présenté sur ce sujet,  
                  par le comité constitutionnel demandé par le  
                  président du conseil. La partie du rapport  
                  de ce comité qui souleva a plus d'opposition est celle qui recommande une confédération
                  de l'Amérique Britannique du Nord.  
                  Et l'on sait parfaitement que ce que le gouvernement a offert, à l'époque de sa formation,
                  était que le moindre projet d'une  
                  fëdérstion des deux Canadas aurait lieu  
                  d'abord, et le plus vaste projet d'une federation de toutes les provinces viendrait
                  ensuite. Il devait d'abord chercher a organiser  
                  un gouvernement fédéral pour le Canada seul,  
                  et l'étendre ensuite, a mesure que les circonstances le permettraient, a toutes les
                  
                  colonies de l'Amérique Britannique du Nord.  
                  Eh bien! dans le court espace d'un peu  
                  moins de trois mois, les idées se sont trouvées tellement changées que l'on cessa
                  de  
                  parler de la confédération des Canadas, et  
                  qu'elle fut remplacée par la confëdération  
                  de toutes les provinces. Ce projet de la  
                  confédération de l'Amérique Britannique du  
                  Nord, qui paraissait avoir si peu de partisans  
                  il n'y a que quelque temps encore, nous  
                  fut subitement présenté avec l'appui d'un  
                  grand nombre de partisans. Comment savons- nous s'il ne se fera pas un autre changement
                  
                  dans quelque temps—que tout le système  
                  dont nous nous occupons maintenant, et sur  
                  lequel les hon. messieurs ont exprimé leurs  
                  opinions devant le pays, ne sera pas changé  
                  de nouveau, sans que le peuple, que l'on  
                  
                  
                  
                  prétend être si satisfait de ce projet, ait eu  
                  'ccœsion de prendre la chose en considération, ou de voter pour ou contre ce projet?
                  
                  Je crois donc qu'il serait plus sage, et qu'il  
                  vaudrait mieux, dans l'intérêt de tout le  
                  pays,—et que cela augmenterait considéralement la force que possédérsit ce gouvernement
                  confédérê,—que le peuple votât sur  
                  ce projet par le moyen constitutionnel d'une  
                  élection générale, avant qu'il ne soit définitivement décrété comme constitution de
                  ces  
                  colonies. Je crois que, si vous voulez l'enreeiner dans l'esprit du peuple, vous ferez
                  
                  disparaitre l'objection qui peut s'élever en  
                  tout temps et servir d'instrument, entre les  
                  mains de gens mal disposés, pour créer du  
                  mécontentement plus tard. Et je dis que,  
                  afin de faire accepter ce projet par les  
                  provinces d'en—bas, Il est désirable de suivre  
                  cette conduite. Quelle est la raison de la  
                  méfiance avec laquelle on re arde ce projet  
                  dans les provinces d'en-bas? Elles disent que  
                  le gouvernement du Canada le pousse si rapidement qu'il doit y avoir quelque arrière
                  
                  pensée,—qu'il y a quelque chose là dedans  
                  qui le mettra dans une meilleure position,—  
                  qu'en conséquence, il en presse l'adoption  
                  parle peuple du Canada et des provinces  
                  'en-bas sans lui donner le temps de l'examiner franchement. L'une des objections 
                  
                  que l'on fait dans les provinces d'en-bas est  
                  que notre intérêt dans cette question est si  
                  grand, et ne nous sommes embarrassés de  
                  tout de di cultés, que nous désirons que les  
                  autres provinces s'unissent a nous afin que,  
                  au moyen de leur crédit réuni au nôtre, nous  
                  puissions contracter de plus fortes dettes, et  
                  mettre à exécution nos projets de travaux  
                  publics, dont nous retirerons tous les avantages, bien que les provinces maritimes
                  
                  supporteraient leur partie de la dépense.  
                  Pour le moment, donc,—à moins que le  
                  parlement impérial ne fasse un grand deploiement de pouvoir,—il sera impossible de
                  
                  'imposer aux provinces d'en bas. Elles  
                  disent que le Canada, en le pressant comme  
                  il le fait, doit avoir d'autres objets en vos,  
                  ui ne sont pas visibles pour le moment.  
                  entrons-nous croire pour un instant que les  
                  messieurs qui doivent se rendre en Angleterre pourront presser le gouvernement  
                  impérial d'imposer cette mesure coûte que  
                  coûte,—que les provinces inférieures en  
                  veulent ou non,—en disant que comme le  
                  Canada possède la plus nombreuse population—les deux tiers de toutes les provinces—s'il
                  désire l'avoir, les autres oivent  
                  
                  
                  974
                  
                  l'avoir bon gré mal gré,? Si l'on suivait  
                  cette ligne e conduite, il faudrait d'abord  
                  les priver de leurs constitutions. et déclarer  
                  ensuite qu'il faut qu'elles s'unissent a nous—  
                  que la volonté de la majorité doit dominer  
                  les désirs de la minorité, exactement comme  
                  dans les Etats-Unis, où tout dépend de la  
                  volonté de la majorité, et où la minorité n'est  
                  censée avoir que peu de droits, s'il elle en a  
                  du tout. Mais si vous pouvez montrer que non  
                  seulement la majorité de ce parlement, mais  
                  aussi la majorité du peuple du Canada, sont  
                  en faveur de ce projet, et si vous pouvez  
                  faire voir en même temps ce que pensent les  
                  majorités dans les provinces d'en bas,—si  
                  vous pouvez de cette manière faire voir  
                  quelle est la volonté de la majorité de  
                  toute la population de ces provinces,—  
                  vous aurez beaucoup plus de force, lorsque  
                  vous irez en Angleterre, si vous voulez dire  
                  que parce que le Canada le demande, et que  
                  la majorité de tout le peu le des provinces  
                  le demande, il faut forcer es revinces d'en  
                  bas d'y accéder. L'adoption de cette résolution, suivant moi, n'entmverait nullement
                  
                  l'adoption du projet. Elle n'empêcherait  
                  pas les messieurs qui doivent se rendre en  
                  Angleterre d'adopter telles mesures, devant  
                  le parlement impérial, qu'ils croiraient désira le d'adopter, ou uils recevraient
                  instruction d'adopter ar e gouvernement dont  
                  ils font partie. Que le parlement impérial  
                  décrète cette mesure, conformément aux  
                  vues des délégués, confirmées par l'action de  
                  notre parlement, mais qu'il dise en même  
                  temps qu'elle ne deviendra en force, dans  
                  toutes les colonies, que lorsque chaque parlement l'aura adoptée. Et que chaque parlement
                  soit élu par le peuple, qui lui donnera  
                  spécialement instruction de déclarer si cette  
                  nouvelle constitution sera en non la constitution de ces colonies. Tous ceux qui veulent
                  
                  le bien du pays, qui désirent le voir progresser  
                  et prospérer, qui croient que la concentration  
                  du pouvoir entre les mains d'un seul gouvernement exécutif pour toutes ces colonies,
                  
                  nous mettra dans une position à prendre un  
                  nom et un rang armi es nations du monde,  
                  seront heureux de voir notre puissance consolidée de cette manière. Et, si nous basons
                  
                  notre édifice, comme il devrait être basé, sur  
                  la volonté du peuple librement exprimée,  
                  alors je crois que nous lèguerons à ceux qui  
                  nous suivront, un héritage dont chacun  
                  devrait être fier, et qui attrrera sur nos rives,  
                  de la Grande-Bretagne et des autres parties du  
                  monde, des populations qui voudront obtenir  
                  
                  
                  
                  ici,—en même temps que tous les avantage  
                  qui découlent de l'établissement de nos  
                  terres, — les bienfaits d'une constitution  
                  libre que nous avons rendue aussi semblable  
                  que possible a celle de la mère-patrie. Mais,  
                  quoique je sois moi-même en faveur des résolutions dela confédération, et que je désire
                  vivement les voir adopter, je désire u'elles le  
                  soient de manière à servir les plus chers intérêts du pays, et qu'elles soient usées
                  sur l'expression cordiale de l'opinion du peuple, au  
                  moyen d'une élection éuérale. J'ai promis  
                  de ne pas retenir la c ambre endant longtemps, et après avoir présenté es arguments
                  
                  que j'ai cru nécessaire d'apporter a l'appui  
                  de ma résolution, je reprends mon siége.  
                  (Applaudissements.)  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON.—M. l'ORATEUR:  
                  —Je seconde avec plaisir la résolution qui  
                  vient d'être mise devant la chambre, parce  
                  que je crois qu'il est très désirable qu'avant  
                  d'effectuer un changement du genre de celui  
                  qu'on nous propose, le peuple, qui se trouve  
                  affecté par ce changement, ait le loisir de  
                  faire connaitre son opinion d'une manière  
                  plus explicite que peuvent le faire des députés envoyés ici pour toute autre chose
                  ne  
                  pour modifier la constitution. Il ne signifie  
                  rien, suivant moi, que les circonstances qui  
                  ont accompagné l'union de l'Ecosse avec  
                  l'Angleterre, ou de l'Irlande avec l'Angleterre, ne fournissent aucune raison d'en
                  avoir  
                  appelé au peuple de ces changements, car ces  
                  circonstances ne ressemblent en rien à celles  
                  au milieu desquelles nous nous trouvons aujourd'hui. Quand même nous manquerions 
                  
                  de récédents our appuyer notre conduite,  
                  j;affirme qu'à l'époque de lumières où nous  
                  vivons et u moment que le peuple intervient  
                  et a raison d'intervenir dans l'administration  
                  de ses affaires, il ne doit se faire aucun changement de l'importance de celui-ci,
                  sans lui  
                  enner occasion d'exprimer ce qu'il en pense.  
                  Je ne crois pas, avec l'auteur de cette résolution, qu'il y ait nécessité absolue
                  d'une  
                  dissolution de la chambre afin d'obtenir ce  
                  résultat, car je ne vois pas qu'il soit inconstitutionel de faire directement voter
                  le peuple  
                  par oui ou par non. (Ecoutez!) D'ai leurs,  
                  je découvre dans la législation du pays, l'établissement d'un précédent par lequel
                  les  
                  contribuables, que la chose concerne, ont le  
                  droit d'exprimer leur approbation ou leur  
                  désapprobation de certaines mesures ayant  
                  trait a leurs affaires financières. C'est ainsi  
                  que dans la constitution des corporations  
                  créées par le peuple, telles que les conseils  
                  
                  
                  975
                  
                  de canton et de comté, et qui sont des institutions aussi représentatives un le parlement,
                  
                  il est statué que chaque cis qu'il s'agit  
                  d'engager dans des dé enses d'un certain  
                  chiffre les localités soumises au contrôle de  
                  ces conseils, la question doit d'abord être  
                  soumise aux électeurs avant qu'elle puisse  
                  devenir loi. Le peuple y députe des représentants pour y gérer ses affaires, absolument
                  
                  comme il nous envoie ici pour régler celles  
                  de tout le pays: la seule différence est ne  
                  les premiers cor s sont moins considérables  
                  que celui-ci. es représentants, dans le  
                  premier comme dans le second cas, le sont à.  
                  des titres égaux. Lorsque nous décrétons  
                  qu'ils soumettront les règlements qu'ils  
                  teront a un vote direct du peuple, peut-on  
                  nous reprocher de vouloir agir au mépris de  
                  la constitution. ou même d'adopter une ligne  
                  de conduite injuste ou inconvenante, ne de  
                  vouloir faire également voter le peuple sur  
                  des matières aussi graves que celles-cr? Eh  
                  bien! quand même une telle conduite serait  
                  sans exemple, quand même notre législation  
                  ne nous servirait de rien our démontrer que  
                  c'est le droit du peuple d'être consulté sur  
                  toutes les questions qui l'intéressent essentiellement, je répète que nous devrions
                  établir la chose comme précédent. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Je suis loin de vouloir dire, cependant, que je suis le moins du monde opposé
                  a une dissolution des chambres, mais  
                  je suis convaincu que dans ce cas une foule  
                  d'autres questions secondaires au iraient et  
                  empêcheraient le peuple de s'exprimer aussi  
                  directement que si la question lui était posée  
                  purement et simplement. Il est de la plus  
                  rende importance qu'avant le règlement  
                  final de cette question, elle soit soumise au  
                  pays d'une manière ou d'une autre. Je suis  
                  en faveur de toute proposition ni a pour but  
                  de mettre la uestxon devant le peuple, de  
                  n'importe quelle façon, plutôt que de consentir à. voir le projet voté sans cette
                  sanction  
                  des électeurs, de même que je voudrais voir  
                  le public secouer l'apathie dont s'est plaint  
                  l'hon. député de Peel, et que je regarde  
                  comme existant a un degré malheureusement  
                  trop vrai. L'hon. représentant du comté de  
                  Peel a prétendu qu'on ne trouverait pas six  
                  députés dans cette chambre qui diraient que  
                  ce pays peut continuer de prospérer (moi je  
                  dis qu'il le peut) codant encore dix ans  
                  comme durant les dix dernières années, sans  
                  changements; mais je suis de ceux, en petit  
                  nombre il est vrai, qui croient qu'il serait très  
                  désirable d'avoir un changement dans la  
                  
                  
                  
                  représentation dans cette chambre des diverses  
                  sections de la province, et que le Haut- Canada, contribuant plus largement au revenu
                  
                  public que le Bas-Canada, devait conséquemment avoir plus d'influence dans la disposition
                  de ce revenu. Ceux qui partageaient  
                  cette opinion ont agité la question de changer  
                  la constitution en ce sens, mais je n'ai jamais  
                  songé que le Bas-Canada se considérât pour  
                  cela a la veille d'une révolution nique le  
                  Haut-Canada se crût arrivé au point de ne  
                  pouvoir obtenir justice sans recourir à cette  
                  extrémité. Tout en croyant le jour venu de  
                  s'unir avec les provinces d'en-bas pour en  
                  retirer un accroissement de cree et de stabilité, accroissement qui ne résultera certainement
                  pas des résolutions qui viennent d'être  
                  votées, cependant je ne désire pas qu'il soit  
                  fait aucun changement constitutionnel sans  
                  donner au peuple la plus entière faculté de  
                  faire connaitre son sentiment sur son opportunité. Je voudrais que le projet fût présenté
                  
                  au peuple en même temps qu'une proposition  
                  d'union législative, afin de s'assurer s'il  
                  préfère ou non celleci a l'union fédérale.  
                  On m'a reproché d'avoir, dans la discussion  
                  que j'ai faite des résolutions, apporté des  
                  arguments qui étaient aussi favorables et  
                  applicables a l'union fédérale qu'à l'union  
                  législative, et que je n'ai rien dit qui ptit  
                  faire pencher la lance en faveur d'un  
                  projet plutôt que de l'autre. J'avoue en effet  
                  qu'en choisissant trois ou quatre endroits  
                  isolés de l'argumentation de n'importe qui  
                  on peut arriver a lui faire dire précisément  
                  le contraire de sa pensée; mais, je soutiens  
                  qu'en coordonnant et en résumant toutes mes  
                  o servations, on verra qu'elles sont plutôt en  
                  faveur d'une union législative. On trouvera  
                  sans doute que tous les arguments que j'ai  
                  apportés au soutien de la fédération sont  
                  également des arguments en faveur d'une  
                  union législative, mais on se rappellera aussi  
                  ne j'ai surtout appuyé sur l'économie considérable n'on réaliserait par ce dernier
                  
                  projet. Je regarde cette raison comme tout  
                  à. fait concluantc dans la conjoncture où se  
                  trouve placé le pays, par suite du manque de  
                  récoltes et de la dépression des affaires causée  
                  par les troubles des Etats-Unis. La situation  
                  économique du Canada ne lui permet pas  
                  d'encourir de nouvelles charges, et si notre  
                  constitution doit subir des changements, qu'ils  
                  aient lutôt pour effet d'alléger son fardeau  
                  que de l'augmenter. S'il nous faut grever  
                  d'amta le budget pour armer le pays,  
                  qu'on diminue les dépenses sur d'autres  
                  
                  
 
                  976
                  
                  chefs, afin de réduire le plus ossible le coût  
                  du fonctionnement du pouvoir, et alors seulement nous aurons trouvé la forme d'union
                  
                  qui rencontrera l'approbation du peuple et  
                  offrira des caractères de stabilité. Considérons un peu maintenant les évènements
                  qui  
                  ont amené ce changement que l'on regarde  
                  comme si nécessaire. Que les hon. ministres  
                  répondent et qu'ils disent si de tous côtés on  
                  ne s'accordait pas à proclamer que la diminution des dépenses était absolument nécessaire,
                  et'que si nous n'avions des réformes  
                  en ce genre, ou si le Haut-Canada n'obtenait  
                  pas, sur la disposition des fonds publics, le  
                  contrôle équitable auquel lui donnait droit  
                  l'excédant de sa contribution, que nous  
                  aurions une révolution. N'est-ce pas là la  
                  manière dont s'y est pris l'hon. président du  
                  conseil pour agiter la question pendant qu'il  
                  siégeait sur les bancs de la gauche? Je  
                  ne dirai pas qu'il y eut un danger pareil  
                  à redouter, non; car c'était précisément à  
                  cause même de la justice qu'il avait dans  
                  cette agitation que le langage de l'hon. président du connseil était si énergique
                  et si  
                  violent. Passant à un autre ordre de  
                  considérations, j'aimerais à savoir—ce que  
                  personne n'a pu m'apprendre dans cette  
                  enceinte—s'il y avait raison de croire  
                  que nous n'obtiendrions pas tout aussi  
                  bien le changement demandé dans le système  
                  de la représentation, que celui qu'on nous  
                  offre aujourd'hui. C'étaient des questions  
                  de parti qui divisaient le peuple, mais admirez combien tout cela fut rejeté dans
                  
                  l'oubli le jour où les chefs se donnèrent la  
                  main et où ils déclarèrent qu'il fallait s'occuper d'autre chose. Leur union eut pour
                  
                  but avoué de trouver un remède aux difficultés existantes et de rendre justice au
                  
                  Haut-Canada;—ils prétendent aujourd'hui  
                  que tout cela peut s accomplir par le moyen  
                  de la confédération. Pourquoi, tandis qu'ils  
                  y étaient, n'ont-ils pas adopté le plan plus  
                  économique d'une union législative entre les  
                  provinces? On allèguera peut-étre que les  
                  hon. députés d'origine française du Bas- Canada étaient tellement opposés aux demandes
                  du Haut-Canada qu'il était impossible de ne rien obtenir pour ce dernier sans  
                  une union fédérale des colonies. Je crois,  
                  pour ma part, qu'étant tous des hommes  
                  d'intelligence s'ils eussent vu les Haut- Canadiens déterminés à lutter pour leurs
                  
                  droits jusqu'à ce qu'ils les eussent obtenus,  
                  le résultat aurait été tout à fait différent de  
                  ce qu'il a été; et les hon. députés d'origine  
                  
                  
                  
                  française du Bas-Canada eussent fini par  
                  s'apercevoir qu'ils pouvaient à tout moment  
                  disparaître devant l'union des députés  
                  anglais du Haut et du Bas-Canada. Si  
                  on leur avait mis la question toute nue  
                  sous les yeux, si on leur avait fait voir que  
                  les choses en étaient rendues à un tel point  
                  qu'un changement était devenu indispensable et que la population des cantons de  
                  l'Est était prête à se coaliser contre eux  
                  avec celle de la partie est du Haut-Canada,  
                  ils n'eussent pas manqué de s'apercevoir  
                  qu'il y avait dans cette enceinte un élément  
                  assez vigoureux soit pour leur imposer l'union  
                  législative avec les provinces du golfe, soit  
                  la représentation basée sur le chiffre de la  
                  population avec le Haut-Canada. Je ne sais  
                  pas s'il nous eût été possible d'obtenir des  
                  provinces d'en-bas l'union législative avec la  
                  représentation d'après le chiffre de la population pour base, mais je suis porté à
                  croire  
                  qu'elles désiraient une union législative tout  
                  autant que le Haut-Canada, d'autant qu'elles  
                  étaient sur le point de l'effectuer entr'elles.  
                  Or, si l'Ile du Prince-Edouard et Terreneuve  
                  ne s'opposaient pas à une union législative  
                  avec a Nouvelle-Écosse et le Nouveau- Brunswick, je ne vois pas comment l'adjonction
                  d'une province de plus aurait modifié si  
                  complètement leurs intentions. Aussi, ma  
                  conviction est-elle que si les ministres qui  
                  représentent plus spécialement les intérêts  
                  du Haut-Canada se fussent sérieusement mis  
                  à l'œuvre pour avoir ce qu'il y avait de mieux  
                  à obtenir pour le peuple, s'ils s'étaient  
                  efforcés de faire prévaloir les droits du Haut- Canada, ils auraient réussi à effectuer
                  le  
                  projet le plus avantageux aux provinces- unies et à écarter à jamais les disputes
                  qui  
                  s'élèveront de toute nécessité aussitôt que  
                  l'on aura individualisé chacune des provinces  
                  en lui accordant sa législature séparée. Par  
                  le projet actuel, au contraire, vous n'aurez  
                  réussi qu'à augmenter le fardeau des impôts  
                  et multiplié les causes de mécontentement.  
                  Vous avez donné jurisdiction égale à la  
                  législature générale, et aux législatures  
                  locales, ou du moins vous avez donné a  
                  toutes deux le droit de légiférer sur les  
                  mêmes questions;—n'avez-vous pas, en agissant ainsi, laissé entre les mains de toutes
                  
                  ces législatures des germes de dispute qui  
                  prouvent que vous êtes loin d'organiser un  
                  gouvernement ferme et stable? (Écoutez!  
                  écoutez!) On prétend ensuite que l'une des  
                  raisons les plus convaincantes en faveur de  
                  l'union est la nécessité de mettre le pays sur  
                  
                  
                  977
                  
                  un pied de défense;—mais je ne vois pas  
                  que nous ne puissions faire la même chose  
                  avec notre forme de gouvernement actuel.  
                  Qu'on nous dise ce qu'il faut faire et on  
                  verra si les diverses législatures ne voteront  
                  pas les crédits nécessaires. Si nous pouvons  
                  nous faire aider par la métropole, montrons- lui que nous sommes prêts à le reconnaitre
                  
                  et à voter les fonds, pourvu qu'elle nous  
                  prête sa garantie. Si Angleterre juge à  
                  propos d'en agir ainsi, elle verra que les  
                  provinces de l'Amérique du Nord sont  
                  prêtes it prendre toutes les mesures nécessaire our se mettre sur un pied d'armement
                  
                  et de éfense. Le Canada ne forme qu'une des  
                  provinces qui sont toutes également tenues  
                  à se défendre avec nous, et qui, je crois,  
                  sont prêtes a le faire, car j'imagine qu'il y  
                  autant de loyauté dans les provinces d'en-bas  
                  qu'ici en Canada, et que du moment que  
                  nous offrirons notre coopération it la mère- patrie elles le feront aussi. Ayant avec
                  
                  Angleterre les mêmes liens que nous, la  
                  confédération ne saurait avoir pour résultat  
                  d'améliorer notre position à l'égard des  
                  défenses, car elle ne saurait nous rendre plus  
                  forts du moment que la mère-patrie reste  
                  tojours le lien qui nous tient réunis. C'est  
                  de a métropole, en effet, que nous devrons  
                  attendre les ordres lorsque le moment d'agir  
                  sera venu. Je ne suis pas de ceux qui  
                  songent à une séparation entre l'Angleterre  
                  et cette colonie, mais je dis que si le fardeau  
                  du Haut-Canada se trouve encore plus lourd  
                  que par le passé pour faire fonctionner le  
                  nouveau régime fédéral, il y a beaucoup a  
                  craindre de voir se renouveler le même état  
                  de choses qui a rendu inévitables les changements qui s'opèrent aujourd'hui. On ne
                  
                  peut se cacher que le projet actuel ne vise  
                  aucunement à rendre le gouvernement moins  
                  coûteux, ni même à effectuer le mode d'union  
                  le meilleur possible, mais qu'elle n'est qu'un  
                  expédiant et le fruit d'un compromis. Le  
                  Canada se trouve obligé de recourir a des  
                  changements, et si les provinces du golfe les  
                  adoptent c'est qu'ils leur seront imposés en  
                  quelque sorte par nous. Voici que l'on vote  
                  un projet de constitution qu'on croit le plus  
                  convenable aux circonstances actuelles; mais  
                  ne doit-on pas se demander s'il ne devra pas  
                  subir des modifications avant peu lors- qu'il nous aura jetés en milieu des querelles
                  
                  et du malaise où nous nous trouvons depuis  
                  dix ans? Pourquoi se bater; pourquoi ne  
                  pas mûrir cette question par la discusion;  
                  ne pas en faire disparaître les défauts, afin  
                  
                  
                  
                  de combiner de suite une constitution durable  
                  et ne pas se lancer dans une union coloniale  
                  susceptible de se briser, et de forcer une  
                  grande partie d'entre-nous à chercher un  
                  régime plus calme et plus tranquille dans  
                  l'annexion à la république voisine,—annexion  
                  que je regarde comme le plus grand des malheurs qui pourrait arriver a notre Canada?
                  
                  (Ecoutez, écoutez!) Je vais maintenant,  
                  M. l'ORATEUR lire un article du 
Globe pour  
                  montrer combien il est nécessaire que la  
                  récente question soit soumise a la sanction  
                  du peuple avant d'être réglée définitivement.  
                  On se rappellera que ce journal est aujourd'hui l'organe du gouvernement, et a toujours
                  
                  passé pour exprimer les vues de l'hon.  
                  député d'Oxford Sud (M. BROWN), aujourd'hui président du conseil. L'article ne je
                  
                  vais lire se rapporte au chemin de fer intercolonial, que tant de gens s'imaginent
                  aujourd'hui pouvoir être construit sans causer aucun  
                  détriment pour le pays du moment que nous  
                  sommes pour jouir de tous les avantages que  
                  l'on en suppose avoir résulter de la confédération. Voici ce que ce journal écrivait
                  au  
                  moment où s'ouvraient les premières négociations à propos du chemin de fer intercolonial:—
                  
  
               
               
               
               
                  
                  "Le Haut-Canada, parait-il, n'a pas encore  
                     assez souffert dans l'opinion des membres Haut- Canadiens du ministere, de sa liaison
                     avec une  
                     pauvre reviens de l'est, et il faut en ajouter trois  
                     autres à son pardeau. Notre législature est un  
                     corps qui cher pas encore assez lourd, ni assez  
                     ingouvernable, ni assez dispendueir, il faut encore  
                     y ajouter la représentation de trois autres peuples tous divisés d'intérêts entr'eux
                     et tous puisant a la meme source. Comme preuve de ce que  
                     l'avenir nous réserve, nous allons être obligés de  
                     contribuer eur les quatre-douzièmes du prix d'un  
                     chemin de qui servira à nous mettre en communication avec ces nouveaux alliés, en
                     sus de  
                     l'obligation de tenir le chemin en opération. En  
                     vérité, n'est-ce ne le un rejet ravissant?—(écoutez! écoutez!) de la part un gouvernement
                     d'économie, de la part d'un gouvernement dont le seul  
                     but était le réduire les dépenses et de corriger les  
                     abus de l'administration? On se prépare donc à  
                     imposer au peuple du Haut-Canada des charges  
                     pour un montant énorme, on se prépare a faire une  
                     nouvelle entreprise de chemin de fer qui promet  
                     d'être aussi rulneuse et aussi déshonorante que le  
                     Grand Tronc, et à tripler les difficultés d'un système politique déjà si impraticable
                     et tout cela  
                     pourquoi? pour tirer MM . Sicotts et Samfield  
                     MacDonald du beurbier où ils se trouvent empêtrés." 
  
               
               
               
                
               
               
               
               
               
                
               978
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON.—Je ne la connais  
                  pas précisément, car l'extrait que je cite se  
                  trouve reproduit par un autre journal.  
                  L'écrit date d'environ deux ans.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN. —Oh! mais cet  
                  écrit est passé de date, et ne s'applique plus  
                  du tout aux nouvelles circonstances de la  
                  situation.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON.—L'extrait en  
                  question parle du projet comme ayant été  
                  proposé par un gouvernement d'économie,  
                  et on se rappellera que celui-ci n'en est pas  
                  un.  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON.—Je lirai un autre  
                  extrait du même journal portant la même  
                  date:  
  
               
               
               
               
                  
                  "Le sang froid avec lequel en demande au  
                     Canada d'aider à construire ce chemin de fer destiné à distraire le commerce de ses
                     routes naturelles, est quelque chose de vraiment admirable.  
                     Nous avons complété la navigation du St. Laurent  
                     à des frais immences et avons eu à soutenir la concurrence avec le canal de l'Hudson
                     et de l'Erié,  
                     lorsque, suivant feu l'hon. M MERRITT, il eut suffi  
                     de lignes de vapeurs pour atteindre au même résultat. Or, voilà que le ministère se
                     propose de  
                     retirer les vapeurs du St. Laurent;—s'il réussissait, ce serait ni plus ni moins pour
                     le Canada  
                     qu'un coup de mort: mais, comme il ne peut  
                     réussir, la chose n'en reste pas moins une absurdité. * * * * *  
 
                  
                  
                  
                  Il peut être difficile de se dégager maintenant des  
                     promesses données aux représentants des provinces d'en bas; mais que les membres soient
                     bien  
                     persuadés qu'ils seront récompensés de l'abandon  
                     ou de l'ajournement de la mesure par l'approbation de leurs électeurs et du pays en
                     général."  
  
               
               
               
               (Ecoutez! écoutez!) 
 
               
               
               
               Eh bien! M. l'ORATEUR, en supposant  
                  maintenant que l'auteur de cet article fût  
                  un homme qui eut sérieusement à cœur les  
                  intérêts du pays et exprimât les opinions de  
                  l'hon. président du conseil, j'aimerais à savoir  
                  ce qui peut réellement avoir eu lieu depuis  
                  deux ans pour rendre nécessaire un chemin  
                  de fer que l'on s'accordait alors à déclarer si  
                  désastreux pour le Canada, et pour en faire  
                  commencer de suite la construction? L'élévation du rédacteur de ce journal en poste
                  
                  de président du cabinet serait-il, par hasard,  
                  le seul changement qui aurait eu lieu? Il a  
                  pente qu'il ne lui conviendrait pas de se  
                  rallier à ce vieux et respectable corrupteur  
                  (corruptionist) qui comparaît le Haut- Canadien aux morues de la Baie de Gaspé  
                  sans donner comme excuse quelque chose de  
                  plausible et de sonnant: c'est alors que fut  
                  trouvée l'idée d'une " nouvelle nationalité."  
                  
                  
                  
                  Cette invention devait faire disparaître toutes  
                  les anciennes divisions et avait pour but de  
                  dissimuler au Canada ses vrais intérêts en  
                  affirmant que quelqu'extravagant que puisse  
                  être un gouvernement, du moment qu'une  
                  union de ce genre sera consommée, nous  
                  pourrions dépenser tous les ans des millions  
                  de plus que notre revenu pour construire et  
                  entretenir un chemin de fer destiné à ruiner  
                  notre commerce, et tout cela pour ajouter à  
                  notre population environ 800,000 âmes.  
                  (Écoutez! écoutez!) Eh bien! en présence  
                  de tels faits et avant qu'un tel changement  
                  ne s'effectue, changement qui a été condamné dans son point essentiel—le chemin  
                  de fer intercolonial,—et qui a été si fortement  
                  combattu par la presse libérale du Haut- Canada, avant qu'un tel changement ne  
                  s'opère, je repete que nous devons consulter  
                  le peuple; car il peut bien se faire que les  
                  arguments du Globe aient fait une impression  
                  sur l'esprit des populations du Haut-Canada  
                  et qu'elles n'aient pas été par la suite favorisées des lumières nouvelles qui ont
                  changé  
                  l'opinion de l'hon. président du cabinet. On  
                  nous dit à l'heure qu'il est:—Pas de chemin  
                  de fer, pas d'union! Mais si ce chemin de  
                  fer était une si grande calamité qu'on ne dût  
                  pas l'entreprendre lorsqu'on ne nous demandait que d'y contribur pour les cinq-dousièmes,
                  il faut qu'on ait de bien graves  
                  raisons à nous faire connaître pour justifier  
                  l'acte de la confédération, accompagnée  
                  qu'elle est du décrêt de la construction du  
                  chemin de fer intercolonial qui devra nous  
                  coûter cette fois les dix-douzièmes du prix.  
                  Quelle est donc cette différence si grande  
                  dans la situation présnte du pays pour que  
                  l'on n'ait plus à craindre la ruine qui serait  
                  resultée de la construction de ce chemin il  
                  y a deux ans? L'hon. président du conseil ne  
                  juge pas à propos de répondre à ma question parce qu'il connaît l'excellent corps
                  
                  de partisans sur lesquels il s'appuie. Il se  
                  les est attachés en leur disant qu'il fallait des  
                  changements et ils sont préts à suivre  
                  partout l'hon. président du conseil par  
                  amour de la nouveauté et du changement,  
                  car, on dit que si vous inventer quelque  
                  petite chose pour amuser les gens pendant  
                  un temps, ils resteront tranquilles et s'occuperont peu de l'orage qui suivra le temps
                  
                  calme. Lors de la réunion des chambres,  
                  au commencement de cette session, je remarquai le grand nombre d'adversaires qu'avait
                  
                  le projet, puis peu à peu je pus observer la  
                  rapidité avec laquelle cette opposition avait  
                  
                  
                  979
                  
                  disparu chez plusieurs. Il y en a qui prétendent que plusieurs des hon. députés de
                  
                  cette chambre avaient des haches à aiguiser  
                  et qu'ils n'en tenaient la poignée qu'afin ne  
                  le taillant atteignit plus de perfection. (On  
                  rit.) Quelques temps après la réunion du  
                  parlement, on vit l'hon. président du conseil  
                  parcourir les rangs de ces hon. députés et  
                  en apprit bientôt qu'il s'y était opéré un  
                  changement de front. Il faut, M. l'Orateur, que le souffle de l'hon. président du
                  
                  conseil ait des propriétés bien délétères puis- qu'on a vu des hou. députés arriver
                  dans  
                  cette enceinte armés de discours tout faite  
                  de deux heures de durée, se lever pour les  
                  débiter et se trouver si faibles sur leurs  
                  jambes qu'ils étaient obligés de se rasseoir  
                  après avoir dit quelques mots signifiant tout  
                  le contraire de ce qu'ils avaient préparé,—  
                  et tout cela arrive sous l'influence du souffle  
                  de l'hon. président du conseil. (On rit.)  
                  C'est pourquoi, connaissent les ravages  
                  qu'exerce ce souffle puissant sur tout ce  
                  qu'il atteint, j'avertirai mes hon. amis de s'en  
                  tenir à une assez bonne distance et de ne  
                  pas permettre à l'hon. président du conseil  
                  de les approcher de trop près. (Ecoutez!  
                  écoutez!)  
 
               
               
               
               Six heures sonnent et l'Orateur laisse le  
                  fauteuil jusqu'à sept heures et demie.  
                  A la reprise de la séance,  
 
               
               
               
               M. CAMERON continue en ces termes:—  
                  Lersque la chambre ajeurna a six heures,  
                  j'en étais à faire remarquer le singulier effet  
                  de l'influence exercée auprès de plusieurs  
                  députés par le président du conseil; et, à cet  
                  égard, je me permettrai d'observer qu'il  
                  semble exister une pratique qui devient en  
                  faveur, mais qui, selon moi, mérite d'être  
                  censurée. Par cette prati ne, j'entends que  
                  les hon. membres du ca inet s'adressent  
                  privément à certains députés pour leur faire  
                  connaitre les raisons qu'ils ont d'agir de telle  
                  et telle manière; lesquelles raisons ne sont pas  
                  énéralemcnt communiquées aux membres  
                  cette chambre. Tout député représente  
                  une partie du peuple du pays, et toute partie  
                  de la population a autant droit aux renseignements que possède le gouvernement  
                  que les colléges électoraux représentés  
                  par d'autres membres de la chambre. Si  
                  le gouvernement donne à quelques-uns des  
                  renseignements qui ne sont pas communiqués à ceux qui sont hostiles à certaines  
                  mesures, cela met ces bon. membres dans  
                  
                  
                  
                  une fausse position, cela les porte à agir  
                  contrairement à ce qu'ils feraient peut être  
                  si tous les faits leur étaient communiqués;  
                  en un met, ce procédé nuit aux intérêts  
                  du pays. (Ecoutez! écoutez!) Si un ministre me donnait à moi des raisons qu'il  
                  cache aux autres hon. membres, je croirais  
                  qu'il cherche à me tromper, car, en vertu  
                  de son serment d'office, il est tenu de garder  
                  les secrets du cabinet, et s'il me les divulguait, je lui imputerais de mauvaises
                  
                  intentions, comme celles de me porter à agir  
                  contrairement à mes convictions. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Quant à l'hon. président du conseil, j'avais formé l'espoir, voyant qu'il
                  avait  
                  enterré son tomahawk, enlevé de son visage  
                  les couleurs guerrières et fumé le calumet de  
                  la paix avec ses ennemis politiques, que  
                  nous ne verrions plus, par l'intermédiaire de  
                  la feuille qui lui sert organe, se répandre  
                  de fausse nouvelles par le pays. Je ne  
                  m'attendais pas à ce que dans ce journal on  
                  dédierait une colonne entière à un humble  
                  individu comme moi, et cela parce qu'il lui  
                  est arrivé d'exprimer des vues contraires a  
                  celles que propose actuellement cet hou.  
                  monsieur. Au sujet des récents débats de  
                  cette chambre sur la question de la confédération, ce journal rn'attaque en disant
                  que  
                  j'ai trahi mes mandataires en agissant à l'encontre de la promesse que je leur au
                  faite  
                  avant mon élection. A cela, je répondrai  
                  que mes cemmettants savent bien ce que je  
                  leur ai promis, et qu'il n'est pas nécessaire  
                  que le 
Globe se charge de leur apprendre  
                  que j'ai manqué à cette promesse, attendu  
                  qu'aussi bien que ce journal ils sont capables  
                  de juger eux—mêmes si j'y ai ou non manqué. Si, pour justifier la position ne j'ai
                  
                  prise à l'égard de cette question, jai fait  
                  usage de quelque argument qui n'atteignait  
                  pas ce but, la critique était permise sur ce  
                  int; mais il était tout-à-fait inutile de  
                  sur dire que j'avais manqué à mon engagement, vu qu'aussi bien que quiconque ils 
                  
                  sont capables de juger de cette question.  
                  C'est cependant ce que fait l'organe de  
                  l'hon. monsieur, qui se charge par là de  
                  montrer que l'ancien esprit de parti existe  
                  toujours chez lui et que les éléments de discorde sont aussi vivaces en cette chambre
                  
                  qu'ils l'étaient avant la coalition. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Durant la scène à la fois amusante et instructive qui s'est passée l'autre
                  
                  jour entre l'hon. député de Carleton et  
                  l'hon. procureur-général du Haut-Canada,  
                  ce dernier a fair une déclaration qui, d'après  
                  
                  
                  980
                  
                  mon sens de la moralité politique, n'aurait  
                  pas du sortir de la bouche d'un ministre  
                  de la couronne. Il a déclaré qu'il était du  
                  devoir des députés de son parti de suivre  
                  leur chef en toutes choses—qu'ils ne devaient  
                  pas exercer leur jugement sur aucune matière qui pouvait venir devant la chambre,
                  
                  mais se soumettre à sa volonté et croire  
                  que toute proposition faite par lui ne pouvait  
                  tendre qu'à un bon but.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Lorsqu'il fut fait  
                  motion pour la question préalable, l'hon. proc.- gén. du Haut-Canada a quasi réprimandé
                  
                  le député de Carleton, parce que cet hon.  
                  monsieur s'est permis d'exprimer une opinion  
                  indépendante à ce sujet, et c'est à la suite  
                  de cela qu'il a dit que le partisan devait  
                  obéir au chef, vu que l'on devait supposer  
                  que celui-ci n'agissait jamais sans de bonnes  
                  raisons. (Écoutez! écoutez!) Il me semble,  
                  pourtant, que le peuple ne nous a pas députés  
                  à cette chambre pour suivre les chefs d'un  
                  parti, mais plutôt pour le représenter au  
                  meilleur de notre jugement. Je pense de  
                  même que nous ne sommes pas tenus de  
                  céder à un chef de parti, ni a qui que ce  
                  soit, ce droit de juger de toute question  
                  soumise à la chambre; au contraire, je crois  
                  que nous devons l'exercer nous-mémes.  
                  (Écoutez! écoutez!) En présentant une  
                  mesure à la chambre, le chef du gouvernement devrait étre capable de convaincre les
                  
                  députés de la bonté et de l'utilité de cette  
                  mesure. Il ne devrait demander ni recevoir  
                  d'autre appui, que celui que peut obtenir  
                  son habileté à créer cette conviction. (Écoutez! écoutez!) A mon sens, la doctrine
                  
                  promulguée par le procureur-général est, à  
                  la fois pernicieuse et nuisible aux véritables  
                  intéréts du pays, car elle enlève aux députés  
                  le droit d'exercer leur propre jugement.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—En induisant les  
                  membres à agir en toute chose contrairement  
                  à leur volonté, et cela parce que le chef du  
                  parti auquel ils appartiennent leur dit de le  
                  faire.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—C'est ce que  
                  l'hon. monsieur m'a fait comprendre le jour  
                  de son amusante altercation avec le député  
                  de Carleton, et si ce n'est pas ce qu'il à voulu  
                  dire, je regrette de lui avoir imputé cette  
                  
                  
                  
                  opinion. (Écoutez! écoutez!) Cela dit, je  
                  reviens à la question de soumettre au peuple  
                  cette mesure avant son adoption par la  
                  chambre. J'ai cité déjà des raisons que me  
                  fournit le 
Globe à ce sujet. Je ne fais pas,  
                  M. l'ORATEUR, des extraits de ce journal  
                  exprès pour mettre l'hon. président du  
                  conseil dans une fausse position, mais bien  
                  pour porter les hon. députés à réfléchir sur  
                  l'effet probable du vote qu'ils pourront donner.  
                  Si le 
Globe a autrefois plaidé en faveur de  
                  mesures qui rencontraient l'approbation du  
                  peuple, et si, comme on le dit, sa circulation  
                  et son influence sont si grandes, les haines  
                  qu'il a soulevées dans le pays, par des articles  
                  en faveur de eertainee doctrines, n'ont pas  
                  disparu par le fait qu'il a changé de politique.  
                  Les hon. messieurs feraient donc bien de  
                  réfléchir, avant d'en venir à une décision,  
                  que les anciennes haines suscitées par le  
                  
Globe ont en un écho jusqu'à l'étranger, que  
                  ce journal a encore prise sur l'opinion publique, et qu'il pourrait leur nuire sérieusement
                  lorsqu'ils auront à se présenter à leurs  
                  électeurs. Je vais maintenant faire la lecture  
                  d'un autre extrait, par lequel on verra que,  
                  sur ce sujet, l'opinion de ce journal était  
                  tout le contraire de celle que professent  
                  aujourd'hui le cabinet et l'hon. président du  
                  conseil:—  
  
               
               
               
               
                  
                  "Nous avons une dette de 70 millions et un  
                     déficit de trois ou quatre millions créés par des  
                     entreprises qui n'ont pas méme rapporté assez  
                     pour payer le prix de revient de la construction.  
                     Mais nulle entreprise dont nous nous sommes  
                     chargés ne saurait étre comparée à celle du chemin de fer interecolonial sous le rapport
                     improductif. Elle ne contribuera pas même a l'établissement d'un seul acre de terre;
                     elle ne facilitera  
                     pas notre commerce et ne rapportera pas même  
                     assez pour subvenir a ses frais d'exploitation. . . .  
                     Les quelques acres d'un sol désert à l'est absorberont $50,000 par année de notre
                     argent, tandis que  
                     la moitié d'un continent jusqu'à l'ouest ne recevra  
                     en échange que quelques paroles adressées au  
                     ministre des colonies. "  
  
               
               
               
               Telle était sur ce point l'opinion du Globe  
                  et du président du conseil il n'y a encore  
                  que deux ans. Si cette opinion était alors  
                  bien fondée, elle doit l'être encore, et le  
                  public devrait avoir une occasion de se prononcer sur elle et de dire si ce chemin
                  de  
                  fer doit être construit, surtout depuis que  
                  par ce projet de confédération nous allons  
                  avoir à payer au-dela de trois millions par  
                  année pour le soutien des gouvernements  
                  locaux. Si on avait raison de s'opposer alors  
                  à se chemin de fer, assurément que cette  
                  
                   
                  981
                  
                  même raison doit exister avec encore plus  
                  de force, maintenant que la dépense annuelle  
                  qu'il faudra faire pour lui sera au moins le  
                  double du chiffe qu'elle eut atteint si sa  
                  construction eût été alors entreprise. (Ecoutez! écoutez!) Peut-être le peuple verra-t-il
                  
                  que ce grand projet de confédération, qui, au  
                  dire du président du conseil, est destiné à lier  
                  ensemble le lion et l'agneau, lui a fait oublier  
                  cette prudente économie qui occupait une  
                  si grande place dans l'opincn du Haut- Canada, une place que le président du  
                  conseil avait peut-être lui-même créée; et  
                  si cela était aussi véridique que le disait cet  
                  hon. monsieur dans son journal, cela doit  
                  l'être davantage maintenant, et il doit être  
                  encore plus important que le peuple puisse  
                  se prononcer. Bien qu'il diffère d'avec moi  
                  dans ses conclusions, j'adopte, M. l'ORATEUR, l'opinion de l'hon. député de Peel;
                  
                  car si nous imposons ce projet au peuple  
                  sans son consentement, lorsque les lourdes  
                  charges qu'il n'avait jamais prévues le feront  
                  sortir de l'apathie où il semble aujourd'hui  
                  plongé, il se déclarera contre l'union avec  
                  bien plus de force que s'il l'avait lui-même  
                  acceptée; et j'appréhende que le mécontentement que produira chez lui le poids du
                  
                  fardeau immense dont on l'aura chargé aura  
                  pour le pays de très fâcheux résultats. ((Ecoutez!)) Il est encore une autre raison
                  qui  
                  milite en faveur de l'appel au peuple: les  
                  autres provinces ont rejeté le projet, et je  
                  présume que leurs gouvernements n'oseront  
                  pas insister sur l'introduction de cette mesure contrairement au désir du peuple.
                  
                  Cependant, lorsque les hon. messieurs de  
                  l'autre côté ont présenté ce projet, ils ont  
                  déclaré qu'ils ne permettraient pas qu'un  
                  seul amendement lui fut fait, et cela parce  
                  qu'il fallait tenir la promesse faite aux provinces inférieures de l'adopter dans
                  toute  
                  son intégrité. J'aime à voir que l'hon. président du conseil ne se sent pas aussi
                  empressé  
                  à manquer de promesse à ces provinces qu'il  
                  l'était il y a deux ans, à l'égard d'un des  
                  points les plus essentiels de ce projet, le  
                  chemin de fer intercolonial. (Écoutez!  
                  écoutez!) J'aime, M. l'ORATEUR, que l'on  
                  tienne à ses engagements, mais je ne pense  
                  pas que pour les tenir à l'égard de ce projet  
                  il soit nécessaire que la chambre l'adopte  
                  ainsi que le veut le gouvernement,—car,  
                  comme ceux des autres provinces, il n'était  
                  tenu que de soumettre la mesure au parlement; il devait, ainsi que l'ont fait les
                  
                  autres gouvernements, la laisser libre d'en  
                  
                  
                  
                  faire ce qu'il voudrait. Il n'était nullement  
                  nécessaire qu'il vînt dire à la chambre qu'il  
                  lui fallait ou l'adopter ou le rejeter dans son  
                  entier. Tout ce qu'il avait à faire—ses  
                  membres n'ayant pas été délégués à la conférence par le peuple ni même nommés par
                  
                  le parlement, car ils y sont allés avec l'entente tacite de la part des représentants
                  du  
                  peuple seulement pour voir si quelque projet  
                  d'union avantageux a toutes es provinces  
                  pourrait être adopté—tout ce qu'il avait à  
                  faire c'était de convenir de quelque plan et  
                  de laisser à la chambre de décider sur son  
                  mérite; il n'avait aucun pouvoir de mettre  
                  cette législature dans l'impossibilité de  
                  refuser ou d'amender le projet adopté par  
                  la convention. (Écoutez! écoutez! Nous  
                  voyons des hon. messieurs qui plaident en  
                  faveur de cette mesure, déclarer en même  
                  temps qu'elle est loin d'être parfaite, que ce  
                  n'est pas ce qu'aucune des provinces pouvait  
                  désirer en accepter d'elle-même, mais qu'il  
                  est néanmoins nécessaire d'accepter cette  
                  constitution difforme parce qu'il est des  
                  difficultés qu'il faut à tout prix faire disparaître. Conçoit-on cela? On admet son
                  
                  imperfection, mais on nous refuse le droit  
                  de dire si ses dispositions sont bonnes ou  
                  mauvaises. A mon sens, agir ainsi c'est  
                  faire insulte à l'intelligence des membres  
                  de cette chambre et commettre une erreur  
                  que ces hon. messieurs auront plus tard lieu  
                  de regretter. (Écoutez! écoutez!) Plusieurs  
                  ont travaillé en faveur de cette mesure avec  
                  zèle et sincérité, et aussi, je pense, avec le  
                  patriotique désir de servir avantageusement  
                  les intérêts du pays. Il y a, par exemple,  
                  l'hon. député de Lanark Sud (M. MORRIS)  
                  qui, il y a bien des années, dans un de ces  
                  rêves que nous savons par expérience appartenir au jeune âge, a conçu l'idée qu'une
                  
                  union de ces provinces serait éminemment  
                  avantageuse à leurs populations; et comme  
                  cette idée lui est en quelque sorte venue  
                  avant que ses compatriotes y eussent songé,  
                  il a cru que pour notre prospérité il était absolument nécessaire qu'elle se réalisât;
                  mais  
                  il oublie que pour assurer le bon fonctionnement du système fédéral il est nécessaire
                  
                  d'en bien ajuster les rouages, et au lieu  
                  d'avoir cette confédération qui serait avantageuse au peuple, il n'aura qu'un simulacre
                  
                  d'union et très peu de ses avantages. Si cet  
                  hon. monsieur était laissé à son choix, je  
                  ne doute nullement qu'il saurait choisir un  
                  système à la fois puissant et stable, et non  
                  , celui qui n'aurait que les qualités contraires;  
                  
                   
                  982
                  
                  car, ainsi que l'a dit l'hon. député de Peel  
                  et d'autres hon. membres, le projet qui nous  
                  est offert n'est qu'une mesure temporaire, un  
                  expédiant à l'aide duquel on compte surmonter nos difficultés, un projet d'union qui
                  
                  doit faire pour le présent, mais sur la durée  
                  duquel on ne compte pas. (Écoutez!  
                  écoutez!) De fait, nous n'aurons pas là une  
                  constitution qui pourra durer, mais une  
                  œuvre qu'il faudra changer de temps en  
                  temps jusqu'à ce qu'on soit parvenu à la  
                  détruire de fond en comble ou à en faire  
                  quelque chose de passable. (Écoutez! écoutez!) Il me semble, M. l'ORATEUR, que  
                  lorsque le gouvernement responsable a été  
                  donné à ce pays, et que l'on a appris à  
                  son peuple qu'à l'avenir il allait exercer  
                  le droit de penser pour lui-même; il me  
                  semble, dis-je, que ce droit est foulé aux  
                  pieds, lorsqu'un certain nombre d'hommes  
                  du Canada passent un contrat avec certaines autres personnes des provinces inférieures,
                  — au nombre de trente-trois, —  
                  qu'ils le signent et déclarent ensuite que les  
                  représentants du peuple de ces provinces  
                  devront d'abord s'y soumettre, et après eux  
                  le peuple; que ni le peuple ni ses représentants n'auront le pouvoir de le changer
                  ou  
                  amender, et que si nous insistons sur notre  
                  droit de l'amender, nous allons retomber  
                  dans les difficutés que des hon. messieurs se  
                  sont plu à exagérer; car on a été jusqu'à  
                  dire que le pays était à la veille d'une  
                  révolution, qui éclatorait certainement si la  
                  mesure n'était pas acceptée dans son entier.  
                  (Écoutez! écoutez!) Je pense que cette  
                  proposition ne passera pas, qu'elle ne sera  
                  pas acceptée avec autant d'empressement  
                  que se l'imaginent les hon. messieurs. Le  
                  peuple est trop intelligent, pour confier le  
                  règlement d'une question aussi importante  
                  que celle-ei,—car elle est intimement liée a  
                  sa prospérité et à son bonheur futurs, — à  
                  un petit nombre d'hommes quelque puissent  
                  être leurs talents et leur capacité; et si le  
                  projet est accepté sans que le peuple ait eu  
                  l'occasion de se prononcer à ce sujet, les hon.  
                  messieurs, lorsqu'ils retourneront auprès de  
                  leurs électeurs, s'entendront dire que le  
                  peuple a des droits qui doivent être respectés; qu'il aime à être consulté sur le
                  
                  caractère de la constitution qui doit le gouverner, et qu'avant qu'elle ne soit définitivement
                  adoptée, il tient à dire si elle lui  
                  convient et s'il est satisfait de ceux qui se  
                  chargent d'agir pour lui.  
 
               
               
               
               L'
HON. M. McGEE—Ce qu'il avait à dire  
                  
                  
                  
                  il l'a dit en approuvant ce que nous avons  
                  fait. (Écoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Ce que je voudrais,  
                  c'est qu'il eut pleine occasion d'approuver ou  
                  d'improuver ce qui a été fait, et je pense que  
                  si elle lui était donnée, son approbation ne  
                  serait pas aussi spontanée que paraissent le  
                  croire les hon. messieurs de l'autre côté.  
                  (Écoutez! écoutez!) On a dit que j'avais  
                  manqué à ma promesse en me déclarant  
                  contre ce projet, et que mes commettants  
                  m'avaient envoyé ici parce qu'ils me croyaient  
                  partisan de cette mesure; eh bien! à cela je  
                  réponds que je suis encore à attendre leur  
                  reproche sous ce rapport; que je n'ai encore  
                  entendu de leur part aucune plainte sur ma  
                  conduite politique; que j'ai au contraire  
                  reçu une lettre qui l'approuve, et que le  
                  hasard veut que cette lettre m'ait été écrite  
                  par celui qui était jadis un zélé partisan du  
                  président du conseil. (Écoutez! écoutez!)  
                  Je ne sache pas que nulle part le peuple ait  
                  approuvé le projet, ainsi que nous le dit  
                  le ministre de l'agriculture; à la prochaine  
                  élection, il manifestera certainement son  
                  approbation, mais il est probable que ce sera  
                  dans un tout autre sens. Parce je viens de  
                  dire, le président du conseil va peut-être  
                  croire que j'ai quelque animosité personnelle  
                  contre lui...  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON -—Mais s'il le croit  
                  il se trompe grandement. Je n'ai rien contre  
                  lui. Quant à ce qui me regarde personnellement, il peut rester dans le gouvernement
                  
                  aussi longtemps qu'il le pourra; je lui assure  
                  qu'il ne me verra jamais lui faire d'opposition  
                  factieuse. (Écoutez! écoutez!) Si je ne  
                  m'abuse pas, mon seul désir est de favoriser  
                  les intérêts et la prospérité de mon pays;  
                  mais je suis loin de croire que l'on arrivera  
                  à ce résultat par l'adoption du projet.  
                  (Écoutez! écoutez!) Je suis bien d'avis  
                  qu'un projet d'union avantageuse à toutes  
                  ces provinces serait possible, mais je ne crois  
                  pas que la confédération soit ce projet là.  
                  Je ne crois pas qu'il soit logique d'adopter  
                  celui-ci quand on sait que plus tard il faudra  
                  courir risque de pouvoir ou de ne pouvoir  
                  pas lemodifier. Les hon. messieurs du Bas- Canada ne font que retarder l'époque où
                  ils  
                  seront sur _un pied d'égalité avec le reste de  
                  la population. Mais en-changeant aujourd'hui la constitution, est-il sage ou prudent
                  
                  de le faire d'une manière incomplète, qui  
                  nous forcera à demander plus tard de nouvelles modifications, c'est-a-dire à la suite
                  
                  
                  
 
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                  d'une agitation créée par le mécontentement?  
                  ne vaudrait-il pas mieux s'enforcer de faire  
                  bien ce que nous allons faire? (Écoutez!  
                  écoutez!) Et comme il est des éléments à  
                  l'aide desquels une union de ces provinces  
                  pourrait s'opérer d'une manière durable et  
                  avantageuse pour ce pays, les hon. ministres  
                  eussent mieux prouvé leur patriotisme en  
                  remettant à un peu plus tard son accomplissement.  
  
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD—Mais  
                  mon hon. ami ne sait-il pas que le Bas- Canada et toutes les provinces inférieures
                  y  
                  sont opposés? Où pourrait-être, alors, la possibilité de l'accomplir?  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Je ne sais rien  
                  de positif à cet égard; j'ai seulement entendu dire ici que les provinces inférieures
                  
                  n'en voulaient pas; mais, ce que je sais,  
                  c'est que dans ce parlement réuni il y a  
                  assez de membres qui sont prêts et disposés  
                  à nous accorder la représentation d'après le  
                  nombre.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Parce qu'ils n'en  
                  ont pas eu l'occasion. Je crois pouvoir  
                  démontrer que le peuple des provinces maritimes est plutôt en faveur d'une union législative
                  que fédérale, (écoutez! écoutez!) et  
                  cela par le fait qu'elles ont nommé des  
                  délégués devant se réunir a Charlottetown à  
                  l'effet d'établir une union législative entre  
                  elles.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—Je ne doute nullement de la sincérité de l'opinion exprimée  
                  par l'hon. préopinant. Il est vrai qu'une  
                  union des provinces maritimes aété projetée,  
                  mais il n'a pas été spécifié quelle espèce 
                  d'union ce devait être.  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Cela ne fait rien.  
                  D'après tout ce que j'ai pu voir, ma conviction est que c'était une union législative
                  que  
                  l'on projetait, et lorsque les délégués à la  
                  convention de Québec se présentèrent à leurs  
                  électeurs, ils déclarèrent qu'une union législative eut été préférable à celle proposée.
                  
                  Dans tous les cas, ce projet a été rejeté par  
                  l'une des provinces, et s'il est mis en opération, il faudra donc qu'il soit imposé
                  à son  
                  peuple? Et si vous faites tant que d'imposer  
                  une constitution à aucune partie du peuple,  
                  il faudrait que c'en fut une meilleure que  
                  
                  
                  
                  celle-là, une qui, selon l'opinion exprimée  
                  par vous, serait avantageuse au pays. ((Ecoutez! écoutez!)) Le peuple du Bas-Canada
                  
                  paraissait être contre la représentation d'après  
                  le nombre; il avait dans l'idée qu'avec elle  
                  disparaîtraient ses institutions particulières;  
                  que par elle ses lois seraient changées, sa  
                  langue et sa religion détruites; et, cependant, il s'est empressé de consentir à ce
                  principe dès qu'il s'est agi de la confédération.  
                  Il a consenti à la re représentation d'après le  
                  nombre dans la chambre basse de la législature fédérale. (Ecoutez! écoutez!) Or, 
                  
                  pourquoi y a-t-il consenti? parce que sous  
                  le gouvernement local, a-t-il dit, nos affaires,  
                  nos intérêts, nos lois, notre langue et notre  
                  religion seront sous notre sauvegarde; eh  
                  bien! s'il était certain que tous ces intérêts  
                  lui seraient également assurés sous aucune  
                  forme de gouvernement qui pourrait être  
                  choisie pour le bien du pays en général,  
                  quelqu'un oserait-il affirmer qu'il s'opposerait alors à cette forme de gouvernement?
                  
                  (Ecoutez! écoutez!) Chacun sait que le  
                  peuple et les députés du Bas-Canada ont été  
                  élevés dans la crainte du Haut,—s'entend  
                  pour le cas où la représentation d'après le  
                  nombre serait accordée,—et la raison de cette  
                  crainte vient de la manière dont le journal  
                  de l'hon. président du conseil et les autres  
                  journaux de son parti ont agité autrefois  
                  cette question; mais quand le peuple Bas- Canadien verra qu'une occasion se présente
                  
                  d'accorder ce qu'il a jusqu'ici refusé, et cela,  
                  tout en conservant ces droits et priviléges  
                  qui lui sont si chers, je ne puis croire qu'il  
                  s'opposera encore à ce qui finira par exister  
                  tôt ou tard. (Écoutez! écoutez!) Il doit  
                  voir que maintenant il vaut mieux pour lui  
                  de faire des conditions, puisqu'il en a la  
                  faculté; car je suppose qu'il ne voudrait pas  
                  s'opposeràun juste principe jusqu'au point  
                  de créer une révolution, d'autant plus qu'il  
                  ne gagnerait rien à en venir 1à, étant incapable de devenir une puissance indépendante
                  
                  dans ce pays pendant que le Haut-Canada  
                  et les autres provinces continueraient à  
                  faire partie de lempire britannique; il ne  
                  pourrait pas non plus s'annexer aux Etats- Unis, car, sous ce gouvernement, ses lois,
                  sa  
                  langue et sa religion seraient beaucoup plus  
                  en danger que sous un gouvernement dont  
                  le Haut-Canada aurait l'entier contrôle. Je  
                  crois donc que les hon. messieurs du Bas-    
                  Canada auraient consenti à la représentation  
                  d'après le nombre, si les députés du Haut- Canada leur eussent démontré qu'il ne pou
                  
                  
                  
                  984
                  
                  vaient accepter aucun changement devant  
                  augmenter nos difficultés et ajouter au  
                  fardeau de nos dépenses,—résultat devant  
                  découler de ce projet; car dans les élections  
                  du Haut-Canada, ce dont on se plaignait le  
                  plus, c' étaient les fortes dépenses auxquelles  
                  nous avons été forcés de subvenir sous différents gouvernement, et ar l'influence
                  de  
                  la province inférieure. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Je ne puis croire, M. l'Orateur, que des  
                  députés a cette chambre, sous la constitution  
                  actuelle, feront à cette constitution des changements que n'ont pas demandé leurs
                  manda taires, sans d'abord les leur soumettre. Il n'a  
                  pas été question de ces changements aux  
                  élections, et le peuple semble croire qu'il a  
                  droit d'étre consulté; l'apathie qu'il montre  
                  ici et la n'est pas non plus une preuve  
                  qu'il soit en faveur du projet. Il est vrai  
                  qu'on l'a dit généralement favorable a cette  
                  mesure, et l'on cite une récente assemblée  
                  tenue a Toronto comme établissant cette  
                  preuve. Les hon. députés de Lambton et  
                  de Kent assietaient a cette assemblée, et ils  
                  ont dit, ce qu'ils croyaient sans doute, que  
                  ceux qui la composaient étaient des personnes  
                  très distinguées. (On rit.) Et parce que des  
                  personnes distinguées se sont trouvées là et  
                  que des résolutions ont été adoptées en faveur  
                  de la confédération, on a immédiatement  
                  conclu que tout le pays consentait au projet;  
                  cependant, on ne doit pas oublier que cette  
                  assemblée a été organisée par des jeunes  
                  gens, de talents il est vrai, mais enthousiastes,  
                  —lesquels se sont associés pour former en  
                  réorganiser une société réformiste,—et que  
                  cette assemblée ne se composait que de ces  
                  jeunes gens et de leurs amis politiques, et non  
                  de citoyens de Toronto réunis à l'effet de  
                  décider si le projet devait ou non être adopté.  
                  On ne saurait donc prétendre qu'une assemblée ainsi composée ait été l'expression
                  
                  véritable de l'opinion du peuple de Toronto;  
                  le seul fait de savoir qu'un assistant a fait  
                  rire de lui en proposant que le projet de  
                  confédération fut soumis au peuple, suffit  
                  pour mettre à méant cette prétention. Est-il  
                  a présumer qu'une proposition de cette sorte  
                  eut été reçue par es rires, si l'assemblée  
                  n'eut pas été entièrement composée de partisans de la confédération? (Ecoutez! écoutez!)
                  Et si vous lisez le compte-rendu des  
                  discours prononcés à. cette assemblée, vous  
                  verrez qu'ils ne contiennent presque rien à  
                  l'égard du vrai mérite du projet; vous y  
                  verrez ce langage ampoulé que vous entendez  
                  en cette chambre à propos des grands et  
                  
                  
                  
                  glorieux résultats que cette mesure doit  
                  produire. (Ecoutez! écoutez!) De sa mise  
                  à exécution, et des avantages en désavantages  
                  qu'elle vaudra au peuple, il n'en a pas été  
                  dit un mot dans un langage modéré, et, comme  
                  à cette assemblée, nous avons vu ici des hon.  
                  membres discuter cette question dans un  
                  style entré. (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. McDOUGALL—Les différents discours prononcés sur ce sujet par  
                  l'hon. préopinant m'ont fait comprendre qu'il  
                  préférerait une union législative, et qu'il  
                  voterait pour un chan eurent dans ce sens.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. McDOUGALL—Eh bien!  
                  alors, j'aimerais à savoir sur quelle autorité  
                  il s'appuierait pour voter en faveur d'une  
                  union législative plutôt que d'une union  
                  fédérale, et d'où il infère que le peuple soit  
                  en flaveur de la première? (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Lorsque j'ai dit  
                  que je voterais pour une union législative,  
                  cela n'impliquait pas que je fasse rêt a  
                  adopter ce système sans qu'il fut d'abord  
                  soumis au peuple. (Ecoutez! écoutez!)  
                  On a dit que les provinces inférieures ne  
                  voulaient pas d'une union législative; cependant, un ami vient justement de me passer
                  
                  un discours renoncé par le Dr. Tupper, de  
                  la Nouvelle-Ecosse, dans lequel ce monsieur  
                  se déclare en faveur d'une union législative.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN — Je comprends  
                  facilement qu'a une assemblée tenue a Halifax au sujet de l'union des provinces maritimes,
                  le peuple de cette cité se soit montré  
                  en faveur d'une union législative, car Halifax devait être la capitale de l'union
                  projetée; mais je n'ai non plus aucun doute que  
                  dans ces provinces il s en trouve qui soient  
                  plutôt en faveur d'une union législative que  
                  fédérale.  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Dans la correspondance mise devant cette chambre, au sujet  
                  d'une union des provinces maritimes, je me  
                  souviens que les mots employés étaient  
                  " union législative " et on ne voit pas qu'il  
                  soit question du peuple de ces provinces  
                  comme désirant l'union fédérale plutôt que  
                  législative. Dans cette correspondance, je  
                  pense que les mots employés sont " union  
                   léfislative "; il n'est pas question d'union  
                  fédérale, et je crois que c'est ta l'espèce  
                  d'union que ces hon. messieurs auraient du,  
                  dans l'intérêt de ce pays, s'efforcer d'obtenir.  
                  Mais parce que quinze en seine personnes qui  
                  ont bûclé cette constitution aï'aide d'un si  
                  
                  
 
                  985
                  
                  grand nombre d'éléments discordants, n'ont  
                  pas jugé à propos de nous la donner, ce  
                  n'est pas une raison pour ne nous l'ayons  
                  pas. Tout ce que nous désirions c'était  
                  d'avoir un gouvernement fort, et avec ce  
                  gouvernement fort nous pouvions bien nous  
                  passer de changement constitutionnel. (Ecoutez! écoutez!) Mais les hon. messieurs
                  appelés à former cette coalition avaient formulé tant d'accusations les uns contre
                  les  
                  autres qu'il fut jugé nécessaire de les faire  
                  oublier au peuple au moyen de quelque  
                  grand projet, et j'ai l'espoir que cette leçon  
                  profitera à l'hon. président du conseil, lequel  
                  s'abstiendra à l'avenir de recourir à cet expédient. (Écoutez! écoutez! et rires.)
                  
  
               
               
               
               L'
HON. A. A. DORION—Je n'ai pas  
                  l'intention, M. le PRÉSIDENT, de discuter  
                  cette motion de l'hon. député de Peel, mais  
                  je veux seulement expliquer aux députés du  
                  Bas-Canada que cette motion a pour but de  
                  demander qu'avant qu'aucune mesure passée  
                  par le gouvernement impérial, ne soit mise  
                  en force en Canada sans être soumise au  
                  peuple de cette province. Ceux qui sont  
                  d'opinion que la législature ne doit pas passer  
                  une mesure aussi importante—et qui n'est  
                  rien moins qu'une révolution dans notre constitution,—ceux qui croient que cette mesure
                  
                  est assez importante pour ne pas demander à  
                  l'Angleterre d'opérer cette révolution sans  
                  que le peuple ait été consulté, doivent voter  
                  en faveur de cette motion. (Écoutez! écoutez!) En supposant même que le peuple  
                  soit en faveur de la confédération, il y  
                  aurait encore un grand avantage à soumettre  
                  la question aux électeurs. Jusqu'à présent,  
                  la question n'est pas comprise. Les journaux  
                  ont dit d'un côté que c'était une bonne  
                  mesure, d'un autre côté qu'elle était mauvaise,—mais, en réalité, il n'y a pas eu
                  de  
                  discussion sérieuse, et l'on peut dire en toute  
                  sûreté que le peuple ne la connait pas encore.  
                  (Écoutez! écoutez!) Les membres de cette  
                  chambre prennent sur eux une très grande  
                  responsabilité s'ils votent cette mesure sans  
                  consulter le peuple, et l'avantage d'un appel  
                  au peuple,—même en supposant qu'il lui tût  
                  favorable,—serait de faire disparaître cette  
                  responsabilité. (Écoutez! écoutez!) Et si  
                  la mesure n'est ni comprise ni approuvée par  
                  le peuple, l'on court le danger, en la votant  
                  ainsi, de faire naître des préjugés que la  
                  discussion ferait peut-étre disparaître. Il  
                  est donc de l'intérêt de la mesure autant que  
                  des députés qu'elle soit soumise au peuple  
                  avant que d'être définitivement votée,—et,  
                  
                  
                  
                  pour ma part, je voterai en faveur de l'amendement de l'hon. député de Peel. (Écoutez!
                  
                  écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. EVANTUREL—M le PRÉSIDENT:—Je prendrai la liberté de demander  
                  a mon hon. ami le député d'Hochelaga  
                  pourquoi ceux qui, comme lui et toute  
                  l'opposition, ne cessent de dire que la confédération est maintenant une question
                  morte,  
                  et qu'il n'y a plus qu'à l'enterrer,—pourquoi  
                  ils veulent soumettre la question au peuple?  
                  Je n'en vois pas la nécessité, si la question  
                  est morte. (Écoutez! écoutez! et rires.)  
  
               
               
               
               L'
HON. A. A. DORION—Je répondrai à  
                  mon hon. ami que nous voulons qu'elle soit  
                  soumise au peuple afin de démontrer que la  
                  mesure n'est pas populaire. Il croit me  
                  placer dans un dilemme, mais il se trompe.  
                  Il croit que la mesure sera passée en Angleterre telle qu'elle est actuellement, et
                  c'est  
                  afin de nous mettre en garde contre cette  
                  éventualité que nous voulons un appel au  
                  peuple.  
  
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. EVANTUREL.—Je ne crois  
                  pas qu'elle sera décrétée par l'Angleterre  
                  telle qu'elle est.  
  
               
               
               
               L'
HON. A. A. DORION—Eh bien! si  
                  elle peut être amendée en Angleterre en  
                  notre faveur, elle pourra aussi être changée  
                  dans un autre sens. Mais ce n'est pas là la  
                  question. Je dis que nous devrions la soumettre au peuple, afin que s'il est favorable
                  
                  à la mesure, elle soit portée au gouvernement  
                  impérial avec la sanction du peuple et de la  
                  chambre,—et si le peuple y est opposé, il  
                  ne faut pas que les délégués puissent dire  
                  qu l'opinion publique en Canada lui est  
                  favorable. (Écoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               M. DENIS—Je crois, M. le PRÉSIDENT,  
                  que les appréhensions de l'hon député d'Hochelaga n'ont pas le moindre fondement.
                  
                  Pour faire un appel au peuple avec quelque  
                  utilité, il faudrait que le plan fut connu dans  
                  son entier; car, comment le peuple pourrait—  
                  il en juger sainement si on ne lui soumet  
                  qu'un plan vague de confédération, c'est-à- dire les résolutions actuelles telles
                  qu'elles  
                  sont, sans lui faire connaître en même temps  
                  la constitution des gouvernements locaux et  
                  tous les autres détails de la mesure, qui  
                  l'intéressent le plus et qu'il a le droit d'attendre? Attendons que le plan soit connu,
                  
                  et le peuple sera appelé à se prononcer en  
                  temps et lieu. (Écoutez! écoutez!)  
 
               
               
               986
               
               
               
               M. J. B. E. DORION—Nous venons  
                  réellement, M. le PRÉSIDENT, d'avoir du  
                  neuf, si l'hon. député de Beauharnois a  
                  parlé sérieusement. Mais, en vérité, je ne  
                  puis le croire, et je pense qu'il n'est pas sérieux en nous disant qu'il faut attendre
                  que  
                  les projets de constitutions des gouvernements  
                  locaux nous soient soumis, pour nous permettre de juger du mérite des résolutions
                  
                  actuelles. Cependant, en supposant qu'il soit  
                  sérieux, et qu'il n'ait pas voulu nous faire un  
                  badinage, comme il en fait quelque fois,  
                  croit-il pouvoir nous faire accepter comme  
                  plausibles les raisons qu'il donne pour nous  
                  faire voter contre l'appel au peuple? Dans  
                  ce cas, il se trompe étrangement. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Je conçois parfaitement qu'il soit  
                  dans l'embarras, et qu'il cherche à se payer  
                  de mauvaises raisons pour voter contre cette  
                  motion d'amendement, parce qu'il a promis  
                  dans deux assemblées d'électeurs de voter  
                  pour l'appel au peuple. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Il dit qu'il ne veut pas voter pour l'apel au  
                  peuple, parce qu'il ne connait pas les détails  
                  de la mesure; mais, alors, pourquoi veut-il  
                  voter sur la question principale sans connaître  
                  ces détails? Il sait que le gouvernement a  
                  dit à la chambre qu'il fallait voter la confédération avant qu'il ne soumît la constitution
                  
                  des gouvernements locaux, et qu'il irait en  
                  Angleterre pour en obtenir la nouvelle  
                  constitution, sans nous soumettre le plan des  
                  constitutions locales. Il sera trop tard,  
                  lorsque les délégués seront de retour et que  
                  l'Angleterre nous aura donné une nouvelle  
                  constitution, pour soumettre les résolutions  
                  actuelles au peuple. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Et si nous pouvons voter et juger ici le grand 
                  plan de contédération,—-comme dit l'hon.  
                  député,—sans avoir les détails de l'organisation des gouvernements locaux, pourquoi
                  
                  le peuple ne serait-il pas de même appelé à  
                  formuler son opinion sur ce plan? Les  
                  raisons de l'hon. député sont donc parfaitement futiles! (Ecoutes! écoutez!)  
  
               
               
               
               M. GIBBS—Avant que cette motion ne  
                  soit mise aux voix, je crois de mon devoir  
                  de faire quelques observations à l'effet de  
                  motiver mon vote. Dans mon discours de  
                  l'autre soir, j'ai dit que j'avais promis à mes  
                  commettants de voter pour la proposition  
                  ayant pour but de soumettre au peuple de  
                  cette province le projet d'union des provinces de l'Amérique anglaise. Les termes
                  
                  que j'ai employés en cette occasion équivalaient à ceux-ci: bien qu'en faveur d'une
                  
                  union fédérale, j'insite pour que la question  
                  
                  
                  
                  soit soumise au peuple, attendu que la mesure affectera non seulement les habitants
                  
                  actuels de ces provinces mais encore les  
                  générations futures. Dans ma tournée électorale, j'ai dit que je considérais ces résolutions
                  comme la base d'une convention que  
                  des individus voulant entrer en société  
                  auraient pu faire et qu'aucun d'eux ne  
                  pourrait changer sans le consentement des  
                  autres. A l'ouverture de la discussion, je  
                  ne fus donc pas surpris d'entendre l'hon.  
                  procureur-général du Haut-Canada déclarer  
                  que nous ne pouvions changer ce traité,  
                  qu'il fallait en l'adopter ou le rejeter dans  
                  son entier. Bien que j'aie pensé que l'on  
                  hâterait l'adoption des résolutions, je n'ai  
                  jamais cru qu'il n'y serait fait aucun amendement, et, quoique l'on ait dit que le
                  parlement ne pouvait ameuder le projet, je ne  
                  suis pas sans espérer qu'une fois la députation en Angleterre, certains amendements
                  
                  nécessaires seront introduits par le gouvernement de la Grande-Bretagne. Bien des
                  
                  membres qui objectent aux détails du projet  
                  sont en faveur du principe fédéral; ces  
                  membres soutiennent le gouvernement, et  
                  voilà ce qui me fait espérer que les résolutions ne devieadront pas loi exactement
                  
                  dans la forme qu'elles ont été présentées a  
                  la chambre. Comme représentant du peuple,  
                  et reconnaissant que la question est des plus  
                  importantes,—car elle affecte matériellement  
                  la constitution sous laquelle nous vivons,—je  
                  me ferai un devoir de voter pour tout amendement analogue à celui de l'hon. député
                  de  
                  Peel. Pour agir ainsi, je me guide sur  
                  l'opinion de lord DURHAM, au sujet de  
                  l'Union du Haut et du Bas-Canada. Le  
                  noble Lord avait recommandé l'adoption  
                  d'une union législative de toutes les provinces de l'Amérique Britannique du Nord,
                  
                  et il voulait aussi que la question tut soumise au peuple de ces provinces. "Mais,"
                  
                  dit-il. "la condition de la province inférieure, bien qu'elle justifie la proposition
                  
                  d'une union, ne justifierait pas cependant  
                  que cette union fut mise à effet sans le  
                  consentement du peuple de ces colonies."  
                  Dans cela, M. l'ORATEUR, je comprends  
                  qu'il s'agit du consentement des législatures  
                  de ces provinces. Si cette chambre était  
                  dissoute et que la mesure passée en Angleterre fut d'un caractère conditionnel, une
                  
                  fois notre chambre réélue, elle pourrait être  
                  acceptée ou rejetée par elle, et les collèges  
                  électoraux se trouveraient ainsi avoir été  
                  consultés à. l'égard de cette mesure. (Ecou
                  
                  
 
                  987
                  
                  tez! écoutez!) Cette nécessité a été démontrée par quelques unes des observations
                  
                  faites par ceux qui ont parlé sur ce sujet  
                  Plusieurs hon. députés, partisans de la mesure, ont dit avoir déjà fait connaître
                  à leurs  
                  commettants les dispositions de ce projet et  
                  avoir obtenu d'eux de voter dans le sens  
                  qu'ils se proposent de le faire. Cela est très  
                  bien quant à eux, mais cela ne fait que  
                  démontrer que ces hon. messieurs ont jugé  
                  nécessaire de consulter leurs mandataires.  
                  (Écoutez! écoutez!) On dit qu'entre eux  
                  les médecins ne s'accordent pas, mais je crois  
                  que l'on peut en dire autant des avocats,  
                  car nous voyons l'hon. député de Peel dire  
                  qu'il serait inconstitutionnel de suivre la  
                  conduite adoptée par l'hon. député d'Ontario Nord; mais je préfère le mode d'appel
                  
                  au peuple proposé par l'hon. député d'Ontario Nord, " oui " ou " non ", à celui de
                  
                  l'hon. député de Peel. Le principe a été  
                  reconnu par le parlement canadien; il a été  
                  introduit dans nos conseils de comté lorsqu'il  
                  s'agit d'une somme excédant $20,000, laquelle ne peut être prélevée sans avoir  
                  obtenu, au préalable, le consentement du  
                  peuple. Je crois que nous devons être pour  
                  la confédération, sinon les craintes manifestées par plusieurs pourraient se réaliser,
                  
                  c'est à-dire, que le rejet de cette union ferait  
                  croire à une tendance à l'annexion. Je n'ai  
                  pas hésité à donner mon adhésion aux résolutions de la conférence, car je crois que
                  
                  leur adoption sera profitable à ces provinces  
                  tout en reserrant les liens de ce pays avec la  
                  Grande-Bretagne. Mon attachement aux  
                  institutions britanniques n'est pas simulé;  
                  c'est un principe que je porte en moi.  
                  (Écoutez! écoutez!) Je crains que si ce  
                  projet n'est pas adopté et que les choses  
                  continuent comme à présent; que si l'on  
                  refuse au Haut-Canada ses justes droits; et  
                  que si le traité de réciprocité est abrogé, il se  
                  formera une agitation assez grande dans cette  
                  province pour nous alarmer sinon pour nous  
                  étonner. Une chose m'a frappé, c'est que  
                  nul individu dont les tendances en faveur  
                  des institutions américaines étaient connues,  
                  ne s'est exprimé en faveur du projet actuellement devant la chambre. Je vois dans
                  ce  
                  fait un puissant argument en faveur de la  
                  mesure Comme je l'ai déjà dit, M. l'ORATEUR, et bien que je sois pour la mesure, je
                  
                  crois qu'il ne serait que juste qu'elle fut  
                  soumise à l'approbation du peuple avant  
                  d'être mise à effet, et, par conséquent, je me  
                  ferai un devoir de voter pour l'amendement  
                  
                  
                  
                  de l'hon. député de Peel. (Écoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               M. JACKSON—M. l'ORATEUR—Je n'ai  
                  qu'un mot ou deux à dire avant qu'on ne  
                  vote sur cette motion. Je ne puis concilier  
                  la conduite de l'hon. député de Peel, qui  
                  vote pour qu'une adresse soit présentée à  
                  Sa Majesté en faveur du projet, et qui  
                  ensuite propose que ce projet soit soumis au  
                  peuple. A l'égard des résolutions adoptées  
                  par cette chambre, cet hon. député a dit que  
                  le peuple haut-canadien était en faveur du  
                  projet; que, pour sa part, il n'y avait aucune  
                  objection, qu'il y adhérait même. Je comprends facilement que mon hon. ami d'Ontario
                  Nord puisse voter pour cette résolution;  
                  mais ce que je ne comprends pas, c'est que  
                  l'on puisse voter pour qu'une adresse soit  
                  présentée à Sa Majesté lui demandant de  
                  soumettre le projet à la législature impériale,  
                  et qu'après cela l'on fasse volte face et que  
                  l'on vote pour la question de soumettre le projet au peuple. Je ne puis comprendre
                  cela. Si  
                  je votais pour la motion devant la chambre,  
                  je croirais agir à l'encontre du vote que j'ai  
                  auparavant donné. (Écoutez! écoutez!) J'ai  
                  dit l'autre soir que mes commettants étaient  
                  pour que la chambre adoptât cette mesure,  
                  et qu'ils ne considéraient pas nécessaire un  
                  appel au peuple. J'ai voté selon leur volonté,  
                  et je vais actuellement voter contre la motion  
                  de l'hon. député de Peel. Si cela était nécessaire, je crois que je pourrais démontrer
                  à la  
                  chambre que si la question était soumise au  
                  peuple il en surgirait des résultats tout-à-fait  
                  étrangers à la question principale, et que  
                  nous n'en connaîtrions pas mieux son opinion. Je pense que tout hon. membre qui a
                  
                  donné son appui aux résolutions doit voter  
                  contre la proposition de l'hon. député de  
                  Peel. (Écoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN — En prenant la  
                  parole, mon intention n'est pas de retarder  
                  de plus de quelques minutes la division de  
                  le chambre; mais je pense que les débats ne  
                  doivent pas se terminer sans qu'il soit dit  
                  quelques mots de ce côté-ci de la chambre.  
                  Parlons d'abord du discours de l'hon. débuté  
                  d'Ontario-Nord (M. M. C. CAMERON.) Dans  
                  le cours de ses observations, cet hon. monsieur  
                  a dit n'avoir contre moi aucune animosité  
                  personnelle. Cela je le crois, _et je crois de  
                  même que l'hon. monsieur avait le droit de  
                  jouir de tous les petits succès qu'il a obtenus  
                  en m'attaquant ainsi que l'hon. secrétaire- provincial (M. MCDOUGALL.) À mon avis,
                  
                  aucune de ses autres observations méritent  
                  
                  
 
                  988
                  
                  que l'on s'y arrête—(on rit) car elles ne  
                  sont qu'une répétition de ce qui a été dit  
                  mainte fois par d'autres hon. membres dans  
                  la première partie de ces débats. Mais  
                  quant à l'hon. député de Peel, (M. J.  
                  HILLYARD CAMERON), je dois dire que l'argumentation qu'il a fait entendre ce soir,
                  
                  est pour moi, unique, car jamais je n'en  
                  avais entendu de pareille de la part d'aucun  
                  autre membre de cette chambre. Voyons  
                  dans quelle position est placé cet hon. monsieur; il a commencé par dire que pour
                  faire  
                  justice au Haut-Canada il fallait une réforme  
                  parlementaire, et que dans ce projet le Haut- Canada avait cette mesure de justice;
                  il a  
                  dit qu'il fallait que la province fut défendue;  
                  que la question la plus urgente et la plus  
                  importante dont nous avions à nous occuper  
                  en ce moment, était celle des défenses, auxquelles cette mesure pourvoyait on ne peut
                  
                  mieux. Il a dit qu'il fallait empêcher l'abolition du traité avec les États-Unis dont
                  nous  
                  sommes menacés; que, par la révocation de  
                  ce traité, les meilleurs intérêts de cette province seraient en danger et que, selon
                  lui,  
                  cette mesure parait complétement à cette  
                  difficulté. Il a aussi dit que nous ne pouvions  
                  rester comme nous sommes, qu'il était impossible que l'état de choses actuelles se
                  
                  maintînt, et que ce que l'on proposait par  
                  cette mesure était le changement le plus  
                  à désirer. Il a dit qu'il ne nous restait  
                  que deux alternatives; une dissolution de  
                  l'union ou l'adoption du principe fédéral;  
                  que, pour lui, il considérait qu'une dissolution de l'union était la dernière chose
                  à  
                  adopter et que le système fédéral était le  
                  meilleur remède auquel on pouvait recourir  
                  dans les circonstances particulières où nous  
                  nous trouvons.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN —Dans tous les cas,  
                  au comité constitutionnel, l'hon. monsieur à  
                  voté pour une union fédérale, et signé le  
                  rapport déclarant que cette mesure était la  
                  seule qui pouvait être adoptée et dont l'adoption était à désirer.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON M. BROWN - Il ne s-agit pas de 
                  cela. L'hon. monsieu a dit ensuite que 
                  pour toutes ces raisons, cette mesure se recommande d'elle-méme à tout véritable ami
                  
                  de son pays. Cependant, après avoir fait un 
                  ausei grand éloge de la mesure, que vient-il 
                  nous dire? Qu'il n'en veut pas maintenant; 
                  
                  
                  
                  qu'il n'en veut pas avant que le pays ne se soit  
                  prononcé à son égard! Si ces difficultés ne  
                  sont pas réglées, dit-il, nous sommes menacés  
                  de l'annexion aux États-Unis; que cette  
                  mesure peut parer à ce danger et, cependant,  
                  il ne veut pas qu'elle serve maintenant de  
                  remède. Or, quelles sont les raisons de l'hon.  
                  monsieur pour refuser de donner effet à une  
                  mesure pour laquelle il paraît autant porté?  
                  Comme l'hon. député d'Ontario, nie-t-il au  
                  parlement le pouvoir de passer cette mesure?  
                  Pas du tout; il reconnait que nous avons ce  
                  pouvoir, mais, personnellement, entretient il  
                  quelque doute quant à l'avantage de la  
                  passer maintenant? Au contraire, il est  
                  très porté pour la mesure, car il déclare que  
                  comme électeur il voterait pour elle sans y  
                  demander aucun changement; veut-il que  
                  son adoption soit retardée? Au contraire,  
                  il demande qu'elle soit adoptée avec toute  
                  la diligence possible. (Écoutez! écoutez!)  
                  Il dit que le plus tôt les membres du gouvernement seront en Angleterre le mieux se
                  
                  sera pour le euple canadien; que les questions de fédération, des défenses et de la
                  
                  réciprocité devraient, sans une heure de  
                  retard inutile, être portées à l'attention du  
                  gouvernement impérial. Il affirme que du  
                  sort de cette mesure dependent quelques- uns des intérêts les plus vitaux de la province,
                  et cependant il n'en veut pas avant  
                  que des mois ne s'écoulent, c'est-à-dire, avant  
                  que le pays n'ait subi une élection générale,  
                  et qu'un nouveau parlement ait pu la sanctionner; et ce qu'il a y de plus curieux
                  dans  
                  tout ceci, c'est que l'hon. monsieur ne veut  
                  pas maintenant de l'appel au peuple; il veut  
                  qu'il soit remis à plus tard.  
  
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—C'est tout  
                  le contraire; j'ai dit que l'appel au peuple  
                  ne devrait pas être retardé d'un jour et que,  
                  comme le gouvernement nous avait dit qu'il  
                  devait convoquer le parlement en juillet,  
                  rien n'empêchait la dissolution de celui-ci et  
                  la convocation de l'autre vers ce temps.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—Oui, mais en  
                  même temps l'hon. monsieur nous a dit qu'il  
                  fallait que la députation partit sans retard  
                  pour l'Angleterre. Croit-il qu'une élection  
                  générale se ferait en l'absence des principaux  
                  membres du cabinet? S'il le croit, je luis dis  
                  qu'il se trompe. Est-ce que l'hon. monsieur  
                  entretient quelque doute sur les sentiments  
                  du peuple canadien à l'égard de cette  
                  mesure? Nullement. Il est, au contraire,  
                  convaincu que si elle était soumise au peuple,  
                  une immense majorité se prononcerait en sa  
                  
                  
 
                  989
                  
                  faveur. Ce qui est encore étrange, c'est qu'il  
                  donne cette certitude d'approbation comme  
                  principal argument à l'appui d'une élection.  
                  " Soumettez-là au peuple, dit-il, et ne craignez  
                  rien quant au résultat. Les mêmes représentants reviendront, ou d'autres dont l'opinion
                  est la même viendront l'adopter. "Pouvait-on imaginer quelque chose de plus  
                  absurde? Avec cet argument ne se contredit- il pas lui-même? Si l'hon. monsieur eut
                  dit:  
                  " le peuple et ses représentants approuvent  
                  cette mesure; si vous avez une élection, les  
                  mêmes hommes vont revenir, ou d'autres  
                  qui pensent comme eux; une grande dépense  
                  inutile en résultera; beaucoup de temps  
                  précieux sera perdu; il vaut bien mieux ne  
                  pas perdre un moment et adopter cette mesure sans plus tarder! (Applaudissements.)
                  
                  Mais, au lieu de cela, il veut l'appel au  
                  peuple, et l'argument qu'il a employé à cet  
                  effet m'a paru étrange, venant surtout de sa  
                  part. L'hon. député de Peel dit n'avoir  
                  aucun doute quant a l'opinion du Haut- Canada; il est très certain qu'il se prononcerait
                  presque unanimement pour la mesure,  
                  mais il a des doutes sur ce que le peuple  
                  bas-canadien en pense; il aimerait peut-être  
                  avoir l'occasion de lui donner son coup de  
                  mort, et il voudrait, dit-il, que cette occasion  
                  lui fut donnée! Eh bien! M. l'ORATEUR,  
                  c'est encore là un argument qui m'a paru  
                  singulier, vu qu'il vient d'une personne très  
                  portée pour la mesure et qui ne paraît guère  
                  s'accorder avec la majorité bas-canadienne en  
                  matières politiques, et surtout sur cette question particulièrement. (Écoutez! écoutez!)
                  
                  Qui se serait attendu que l'hon. député de  
                  Peel se serait un jour chargé d'exprimer les  
                  sentiments de la population bas-canadienne,  
                  et qu'il se serait constitué le gardien de ses  
                  droits? (Écoutez! écoutez!) I1 me semble  
                  qu'il aurait pu laisser les Bas-Canadiens parler pour eux mêmes. (Ecoutez! écoutez!)
                  En  
                  face du vote de la dernière séance sur cette  
                  mesure, pour laquelle le Bas-Canada a donné  
                  une majorité de douze, je pense que l'hon.  
                  député de Peel aurait dû accepter ce fait  
                  comme l'expression des sentiments de cette  
                  section. (Écoutez! écoutez!) Lors de la  
                  division, samedi matin, trois députés du Bas- Canada étaient absents, et s'ils eussent
                  été  
                  ici, la majorité bas-canadienne en faveur de  
                  la mesure eut été de treize.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON M. BROWN.—Je crois que M.  
                  
                  
                  
                  DAOUST et l'hon. M. ABBOTT se sont déclaré pour la confédération. M. DUNKIN  
                  eut probablement voté contre. Quant au  
                  député d'Argenteuil (l'hon. M. ABBOTT), je  
                  le vois à son siége et il peut dire comment  
                  il eut voté. Avec M. DUNNIN votant contre  
                  la mesure, on eut en 13 voix de majorité  
                  dans le Bas-Canada. (Écoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN.—L'hon. monsieur est  
                  d'âge à pouvoir répondre si ça lui plaît, mais  
                  je ne lui fais pas le mauvais compliment de  
                  croire qu'il eut voté contre la mesure. Je  
                  suis certain qu'il aurait voté du bon côté.  
                  (Écoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON.—Moi aussi. j'en suis  
                  certain, mais pas dans votre sens. (Hilarité.)  
  
               
               
               
               HON M. BROWN.—Je répète qu'en face  
                  de cette majorité de 13 dans le Bas-Canada,  
                  et de 5 parmi les députés Franco-Canadiens,  
                  il n'y avait que la tendresse de l'hon. député  
                  de Peel pour les Bas-Canadiens qui pût le  
                  porter à demander une élection générale.  
                  (Écoutez!) Et, cependant, l'hon député de  
                  Peel a été témoin de l'espèce d'agitation qui  
                  se fait en Bas-Canada contre la mesure; il a  
                  entendu la manière dont on répand les pétitions dans tout le pays, et dont on presse
                  
                  les hommes, les femmes et les enfants de les  
                  signer; il a vu ces pétitions nous arriver ici  
                  portant à peine une signature authentique,  
                  et il n'a pu rester sourd aux appels fanatiques  
                  et aux arguments sur lesquels on a basé cette  
                  agitation. (Écoutez! écoutez!) Est-ce pour  
                  aider et fortifier cette agitation qu'il demande  
                  des élections générales? À-t-on exprimé une  
                  seule idée un seul fait contre la mesure qui  
                  pût autoriser l'agitation qu'on cherche à  
                  soulever dans le Bas-Canada? À-t-on essayé  
                  de faire valoir contre le projet un seul argument qui en attaquât le mérite réel?
                  I1 me reste  
                  encore à les apprendre, dans le cas où il y en  
                  aurait eu. (Écoutez! écoutez!) Cependant,  
                  M l'ORATEUR, la partie la plus curieuse du  
                  discours de l'hon. député de Peel, est l'attitude qu'il voudrait que nous prissions
                  au  
                  sujet de la Reine. Nous avons déjà voté une  
                  adresse demandant à Sa Majesté de passer  
                  un statut impérial pour sanctionner le résultat de la conférence de Québec; or, l'hon.
                  
                  député de Peel veut que maintenant nous  
                  votions une seconde adresse pour demander  
                  que l'acte impérial soit sujet à l'approbation  
                  de leurs Altesses, les cent trente députés à  
                  
                  
                  990
                  
                  qui il sera donné de siéger dans le prochain  
                  parlement canadien. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Il voudrait que nous nous présenterions  
                  devant Sa Majesté et que nous lui porterions  
                  la parole en ces termes:—" Qu'il plaise à  
                  Votre Majesté:—Voici la constitution qu'ont  
                  adoptée les gouvernements des cinq provinces  
                  anglo-américaines; nous vous déclarons que  
                  c'est là la nouvelle constitution n'il faut a  
                  l' Amérique Anglaise, et nous supplions Votre  
                  Majesté de l'approuver, que le parlement  
                  impérial passe un acte lui donnant force de  
                  loi pour toutes ces provinces, et que Votre  
                  Majesté sanctionne le tout; cependant, nous  
                  prions Votre Majesté de le faire à une condition, c'est'que la législature du Canada,—
                  
                  pas celle d'aujourd'hui mais celle qui lui  
                  succèdera,—ait la liberté de critiquer et examiner l'ouvrage du parlement anglais
                  et de  
                  jeter au panier l'acte de Votre Majesté le  
                  premier jour qu'elle se réunira." (Ecoutez!  
                  écoutez! et rires.) L'hon. député de Peel  
                  me permettra de lui dire que s'il s'imagine  
                  ne ce soit le moyen propre de se présenter  
                  devant la Souveraine, il a une étrange idée  
                  du respect dû par ses sujets au premier  
                  fonctionnaire de l'empire dont nous avons le  
                  bonheur de faire partie. (Ecoutez! écoutez!)  
                  J'irai plus loin, et j'ajouterai que si l'hon.  
                  député en tout autre de son avis, s'attend a  
                  ce ne d'hon. personnages s'acheminent vers  
                  le siege de l'empire pour aller dire au cabinet  
                  de St. James:—" Nous vous prions de prendre le soin de combiner cette mesure, de vous
                  
                  l'approprier et de la faire passer dans les  
                  deux chambres et malgré toute l'opposition:  
                  —mais, en même temps, nous voudrions que  
                  vous rédigiez une clause portant que la législature canadienne aura le pas sur le
                  parlement impérial, sur la Souveraine, et fera de  
                  votre loi ce que bon lui semblera,"— eh  
                  bien! je dirai à la chambre qu'elle trouve  
                  pour transmettre son message des individus  
                  dénuée de dignité personnelle et de toute  
                  notion de respect envers ceux qui occupent  
                  les plus hautes charges du royaume. (Applaudissements.) Je déclare donc, qu'on  
                  ne saurait infliger à la Reine une insulte  
                  plus grave que celle que propose l'hon député de Peel . Mais, ce n'est pas tout; une
                  
                  autre singularité du discours de l'hon. député  
                  de Peel, est que tout en essayant de faire voter  
                  non-confiance au gouvernement,—car c'est  
                  au moins le renversement de la politique du  
                  gouvernement,—il déclare en même temps  
                  le désir dont il est animé, de consolider l'administration. (Ecoutez! écoutez) Il
                  s'ima
                  
                  
                  
                  gine ou feint d'imaginer que si sa proposition  
                  est emportée, le gouvernement rendra la  
                  chose bénévolement et s'achemmera vers  
                  l'Angleterre, portant niaisement avec lui la  
                  déclaration officiellc de sa défaite. Voici ce  
                  qu'il nous dit:-—" Je ne veux pas, malgré ce  
                  vote, vous voir hésiter à prendre la route de  
                  Londres:—Non, car votre présence y est nécessaire au plus tôt. Vous devez donc partir
                  
                  de suite pour aller faire valoir nos droits,  
                  indiquer la manière de régler la question  
                  des défenses, celle de la réciprocité, et le  
                  reste. Vous devez parler au nom du peuple  
                  canadien d'un ton ferme et décidé, d'accord  
                  avec les sentiments du pays." L'hon. député  
                  veut nous voir aller en Angleterre possédant  
                  la confiance du peuple, et la façon dont il s'y  
                  prend pour déclarer que nous la possédons,  
                  est de nous soumettre à un vote de censure  
                  la veille même de notre départ. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Car, enfin, ne veut-il pas que  
                  nous portions une adresse à Sa Majesté d'une  
                  main et notre défaite de l'autre? (Ecoutez!  
                  écoutez!) Si l'hon. député croit appuyer  
                  l'administration avec sa proposition actuelle,  
                  pour ma part, je lui dirai que je ne lui ai  
                  aucune reconnaissance pour son appui.  
                  (Ecoutez! écoutez!) L'hon. député peut emporter sa résolution s'il en est capable,
                  mais  
                  je lui dis que le gouvernement d'aujourd'hui  
                  ne confiera a personne le soin de porter un  
                  message aussi irrévéreneieux que celui-ci  
                  aux pieds du trône, car la chambre doit  
                  savoir que si le ministère actuel a quelque  
                  adresse à transmettre à Sa Majesté, ce doit  
                  être celle qu'il propose en ce moment au  
                  parlement. L'hon. député de North Ontario  
                  (M. M. C. CAMERON) dit que nous essayons  
                  de dicter sa conduite à la chambre, de nous  
                  attribuer les droits des membres de cette  
                  législature: tel n'est pas le cas. Les membres de la législature peuvent agir suivant
                  
                  ce qu'ils croient juste. et voter ou rejeter  
                  notre adresse, la modifier ou y ajouter ce  
                  qu'ils voudront, mais nous déclarons que  
                  nous ne saurions nous faire les porteurs d'un  
                  message conçu dans les termes proposés par  
                  l'hon. député de Peel. Que cette chambre  
                  déclare qu'elle veut en appeler au peuple et  
                  demain elle aura des élections générales,  
                  (écoutez! écoutez!) mais cela sans obliger  
                  le gouvernement d'aller en Angleterre, pour  
                  demander à la fois que le projet de loi actuel  
                  devienne et ne devienne pas loi. (Ecoutez!  
                  écoutez!) L'hon. député de Peel a ajouté  
                  que l'appel au peuple se fait dans les autres  
                  provinces et demande pourquoi il n'en serait  
                  
                  
                  991
                  
                  pas ainsi de nous? Or, il me semble que  
                  l'hon. député devrait savoir la différence de  
                  situation de ces législaturcs avec la nôtre.  
                  C'est ainsi, par exemple, que le terme du  
                  parlement du Nouveau-Brunswick expire en  
                  mai; les députés n'étant pas revenus devant  
                  leurs électeurs depuis quatre années, et  
                  devant subir une élection sous peu, ont cru  
                  qu'il valait mieux faire la chose de suite.  
                  Il en est de même de Terreneuve, où le  
                  terme de dissolution du parlement était  
                  proche et où l'on a suivi la même ligne de  
                  conduite. Mais l'hon. député ajoute que si  
                  la législature de la Nouvelle-Ecosse n'approuve pas les résolutions. le gouvernement
                  y conseillera la dissolution des chambres:—il est probable que c'eut été la notre
                  
                  conduite dans les mêmes circonstances. Si  
                  la législature n'eut pas approuvé notre'projet,  
                  nous en eussions assurément, du consentement de Son Excellence, appelé au pays de
                  
                  la décision de la chambre. Mais aujourd'hui,  
                  quelle necessité y a-t-il d'un appel au peuple?  
                  Voilà ne nous discutons cette question  
                  depuis des années... 
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—L'hon. monsieur  
                  peut faire—oh! oh!—ce qui ne m'empêchera  
                  pas de lui dire que le peuple du pays entier  
                  comprend la question tout aussi bien que les  
                  députés de la législature. Il n'y a que ceux  
                  qui ne le veulent pas qui ne la comprennent  
                  pas. L'hon. député de Cornwall lui-même a  
                  compris jadis la question, et s'il n'en est pas  
                  ainsi aujourd'hui c'est ne la mémoire lui  
                  fait défaut. (On rit). S'il pouvait y avoir  
                  quelque doute sur le sentiment du peuple à  
                  cet égard, alors il y aurait lieu d'en appeler  
                  au pays; mais est-ce le cas? Je ne m'oppose  
                  pas à la résolution de l'hon. monsieur sur  
                  des motifs constitutionnels pas plus que je  
                  nie les droits du peuple, car si j'avais le  
                  moindre doute sur le verdict du peuple, je  
                  serais le premier a dire que nous devons avoir  
                  des élections; mais, c'est précisément parce  
                  que je sais que le peuple se déclarersit en  
                  masse pour la mesure que je crois inutile  
                  d'en appeler aux électeurs. Le meilleur moyen  
                  de juger de l'opinion du pays n'est—il pas le  
                  vote des représentants qu il envoie ici? Or,  
                  jamais le parlement canadien ne s'est déclaré  
                  sur une matière aussi grave avec une plus  
                  forte majorité, laquelle a été dans la chambre  
                  haute dans une proportion de trois à une  
                  voix, et ne s'en est pas éloi née dans la  
                  chambre basse. Sur les dix hon. députés  
                  
                  
                  
                  qui n'ont pu prendre part au vote,—l'hon.  
                  ORATEUR et cinq absents,—pas moins de  
                  cinq auraient voté dans l'affirmative et un  
                  seul dans la négative, la chambre s'étant  
                  divisée comme suit, savoir:—94 oui, et 36  
                  non. Sur les 36 députés qui ont voté contre  
                  la mesure, pas moins de la moitié ont déclaré  
                  à la chambre qu'ils acceptaient les principes  
                  généraux du plan, mais qu'ils le repoussaient  
                  à cause de quelques uns de ses détails. Je  
                  le répète donc, jamais le parlement n'a voté  
                  avec une telle unanimité un aussi grand  
                  changement constitutionnel. D'un autre  
                  côté depuis que le ministère a fait connaître  
                  sa politique il n'y a pas en moins de 50 comtés  
                  où le peuple a pu faire connaître son opinion  
                  soit dans l'une soit l'autre chambre: or, sur  
                  tous ces candidats, quatre seulement se sont  
                  présentés comme des adversaires de la mesure,  
                  deux ont été élus et un de ces deux a voté la  
                  mesure. (Ecoutez! écoutez!) On m'apprend  
                  que l'hon. député de Wentworth (M. RYMAI.)  
                  a fait une assertion sur laquelle j'attirerai  
                  son attention, vu que je n'ai pû l'entendre  
                  pendant que je portais la parole. Je fesais  
                  la remarque que je n'avais pas entendu dire  
                  à un seu député du Haut-Canada qu'il n'y  
                  avait pas une forte majorité de ses électeurs  
                  favorable au projet, c'est alors que l'hon.  
                  député a prétendu le contraire pour son  
                  comté.  
  
               
               
               
               M. RYMAL. Je n'ai pas dit s'ils étaient  
                  ou non favorables au projet. Je crois qu'il  
                  existe parmi eux une grande diversité  
                  d'opinion.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—Ah! Eh bien!  
                  M. l'ORATEUR, il y a deux membres de la  
                  législature, l'un dans cette chambre et l'autre  
                  dans la chambre haute, qui arrivent des  
                  élections, l'un pour la cité de Hamilton,  
                  située dans le comté que représente l'hon.  
                  monsieur (M. RYMAL), et lautre pour le  
                  district électoral qui embrasse également le  
                  comté de Wentworth, et ces deux membres  
                  déclarent qu'ils n'ont pas le moindre doute  
                  sur le sentiment de leurs électeurs-lequel est  
                  énergiquement favorable à la mesure. Je  
                  répète donc que je n'ai pas entendu un seul  
                  hon. député déclarer que ses électeurs étaient  
                  opposés à la mesure actuelle.  
  
               
               
               
               M. RYMAL—Au sujet du témoignage  
                  de l'hon. député de la division de Burlington  
                  (M. BULL), et de l'hon. député de Hamilton  
                  (M. MAGILL), qu'il me soit permis de dire  
                  ne je connais mieux le Riding Sud de  
                  Wentworth qu'aucun d'eux. Ni l'un ni  
                  l'autre n'ont a confiance des électeurs de  
                  
                  
                  992
                  
                  Wentworth Sud. L'un a été défait l'automne dernier par 300 voix de majorité; 
                  l'autre a couru les chances d'une élection, i  
                  y a quelques années, sans avoir une ombre  
                  de succès en sa faveur.  
  
               
               
               
               L'
HON M. BROWN—Cela peut-être vrai:  
                  mais l'hen. député aurait pu ajouter aussi   
                  que le Dr. SMITH, l'adversaire de l'hon. M.  
                  BULL, s'est déclaré en faveur des principes  
                  généraux de la mesure, en disant que si les  
                  détails lui laisaient il les appuierait. Ainsi  
                  donc, les aux candidats de cette divisiou,  
                  y compris tout Wentworth et la ville de  
                  Hamilton, se sont déclarés favorables au  
                  gouvernement.  
  
               
               
               
               M. RYMAL——Je prendrai la liberté de  
                  dire que j'ai entendu le Dr. SMlTH dire,  
                  pas rien qu'une fois, mais plusieurs fois,  
                  qu'il ne croyait pas que la mesure pourrait  
                  fonctionner.  
  
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Ça été la cause de  
                  sa défaite, je suppose? (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—Il est fort possible  
                  que le Dr. SMITH ait pu dire cela depuis sa  
                  défaite; mais j'ai conversé avec lui lors de  
                  son élection, et il s'est exprimé en sens tout  
                  à. fait contraire. D'ailleurs, il sied peu a  
                  l'hon. monsieur de parler en tels termes du  
                  témoignage de ces messieurs parce qu'ils  
                  n'ont pas triomphé en telle ou telle occasion.  
                  Qu'il se rappelle les difiicultés de sa propre  
                  élection et la faible majorité qui l'a fait  
                  triompher, et il verra combien peu il lui  
                  convient de jeter à cette occasion du discrédit sur les assertions d'hon. députés
                  qui  
                  viennent d'être élus, et cela après ne la  
                  n esure actuelle a été exposée au peup 9 qui  
                  s'est déclaré presqu'unanime en sa faveur.  
                  L'hon. député de Hamilton a été élu à une  
                  immense majorité, et il n'est pas juste pour  
                  l'hon. député de s'en moquer parce qu'il  
                  avait été malheureux dans une occasion précédente. (Ecoutez! écoutez!) Je pourrais,
                  
                  M. l'ORATEUR, retenir encore longtemps  
                  la chambre a répliquer a tout ce n'ont dit  
                  les hou. orateurs qui ont pris qla parole  
                  pendant ce débat; mais je ne veux pas  
                  retarder le vote de la chambre, et je rappellerai simplement a cette chambre que si
                  
                  jamais il s'est présenté une occasion d'agir,  
                  et cela sur le champ, c'est bien au sujet de  
                  la uestion actuelle.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               
               
               
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—Au contraire,  
                  cela empêche la possibilité d'agir sur le  
                  champ.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—L'hon. monsieur  
                  va voir si nous pouvons oui ou non a ir  
                  immédiatement. Il doit savoir que si les  
                  élections du Nouveau-Brunswick ont tourné  
                  en apparence contre la confédération, il y a  
                  encore un nombre considérable de députés  
                  favorables a la confédération qui ont remporté leur élection, et qu'il s'y rencontre
                  un  
                  parti non moins considérable qui, faivorable à  
                  l'union, ne s'y cet opposé qu'à cause de  
                  certains détails. D'ailleurs, il y a ceci à  
                  considérer, c'est qu'on y a présenté la mesure  
                  sous un jour tout à fait différent de celui  
                  sous lequel elle s'offre a rous. En effet,  
                  cette question nous occupe depuis plusieurs  
                  années, et il n'y a pas une seule objection  
                  qu'on puisse soulever qui ne l'ait pas déjà  
                  été ailleurs. Nous sommes donc dans une  
                  situation différente, à part cette considération  
                  faite par l'hon. député de Peel, que nous ne  
                  pouvons reculer, mais qu'il nous faut avancer,  
                  qu'il nous faut en arriver a quelque décision  
                  sur le sujet et que nous ne saurions laisser  
                  les choses dans leur état actuel. Il ne sert  
                  donc de rien a l'hon. député de North  
                  Ontario (M. M. C. Cameron) de prétendre  
                  que les choses peuvent continuer d'aller  
                  comme ci—devant:—-ct puis, telle n'était pas  
                  son opinion en 1862. (Ecoutez! écoutez l)  
                  Arrivé en chambre comme appui du gouvernement conservateur d'alors, le premier  
                  vote qu'il donne est pour le condamner, parce  
                  qu'il n'a pas présenté de mesures pour régler  
                  la question Il n' a qu'à. relire le discours qu'il  
                  fit en cette occasion our dénoncer l'hon. procureur—général du aut-Canada et ses collègues
                  parce qu'ils ne voulaient pas donner la  
                  représentation d'après le chiffre dela population, et que l'opinion publique s'était
                  déc arée  
                  si énergiquement qu'il n'y avait pas un moment à perdre pour régler la question, il
                  
                  trouvera la réponse à ce qu'il prétend en ce  
                  moment, savoir: que nous pouvons laisser la  
                  aestion de côté et continuer l'ancien ordre  
                  de choses. (Ecoutez! écoute:!)  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Je n'ai jamais  
                  dit, a l'époque ci—dessus, qu'in avait danger  
                  de révolution ni rien de semblable; je pressais  
                  le règlement de la question comme une justice due au Haut—Canada et cela contre mes
                  
                  hou. amrs qui ne le voulaient pas.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—L'hon. député voulait alors renverser ses amis parce qu'ils ne  
                  
                  
                  993
                  
                  voulaient rien faire:—aujourd'hui, c'est tout  
                  le contraire, il veut les renverser parce qu'ils  
                  veulent agir. (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—L'hon. monsieur  
                  voudra bien me permettre de lui faire une  
                  observation. Il me paraît tomber dans une  
                  illusion complète en prétendant que la mesure actuelle est analogue à celle de la
                  représentation d'après le chiffre de la population,  
                  avec laquelle il a agité le pays depuis tant  
                  d'années: or, la question est loin d'être la  
                  même. La question de la confédération n'a   
                  pas encore été mise devant le pays et elle ne  
                  l'était pas aux dernières élections générales.  
                  Il sait que le parti dont il est membre s'est  
                  prononcé à plusieurs reprises et par son  
                  propre journa contre ce projet de confédération, et doit se rappeler que la convention
                  
                  réformiste de 1859 a agi de même.  
  
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Ayea donc les  
                  résolutions et preuves ce que vous dites, si  
                  vous le pouvez.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON- Quels sont les  
                  faits? Le gouvernement d'alors avait proposé une confédération des provinces pour
                  
                  remédier aux difficultés de la politique canadienne - le parti libéral n'en voulut
                  pas.  
                  Si, au contraire, il en avait voulu, il est probable que vous auries la confédération
                  depuis  
                  longtemps du consentement des provinces  
                  d'en-bas. Le rti libéral rejeta donc la mesure. Cepen ant, il est bon d'ajouter qu'il
                  
                  déclara aussi qu'une fois nos dificultés réglées,  
                  et non pas comme moyen de les résoudre, on  
                  pourrait s'occuper de cette uestion dans un  
                  avenir plus ou moins éloigné. luis ce n'est pas  
                  de cela que je voulais parler en me levant;  
                  je voulais faire remarquer combien mon bon.  
                  ami s'abasait a prétendre que la mesure actuelle est la même que celle pour laquelle
                  il  
                  a agité le pays si longtemps, et que l'hcn.  
                  député d'Ontario Nord défendait dans la  
                  circonstance qu'il a voulu lui rappeler.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—En vérité, l'hon.  
                  député s'est levé pour bien peu de chose.  
                  Au lieu d'acce ter son explication, je déclare au contraire qu'elle est inexacte du
                  
                  premier au dernier mot, car les faits sont  
                  précisément le contraire de ce qu'il prétend. Il dit que la mesure actuelle est  
                  une mesure tout à fait difi'érente: je le nie  
                  et afirme qu'elle nous donne ce que nous  
                  demandions, mais sous une autre forme.  
                  
                  
                  
                  En effet, nous demandions que la re .  
                  sentation législative fut basée sur le chlfifre  
                  de la population: nous l'avons. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Et l'hon. monsieur devrait être  
                  le dernier à s'opposer à la mesure actuelle  
                  puisqu'elle est basée sur les mêmes éléments  
                  adoptés par l'administration Brown-Dorion,  
                  celle-ci ayant accepté la mesure en l'enfeurant  
                  du contrôle et des garanties qui raitraient  
                  nécessaires. (Ecoutez:! écoutez!) Voilà ce  
                  que l'hon. monsieur a dit en outre, que j'avais  
                  parlé contre la confédération des provmcea:  
                  eh bien! il ne trouvera aucun des discours  
                  que j'ai faits depuis mon entrée en parlement,  
                  dans lesquels, en parlant de la con édération,  
                  je n'ai pas pris un soin particulier de dire  
                  que je regar ais l'union de toutes les provinces comme la destinée future de ces provinces.
                  A ceux qui en voulaient faire le  
                  moyen de résoudre nos difiicultés, je répondais  
                  que je n'y eonsentirais pas; mais je prenais  
                  soin de ne rien dire de contraire à. la chose,  
                  quoiqu'en aient dit ou écrit les autres. Je  
                  outais d'abord que nous fusions assez  
                  forts pour supporter les charges que la confédération nous imposerait; en second lieu,
                  
                  connaissant l'opinion des autres provinces à  
                  ce sujet, je ne savais pas de quel œil elles  
                  envisageraient le projet. C'est pourquoi je  
                  pensais qu'il faudrait des années pour lui  
                  permettre de s'accomplir, et je ne voulais  
                  pas qu'aucun rti en fit son cheval de  
                  bataille, et perdit son temps en négociations  
                  avec le gouvernement anglais et ceux des  
                  provinces, car c'était s'exposer à. perdre le  
                  seul remède praticable que nous demandions.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—L'hon. monsieur  
                  se trompe, car il ne peut désigner seul  
                  membre du ministère qui veuil e retarder la  
                  mesure d'un seul moment. (Ecoutez! écoutez!) C'est la, d'ailleurs, la base de notre
                  
                  politique actuelle. Lorsqu'eurent lieu les  
                  négociations qui aboutrrent a la coalition  
                  d'aujourd' hui, je tombai d'accord qu'il était  
                  bon et désirable de s'occu er de l'avenir de  
                  ces provinces dans le sens 'une union, mais  
                  je prétendis aussi qu'il y avait un moyen  
                  actuel que nous pouvions combiner en attendant l'autre. Tout le monde conviendra que
                  
                  nous avons été prodigieusement favorisés! par  
                  les circonstances dans le succès qu'a eu la    
                  politique que nous inaugurames °en° juillet  
                  dernier:- je suis prêt à répéter ce que j'ai  
                  toujours dit, à savoir: que si la dernière  
                  mesure est possible elle vaut encore mieux  
                  
                  
 
                  994
                  
                  que la première. Loin d'admettre qu'elle en  
                  est différente, je dirai même qu'elle n'en est  
                  qu'une extension et que nous, qui demandons  
                  depuis si longtemps que la représentation  
                  soit basée sur le chiffre de la population,  
                  avons obtenu ce que nous voulions et même  
                  au-delà. (Ecoutez! écoutez!) D'un autre  
                  côté, nos amis du Bas-Canada ont obtenu les  
                  garanties suffisantes pour leurs institutions  
                  locales, et pour ma part j'en suis bien aise.  
                  (Ecoute! écoutez!) C'est ce que j'ai toujours  
                  désiré, et je puis prendre à témoin mon hon.  
                  ami de Kamouraska (M. CHAPAIS) si,  
                  depuis treize ans, je ne lui ai pas dit chaque  
                  année que j'étais disposé à avoir égard aux  
                  institutions locales du Bas-Canada et à leur  
                  accorder toute la protection raisonnable.  
                  C'est pourquoi, j'affirme que le compromis  
                  qui est le fruit des circonstances du jour est  
                  admirable, et que ce sera un jour néfaste  
                  pour le Canada que celui où la mesure présente sera rejetée. (Ecoutez! écoutez!) (J'affirme
                  que celui qui, jetant un coup d'œil  
                  rétrospectif sur les douze ou treize années  
                  passées de notre politique et sur les époques d'agitation que nous amas traversées
                  
                  est prêt à courir le risque de nous y trouver  
                  engagés de nouveau, celui n'est pas,—pour  
                  me servir de l'expression de l'hon. député  
                  de Peel,—un ami sincère de son pays.  
                  (Applaudissements). Après un Vote aussi  
                  important—les trois quarts des deux branches de la législature—en faveur de la mesure,
                  je regarde comme des plus inconsidérées la tentative de la minorité de mettre  
                  de nouveau en danger la mesure au moyen de  
                  préjugés et de questions incidentes qu'on ne  
                  manquerait pas de soulever par tout le pays,  
                  afin de représenter faussement le résultat  
                  d'élections générales comme une désapprobation du projet par le peuple. Supposez 
                  
                  que quelqu'un au commencement de la  
                  derniére session eut proposé la même mesure  
                  à cette chambre, que tous les députés du  
                  Haut-Canada l'eussent acceptée à l'exception  
                  de huit, et que tous les députés du Bas—  
                  Canada s'y fussent de même déclarés favorables moins treize, je demande à mes hon.
                  
                  auditeurs si nous n'aurions pas regardé,  
                  comme ayant perdu la raison, celui qui aurait  
                  proposé d'ajourner la question après les  
                  élections générales? (Ecoutez! écoutez!)  
                  Et lorsque la chambre approuva dans la  
                  dernière session la résolution du gouvernement de s'occuper de la question et de combiner
                  au projet digne d'être adopté, je  
                  demande aux hon. députés s'ils s'attendaient  
                  
                  
                  
                  a voir ce projet sanctionner par le vote des  
                  trois quarts des deux branches de la légisture? (Ecoutez! écoutez!). Le fait est que
                  
                  nous avons été singulièrement favorisés par  
                  le succès. Quant à consulter le peuple, je  
                  dirai que le peuple ne peut que rire du zèle  
                  qu'on montre en certains quartiers pour ses  
                  droits: ce qu'il veut c'est l'amende et non  
                  l'écorce; mais il ne veut pas, sous prétexte  
                  de formes constitutionnelles, risquer le succès  
                  de la mesure actuelle, risquer l'existence de  
                  la combinaison ministérielle qui lui a donné  
                  naissance, ni risquer de se trouver ramené à.  
                  toutes les crises et les difficultés dont il se  
                  croyait débarassé au moyen de ce projet.  
                  (Applaudissements.)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. J. H. CAMERON—L'hon.  
                  monsieur a mal défini mon attitude sur cette  
                  question. J'ai voté les résolutions sur  
                  lesquelles on a basé une adresse, et la proposition que j'ai faite n'est tout simplement
                  
                  qu'un amendement à la motion demandant la  
                  nomination d'un comité pour rédiger cette  
                  adresse, et ne comporte d'insulte pour personne. Elle n'empêche en aucune façon les
                  
                  ministres d'aller porter ces résolutions aux  
                  pieds du trône, et dont une copie se trouve déjà  
                  déposée sur les bureaux du parlement impérial. L'hon. monsieur doit donc avoir mal
                  
                  compris mes paroles, car je ne fais que  
                  demander pour le peuple la faculté dont j'ai  
                  joui moi-même: de voter la mesure. (Ecoutez! écoutez!) L'hon. monsieur dit qu'il ne
                  
                  me doit aucune reconnaissance pour mon  
                  appui:—mais qu'il sache bien que ce n'est  
                  pas à lui que je donne mon appui, mais au  
                  gouvernement comme tout et à la cause qui  
                  a présidé a sa formation. Il n'ignore pas  
                  que mes opinions politiques out toujours  
                  diff'éré d'avec les siennes à tel point que rien,  
                  excepté l'importance des évènements, n'aurait  
                  pu lui permettre de me porter impunémeut  
                  le défi qu'il vient de me porter, qu'il n'a  
                  aucune raison d'être mon obligé, et que  
                  je donne mon appui au ministère non parce  
                  qu'il en fait partie mais en dépit de ce qu'il  
                  en fait partie. (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—Je veux, M.  
                  l'ORATEUR, borner mes observations à la proposition placée entre vos mains, et parlerai
                  
                  d'abord de ce qui m'a fait interrompre l'hon.  
                  député d'Oxford Sud, avec sa permission.  
                  J'ai accusé l'hon. monsieur de prétendre  
                  que la question discutée maintenant dans  
                  cette enceinte est absolument la même que  
                  celle par laquelle il a agité le pays depuis  
                  quelques années, et pour laquelle a voté l'hon.  
                  
                  
                  995
                  
                  député d'0ntario Nord en 1862. J'ai à  
                  la main le rapport de la discussion qui  
                  ont lieu dans cette chambre au sujet de  
                  l'union fédérale en 1858. L'hon. M. GALT  
                  ayant proposé la fédération des provinces de  
                  l'Amérique du Nord, l'hon. M. BROWN  
                  proposa en amendement l'adoption d'une  
                  résolution tendant à baser le chiffre de la  
                  représentation sur celui de la population  
                  N'était-ce pas là indiquer la difiérence des  
                  deux propositions que de les placer en antagonisme? Et, cependant, l'hon. monsieur
                  
                  essaie ce soir de convaincre la chambre que  
                  la mesure actuelle est exactement celle qu'il  
                  demandait, et de prouver l'inconséquence de  
                  l'hon. député d'Ontario Nord en lui reprochant d'avoir voté en 1862 contre ses propres
                  
                  amis sur la représentation basée sur le chiffre  
                  de la population et de voter aujourd'hui contre  
                  la mesure actuelle.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—Mon hon. ami ne  
                  voudra assurément pas intervertir les faits,  
                  car il doit aussi se rappeler que lorsque cette  
                  proposition fut faite il y avait deja en deux  
                  autres amendements de rejetés, et je me  
                  rappelle qu'à la fin de mon discours je  
                  conclus en disant que je voulais la représentation basée sur la population, que je
                  l'accepterais seule, que je l'accepteraie avec  
                  l'union fédérale et avec n'importe quelle  
                  autre mesure.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—L'hon. monsieur  
                  confond ce qui s'est pausé en 1856 avec ce  
                  qui s'est passé en 1858 . En 1856, il se montra  
                  disposé ou effet à accepter une fédération  
                  canadienne pourvu que les députés du Bas- Canada y consentissent; mais je parle en
                  ce  
                  moment de 1858, alors qu'au lieu d'accepter la  
                  proposition de l'hon. M. GALT, de confédérer  
                  toutes les provinces, il y proposa un amendement, prouvant qu'en 1858 comme en 1859
                  
                  il ne regardait ce moyen comme  
                  pouvant résoudre nos diffiicultés politiques.  
                  Je crois, ensuite, que l'hon. monsieur, dans  
                  sa réponse plus ou moins heureuse à l'hon.  
                  député de Peel (M. J, H. CAMERON), n'a  
                  pas du tout entamé l'argumentation énergique de l'hon. député d'Ontario Nord. Je 
                  
                  suis aussi favorable que n'importe qui a la  
                  doctrine de la re résentation en opposition  
                  à celle de la délégation; et nous sommes  
                  chargés par nos électeurs de remplir certains  
                  devoirs suivant les dictées de la constitution;  
                  mais je tiens que nous outrepassons notre  
                  mandat en touchant à la constitution elle- même. Un député élu par la peuple pour
                  
                  faire fonctionner une constitution, ne pas le  
                  
                  
                  
                  droit d'en voter la déchéance. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Telle est la doctrine que je  
                  professe, et je crois que les bon. messieurs  
                  trouveront très difficile de la renverser. Il  
                  a été ensuite prétendu qu'il n'y a aucune  
                  raison d'en appeler au peuple, parce que  
                  dans toutes les élections qui ont en lieu, il  
                  s'est montré favorable au projet. Je ne  
                  connais pas le chiffre des comtés ui ont  
                  fait des élections depuis le mois a juin  
                  dernier.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—C'est bien; cinquante ou soixante. L'hon. M. président du  
                  conseil à cité l'hon. M. BULL comme ayant  
                  été élu pour appuyer la mesure actuelle, et  
                  un peu plus loin a parlé de l'adversaire de ce  
                  dernier, le Dr. SMITH, comme s'étant déclaré  
                  lui aussi favorable à la mesure en général,  
                  mais qu'il se rencontrait des détails qu'il ne  
                  pouvait approuver, fesant voir ainsi qu'au  
                  moment de l'élection le peuple ne connaissait  
                  aucun des détails de la mesure. Lorsque  
                  mon hon. ami d'Oxford Sud s'est présenté  
                  pour se faire réélire dans son comté, est-ce  
                  qu'il y avait aucun détail devant le peuple?  
                  (Ecoutez! écoutez!) Le rejet d'une fédération générale était alors evant le public,
                  
                  mais on donnait la prééminence au plan plus  
                  rétréci de la fédération des Canadas, et nul  
                  détail n'avait transpiré. Comment done s'appuyer sur cette élection ou sur aucune
                  autre,  
                  y compris celles du conseil législatif, à part  
                  peut-être celles de la ville d'Hamilton et de  
                  l'hon. maître-général des postes, qui ont eu  
                  lieu après la publication des résolutions,  
                  pour avancer que le peuple a voté avec connaissance des détails de la mesure? Ces
                  
                  élections ne prouvent pas plus que le peu le  
                  est en faveur du projet que l'élection des  
                  membres de l'administration MACDONALD- SICOTTE en 1862-ministère formé, comme  
                  on le sait, sur le principe de l'économie et  
                  de la double majorité et en opposition à la  
                  représentation basée sur le chiffre de la  
                  population,—ne prouva que le peuple était en  
                  faveur de ce système ou voulait s'opposer a  
                  ce qu'on fit de la dernière de ces questions  
                  une question ajournée. Il y a encore un autre  
                  point dont je vais parler. L'hon. procureur- général du Haut-Canada, dans le cours
                  de  
                  sa discussion avec l'hon. député d'Ontario  
                  Nord, a dit que le peu de toutes les provinces ne voulait pas l'union législative.
                  
  
               
               
               
               L'
Hon. Proc.-Gén. MACDONALD—Je  
                  n'ai pas dit cela. L'hon. député parlait des  
                  
                  
                  996
                  
                  diverses provinces représentées à la conférence de Québec, dont tous les délégués
                  rejetaient l'union législative.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—L'hon. monsieur  
                  a dit qu'il était impossible d'inaugurer une  
                  union législative. Or, j'aimerais à savoir  
                  de lui ce qu'il pense de sa sagacité politique  
                  en avouant ce soir qu'il s'est trompé pendant  
                  vingt années de sa vie? N'a-t-il pas déclaré  
                  maintes et maintes fois qu'il voulait une  
                  union législative? A la dernière réunion  
                  du comité constitutionnel de la dernière  
                  session, appelé " comité BROWN," auquel on  
                  attachait beaucoup d'importance, mais qui  
                  en réalité n'en avait aucune; est-ce que  
                  l'hon. monsieur, sur la proposition de l'adoption du rapport du dit comité, n'a pas
                  voté  
                  contre la fédération sous toutes les formes.  
                  (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—La chambre apprit le jour même de la crise qui aboutit à  
                  la formation de la présente coalition, que  
                  l'hon. monsieur avait voté en comité contre  
                  le principe fédéral appliqué soit au Canada,  
                  soit à toutes les provinces, parce qu'il voulait  
                  une union législative. Lui, le chef de cette  
                  chambre, qui se donne comme le politique le  
                  plus sage du pays, avoue aujourd'hui que ce  
                  n'est que depuis le 14 juin dernier qu'il  
                  a compris quel était le meilleur moyen de  
                  modifier la constitution de cette province!  
                  (Ecoutez!) Il ne voulait pas de l'union  
                  fédérale et le voilà qui, au nom du gouvernement, prétend qu'il est absurde de parler
                  
                  d'union législative, qu'il s'est trompé toute  
                  sa vie et qu'il était impossible de mettre en  
                  pratique ce vues qu'il avait partagées jusqu'au 14 juin dernier! C'est pour rappeler
                  
                  de tels faits que je me suis levé, M. l' ORATEUR, pour prendre la parole; ç'a été
                  pour  
                  dire que l'hon. président du conseil n'a  
                  aucunement abordé la question soulevée par  
                  la proposition actuelle; qu'il n'y a pas eu  
                  appel au peuple dans les élections dont on  
                  a parlé sur les détails du projet actuel; que  
                  la question n'a pas été mise devant les électeurs aux dernières élections générales;
                  que  
                  tout le parti libéral y était opposé comme  
                  moyen de résoudre nos difficultés politiques;  
                  quon n'en a parlé qu'au 14 juin dernier,  
                  que par conséquent le peuple n'a eu aucun  
                  moyen de faire connaître son opinion, et  
                  enfin que nous n'avons pas le droit de  
                  passer outre sans fournir au peuple l'occasion de se prononcer sur une mesure qui
                  
                  
                  
                  
                  entraîne la déchéance de la constitution.  
                  (Applaudissements.)  
  
               
               
               
               M. MAGILL—Ce n'était pas mon intention de prendre ce soir la parole; mais mon  
                  nom se trouvant mêlé au débat, je dirai que  
                  lorsque la question actuelle fut soumise au  
                  peuple de la ville d'Hamilton, il n'y eut  
                  qu'une voix pour se prononcer en faveur de  
                  l'union fédérale. (Ecoutez! écoutez!) Je  
                  crois que le peuple voulait un changement  
                  et j'aurais manqué à mes devoirs envers mes  
                  électeurs si je ne fesais connaître les opinions  
                  que j'ai exprimées il n'y a pas longtemps  
                  devant eux. Je pense que le peuple canadien a été satisfait de la conduite des hommes
                  
                  publics de ce pays, qu'il a été fier de la fermeté et de l'abnégation qu'ils ont montrées
                  en  
                  mettant de côté leur intérêts personnels ou  
                  de parti et en s'unissent comme un seul  
                  homme pour le bien du pays. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Ils se sont montré disposés pour  
                  le bien et la prospérité de tous à sacrifier  
                  toutes leurs antipathies d'autrefois. (Ecoutez! écoutez!) Mon honorable ami de Wentworth
                  Sud (M. RYMAL) a parlé des sentiments de ses électeurs; il est possible qu'il  
                  les connaisse mieux que moi, mais, d'après  
                  ce que j'en connais. je puis dire sans hésiter  
                  qu'ils sont fortement en faveur d'une union  
                  de toutes les provinces. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Quant à l'élection de l'hon. M. BULL, rien,  
                  suivant moi, ne l'a tant aidé à triompher  
                  que la promesse qu'il a faite d'appuyer le  
                  gouvernement sur cette mesure. Aussi, mon  
                  avis est-il qu'il sied peu a l'hon. député de  
                  Wentworth Sud, l'un des huit députés du  
                  Haut-Canada qui ont voté contre la mesure  
                  actuelle, de parler comme il l'a fait aujourd'hui. Je crois que ce projet sera suivi
                  des  
                  résultats les plus avantageux. Mon hon.  
                  ami de Wentworth Sud (M. RYMAL) s'est  
                  servi d'une image pour prouver les inconvénients de l'union projetée, et l'a comparée
                  
                  aux bouts que l'on ajoute à une perche de  
                  ligne; il est dommage que cette comparaison  
                  se soit trouvée défectueuse dans les conclusions qu'il en a tirées. (Ecoutez!) Le
                  peuple  
                  canadien a, en tout temps, prouvé qu'il possédait cette énergie indomptable qui ne
                  
                  recule devant rien, et l'union de pareils  
                  matériaux ne peut manquer de lui donner  
                  plus de pouvoir pour résister à l'agression,  
                  conserver et transmettre à ses descendants  
                  les droits et privilège qu'il est si fier de  
                  posséder. (Ecoutez! écoutez!) Ce n'est  
                  pas les affaiblir que de réunir plusieurs  
                  hommes forts ensemble. Qu'est-ce qui a  
                  
                  
                  997
                  
                  donné à l'Angleterre le nom qu'elle possède  
                  par toute la terre? L'union—et c'est là ce  
                  qui fait la gloire de sa constitution. L'union  
                  ait la force dit une vieille maxime, et je crois  
                  qu'elle sera vraie au sujet de l'union des  
                  provinces anglaises de l'Amérique du Nord.  
                  (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               M. JOLY—M. l'ORATEUR:-—Je regrette  
                  que cette résolution n'ait pas été proposée  
                  plus tôt, quoique je sois content de la voir  
                  proposer maintenant, car elle montrera au  
                  dehors la façon dont on s'y est pris pour faire  
                  voter le rejet à cette chambre Lorsque le  
                  peuple des provinces d'en-bas et d'Angleterre verra la répugnance du gouvernement
                  
                  à permettre au peuple de se prononcer sur  
                  ce projet au moyen d'élections générales, la  
                  manière dont on s'y est pris pour faire voter la  
                  mesure par une si grande majorité dans les  
                  deux chambres cessera d'être un mystère  
                  pour personne. (Ecoutez! écoutez!) La  
                  chose est d'autant plus importante qu'on ne  
                  peut pas s'attendre à ce que des gens vivant  
                  hors de ce pays entendent mieux nos affaires  
                  que nous les leure. Comme exemple de la  
                  manière dont on peut se tromper sur les  
                  sentiments d'un autre peuple, je citerai  
                  l'hon. ministre d'agriculture (M. MCGEE),  
                  qui prétendait si bien connaître les provinces  
                  d'en-bas qu'il n'hésitait à prédire que le  
                  résultat des élections du Nouveau-Brunswick serait en faveur de la confédération;
                  
                  or, l'évènement ayant détruit ses prédictions,  
                  nous avons tous pu l'entendre essayer de  
                  nous expliquer comment il se faisait que  
                  cela était du aux tendances annexionnistes et  
                  à l'influence des idées américaines.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. JOLY.— D'un autre côté, tous ceux  
                  qui s'opposent au Canada au projet de  
                  confédération sont accusés des mêmes tendances annexionnistes que le peuple du Nouveau—Brunswick.
                  C'est vraiment chose  
                  extraordinaire de voir de quelle façon différents individus professant la même politique
                  peuvent envisager le même point de  
                  vue d'une question. (Ecoutez!) Je viens  
                  d'être frappé de quelques lignes assez singulières du 
Daily News de cette ville. (L' hon.  
                  député lit un passage d'un article du 
Daily  
                     News du 10 mars, au sujet de l'abolition du  
                  system des passeports, et continue ensuite  
                  son discours.) Il a deux manières d'envisager ceci. Voici un journal qui appuie le
                  
                  gouvernement, et qui dit que si les provinces  
                  d'en—bas n'ont pas été débarassées du système  
                  
                  
                  
                  des passeports comme le Canada, c'est que  
                  leurs relations avec les Etats—Unis ne sont  
                  pas aussi bonnes que les nôtres. Car ce n'est  
                  que depuis que nos relations sont devenues  
                  amicales avec nos voisins, depuis que nous  
                  avons voté la loi des aubaine et les fonds enlevés aux banques de St. Alban, ce n'est
                  que  
                  depuis que nous nous sommes courbés devant  
                  eux que nous avons obtenu l'abolition de ce  
                  système restrictif Les provinces du golfe  
                  s'étant montrées plus fermes, le gouvernement des Etats—Unis a refusé de leur faire
                  la  
                  même concession. Je crois donc qu'on se  
                  trompe en disant que la défaite des amis de  
                  la confédération au Nouveau—Brunswick est  
                  due à l'influence ou aux tendances annexionnistes. Les seuls actes que nous ayions
                  faits  
                  envers l'étranger ont été la passation de la  
                  loi des aubaine et la remise des fonds pillée  
                  dans les banques de St. Alban: c'est à cet  
                  égard que nos relations avec les Etats—Unis  
                  sont plus amicales et plus étroites que celles  
                  des provinces du golfe. Il me semble donc bien  
                  plus raisonnable de supposer que l'influence  
                  américaine a subi un échec pluto qu'elle n'a  
                  triomphé au Nouveau—Brunswick. L'hon.  
                  président du conseil explique la différence  
                  qu'il y a entre le Canada et le Nouveau- Brunswick au sujet de l'opportunité de nouvelles
                  élections générales, en disant que les  
                  élections n'ont eu lieu dans cette dernière  
                  province que parce que le terme de la légisature était sur le peint d'y expirer. Mais,
                  
                  la présente session aurait été également notre  
                  dernière si le projet de confédération était  
                  devenu loi, et c'est pourquoi en supposant  
                  que le projet de confédération fut entré en  
                  opération aussitôt que le gouvernement l'espérait, nous nous serions trouvés exactement
                  
                  dans la méme position que le Nouveau- Brunswick au sujet des nouvelles élections.
                  
                  Les mêmes raisons qui existent là existent  
                  ici aussi, et on n'a pas de meilleures raisons  
                  à faire valoir pour refuser au peuple canadien  
                  de se prononcer sur le projet qu'aurait en le  
                  Nouveau—Brunswick pour refuser une dissolution de la législature de cette province.
                  
                  Lorsque nous voyons le gouvernement de  
                  cette dernière province disposé à donner au  
                  peuple l'occasion d'exprimer son opinion, en  
                  ne peut s'empêcher de réfléchir sur la façon  
                  différente dont nous sommes traités. (Ecoutez! écoutez!) L'hon. président du counseil
                  a fait allusion a la majorité des Canadiens—Français qui avaient voté le projet; or,
                  
                  le vote a été de vingt-six contre vingt—deux,  
                  et parmi ces vingt—six sa trouvent trois  
                  
                  
                  998
                  
                  membres de l'administration qui ont combiné  
                  le plan et qui sont tellement intéressés dans  
                  le résultat du vote, qu'en toute justice ou  
                  peut bien ne pas en tenir compte. Cette  
                  déduction faite, il ne reste plus que vingt- trois contre vingt-deux.  
  
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. CARTIER—Mais si  
                  vous faites abstraction des membres du gouvernement, vous deves également faire abstraction
                  des chefs de l'opposition. (On rit.)  
  
               
               
               
               M. JOLY—Je ne crois pas, parce qu'ils  
                  n'étaient pas plus intéressés dans l'affaire  
                  que les autres députés de cette chambre. Et  
                  puis, sur ces vingt-six, il s'en trouve au moins  
                  six dont la conduite a été condamnée  
                  de la manière la plus directe par leurs électeurs dans des assemblées publiques tenues
                  
                  expressément dans le but de considérer la  
                  question de la confédération. Je citerai  
                  entr'autres les députés de Joliette, Rouville,  
                  Chambly, l'Assomption, etc. Ainsi donc, en  
                  prenant l'élément canadien-français et en  
                  envisagent les choses à leur juste point de  
                  vue, on verra que ses représentants sont à peu  
                  près divisée l'élement et qu'il serait assez difficile de dire si la majorité du peuple
                  est avec ou  
                  contre ses représentants dans cette enceinte.  
                  Il est impossible de connaitre en ce moment  
                  l'opinion des Canadiens-Français si on ne leur  
                  donne pas l'occasion de l'exprimer par des  
                  élections générales. Ils forment un peuple  
                  d'environ un million et ont par conséquent  
                  droit d'être consultés sur ce projet autant  
                  que les provinces du golfe, et n'y aurait-il  
                  que ce motif pour justifier des élections générales qu'il faudrait y recourir. J 'afirme
                  que  
                  la rapidité avec laquelle ce projet a été placé  
                  devant la chambre et voté nous a pris par  
                  surprise. On nous a dit que nos chefs n'ayant pas voulu consentir à un arrangement
                  
                  avec le Haut-Canada pour régler les demandes  
                  en tout ou en partie de ce dernier, le projet  
                  nous avait été imposé; mais si cette alternative nous avait été offerte plus tôt,
                  je n'ai  
                  pas le moindre doute qu'il eut été possible  
                  de nous entendre avec nos amis du Haut- Canada dans une mesure de conciliation qui,
                  
                  sans vouloir contenter tout le monde, nous  
                  aurait cependant rapprochés les uns des  
                  autres. Le principal grief du Haut-Canada  
                  était, par exemple, que contribuant pour les  
                  deux tiers au revenu public il n'avait de  
                  contrôle que sur la moitié des dépenses:—  
                  je ne dirai pas que j'aurais accepté la représentation basée sur la population de
                  préférence à ce projet de confédération, mais  
                  j'avouerai que je trouve la réclamation du  
                  
                  
                  
                  Haut-Canada au sujet des finances, juste et  
                  équitable. Telle est mon opinion comme  
                  membre de cette chambre. Je serais très disposé à accepter un plan qui donnerait au
                  
                  Haut-Canada une plus grande part dans les  
                  dépenses, d'accord avec l'excédent de se population, et ne craindrais pas de courir
                  les  
                  chances d'une ré-élection après cette déclaration. (Ecoutez! écoutez l) Sans doute,
                  il  
                  se trouverait en Haut-Canada un certain  
                  nombre que cela ne satisferait point encore:  
                  pour ma part, je ne crois pas avoir le droit de  
                  leur offrir davantage Je veux prouver que  
                  les Bas-Canadiens n'ont pas assez perdu le  
                  sentiment de justice pour refuser de reconnaître ce principe et ne sont pas aussi
                  éloignés de faire des concessions aux Haut- Canadiens que ceux-ci se l'imaginent.
                  Si  
                  nous aussions été informés de ce qui se préparait, je crois qu'il nous eut été facile
                  de  
                  combiner quelque arrangement pour tomber  
                  d'accord avec le Haut-Canada et augmenter  
                  sa part de contrôle sur le trésor public, plutôt  
                  que l'être forcés d'accepter ce projet de confédération. Le motif le plus puissant
                  qui ait  
                  été donné pour passer cette mesure, est que  
                  les relations du Bas et du Haut-Canada  
                  avaient atteint une phase telle que le gouvernement du pays ne pouvait plus fonctionner
                  en paix et dans l'ordre. Je ne crois pas  
                  qu'il en soit ainsi, ni que le Haut-Canada  
                  soit prêt a se lancer dans la guerre civile, pas  
                  plus qu'aucun député de cette partie de la  
                  province soit sous l'impression qu'il n'est  
                  plus possible d'obtenir justice par des  
                  moyens constitutionnels. Il me répugne de  
                  penser qu'aucun d'eux ait songé à venir  
                  ici décidé à revendiquer les droits du Haut- Canada par le meurtre, l'effusion du
                  sang et  
                  la guerre civile; c'est pourquoi. je suis  
                  d'avis qu'il est bien malheureux que l'hon.  
                  président du conseil ait essayé de nous  
                  effrayer en se servant de telles expressions.  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN — L'hon. monsieur  
                  fait erreur, car jamais je ne me suis servi  
                  de telles expressions en défendant les droits  
                  du Haut-Canada.  
  
               
               
               
               M. JOLY—J'en demande pardon à l'hon.  
                  monsieur, mais je l'ai entendu se servir de  
                  ces expressions plusieurs fois dans cette  
                  enceinte.  
  
               
               
               
               L'
HON M. BROWN—Ce doit être alors  
                  que je parlais de la guerre des Etats-Unis.  
  
               
               
               
               M. JOLY — L'hon. monsieur nous a certainement dit dans son discours à l'ouverture de ces
                  débats que le pays était à la  
                  veille d'étre plongé dans la guerre civile  
 
               
               
               999
               
               
               
               L'
HON M. BROWN—Ce n'est certainement pas moi, et l'hon. monsieur fait erreur  
                  de personne. L'hon. deputé de Richelieu  
                  s'est servi d'expressions e ce genre; quant  
                  à moi, jamais je n'ai prononcé de telles  
                  paroles au sujet de nos difficultés constitutionnelles.  
  
               
               
               
               M. PERRAULT — En effet, j'ai dit que  
                  la constitution telle qu'elle était pouvait  
                  nous suffire encore des siècles sans avoir à  
                  redouter la guerre civile. (On rit.)  
  
               
               
               
               L'
HON M. BROWN — Eh bien! l'hon.  
                  député devrait retirer ce qu'il a dit de moi,  
                  jusqu'à ce qu'il le prouve. Ce n'est pas  
                  l'hon. premier qu'il a accusé d'avoir employé les mots de guerre civile au sujet de
                  
                  ce pays, mais moi-méme.  
  
               
               
               
               M. JOLY.—Je sais ce qu'un hon. député  
                  de cette chambre doit un de ses collègues, et  
                  je retire avec plaisir ce que j'ai avancé puisque  
                  je n'ai passous la main le compte-rendu du discours de l'hon. monsieur; mais, j'attirerai
                  son  
                  attention sur le sujet aussitôt que je pourrai  
                  lui prouver la vérité de mon assertion. J'ai  
                  toujours été sous l'impression qu'il s'était  
                  servi de ces expressions (Ecoutez! écoutez!)  
                  Cependant, j'ai la même accusation à porter  
                  contre un membre de la même administration et qui occupe encore une plus haute  
                  position dans le conseil. Voici es expressions du chef du gouvernement en s'adressant
                  à la chambre haute; — à la neuvième  
                  page des 
Débats Parlementaires sur la Confédération, je trouve le passage suivant de  
                  l'hon. chevalier et premier ministre:  
  
               
               
               
               
                  
                  "Dans le temps où ces mesures furent gaitées,  
                     le pays était réellement à la veille d'une guerre  
                     civile, et je demanderai si ce n'était pas le devoir  
                     des deux partis de la chambre de faire tout ce qui  
                     était en leur pouvoir pour prévenir les résultats  
                     malheureux qui s'en seraient suivis."  
  
               
               
               
               Je le repete, il est trés malheureux  
                  d'entendre les hon. ministres, dépesitaires  
                  de la réputation du pays, faire connaître  
                  au monde entier que le Canada que  
                  l'on s'était plu à regarder comme un  
                  pays libre, heureux et prospère, était à la  
                  veille de la guerre civile; et c'est d'autant  
                  plus malheureux, que je me suis trompé sur  
                  la personne qui a fait usage de ces expressions, car au lieu de l' hon. président
                  du  
                  conseil c'est à l'hon. premier ministre qu'il  
                  faut attribuer ces paroles. Si le premier de  
                  ces hon. ministres avait dit ne que chose  
                  approchant de ce dont je n'aurait pas nié  
                  
                  
                  
                  comme il l'a fait, et qu'il aurait plutôt  
                  regardé au sens de mon accusation qu'à la  
                  lettre. Mais je ne fatiguerai pas davantage  
                  l'attention de la chambre. J'ai voulu dans  
                  les quelques paroles que je viens de prononcer montrer par quels moyens peu honorables
                  le gouvernement avait réussi à faire  
                  voter sa mesure de confédération par la  
                  chambre. (Applaudissements.)  
 
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD —Je  
                  crois, M. l'ORATEUR, que mon hon. ami qui  
                  vient de porter la parole, s'est trompé sur le  
                  sens d'un mot anglais dans l'accusation qu'il a  
                  dirigée contre l'hon. président du conseil au  
                  sujet de la guerre civile, et que ses observations ont été peu parlementaires en ce
                  
                  qu'elles avaient trait aux débats de l'autre  
                  branche de la législature. (Ecoutez! écoutez 1)  
                  Il a accusé mon hon. ami d'avoir dit que le  
                  pays était à la veille d'une révoluion et d'une  
                  guerre civile; mais en cherchant des preuves  
                  il s'est trouvé que les mots sur lesquels il a  
                  basé son accusation ont été proférée par un  
                  autre orateur dans l'autre branche de la  
                  législature. Le passage qu'il cite parle d'un  
                  état de troubles civils: mais il n'y a la rien  
                  que de très-vrai Ne sommes-nous pas dans  
                  les troubles, et les disputes et les contentions  
                  civiles depuis bien des années? Une élection  
                  est un trouble civil, une poursuite judiciares  
                  est un trouble civil, mais la guerre en est  
                  un des moins civils.  
  
               
               
               
               L'
Hon. J. S MACDONALD—Mon hon.  
                  ami veut-il ranger les poursuites judiciaires  
                  dans la classe des troubles civils?  
  
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD - Il  
                  est vrai que ces poursuites sont parfois inciviles, et mon hon. ami sait ce qui en
                  est car  
                  c'est à ce genre de troubles qu'il s'engraisee.  
                  (Rires.)  
  
               
               
               
               M. JOLY—Je prendrai la liberté de demander comment l'hon. monsieur appelle la  
                  guerre des Etats-Unis: n'est-ce pas là des  
                  troubles civils? (On rit.)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN —Non, non, non;  
                  c'est une guerre civile, parce que c'est la  
                  nation qui se fait la guerre.  
  
               
               
               
               M. JOLY—Je ne crois pas néanmoins  
                  qu'on se trompe en l'appelant troubles civils,  
                  car je regarde ces termes comme synonimes.  
  
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD—La  
                  guerre qui sévit en ce moment aux Etats- Unis, est une guerre des plus désastreuses
                  
                  et des plus barbares, et le mot trouble ne dit  
                  pas assez pour l'exprimer. J'ai déjà expliqué  
                  la valeur de ce terme et maintenant que mon  
                  hon. ami voit son erreur, il abanonnera,  
                  
                  
                  1000
                  
                  j'espère, la guerre qu'il fait au gouvernement.  
                  (Ecoutez! écoutez!) M. l'ORATEUR, au  
                  nom du caractère de cette chambre et de  
                  l'économie publique, je dois protester contre  
                  la direction prise par le débat qui s'est élevé  
                  sur la proposition de mon hon. député de  
                  Peel. Je croyais la discussion terminée, et  
                  comme chacun avait eu la faculté de prendre  
                  la parole plusieurs fois, le débat se trouvait  
                  clos par un vote de la chambre extrêmement  
                  favorable au gouvernement auteur de la  
                  mesure, de sorte qu'il était généralement  
                  compris que l'on avait fini de discuter le sujet  
                  de la confédération; (écoutez!) mais ne  
                  voilà-t-il pas que les observations des hon.  
                  messieurs de la gauche tendent à rouvrir  
                  la discussion, et cela après que la chambre  
                  a décidé sur ma proposition de nommer un  
                  comité, chargé de rédiger l'adresse dans  
                  laquelle doivent entrer les résolutions votées?  
                  En verité, monsieur, c'est la ce que j'appelle  
                  un abus des priviléges parlementaires, une  
                  perte de temps pour la chambre et un gaspillage des deniers publics, qui ne doivent
                  
                  aboutir à rien: aussi, m'est—il permis d'espérer que la chambre ne permettra pas que
                  
                  cela continue. Mais il est une chose que je  
                  regrette surtout, c'est que malgré la longueur  
                  des débats, et parmi tous ceux qui ont parlé,  
                  nous n'ayons pas eu l'avantage d'entendre  
                  les arguments que nous avait promis mon  
                  hon. ami de Chateauguay sur la question.  
                  (Ecoutez! écoutez!) Pour une raison ou  
                  pour une autre, nous en avons été privés.  
                  Semblable à Moïse qui, ayant gravi le sommet  
                  de Pisgah, aperçoit dans le lointaiu le sol de  
                  la terre promise, l'hon. député ne nous a  
                  laissé entrevoir que quelques—unes des lueurs  
                  de son discours promis, et nous a laissés pour  
                  le reste dans le plus amer désappointement.  
                  On nous l'a cependant promis eux ou trois  
                  fois durant le cours du mois dernier, et l'hon.  
                  député devrait se rappeler que " l'espoir  
                  remis rend le cœur malade." J'aurais voulu  
                  jouir du plaisir et de l'avantage d'entendre  
                  les remarques que l'hon. monsieur aurait pu  
                  faire, car, quoique jeune d'années, il est déjà  
                  vieux en sagesse politique, et passé maître  
                  en cette sagacité politique qu' s'obstine à  
                  me refuser. Je le répète, je suis fiché, et  
                  la chambre doit l'être aussi de même que  
                  tout le pays, que l'hon. monsieur ait poussé  
                  l'abnégation si loin que de ne pas permettre  
                  à son esprit de jeter quelqu'éclat nouveau  
                  sur la question. J'ai toujours cru que ce  
                  qui neutralisait beaucoup le talent de l'hon.  
                  monsieur était son extrême modestie. (Rires)  
                  
                  
                  
                  Eh! quoi, lorsqu'il se vit obligé de  
                  venir au secours de notre trésor ruiné, au  
                  moyen de grands sacrifices personnels, afin de  
                  sauver le pays de la banqueroute où l'avaient  
                  amené les folles extravaganees de mon hon.  
                  ami le ministre actuel des finances, et qu'avec  
                  le talent de financier qui le distingue, après  
                  avoir scruté tous les recoins de la caisse  
                  publiqne, il eût découvert où était le mal  
                  dont le pays se plaignait, qui ne sait que  
                  c'est ce moment que sa modestie avait chosi  
                  pour lui fermer la bouche et l'empêcher de  
                  nous enseigner le remède? (Rires.) Le même  
                  cas se renouvelle encore aujourd'hui. Il nous  
                  a promis de nous faire connaître ses vues sur  
                  la question; nous avons passé quatre semaines  
                  à l'attendre, et voilà qu'aujourd'hui il se lève  
                  et, avec cette noble indignation qu'il sait si  
                  bien jouer il nous dit que l'hon. proc.-gén.  
                  du Haut-Canada a essayé de suspendre la  
                  publication des débats, qu'il a lui-même à  
                  faire sur la question un discours qu'il n'a  
                  pu prononcer samedi dernier à cause de  
                  l'heure avancée, tout cela en annonçant qu'il  
                  va se borner à parler de la résolution actuelle.  
                  C'est ce qu'il a fait, il faut avouer qu'il s'est  
                  en effet très-borné à cette seule chose.  
                  (Ecoutez! écoutez!) Et puis, je ne sais ni  
                  comment ni pourquoi, mais l'hon. député  
                  s'est constitué le gardien de ma réputation  
                  publique. Voilà deux ou trois fois qu'il  
                  m'avertit que la conduite que je tiens est  
                  peut—être celle d'un homme pratique, celle  
                  d'un homme qui veut simplement rester au  
                  pouvoir et être renommé pour son habileté  
                  publique, mais que jamais elle ne m'assurera  
                  la réputation d'un grand politique. Eh  
                  bien! M. l'ORATEUR, je me contente en effet  
                  de me borner aux choses pratiques et à assurer au pays les mesures pratiques qu'il
                  
                  demande; quant à la réputation homme à  
                  système et à idées visionnaires aboutissant  
                  tantôt a l'annexion, tantôt ». la fédération et  
                  tantôt à l'union législative et toujours à des  
                  utopies irréalisables, je l'abandonne à l'esprit  
                  poétique et plein d' imagination de l'hon.  
                  député de Chateauguay. Cet hon. monsieur,  
                  dans le cours de l'un de ses tits et nombreux  
                  discours d'occasion, a dit l'autre jour qu'en  
                  me déclarant pour l'union fédérale au lieu  
                  de l'union législative, j'avais foulé aux pieds  
                  tous les principes de mon passé à ce sujet.  
                  Il est vrai M. l'ORATEUR, que l'examen  
                  approfondi de la constitution des Etats-Unis  
                  dans son fonctionnement et dans la guerre  
                  civile qu'elle a causée m'ayant convaincu des  
                  nombreux endroits faibles du système fédéral  
                  
                  
                  1001
                  
                  en ce pays, j'ai voulu, autant ne qui que ce  
                  soit dans la conférence de Québec, éviter ces  
                  défauts de la constitution américaine dans la  
                  nôtre et la rapprocher le plus possible de la  
                  forme législative. Je n'aime pas à rappeler  
                  ce que j'ai dit autrefois; mais, comme on  
                  m'a accusé, je lirai, avec la permission de  
                  cette chambre, un passage de l'un de mes  
                  discours sur la représentation basée sur la  
                  population, et j'ajouterai que c'est peut- être le seul de ma vie que je me sois donné
                  la  
                  peine de reviser. Ce passage montrera a  
                  mon hon. ami ce que je pensais de la question actuelle en 1861, et il était fait en
                  
                  réponse a un discours de mon collègue actuel,  
                  l'hon. ministre de l'agriculture:—  
  
               
               
               
               
                  
                  "Le seul plan possible qui s'offre il moi  
                     de remédier aux maux dont on se plaint, est  
                     une confédération de toutes les provinces, (écoutez! écoutez!) non pas cependant telle
                     qu'elle  
                     existe par delà la frontière, car elle n'a pas  
                     réussi. Et, en disant cela, je n'exprime aucune  
                     satisfaction qu'il en ait été ainsi; au contraire,  
                     je suis d'accord avec l'un des députés de Montréal (l'hon. M. MCGEE) et me joins aux
                     
                     regrets qu'il a exprimées de l'état de choses lamentable qui y règne, car le même
                     sang coule dans les  
                     veines du peuple américain et dans les nôtres. Je  
                     crois en de meilleurs jours pour les Etats-Unis; il y  
                     a dans le caractère et les institutions angle-saxons  
                     des Etats-Unis une vigueur, une vitalité qui leur  
                     fera traverser cette grande convulsion comme elle  
                     n' jadis fait traverser les mêmes époques à la métropole. (Vifs applaudissement des
                     deux côtés de  
                     la chambre.) J'espère avec l'hon. monsieur (M.  
                     MCGEE que si la république se scinde en deux,  
                     ce qui devra arriver, ce sera deux nations grandes  
                     nobles et libres qui existeront au lieu d'une.  
                     (Ecoutez! écoutez!) Cependant, malgré mes  
                     sympathies, tâchons de profiter de l'enseignement  
                     que cette leçon nous donne et n'allons pas nous  
                     briser sur le même écueil. Leur erreur fatale,  
                     erreur qu'ils ne purent peut-être pas éviter par  
                     suite de l'état des colonies à l'époque de la révolution fut de faire de chaque état
                     une souveraineté distincte et de lui attribuer un pouvoir  
                     souveraln distinct à l'exception des cas spécialement réservés par la constitution
                     au gouvernement général. Le principe véritable qui doit  
                     servir de base à une confédération, consiste à  
                     donner au gouvernement général toutes les attributions et les pouvoirs de a souveraineté,
                     et aux  
                     états subordonnés ou séparés ceux seulement qui  
                     leur sont expressément délégués. Nous aurions  
                     de cette manière un gouvernement central fort,  
                     une législature centrale puissante et un système  
                     décentralisé de petites législature pour les fins  
                     locales.  
                    
               
               
               
               Telles étaient, M. l'ORATEUR, les opinions  
                  que j'avais en 1861, et je dis que la constitution que cette chambre a votée, à une
                  
                  majorité de trois contre un est, esprit et  
                  
                  
                  
                  lettre, celle dont je parlais alors. Qu'on  
                  remarque bien, cependant, que ce n'a pas été  
                  là le résultat de mon expérience, de mes  
                  méditations et de mes idées à moi seul, mais  
                  de l'expérience, des méditations et des idées  
                  de tout homme qui a étudié le caractère de  
                  la constitution des Etats-Unis. Je sais fort  
                  bien que je tombe en ce moment dans la  
                  faute que je viens de reprocher aux hon.  
                  députés de revenir sur la discussion, mais  
                  j'ai cru que je me devais à moi-méme de  
                  lire cet extrait à la chambre, parce que l'hon.  
                  député de Chateauguay, avec ce langage plein  
                  de douceur et d'amabilité qui plait tant,  
                  (rires) m'a reproché d'avoir renié mon passé  
                  politique en proposant l'union fédérale des  
                  provinces, et que c'est là ce qui a rendu  
                  mon discours si faible lorsque j'ai déposé les  
                  résolutions actuelles devant la chambre. Je  
                  suis bien disposé à reconnaître la faiblesse  
                  et le peu d'effet de mon discours; mais quant  
                  à mes opinions sur la confédération, elles ont  
                  été celles de ma vie, celles que j'exprime en  
                  parlement depuis des années, que j'ai portées  
                  à la conférence et que je défends encore  
                  dans le moment actuel. (Ecoutez! écoutez!)  
                  M. l'ORATEUR, je m'incline, avec toute la  
                  déférence possible devant la décision que vous  
                  avez rendue, que la proposition de l'hon.  
                  député de Peel est dans l'ordre; mais  
                  c'est un point si douteux que je ne devrais pas  
                  exprimer d'opinion contraire à la vôtre, car  
                  l'on sait que chacun est enclin à décider en  
                  sa faveur les cas douteux. Il eut été fort  
                  agréable au gouvernement de voir cette proposition déclarée hors d'ordre, et c'est
                  peut- être ce qui nous a fait adopter une opinion  
                  moins impartiale que la vôtre: aussi, nous  
                  sommes—nous fait un devoir d'obéir à votre  
                  décision du moment que nous avons cru que  
                  notre conscience ne nous fesait pas voir à  
                  l'évidence que vous vous trompiez. La proposition ayant été déclarée d'ordre, je dirai,
                  
                  néanmoins. qu'elle est tout à fait incompatible avec les votes de son auteur sur la
                  
                  question de la confédération. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Je ne puis comprendre qu'un  
                  hon. député, après avoir une semaine voté  
                  deux fois de la même manière sur la même  
                  question, puisse faire la proposition d'amendement dont nous nous occupons en ce 
                  
                  moment. (Ecoutez! écoutez!) Il est bien  
                  vrai que je l'ai entendu dire qu'il ne donnait  
                  pas à sa proposition l'effet d'un amendement,  
                  mais qu'il la considérait comme une proposition séparée et indépendante: je regrette
                  
                  cependant qu'après avoir résolu d'appuyer la  
                  
                  
                  1002
                  
                  mesure du gouvernement il n'ait pas jugé à  
                  propos d'approuver les moyens de la mettre  
                  à exécution, et ne se soit pas rendu à mon  
                  invitation de faire sa proposition à la chambre  
                  d'une manière distincte et séparée au lieu  
                  d'en faire un amendement à l'adresse qu'il a  
                  lui même votée. (Ecoutez! écoutez!) Tout  
                  en exprimant le regret que me cause la conduite de mon hon. ami, je dois en même 
                  
                  temps le féliciter de la solidité des arguments de son discours; car, cussions—nous
                  
                  demandé, la chambre eut-elle demandé un  
                  argument en faveur de la mesure ministérielle mise devant la chambre qu'ils nous eût
                  
                  été difficile d'en trouver un plus éloquent et  
                  plus serré que celui qu'a adopté mon hon.  
                  ami dans son discours sur la confédération.  
                  Mon hon. ami est toujours éloquent et  
                  toujours convaincant, mais il s'est surpassé  
                  dans ce discours.  
 
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén MACDONALD—  
                  C'est peut-être un compliment, mais ce n'est  
                  pas une flatterie. Un compliment est l'expression d'une vérité agréable; une flatterie
                  
                  est l'expression d'un mensonge agréable. Si,  
                  par exemple, je disais que mon hon. ami de  
                  Cornwall a fait un discours plein de force et  
                  d'éloquence, je me rendrais coupable d'une  
                  flatterie (on rit); mais en disant en toute  
                  sincérité que l'bon député de Peel a fait un  
                  tel discours, je puis faire un compliment,  
                  mais non une flatterie. (Ecoutez! écoutez!)  
                  Cependant, ce qui m'a le plus étonné ç'a été  
                  de voir que mon hon. ami tout en déclarant  
                  qu'il n'était pas homme a faire de propositions  
                  inconstitutionnelles ou tendant a enfreindre  
                  les usages constitutionnels, mais ne voulant  
                  rien autre chose qu'un appel au peuple,  
                  s'oppose néanmoins à la motion devant la  
                  chambre; et je sais, qu'en effet, mon hon.  
                  ami n'est pas homme à commettre d'erreur  
                  fondamentale contre les institutions constitutionnelles et libres. Il savait bien,
                  et cela  
                  fait honneur à sa réputation de juriste  
                  constitutionnel, ne quoiqu'il eut a rédiger  
                  sa proposition à a hate il devait en la présentant se mettre en garde contre les erreurs;
                  
                  aussi, a-t-il pris soin que l'appel au peuple  
                  proposé sur cette question fut un appel  
                  constitutionnel par a voie des élections.  
                  (Ecoutez! écoutez!) Mais, alors, pourquoi  
                  le député qui a secondé la proposition et  
                  qui a demandé à la chambre de la voter, a-t-il  
                  dit qu'il n'en croyait pas un mot? (Rires.)  
                  Sa première phrase ne veut rien dire autre  
                  
                  
                  
                  chose; en effet, il nous a dit qu'il voulait  
                  soumettre la question directement au peuple  
                  et la lui faire voter par oui ou non, et non  
                  de la manière proposée par l'hon. député de  
                  Peel, qui est—cependant la seule qui soit  
                  conforme à notre constitution.  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Je ne suis pas  
                  du tout disposé à voir le sens de mes paroles  
                  torturé par mon hon. ami. J'ai dit que je  
                  ne considérais as ce moyen comme le seul  
                  de s'assurer de l'opinion du peuple, ni que je  
                  croyais erroné de le faire voter par oui ou  
                  non sur la question.  
  
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD—Il  
                  n'en est pas moins vrai que mon hon. ami de  
                  Peel demande que l'appel soit fait d'une  
                  manière constitutionnelle, et que l'hon.  
                  député d'Ontario Nord en préfère une  
                  autre. Comment mon hon. ami peut—il croire  
                  qu'on puisse faire voter de cette manière  
                  dans un pays dont la constitution est calquée  
                  sur celle de l'Angleterre? Par quel moyen  
                  admis et reconnu par notre constitution  
                  pourrions-nous prendre un tel vote? Il n'y en  
                  a pas, et pour le faire il nous faudrait  
                  fouler aux pieds les principes de la constitution anglaise. L'hon. monsieur sait qu'il
                  
                  n'y a pas moyen de faire autrement. Nous  
                  pourrions sans doute passer une loi déclarant  
                  que le peuple votera oui ou non sur la  
                  question, mais cette loi serait elle-même un  
                  changement dans notre constitution, et j 'aimerais à voir un représentant de Sa Majesté
                  
                  en cette province disposé à sanctionner une  
                  mesure de cette espèce, une mesure qui  
                  serait le renversement des principes du gounement constitutionnel anglais! M. l'ORATEUR,
                  nous sommes ici les représentants du  
                  peuple et non ses délégués, et en donnant  
                  notre concours à une telle ici nous nous  
                  dépouillerions de notre caractère de représentants et adopterions une ligne de conduite
                  
                  que désapprouverait mon hon. ami de Chateauguay, bien qu'il soit prêt à l'appuyer
                  de  
                  son vote sur les instances des autres. Cet  
                  hon. député connait trop bien les principes  
                  de la constitution anglaise pour appuyer  
                  lui-même un tel procédé, mais il encourage les autres à le faire et à dire ce qu'il
                  
                  n'oserait avancer lui-même. (Ecoutez! écoutez.) Un appel direct au peuple sur une
                  
                  question de cette espèce peut bien être le  
                  moyen que prend un despote, un monarque  
                  absolu, pour faire sanctionner son usurpation par le peuple:—ce peut-être de cette
                  
                  manière qu'un despote soutenu de baïonnettes peut demander au peuple de voter  
                  
                  
                  1003
                  
                  oui ou non sur les mesures qu'il propose,  
                  mais dans les pays libres soumis à une constitution, tout vote doit être reçu par
                  les  
                  autorités constituées, les représentants du  
                  peuple, et ne pas devenir un vaine forme  
                  pour dissimuler la tyrannie mais une mesure  
                  conforme au jugement calme et délibéré  
                  du peuple exprimé par ses députés. (Ecoutez! écoutez.) Je ne cacherai que je fus un
                  
                  peu effrayé en parcourant l'avis de motion  
                  donné par mon hon. ami de Peel, qu'il ne  
                  voulût prendre la ligne de conduite conseillée  
                  par l'hon. député d'Ontario Nord, sa teneur  
                  ne définissant rien à ce sujet. J'avais  
                  néanmoins confiance dans les principes constitutionnels, les principes conservateurs,
                  de  
                  l'hon. monsieur, en dépit du manque de  
                  clarté de ses expressions: aussi, quelle ne fut  
                  pas ma satisfaction de lui entendre lire sa  
                  proposition à la chambre dans sa forme  
                  actuelle. J 'admets que tout hon. député  
                  de cette chambre pouvait proposer qu'elle  
                  fut dissoute ou non, et que l' hon. député  
                  de Peel avait le droit de faire cette  
                  proposition afin de renvoyer la question au  
                  peuple, et je fus soulage de mon anxiété  
                  lorsque je vis que c'était en effet ce qu'il  
                  proposait, de même que je regrettai de voir  
                  l'hon. député d'Ontario Nord se souvenir si  
                  peu de ses anciens principes conservateurs  
                  et conseiller la voie différente. Or, nelle est  
                  l'opinion sur ce suiet en Angleterre? J'ai eu  
                  le vif plaisir de lire dernièrement un compte- rendu d'un discours renoncé devant
                  les  
                  électeurs de Huddersfield par M. LEATHAM,  
                  député au parlement impérial, beau—frère, je  
                  crois, de M. JOHN BRIGHT, et disciple de  
                  cette classe d'économistes libéraux avancés  
                  connue sous le nom d'école de Manchester.  
                  Quoique nourri des doctrines de cette école,  
                  cet homme distingué n'en a pas moins pris  
                  la parole devant les électeurs les plus radicaux peut-être de toute l' Angleterre,
                  et s'est  
                  élevé avec force contre le bill de tempérance facultative, ressemblant à celui qu'a
                  
                  fait passer ici l'hon. député de Brome (M.  
                  DUNKIN), parce qu'il prétendait qu'il était  
                  inconstitutionnel de remettre au peuple le  
                  pouvoir de voter directement sur une loi  
                  avant de la laisser venir en opération. Il  
                  prétendit que la responsabilité de voter  
                  une mesure était tout entière à la chambre  
                  et non au peuple. Or, si un libéral aussi  
                  avancé que M. LEATHAM admet ce principe,  
                  il est facile d'en conclure quelle est l'opinion  
                  de la majorité en Angleterre. Permettez- moi de citer un court passage du discours
                  
                  
                  
                  
                  de M. LEATHAM. Ce passage est, selon  
                  moi, rempli de hauts enseignements. Je le  
                  trouve cité dans un article du 
Times que  
                  voici:—  
  
               
               
               
               
                  
                  "L'argument de M. LEATHAM a ce sujet est  
                     digne d'attention, parce qu'il s'applique non seulement à la question de la temérance
                     obligatoire,  
                     mais à une foule d'autres. " Dans un gouvernement représentatif, dit-il, il est essentiel
                     que la  
                     classe des électeurs, qui est la même que celle  
                     des contribuables, n'ait pas de pouvoir législatif  
                     direct, et, dans la représentation parlementaire,  
                     le principe représentatif même ne doit pas seul  
                     légiférer. Les droits et la propriété du peuple  
                     Anglais sont protégés par les prérogatives de la  
                     couronne, les privilèges des lords et l'autorité  
                     d'une assemblée représentative, qui composent le  
                     triple bouclier par lequel sont protégés les droits  
                     du plus humble sujet dans le royaume. Mais  
                     voici une proposition qui, dans sa simplicité révolutionnaire, a pour but de confier
                     la propriété et le  
                     maintien des droits d'une classe nombreuse et des  
                     parlements microscopiques, homogènes, démocratiques et sans responsabilité, répandus
                     dans le  
                     pays au lieu d'un parlement central, complet et  
                     constitutionnel. Il me semble que cette propositions attaque dans sa racine le système
                     représentatif."  
  
               
               
               
               Telles sont, M. l'ORATEUR, les paroles  
                  d'un des réformistes anglais les plus avancés.  
                  Ces paroles sont d'une haute portée et doivent.  
                  faire réfléchir tout admirateur des institutions représentatives qui veut éviter la
                  
                  ruine de ces institutions dans ce pays et  
                  faire des représentants de simples délégués sans pouvoirs. (Ecoutez!) Pourquoi  
                  sommes-nous envoyés ici!—N'est-ce pas  
                  dans la supposition que nous sommes prêts à  
                  raisonner, à. comparer notes et documents  
                  pour arriver à une sage détermination? Et,  
                  en hommes honnêtes et consciencieux, nous  
                  changerons d'opinion toutes les fois que nous  
                  serons convaincus que nous sommes dans  
                  l'erreur. Mais si on adoptait l'autre principe et si, au lieu d'étre cs représentants,
                  
                  nous n'étions plus que de simples délégués,  
                  nous n'aurions plus qu'à voter les mesures  
                  sans aucune discussion et d'après les instructions de nos électeurs. (Ecoutez!)  
 
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD—  
                  Elle n'a pas été votée sans discussion, et les  
                  hon. membres ont en toute liberté d'exprimer  
                  leur pensée avant le vote. Je disais, M.  
                  l'ORATEUR, que l'hon. membre pour Peel  
                  en proposant cet amendement, après avoir  
                  voté pour les résolutions, n'a pas fait preuve  
                  de beaucoup de logique. Que signifient en  
                  effet les résolutions? L'hon. monsieur a voté  
                  
                  
                  1004
                  
                  pour une adresse à la Reine la priant de faire  
                  mettre devant le parlement impérial une  
                  mesure pour l'union des colonies anglaises de  
                  l'Amérique du Nord d'après les principes  
                  adoptés par la conférence de Québec. Il a  
                  donné ce vote parce qu'il approuvait la proposition, et si nous avions suivi la pratique
                  
                  du parlement anglais, l'adresse serait maintenant expédiée en Angleterre pour être
                  
                  soumise à l'approbation de la Reine. Dernièrement, en a adopté un nouveau mode de
                  
                  procéder qui consiste à renvoyer l'adresse à  
                  un comité lequel fait rapport à la chambre.  
                  Mais j'en reviens à la motion de mon hon.  
                  ami; par son vote, il a aflirmé que l'adresse  
                  en question devait être soumise à Sa Majesté;  
                  par cet amendement, il affirme qu'elle ne doit  
                  pas être envoyée; il y a contradiction flagrante et cela m'étonne de la part de l'hon.
                  
                  monsieur.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD —  
                  Uniquement parce que l'ORATEUR en a ainsi  
                  décidé; mais je maintiens que la motion de  
                  mon hon. ami est en contradiction flagrante  
                  avec son vote.  
  
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—Mon hon.  
                  ami prétend que c'est une affaire de forme  
                  de renvoyer à un comité une adresse adoptée  
                  par la chambre, et que la chose est ainsi considérée en Angleterre. Qu'il me permette
                  
                  de lui rappeler que le 7 février dernier  
                  l'adresse en réponse au discours du trône  
                  fut unanimement votée, puis renvoyée à un  
                  comité qui la présente de nouveau, et qu'alors  
                  M. SCULLY proposa un amendement à  
                  l'adresse au sujet de l'Irlande. (Ecoutez!)  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. J. H. CAMERON—Oui, un vote  
                  unanime, je puis d'ailleurs, si mon hon.  
                  ami le désire, lui citer un autre cas.  
  
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD—Si  
                  M. SCULLY eût été présent lors du premier  
                  vote sur l'adresse, il aurait, sans doute,  
                  voté contre. C'est la première fois que  
                  je vois un hon. membre voter pour une  
                  motion, puis proposer un amendement;  
                  j'ai cru, dès l'abord, qu'un pareil procédé  
                  était contre la règle parlementaire, l'ORATEUR  
                  en a décidé autrement, et je m'incline devant  
                  sa décision. Pour noi l'hon. membre n'a- t-il pas, dès l'abord, voté contre l'adresse,
                  
                  puisque pour une raison ou pour une autre  
                  
                  
                  
                  il ne voulait pas qu'on la présentàt à Sa  
                  Majesté? Il a d'abord voté pour une adresse  
                  à la Reine la priant de mettre devant le parlement impérial une mesure ayant pour
                  objet  
                  la confédération des colonies basée sur les  
                  résolutions de la conférence de Québec;  
                  mais, un instant après, il se lève et, comme  
                  l'enfant qui souffle sur un château de cartes,  
                  fait motion pour une adresse à Son Excellence le gouverneur-général, lui demandant
                  
                  de ne point envoyer à la Reine l'adresse qu'il  
                  venait de voter. (Ecoutez!) Il a d'abord  
                  voté une adresse à la Reine, puis il ne veut  
                  plus de cette adresse, il veut que la chambre  
                  soit dissoute et que l'adresse soit présentée à la. Reine par un autre parlement.
                  
                  (Ecoutez! écoutez!) Or, à mon avis, c'est la  
                  faire une insulte à la Reine. L'inconséquence  
                  de mon hon. ami avec lui-même est donc  
                  palpable. (Ecoutez!) M. l'ORATEUR, je  
                  n'aborderai point la question de l'appel au  
                  peuple. Le petit paragraphe que j'ai cité  
                  du discours de M. LEATHAM contient, a cet  
                  égard, la solution la plus sage, qui a été  
                  appuyée par les hommes politiques les plus  
                  éminents d'Angleterre a différentes époques.  
                  PITT et les hommes d'état les plus célèbres  
                  en Angleterre, ne se sont jamais arrêtés à  
                  cette idée. Mon hon. ami rappelle que lors  
                  de l'union de l'Ecosse avec 'Angleterre ou  
                  a fait appel au peuple. Mais il sait bien  
                  qu'à cette époque les institutions représentatives de l'Ecosse étaient une moquerie,
                  
                  que les différentes bourgs dépendaient de  
                  petites corporations, et qu'une élection ne  
                  donnait point l'opinion réelle du peuple.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. Proc.-Gén. MACDONALD.—  
                  La constitution de l'Ecosse jusqu' a 1832, fut  
                  pleine de restrictions de toute espèce.  
                  Mais l'hon. membre aurait dû nous dire si, en  
                  Angleterre, il eut une élection au sujet de  
                  l'union avec l' Ecosse. Or, il sait bien que  
                  cette élection n'a pas eu lieu et qu'on aurait  
                  ri, dans les cercles politiques, d'une semblable  
                  proposition. (Ecoutez!) M. l'ORATEUR,  
                  lorsque le parlement impérial vota le bill  
                  septennal pour sauver l'Angleterre du règne  
                  désastreux des STUARTS,—je l'appelle désa.  
                  treux: bien que je sois Ecossais,—lorsque les  
                  membres élus pour trois ans se déclarèrent  
                  élus pour sept sans appeler au peuple,  
                  quelqu'un a-t-il jamais prétendu que cette  
                  décision fut inconstitutionnelle? Mon hon.  
                  ami n'a-t-il pas fait voir que Sir ROBERT  
                  
                  
                  1005
                  
                  PEEL, le grand protecteur des libertés anglaises, citait ce fait pour montrer quels
                  
                  étaient les pouvoirs de la chambre des communes. L'hon. membre pour Montmorency  
                  a cité WILLIAM PITT qui, malgré quelques  
                  actes désapprouvés par les conservateurs, a  
                  toujours été le chef de ce parti et a combattu jusqu'a la mort pour les doctrines
                  de  
                  son père, le comte de CHATHAM. Tout son  
                  parti le soutint lorsqu'il prétendit que le  
                  parlement irlandais pouvait voter l'abandon  
                  des droits qu'il avait mission de défendre.  
                  Si le temps me le permettait, je citerais encore ses paroles, parce qu'elles étaient
                  dictées  
                  par la sagesse même. Mon hon. ami de Peel  
                  dit: ' C'est très bien, mais on ne peut  
                  prendre l'union de l'Irlande pour terme de  
                  comparaison, parce que notre constitution est  
                  limitée par l'acte même qui l'a établie."  
                  C'est vrai, mais c'était la même chose en Irlande jusqu'en 1782, où on abolit l'appel
                  au  
                  parlement anglais pour les mesures qui  
                  n'étaient auparavant soumises aux chambres  
                  d'Irlande qu'après avoir été approuvées par  
                  le parlement impérial. Mon hon. ami  
                  cite l'acte constitutionnel; mais les termes  
                  de cet acte nous donnent, de la manière la  
                  plus explicite, le droit de faire des lois pour  
                  la paix, le bien-être et le bon gouvernement  
                  des populations du Canada. On ne pouvait  
                  nous donner de plus grands pouvoirs; il est  
                  vrai que notre existence politique est fondée  
                  sur un statut; que nos juges n'ont point le droit  
                  de condamner pour mépris et que nous n'avons pas les droits de prescription que possède
                  
                  le parlement impérial; mais, vis-à-vis des po-    
                  pulations du Canada, nous occupons le même  
                  rang que le parlement anglais vis-à-vis des  
                  électeurs de la Grande Bretagne. (Ecoutez!) Tout homme qui apprécie le gouvernement
                  représentatif refusera toujours de  
                  voir restreindre ces droits. Mais mon hon.  
                  ami dit que nous ne pouvons que passer ces  
                  résolutions en demandant à la Reine de leur  
                  donner effet, et il en conclut qu'il faut avoir  
                  un nouveau parlement. Or, ces nouvelles  
                  chambres n'auront pas plus de pouvoir que  
                  nous. Cette chambre, plus que toute autre  
                  depuis 1841, représente réellement les populations du Canada. Si les membres de cette
                  
                  chambre ne représentent pas les diverses  
                  classes et les diverses intérêts du pays, le  
                  pays n'a jamais été représenté. (Ecoutez!)  
                  Si nous sommes les représentants du Canada,  
                  nous avons droit de faire des lois pour la  
                  paix, le bien-être et le bon gouvernement  
                  de ce pays; sinon, nous avons été par le  
                  
                  
                  
                  passé de bien grands criminels! Si nous  
                  ne sommes pas les représentants du peuple,  
                  nous n'avons plus le droit de passer un seul  
                  bill, ne fût—ce que pour établir un moulin-à- scie. Si nous ne sommes pas les représentants
                  du Canada, nous n'avons point le droit  
                  de siéger en cette chambre. Mais si nous  
                  avons le mandat de représentant du peuple,  
                  nous avons le droit d'agir pour lui, d' aller  
                  déclarer au Souverain que l'union demandée  
                  est dans l'intérêt des provinces de l'Amérique du Nord et assure notre protection
                  à  
                  l'avenir; et si nous pensons que ce droit  
                  ne nous est pas acquis, eh bien! nous  
                  sommes indignes du mandat que nous avons  
                  reçu des populations canadiennes. (Ecoutez!  
                  et applaudissements.)  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Je demanderai à  
                  l'hon. membre pourquoi il a soutenu le bill  
                  de tempérance de M. DUNKIN?  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—Si l'hon. membre  
                  a voté pour le bill, il a appuyé ce qui, d'après  
                  la règle établie par lui, est une violation de  
                  la constitution.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—L'hon. monsieur  
                  a donc violé la règle établie par lui-méme.  
                  (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON — Je dois un mot  
                  d'explication a l'hon. procureur-général du  
                  Haut—Canada. Je n'avais pas l'honneur d'être  
                  en parlement en 1861, et je n'ai jamais lu  
                  le discours qu'il a cité. Je ne voudrais pas  
                  faire une assertion erronée; mais je crois ne  
                  point me tromper en disant que lors de la  
                  Ligue Américaine Anglaise, il y a environ  
                  quinze ans, il vota une union législative.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON — Cette réunion  
                  passa, en tous cas, des résolutions en faveur  
                  d'une union législative. L'hon. membre  
                  faisait partie de la Ligue, il vota pour ou  
                  contre ces résolutions, il nous le dira. En  
                  tous cas, à la dernière session, lors de la  
                  motion de l'hon. membre pour South-Oxford,  
                  il était en faveur d'une union législative.  
                  C'était peu de temps avant le changement de  
                  ministère, et il y eut une discussion entre  
                  l'hon. procureur-général du Haut-Canada, et  
                  l'hon. procureur-général du Bas-Canada qui  
                  étaient alors de ce côté de la chambre. Dans  
                  
                  
                  1006
                  
                  le comité fermé sur motion de l'hon. membre  
                  pour South-Oxford, il vote pour l'union légisative nettement distinguée de l'union
                  fédérale, et je croyais qu'il avait toujours été de  
                  cette opinion. Dans son discours de 1861,  
                  il indiquait, parait-il, la possibilité d'une  
                  fédération, mais bien différente de celle que  
                  veut l'hon. membre pour South-Oxford, qui  
                  prétend que c'est celle de la convention  
                  de 1859.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—C'est vrai, mais  
                  dans l'une c'est l'autorité fédérale, et dans  
                  l'autre l'autorité locale, qui a la prépondérance.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON—Je n'entrerai pas  
                  dans plus de détails. J'ai seulement voulu  
                  faire quelques observations sur le discours  
                  que l'hon. pro.-gén. du Haut—Canada fit en  
                  1861. (Cris de "continuez!") En vérité, les  
                  messieurs de la droite sont difficiles à contenter. L'autre jour, l'hon. président
                  du  
                  conseil, qui était probablement de mauvaise  
                  humeur ce jour-là, prétendait que je parlais  
                  trop souvent; aujourd'hui, il veut me donner,  
                  malgré moi, la parole. (Rires.) J'avais  
                  l'intention de faire un discours sur la question. Mais je crois, avec l'hon. proc.-gén.
                  
                  du Haut—Canada, que ce débat ne doit point  
                  être recommencé. Telle a été l'opinion exprimée cette après—midi par mon chef (l'hon.
                  
                  M . A. A. DORION); aussi, en bon partisan,  
                  je m'obstiendrai de prononcer mon discours,  
                  d'autant plus que mes vues sur cette question  
                  sont parfaitement connues (Rires.) Si les  
                  hon. membres de la droite avaient aucun  
                  doute à mon égard, je suis prêt à leur donner  
                  aussi brièvement que possible toutes les  
                  explications qu'ils pourront désirer. (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD—Mon hon.  
                  ami a fidèlement exprimé l'intention de la  
                  gauche. Nous ne voulons point prolonger  
                  la discussion. Mais les hon. membres de la  
                  droite n'ont point été fidèles à la règle  
                  établie par eux a cet égard.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD—Je crois  
                  que l'hon. président du conseil a fait, cesoir  
                  même, un discours très long, dont les conclusions éloquentes suffiraient pour nous
                  
                  ôter toute envie de parler. (Ecoutez! et  
                  rires.) J'ai également été frappé de la  
                  
                  
                  
                  manière dont l'hon. proc.-gén. du Haut- Canada s'est glorifié de n'avoir pas insisté
                  
                  sur les objections soulevées par la motion de  
                  l'hon. membre pour Peel, après avoir dit  
                  qu'il aurait recours à tous les précédents  
                  parlementaires pour empêcher cette motion.  
                  L'hon. membre oublie que des autorités  
                  anglaises ainsi que des décisions de cette  
                  chambre même viennent à l'appui de la  
                  motion de l'hon. membre pour Peel. En  
                  1843, lors de l'adresse passée en cette  
                  chambre pour approuver l'attitude prise  
                  par l'hon. M. BALDWIN, au temps de  
                  Sir JOHN METCALFE, un amendement fut  
                  proposé après la passation de cette adresse,  
                  mais l'ORATEUR décida que la motion était  
                  hors d'ordre; mais appel ayant été fait à la  
                  chambre, un amendement de M. BOULTON  
                  fut voté. L'hon. proc.—gén. du Haut—Canada  
                  n'a donc point lieu de se glorifier de n'en  
                  avoir pas appelé de la décision actuelle de  
                  l'ORATEUR, car les précédents sont contre lui.  
                  L'astuce de l'hon. monsieur est bien connue.  
                  Nul que lui ne sait mieux se plier aux  
                  exigences des positions diverses qu'il prend  
                  successivement. Nul homme public en ce  
                  pays n'a été opposé à tant de causes qu'il a  
                  fini par épouser, et par faire triompher  
                  ensuite avec l'aide de ses propres adversaires.  
                  (Ecoutez!) N'a—t-il pas combattu pendant  
                  dix ans,--—de 1844 à 1854,-—la sécularisation  
                  des réserves du clergé, prétendant que c'était  
                  une spoliationl Ne s'est—il pas opposé à  
                  l'abolition de la tenure seigneuriale, qu'il  
                  traitait aussi de spoliation? N 'a—t—il pas joué  
                  le même rôle quand il s'est agi d'introduire  
                  le principe électif dans le conseil législatif,  
                  prétendant que c'était une tentative républicaine n'ayant pour but rien moins que
                  
                  d'introduire dans ce pays la constitution des  
                  Etats-Unis? Mais après avoir combattu  
                  pendant dix ans ces mesures, savoir: l'abolision de la tenure seigneuriale et la question
                  
                  des conseillers électifs, qui causèrent la  
                  révolte du Bas-Canada, et la question des  
                  réserves du clergé à laquelle Lord SYDENHAM  
                  attribuait la révolte du Haut-Canada,—questions qui ébranlèrent jusqu'aux fondements
                  
                  de notre société, qui ont soulevé non seulement  
                  des orages parlementaires, mais allumé la  
                  guerre civile,—tout-à-coup il a cessé son opposition de dix ans, et, afin d'avoir
                  un portefeuille et de maintenir son parti au pouvoir,  
                  il s'est soumis humblement et a favorisé la  
                  passation de ces mesures. Et il a des prétentions à passer pour conséquent avec lui—même!
                  
                  Ces trois grandes questions ainsi que plusieurs  
                  
                  
                  1007
                  
                  autres questions brillantes ont été résolues  
                  par les efforts de l'hon. monsieur agissant de  
                  concert avec des rénégats du parti réformiste,  
                  et c'est ainsi qu'il est resté au pouvoir pendant  
                  dix ans. (Ecoutezl) Or, la formation du  
                  gouvernement actuel est due à une volte-face  
                  du même eure. On a renouvelé en 1864  
                  ce qui fut ait en 1854. (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Qui a proposé que  
                  des membres du parti libéral devaient s'unir  
                  au gouvernement?  
  
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD—Je les  
                  voyais entraînés à toute vapeur vers le ministère, j'e n'ai pas entrepris de les arrêter.
                  
                  (Rires) Les roues de la locomotive auraient  
                  brisé tous les freins, j'ai alors dit: " Allez,  
                  et que Dieu vous soit en aide! Votre place  
                  à vous, membres libéraux, est au ministère.  
                  Vous serez trois dans le cabinet, plût a  
                  Dieu que vous fussiez en plus grand nombre;  
                  cela nous permettrait d'espérer un peu de  
                  justice."  
  
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Mais vous avez  
                  voté contre la motion à l'effet que la résolution qui demandait l'entrée de trois
                  membres  
                  de l'opposition au ministère fut rejetée.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Je vous demande  
                  pardon, c'est moi—même qui proposai la  
                  motion.  
  
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
               M. H. F. MACKENZIE—Si l'hon. monsieur veut me le permettre, je vais lire un  
                  extrait du procès-verbal de l'assemblée.  
                  L'hon. monsieur ne vote point contre le  
                  principe de la combinaison:—  
  
               
               
               
               
                  
                  "Proposé par M. HOPE F. MACKENZIE, secondé  
                     par M. McGIVARIN,—que nous approuvons la marche  
                     suivie par M. BROWN, dans ses négociations avec  
                     le gouvernement, et que nous approuvons aussi  
                     le projet d'une fédération des Canada, pouvant  
                     comprendre les provinces du golfe et les régions  
                     de l'Ouest; cette fédération étant, selon nous, le  
                     seul moyen de règler nos difficuités actuelles.  
  
               
               
               
               Trente—quatre membres votèrcnt pour cette  
                  motion, cinq s'abstinrent et de ce nombre  
                  était l'hon. membre pour Cornwall.  
 
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD — Alors  
                  vous admettes ce principe: " Qui n'est pas  
                  pour nous est contre nous." (Ecouter!) Je  
                  vais vous dire pourquoi je ne voulus pas  
                  
                  
                  
                  voter. Je n'ai point accusé l'hon. membre  
                  pour South Oxford de nous avoir trompée en  
                  aucune façon. Mais il nous dit qu'il avait  
                  en mains un document contenant a base de  
                  l'arrangement. Au lieu de nous le lire, il  
                  nous en cita la substance. Ce mode de  
                  procéder me déplut souverainement, et voila  
                  pourquoi je crus devoir m'abstenir.  
  
               
               
               
                
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. BROWN—Mais aves—vous  
                  parlé dans cette assemblée contre le projet?  
  
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD.—C'eût été  
                  parfaitement inutile, tant on était pressé de  
                  conclure. (Rires.) Mais, M. l'ORATEUR,  
                  mon hon. ami, le proc.-gén. du Haut-Canada,  
                  avec sa tactique ordinaire d'éluder la question,  
                  —celle de lappel au peuple,—s'est jeté sur  
                  les digressions. Je n'ai jamais entendu bafouer aussi cruellement un membre de cette
                  
                  chambre. Il a tourné en ridicule toute la  
                  motion de l'hon. membre pour Peel. Toutefois, il lui a offert une petite consolation:
                  
  
               
               
               
               
                  
                  "Après tout, lui a-t-il dit, et bien que mon  
                     hon. ami pour Peel seit complétement dans  
                     l'erreur, il n'a point en cette circonstance dérogé  
                     à son habileté, son éloquence et sa science des  
                     principes constitutionnels que nous lui connaissons tous,—il a en une excellente idée
                     en  
                     insérant, dans sa motion, les mots: "mode  
                     constitutionnel."  
                    
               
               
               
               Ces deux mots ont un charme particulier  
                  pour l'hon proc.—gén. du Haut-Canada. Mais  
                  il devrait bien nous dire où il a pris que,  
                  d'après la pratique parlementaire anglaise,  
                  une mesure comme celle-ci avait jamais été  
                  présentée, et nous expliquer ensuite en quoi  
                  l'hon. membre pour Peel a tort. Une mesure  
                  contraire à la pratique anglaise étant présentée, nous sommes libres de prendre les
                  
                  moyens d'obtenir l'appel au peuple. Si les  
                  traditions parlementaires permettent que le  
                  gouvernement fasse passer, avec l'aide de ses  
                  partisans, une mesure qui change soudainement notre constitution, ne pouvons-nous
                  pas  
                  demander si cette mesure sera préalablement  
                  soumise à nos électeurs? Il oublie que si,  
                  conformément à la constitution, nous pouvons  
                  faire et défaire les lois, il ne nous est point  
                  permis de changer par un vote de cette  
                  chambre une constitution qui nous a été  
                  donnée par le gouvernement impérial. Il a  
                  fortement insisté sur ce point: que nous représentons le peuple et que par nous le
                  
                  
                  
                  1008
                  
                  peuple parle. Ce principe est vrai, je le  
                  répète, tant qu'il s'agit de lois rédigées conformément à notre constitution, mais
                  c'est le  
                  pousser beaucoup trop loin que de l'appliquer  
                  au renversement de la constitution elle-même.  
                  (Ecoutez!) Comment justifier un pareil  
                  procédé? L'hon. monsieur nous dit que  
                  l'appel au peuple est inconstitutionnel. On  
                  ne pense pas ainsi à la Nouvelle—Ecosse. Les  
                  hon. ministres répondent que la Nouvelle- Ecosse ne fait pas nos lois.  
 
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD —Il est  
                  est bien malheureux que l'hon. ministre de  
                  l'agriculture, par les lectures et les essais  
                  dont il a favorisé ces provinces, n'ait pas  
                  réussi à éclairer davantage leurs populations.  
                  (Rires!) Mais, en tous cas, elles comprennent  
                  la position que leur a faite la conférence de  
                  Québec. Et le Nouveau—Brunswick? Là  
                  aussi, je suppose, les hon. ministres n'ont  
                  trouvé que des ignorants! A ces ignorants  
                  nous avons demandé, en prenant certains  
                  détours, assistance pour sortir de nos difficultés. Mais une fois qu'ils ont vu le
                  dessous  
                  des cartes, ils ont refusé de reconnaître les  
                  délibérations de la conférence de Québec.  
                  Ce sont là, pour nous, des précédents. Nous  
                  voulons, comme les membres du Nouveau—  
                  Brunswick, exercer nos droits et jouir de  
                  nos privilèges. Les populations et les gouvernements des provinces du golfe sont tour
                  
                  à tour désignées comme loyales, ou annexionnistes, suivant qu'elles sont pour ou contre
                  
                  le projet actuel; si elles ne connaissent pas  
                  leurs droits, tâchons de leur apprendre à les  
                  connaître. Mais si c'est un peuple tel que  
                  l'hon. ministre de l'agriculture nous le  
                  dépeint, ne songeons plus à nous unir à  
                  lui. (Rires.) Si, au contraire il est loyal  
                  et intelligent, pourquoi ne pas l'miter?  
                  Qui ose ici s'arroger le droit de dire que  
                  nous ne pouvons pas voter suivant notre  
                  conscience et dans ce intérêts de nos populations? La motion de l'hon. membre pour
                  
                  Peel est étrange, dit-ên! Mais on oublie que,  
                  lors du dernier appel au peuple, les ministres  
                  actuels furent renversée, et cela pourrait  
                  bien encore leur arriver. (Ecoutez!) L'hon.  
                  procureur-général du Haut—Canada a commencé par dire nettement à l'hon. membre  
                  pour Peel: " Mon cher, vous avez perdu la  
                  carte!" Un instant après il a loué son éloquence, sa vigueur d'argumentation; il lui
                  
                  a déclaré, en un mot, que son discours était  
                  parfait, qu'il portait un coup violent à la  
                  
                  
                  
                  gauche, puis il a fini en lui disant: " Vous  
                  ne comprenez pas le sens de votre propre  
                  motion " Si l'hon. membre pour Peel est  
                  flatté du compliment, j'avoue qu'il est de  
                  bonne composition. Je trouve que l'hon.  
                  membre a très bien soutenu sa motion. Il  
                  a fait un bon discours d'élection. Aux  
                  hustings, avant les élections, les candidats  
                  s'engagent à agir en parlement d'accord  
                  avec les vœux de leurs électeurs. Mon hon.  
                  ami pour Peel a souvent dénoncé les tentatives faites contre les droits de l'église
                  d'Angleterre. Lorsqu'on sécularisa les biens du  
                  clergé, je me rappelle qu'une motion fut faite  
                  dans cette chambre pour demander l'appel  
                  au peuple. Il ne s'agissait que d'une mesure  
                  pour ainsi dire locale et personue, si je me  
                  souviens bien, ne prétendit que cette motion  
                  fut inconstitutionnelle. L'hon. président du  
                  conseil a souvent dit que tout gouvernement  
                  qui ne mettrait pas, dans son programme, la  
                  question dela représentation d'après la population, était indigne de l'appui de cette
                  chambre,  
                  mais, à mon avis, il est bien plus indigne  
                  de soutenir un gouvernement qui veut changer toute notre constitution sans en appeler
                  
                  au peuple. Un membre qui promet à ses  
                  électeurs de voter dans tel ou tel sens, et qui  
                  vient ici voter en sens contraire devrait,  
                  selon moi, résigner immédiatement, ne fût- ce que par respect pour la chambre et pour
                  
                  lui-même. Mon hon. ami le procureur-général du Haut-Canada dit qu'il n'est pas constitutionnel
                  de faire voter le peuple dans le  
                  sens indiqué par l'hon. membre pour Ontario Nord. Je tiens autant que personne  
                  au maintien de la constitution; mais, lors- qu'il s'agit d'une question comme celle—ci,
                  
                  je l'appuie sans m'occuper de savoir comment  
                  se fera la votation. L'hon. procureur—général  
                  du Haut-Canada a violé la constitution anglaise en proposant cette mesure, et je ferai
                  
                  tout en mon pouvoir pour obtenir l'appel au  
                  peuple avant de renverser notre constitution.  
                  Je suis étonné de voir tant de membres de  
                  cette chambre opposée à cet appel. Cette  
                  conduite singulière est due à certaines influances secrètes, en le prétend du moins,
                  
                  et parfois ces influences se trahissent. La  
                  coalition actuelle est formée des éléments  
                  les plus hétérogènes et soutenue par un mélange indescriptible de politiqueurs de
                  toutes  
                  nuances. On suppose qu'avant un an il  
                  y aura des élections générales. Certains  
                  partisans du ministère actuel qui ont naguère subi des élections très—coûteuses, 
                  
                  seront exposés à de nouveaux frais. C'est  
                  
                  
                  1009
                  
                  bien triste! Mais aussi pourquoi ont-ils  
                  voté contre les vœux de leurs électeurs?  
                  Ils espèrent peut—être, en vertu du principe  
                  que les extrêmes se touchent, être réélus par  
                  acclamation. Vain espoir! Les électeurs  
                  d'Ontario Nord et de la ville de Niagara  
                  sont là pour le prouver. L'hon. secrétaire  
                  provincial a été la première victime; à  
                  l'époque, je crus devoir le plaindre, mais il  
                  est aujourd'hui hors de peine, et il a trouvé  
                  un autre comté qu'il saura garder, espérons- le. Malgré cela, les hon. messieurs comptent
                  
                  sur un grand triomphe dans les prochaines  
                  élections. Moi j'espère qu'un grand nombre  
                  de collèges électoraux feront sentir à leurs  
                  deputés qu'on ne vote pas impunément  
                  l'abandon des droits et de la constitution  
                  d'un peuple. (Ecoutez!) M. l'ORATEUR,  
                  dans ma carrière politique, j'ai été dix-neuf  
                  ans du côté de l'opposition, et j'y resterais  
                  encore bien plus longtemps pour soutenir les  
                  opinions que je viens d'exprimer. Je suis  
                  ici pour représenter un comté et non pour  
                  le tromper indignement. Si, sur une question de quelque importance, je n'avais pu
                  
                  exprimer 'opinion de mes électeurs, j'aurais  
                  renoncé à les représenter tant que je n'aurais pu avoir leur avis. Plusieurs membres
                  
                  ne savent—ils es que leur conduite a été  
                  condamnée de a manière la plus formelle par  
                  les électeurs? Et ce sont ces mêmes hommes  
                  qui se prennent d'une belle indignation  
                  lorsque nous demandons ici l'appel au  
                  peu le!  
  
               
               
               
               M. SCOBLE—Faites-vous allusion a  
                  quel ue membre du Haut—Canada?  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. SCOBLE.—Je n'en connais aucun  
                  dans ce cas.  
  
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD—M. l'ORATEUR:—Sans vouloir faire de personnalités,  
                  il me semble voir vis—à—via moi une foule de  
                  membres compris dans la catégorie que je  
                  viens de signaler. C'est, selon moi, une  
                  monstruosité de refuser l'appel au peuple  
                  dont on veut changer la constiution. Je  
                  suis heureux d'avoir l'occasion de voter pour  
                  cette motion. Elle est, selon moi, l'expression de notre dévouement au peuple. Jamais,
                  
                  depuis un quart de siècle, une question n'a  
                  demandé plus impérieusement cet appel. Il  
                  s'agit de changer notre constitution, en veut  
                  forcer la main au peupleen refusant de le  
                  consulter, il saura pro ester dans les élections  
                  
                  
                  
                  prochaines, et faire de tels exem les, que  
                  jamais dans la législature d'une colonie anglaise pareil attentat ne pourra se reproduire.
                  
                  (Applaudissements.)  
  
               
               
               
               M. T. R. FERGUSON.—Les hon. membres'qui soutiennent cette motion ont réussi  
                  à donner aux débats une tournure singulière  
                  et vraiment amusante. L'hon. membre pour  
                  Peel est convaincu que sa motion est bien  
                  fondée et ainsi pense, j'en suis persuadé,  
                  l'hon. membre pour Ontario Nord, qui la  
                  seconde. Mais ces messieurs se placent à  
                  des points de vue très différents. L'hon.  
                  membre pour Peel a fait un long discours en  
                  faveur de la confédération, puis il a proposé  
                  l'appel au peuple, dans l'idée que le pays  
                  sanctionnerait le projet par une large majorité. Mais l'hon. membre pour Ontario 
                  
                  Nord espère, en ascendant la motion, qu'elle  
                  donnera le coup de mort au projet de confédération.  
  
               
               
               
               M. M. C. CAMERON—L'hon. membre  
                  se trompe. J'ai demandé simplement qu'on  
                  consultât le peuple, afin de savoir s'i ne  
                  préfèrerait pas une union législative.  
  
               
               
               
               M. T. R. FERGUSON—J'en demande  
                  pardon à l'hon. monsieur; mais je ne crois  
                  pas que tel ait été son but en secondant la  
                  motion. S'il n'a pas voulu faire rejeter le  
                  projet, son langage devient inintelligible. Je  
                  suis rarement d'accord avec l'hon. président  
                  du conseil; mais je crois qu'il a parfaitement  
                  signalé la contradiction. L'hon. membre  
                  pour Peel veut l'appel au peuple qui, selon  
                  lui, se prononcera en faveur du projet et  
                  d'une nouvelle nationalité. L'hon. membre  
                  pour Ontario Nord ne veut ni du projet ni  
                  de la nouvelle nationalité, et il espère que  
                  l'appel au peuple mettra fin a ces deux tentatives. L'hou. membre pour Peel demande
                  
                  une dissolution du parlement afin d'avoir,  
                  dans une élection générale, l'expression  
                  constitutionnelle de la volonté du peuple.  
                  Pour ma part, je doute fort qu'une élection  
                  générale ait ce résultat. Nous aurons encore  
                  la lutte du parti conservateur et du parti  
                  réformiste, les questions locales interviendront, et la vérité aura peine à se faire
                  jour.  
                  Mon hon. ami pour Ontario Nord demande  
                  l'appel direct au peuple. Ce serait peutiêtre  
                  un bon moyen s'il n'était pas tout à fait inconstitutionnel; on obtiendrait ainsi
                  l'expression de l'opinion publique. (Ecoutez!)  
                  L'hon. membre pour Peel est certainement  
                  un des hommes les plus distingués de cette  
                  chambre. Je dois avouer, toutefois, qu'il n'y  
                  
                  
                  1010
                  
                  parait point avec les mêmes avantages qu'au  
                  barreau. S'il avait proposé son amendement  
                  avant que les résolutions fussent adoptées,  
                  j'aurais pu lui donner le mérite de la sincérité, j'aurais même reconnu que sa tactique
                  
                  était habile; je ne puis exprimer cette opinion puisque cet amendement hostile aux
                  
                  résolutions n'arrive qu'après qu'elles ont été  
                  votées. J'en viens aux assertions de l'hon.  
                  membre pour Cornwall, et là je trouve une  
                  inconséquence encore plus manifeste. L'hon.  
                  membre prétend que si on en appelle au  
                  peuple et qu'il rejette ces résolutions, tous  
                  les membres qui ont voté pour l'affirmative  
                  devront immédiatement résigner leurs sièges.  
                  Or, appliquant ce principe à l'hon. membre  
                  qui a proposé l'amendement dont il s'agit,  
                  et à son collègue qui le seconde, on arrive à  
                  la conclusion que l'un ou l'autre de ces hon.  
                  messieurs doit immédiatement résigner. Et  
                  s'il y avait une élection générale, ces deux  
                  messieurs plaideraient devant les électeurs  
                  deux causes différentes; ils sont tous les  
                  deux en contradiction flagrante, et ils iraient  
                  jeter la confusion dans le pays. L'hon. procureur-général du Haut-Canada et l'hon.
                  
                  président du conseil n'ont dit que la pure  
                  vérité en parlant de l'inconséquence de ces  
                  messieurs. L'autre soir nous avons voté ces  
                  résolutions par une forte majorité. J'ai, dès  
                  l'abord, été en faveur de l'appel au peuple, je  
                  l'avoue. Mais en face de l'abrogation du traité  
                  de réciprocité et du système de transit, dans  
                  la perspective d'avoir sur nos lacs des  
                  navires de guerre américains, de souffrir le  
                  maintien du système des passeports et de ne  
                  pouvoir parvenir à l'océan qu'avec la permission des Américains, j'ai cru qu'il était
                  
                  important pour nous de prendre des mesures  
                  pour nous assurer l'appui de l'Angleterre,  
                  de sa garantie, de son armée et de sa flotte  
                  en vue de notre protection. Voilà pourquoi  
                  j'ai voté en faveur de ces résolutions! J'ai  
                  cru que le cas était urgent et que nos ministres devaient se rendre le plus tôt possible
                  
                  en Angleterre, afin d'en venir à un arrangement avec la mère-patrie, sans perdre un
                  
                  seul instant. Mais, maintenant, on vient nous  
                  dire que rien ne presse, et qu'il faut d'abord  
                  de nouvelles élections. Et pendant tout ce  
                  temps, c'est-à—dire, un an au moins, nous  
                  resterons dans le 
statu quo, sans moyens de  
                  défense! De deux choses l'une, ou ces résolutions ont été votées par la chambre ou
                  
                  elles ne l'ont pas été. Si elles ont été votées  
                  nous ferions un acte de folie en votant pour  
                  
                  
                  
                  cet amendement, et nous insulterions par  
                  là Sa Majesté en nous rendant à jamais  
                  ridicules. (Ecoutez!) L'hon. membre pour  
                  Peel a, comme moi-même, admis dès le  
                  début le principe de l'appel au peuple.  
                  Mais, après avoir reconnu par son vote la  
                  nécessité d'adopter immédiatement ces résolutions, il se met en contradiction manifeste
                  
                  avec lui-même, par la proposition de cet  
                  amendement. Du reste, je suis forcé de le  
                  dire, depuis qu'il est en Parlement il a rendu  
                  bien peu de services à son parti et à ses  
                  électeurs. (Ecoutez!) J'ai voté vendredi  
                  dernier, pour ces résolutions, je ne contre- dirai pas mon vote en appuyant lundi
                  un  
                  amendement qui le condamne. (Ecoutez!)  
                  On a dit avec raison qu'un nouveau parlement aurait à reprendre tout le débat. L'hon.
                  
                  membre pour Cornwall ne semble pas désirer  
                  précisément une élection générale, il voudrait que le peuple fût directement consulté
                  
                  et se prononçât explicitement pour ou contre  
                  le projet. En pareil cas, plusieurs membres  
                  devraient résigner leurs siéges. Il faudrait  
                  les remplacer. Ces élections occuperaient  
                  une partie de l'été. Les chambres réunies,  
                  nous aurions à expliquer de rechef toute la  
                  question aux nouveaux membres, en sorte  
                  qu'un vote définitif ne pourrait être pris  
                  avant six mois au moins. (Ecoutez!) Je ne  
                  pense pas qu'il serait fort peu judicieux  
                  d'adopter cette motion. Je cis dire toutefois que si les arrangements relatifs aux
                  gouvernements locaux ne sont pas de nature a  
                  satisfaire les populations du Haut-Canada,  
                  je voterai contre. Mais j'ai confiance dans  
                  l'habileté des ministres actuels, je leur laisse  
                  pour le moment la responsabilité de ces  
                  arrangements, je les attends à l'œuvre; s'ils  
                  n'agissent pas conformément à nos intérêts,  
                  je saurai, en votant contre eux, leur faire  
                  connaître mon opinion. (Applaudissements.)  
  
               
               
               
               L'
HON. M. HUNTINGTON—Je ne veux  
                  as abuser de l'attention de la chambre.  
                  Une chose me sur rend, c'est l'anxiété que  
                  manifestent tant d'hon. membres de parler  
                  sur une question qu'on dit unanimement  
                  résolue, car j'en vois une demi—douzaine se  
                  lever à la fois pour parler. (Rires.) Il y a  
                  quelques jours, j'ai signalé quelques détails  
                  que j'avais l'intention d'aborder; mais je  
                  m'en suis abstenu. Je tiens néanmoins à  
                  dire quelques mots sur certains points qui se  
                  rattachent à la motion. Je n'ai pas été surpris de voir l'hon. président du conseil
                  
                  se lever pour intervenir au nom du gouver
                  
                  
                  1011
                  
                  nement. Il a de bonnes raisons pour ce  
                  faire, car il appartient à une partie du pays  
                  où l'opinion publique est tant soit peu chatouilleuse. Quant à l'hon. procureur—général
                  
                  du Bas—Canada, loin de vouloir consulter le  
                  pays, il a dit, paraît-il, au déjeuner de Montréal, qu'il ne consultait personne quand
                  il  
                  s' issait de prendre une détermination.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HUNTINGTON—Je dis que  
                  l'hon. procureur-général du Bas—Canada ne  
                  tient aucun compte des opinions du peuple,  
                  sachant mieux que les électeurs mêmes ce  
                  qu'il faut au pays. Mais l'intervention de l'hon.  
                  président du conseil m'a un peu surpris. Il  
                  a été beaucoup trop sévère à l'égard de  
                  l'hon. membre pour Peel. Les arguments  
                  et l'éloquencc de cet hon. monsieur ont  
                  souffert de la grande amitié qu'il porte au  
                  gouvernement, puisqu'il a été jusqu'à dire  
                  que des élections générales seraient favorables  
                  au ministère. Mais on n'a point encore  
                  répondu à un de ses arguments que je  
                  vais signaler. "Il a dit que vu les dispositions des provinces du golfe et l'accueil
                  favorable que le projet a reçu dans  
                  cette chambre, il était inutile de se trop  
                  presser. (Ecoutez!) C'est plus qu'inutile,  
                  c'est absurde de prétendre que le peuple  
                  demande à grands cris que cette mesure  
                  soit immédiatement mise en opération.  
                  L'hon. membre pour Peel, qui a beaucoup  
                  étudié l'opinion publique à cet égard,  
                  dit que la plus grande apathie existe parmi  
                  le peuple sur cette question. J'ajoute  
                  ne cette apathie existe même dans cette  
                  chambre et que plusieurs membres ont  
                  voté sans avoir foi au projet, mais par pures  
                  convenances de parti. (Ëcoutez!) Il fallait  
                  prendre un parti; ils ont voté pour la mesure  
                  du ministère. L'hon. président du conseil  
                  a cherché à nous jeter de la poudre aux  
                  yeux pour nous convaincre qu'il n'était  
                  point nécessaire de consulter le peuple.  
                  L'hon. procureur-général du Haut—Canada a  
                  eu recours à un autre moyen, il a cité des  
                  précédents. Il a parlé de l'union de l'Irlande,  
                  et a cité PITT. Or, cet homme d'état célèbre  
                  a, par plusieurs de ses actes publics qui sont  
                  néanmoins admirés en Europe. produit une  
                  réaction qui a arrêté pendant plusieurs  
                  années le progrès de l'Angleterre. Il en  
                  résulta que plusieurs réformistes se joignèrent à l'école de PITT; nos ministres 
                  
                  
                  
                  
                  actuels arrivent au même résultat. Et voilà  
                  le précédent qu'on chercher à nous imposer.  
                  La France n'est pas aujourd'hui en révolution, mais l'Amérique est en feu. Les  
                  ministres nous disent, et on les applaudit  
                  quand ils parlent ainsi, que nous avons à  
                  choisir immédiatement entre l'annexion et  
                  la confédération. Savons-nous si, a leur  
                  retour d'Angleterre, nos ministres ne  
                  trouveront pas le drapeau des Etats—  
                  Unis flottant sur la citadelle? (Ecoutez!  
                  écoutez!) Le danger, sous ce rapport, n'est  
                  pas plus grand que lors de la formation  
                  du ministère actuel au printemps dernier.  
                  Lorsque l'hon. chevalier qui est le chef de  
                  l'administration, nous proposa la combinaison  
                  actuelle il ne nous dit pas: " Le ministère  
                  ou l'invasion!" Le gouvernement ne nous  
                  menaça pas de l'annexion si nous rejettions  
                  son programme. Ces menaces sont dues aux  
                  difficultés que les hon. messieurs ont rencontrées depuis le mois de juin dernier.
                  Mais,  
                  monsieur l'ORATEUR, cette habile manœuvre  
                  aboutira. malgré tout, à une réaction conservatrice dans le pays. Me fera-t—on croire
                  
                  que des membres réformistes ont voté sincèrement l'abandon du principe électif dans
                  
                  le conseil, ce principe si cher à tous les libéraux! 
Abuno disce omnes! L'hon. procureur- général du Haut—Canada, peut, comme chef  
                  des conservateurs, se réjouir de la réaction  
                  qui se prépare. Il nous a cité une des époques les plus sombres de l'histoire d'Angleterre,—époque
                  où les tories, profitant de la  
                  révolution française,—gouvernèrent l'Angleterre pendant cinquante ans et retardèrent
                  
                  d'autant son progrès. C'est à. cette époque  
                  que l'hon. procureur—général va chercher ses  
                  précédents. Allons-nous, par une vaine crainte  
                  du peuple américain, renouveller en Canada  
                  les abus réactionnaires du temps de PITT en  
                  refusant de consulter le peuple? (Ecoutez!)  
                  Au printemps dernier, le pays fut surpris du  
                  tremblement de terre politique qui eut lieu.  
                  A l'étonnement général on répondit que la  
                  combinaison nouvelle était nécessaire pour  
                  la défense du pays. Et maintenant, lorsqu'on  
                  demande l'appel au peuple, on nous dit que  
                  des précédents s'y opposent et on cite l'union  
                  de l'Ecosse et de l'Irlande; ces arguments  
                  doivent avoir un effet magique principalement sur l'hon. ministre à l'agriculture.
                  
                  On nous dit encore d'accepter sans délai le  
                  projet, parce que cette belle occasion ne se  
                  représentera jamais. Or, monsieur l'ORATEUR, le principe qui guide l'opposition est
                  
                  
                  
                  1012
                  
                  celui-ci: que les membres du parlement  
                  doivent certains égards au peuple qui, lui,  
                  a le droit de contrôler leur conduite politique. Si le parlement est tout-puissant,
                  
                  comme le prétendent les hon. ministres, il  
                  peut aussi bien lui prendre fantaisie de nous  
                  annexer un jour aux Etats-Unis. S'il peut  
                  renverser la constitution actuelle, il pourra  
                  en renverser une autre. La doctrine est nouvelle. On peut s'appuyer de forts précédents,
                  
                  mais elle sera toujours en désaccord avec la  
                  pratique constitutronnelle suivie dans le pays  
                  où l'on croit que les membres ne sont point élus  
                  pour faire des constitutions. L'hon. membre  
                  pour South-Oxford prétend que, dans les  
                  élections qui ont en lieu dernièrement, le  
                  peuple s'est montré en faveur du projet. Or,  
                  il n a en que quelques élections au conseil  
                  législatif, et, dans la chambre basse, le candidat conservateur pour Ontario Sud—comté
                  
                  anciennement représenté par le vice chancelier du Haut—Canada,—a été défait, et le
                  candidat de l'opposition a été élu. Ce monsieur  
                  encore tout frais sorti des élections vient ici  
                  nous dire qu'il s'est en agé envers ses commettants de voter en faveur de l'appel
                  au  
                  peuple—bien plus il nous assure qu'ils redoutaient de le voir supporter le gouvernement
                  
                  dans les détails de la mesure. Il est triste  
                  qu'on soit obligé de citer des précédents tirés  
                  de l'époque la plus sombre de l'histoire de  
                  l'Europe pour appuyer cette mesure. (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               M. J. DUFRESNE (Montcalm)—Je tiens  
                  seulement à relever une assertion de l'hon.  
                  membre pour Lotbinière. Il a dit que, dans  
                  le Bas—Canada, les partis étaient à peu près  
                  divisés sur cette question. Or, je nie cette  
                  assertion. La majorité du Bas-Canada est  
                  opposée à une élection qu'elle considère, en  
                  principe, comme immorale. Il y a, dans le  
                  Bas-Canada, des gens qui veulent une élection  
                  générale mais ces gens-là. ne sont pas le  
                  peuple. Je puis dire également que les hon.  
                  membres de cette chambre qui demandent  
                  une élection ont tort. Il est facile de désigner ceux qui, dans le Bas-Canada, demandent
                  
                  une élection. Ce sont d'abord les " rouges."  
                  Ils se disent ceci:" Nous sommes ici quinze  
                  où seize, qu'importe que nous perdions cinq  
                  ou six combattente; peut—être les Etats-Unis  
                  récompenseront-ils un jour notre courage par  
                  une pluie de 
greenbacks! (Rires.) Viennent  
                  ensuite les gens qui vendent des boissons  
                  sans licence;—ceux-là veulent des élections.  
                  En troisième lieu, les ivrognes demandent  
                  
                  
                  
                  aussi des élections, parce qu'ils pourront boire  
                  gratis pendant cinq ou six jours. (Rires.)  
                  Ces paroles ne s'appliquent, comme de  
                  raison, à aucun membre de cette chambre.  
                  Mais la majorité du peuple considère l'élection comme une immoralité. Si quelqu'un
                  
                  en doute qu'il aille s'informer dans mon  
                  comté. (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Le langage de  
                  l'hon. membre pour Ontario Nord demande  
                  réplique. Il a dit que le Haut—Canada  
                  s'inquiétait peu des changements constitutionnels. Or, en 1862, il disait ceci dans
                  son  
                  discours sur l'adresse:—  
  
               
               
               
               
                  
                  "En refusant de justes demandes en s'expose à  
                     de pénibles querelles. 300,000 Haut-Canadiens  
                     demandent en ce moment à être représentés dans  
                     cette chambre, si on leur refuse cette demande, ou  
                     peut s'attendre aux conséquences les plus désastreuses."  
  
               
               
               
               Tel est le langage de l'homme qui nous  
                  accuse aujourd' hui de faire des discours à  
                  sensation. C'est encore lui qui, en 1862,  
                  disait, au sujet de la représentation basée sur  
                  la population, "qu'aucun homme qui sent  
                  couler dans ses veines le sang angle—saxon ne  
                  se soumettrait à l'état de choses alors existant." (Ecoutez!) Et, maintenant, il nous
                  
                  accuse de récipitation. Quel rôle a-t—il joué  
                  à l'égard e l'hon. M. MCDOUGALL, lorsque  
                  ce monsieur faisait partie du gouvernement  
                  MACDONALD-SICOTTE? Il prédit que cet  
                  hon. monsieur ne serait jamais réélu par le  
                  Haut—Canada. A cette époque, je m'exprimai  
                  moi-même assez énergiquement, et je dis  
                  que le projet de fédération pouvait seul nous  
                  sauver. (Ecoutez!) Je tiens à rappeler ici  
                  un incident de la réunion des membres libéraux qui précéda la formation du ministère
                  
                  actuel. L'hon. membre pour Cornwall approuvait la combinaison. Il refusa de se prononcer,
                  il est vrai, en votant oui ou non,  
                  parce que la motion reconnaissait d'une  
                  manière précise la part que M. BROWN  
                  avait rise dans cet arran amont. (Ecoutes!) Ceci est démontré par sa termes de la
                  
                  seconde résolution proposée par l'hon. député  
                  de Cornwall lui-même. La voici: "Qu'au  
                  moins trois membres de l'opposition acceptent  
                  des portefeuilles" M. MACKENZIE, de Lamb.  
                  ton, proposa en amendement: " Que cette  
                  proposition soit rejetée et qu'on en appelle à.  
                  l'autre parti pour régler nos difficultés section." L'hon. membre pour Cornwall vote
                  
                  contre cette résolution, et proposa: "Qu'il  
                  est très Important que M. BROWN soit un des  
                  
                  
                  1013
                  
                  membres de l'opposition qui entrent au  
                  ministère." Trois hon. membres votèrent  
                  contre cette motion, savoir: MM. BROWN,  
                  BURWELL et SCATCHERD. Or, comment  
                  l'hon. membre pour Cornwall explique—til sa  
                  conduite d'aujourd'hui, après avoir pris une  
                  part si active dans la formation du gouvernement actuel? Nous trompait—il alors, ou
                  
                  ignore-t-il ce qu'il dit aujourd'hui? (Ecoutez!) Si l'on songe au rôle qu'il a joué
                  
                  alors, l'on s'étonne de le voir nous reprocher  
                  aussi fréquemment d'avoir formé une coalition.  
 
               
               
               
                
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Peut-on supposer qu'il ait demandé la formation de ce gouvernement our jeter ensuite
                  la pierre aux  
                  libéraux qui y sont entrés? J'ai cru que,  
                  dans ce cas, le parti conservateur devait être  
                  appuyé fermement. Je me suis toujours  
                  opposé aux coalitions. Je croyais alors,  
                  comme aujourd'hui, qu'elles euvent mener  
                  à des résultats imprévus. Tout ce que je  
                  voulais c'est ne le parti libéral donnât son  
                  appui à l'administration pour régler les diificultés actuelles, faisant toutes nos
                  restrictions  
                  pour l'avenir. C'est pourquoi je trouve  
                  étrange la conduite de l'hon. membre pour  
                  Cornwall qui vient maintenant dénoncer ces  
                  messieurs. Il ne saurait dire qu'il n'a pas  
                  voté, car j'ai conservé des copies certifiées  
                  du procès-verbal de ce caucus, et je crois que  
                  l'hon. membre pour Cornwall aurait meilleure grace a être conséquent avec lui-même.
                  
                  (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               DR. PARKER—Monsieur l'ORATEUR:  
                  j'avais l'intention de voter pour l'amendement qui nous occupe, mais depuis que j'ai
                  
                  entendu le discours de l'auteur de cet amendement j'ai changé d'opinion. (Rires.)
                  Tous  
                  les arguments de l'hon. monsieur me prouvent la nécessité immédiate d'une confédération.
                  Mais, M. l'ORATEUR, quel serait  
                  l'effet de sa résolution, si elle état adoptée,  
                  c'est-à-dire si la chambre était dissoute et s'il  
                  y avait de nouvelles élections avant de pouvoir passer la mesure? La chambre des communes
                  serait dissoute, et il se passerait peut- être plus d'une année avant que le parlement
                  
                  impérial s'en occupât,—(écoutes!)-de sorte  
                  que, en recourant a cette démarche, le pays  
                  se verrait encore pendant longtemps exposé  
                  aux dangers et aux difficultés dont l' hon.  
                  député de Peel a parlé avec tant d'éloquence.  
                  (Ecoutez!) Si cet hon. monsieur eut voté  
                  
                  
                  
                  contre la question préalable et par ce fait  
                  affirmé le droit d'amender ou de renvoyer  
                  l'adresse au peuple avant son adoption,  
                  pourrait avec raison nous demander notre  
                  appui à cette résolution. Mais non seulement il a voté pour la question préalable,
                  
                  mais encore pour l'adresse, et il vient  
                  aujourd'hui délibérément présenter cette  
                  motion. Sous ces circonstances, je déclare  
                  que la chambre aurait tort de l'appuyer.  
                  (Ecoutez!) Après avoir pris un engagement  
                  solennel avec la chambre sur la nation  
                  principale, voilà maintenant qu'il fait voite- face et qu'il cherche à bouleverser
                  les arrangements qu'il a lui-méme acceptés. Un  
                  exemple fera mieux comprendre la position  
                  qu'il occupe en ce moment. Supposons que  
                  quatre ou cinq individus aient, à l'unanimité,  
                  conclu une convention et que plus tard l'un  
                  d'eux vienne dire aux autres: " J'étais et je  
                  suis en faveur de la convention qui a été  
                  faite; mais si vous n'y insérez pas cette  
                  condition, je me retire de l'entreprise. "  
                  (Ecoutez!) Une pareille conduite ne saurait  
                  être approuvée ni dans les affaires publiques  
                  ni dans les affaires particulières. (Ècoutes)  
                  La position prise par l'hon. député qui a  
                  secondé la résolution—l'hon. membre pour  
                  Ontario Nord—est tout à fait différente, en  
                  ce sens que, comme moi, il a par son vote  
                  sur la question préalable affirmé le principe  
                  qu'il devait nous être permis d'apporter des  
                  amendements à la mesure. L'hon. député  
                  de Peel nous a dit, même aujourd'hui, qu'il  
                  considérait que l'occasion était opportune de  
                  saisir la chambre de sa motion. A mon avis,  
                  cette motion est très rationnelle, et je n'aurais  
                  certainement pas manqué de l'appuyer de  
                  mon vote si elle eût été présentée avant l'adop  
                  tion de l'adresse. (Ecoutez!) Aujourd'hui,  
                  elle n'a pas de raison d'étre. L'hon. député  
                  d'Ontario Nord a observé dans le discours  
                  qu'il vient de prononcer, ue si cette constitution est adoptée, il faudra bientôt
                  y faire  
                  subir des amendements; telle est, a—t—il dit, la  
                  raison pour laquelle nous devions la rejeter.  
                  Je diffère entièrement de cette opinion. La  
                  constitution anglaise, M. l'ORATEUR, n'est- elle pas une série entière d'amendements
                  qui  
                  ont surgi des nécessités de chaque époque?  
                  La raison apportée par mon hon. ami est  
                  précisément celle qui me fait accepter le  
                  projet. Je crois que nous pourrons le modifier  
                  dans le cours du temps, et qu'ainsi nous  
                  réussirons à le rendre conforme aux vœux et  
                  aux exigences du peuple. Mon hon. ami de  
                  
                  
                  1014
                  
                  Ontario Nord a parlé de l'influence séductrice    
                  de l'hon. président du conseil, et de l'effet  
                  magique qu'elle exerçait sur l'esprit de  
                  certains députés, et, pour joindre le geste à la  
                  parole, il a porté ses regards sur l'hon. député  
                  d'Elgin Ouest. (Rires.) Or, M. l'ORATEUR,  
                  je déclare que j ai toujours considéré l'hon.  
                  député d' Elgin Ouest comme l'un des  
                  membres les plus indépendants de cette  
                  chambre. (Rires.) La question qui se  
                  présentait à nous en cette circonstance était  
                  simplement celle—ci: devons—nous adopter ou  
                  rejeter les résolutions? Convenant avec  
                  l'hon. député de Peel qu'il fallait immédiatement trouver la solution de nos difficultés
                  
                  j'ai voté dans l'affirmative. Je pense que  
                  ce serait une contradiction monstrueuse de  
                  notre part, après avoir accepté ce principe et  
                  l'avoir sanctionné de nos votes, ne de  
                  chercher à en nullifier l'effet par l'adoption  
                  d'une autre ligne de conduite. Si les  
                  résolutions devaient être soumises au peuple,  
                  le moment opportun était avant leur sanction  
                  par cette chambre. Allons-nous aujourd'hui  
                  détruire ce que nous avons fait samedi  
                  dernier? Je le répète, M. l'ORATEUR, ces  
                  résolutions, selon moi, auraient dû être  
                  soumises au peuple, mais aujourd'hui que la  
                  chambre les a sanctionnées, recourir à ce  
                  moyen serait tout simplement appeler le  
                  ridicule sur les délibérations de cette  
                  chambre. Notre devoir maintenant consiste  
                  à les mettre à exécution scrupuleusement et  
                  sans sourciller, évitant bien de souffler le  
                  chaud et le froid en même temps. Je  
                  tiens donc, M. l'ORATEUR, à. la position  
                  que nous avons prise; je m'y cramponne et  
                  je repousse l'amendement de l'hon. député  
                  de Peel, qui, je le crains bien, s'est fourvoyé  
                  en cette circonstance. (Ecoutez!) Cet hon.  
                  membre a déclaré qu'il votait l'adresse  
                  comme un simple particulier, en un mot,  
                  comme il l'eùt fait en dehors de la  
                  chambre. Or, M. l'ORATEUR, peut-il être  
                  permis à un membre de cette chambre  
                  d'avoir recours à de pareils subterfuges  
                  a l'aide desquels il devlent possible d'établir une ligne de démarcation entre le
                  
                  caractère privé et le caractère public d'un  
                  représentant du peuple? Si les explications apportées par l'hon. député de Peel  
                  doivent constituer la doctrine générale qui  
                  doit prévaloir dans le parlement, j'aimerais  
                  n'on me le dise, parce qu'il se présentera  
                  des occasions où il sera très avantageux de  
                  bénéficier de cette innovation. (Ecoutez!)  
                  
                  
                  
                  Je considère la motion et la conduite de  
                  l'hon. député de Peel comme une tentative  
                  de faire du capital politique au dépens de  
                  certains membres de cette chambre. L'hon.  
                  député de Peel a fait une sombre peinture  
                  de l'état précaire et dangereux dans lequel  
                  nous nous trouvons; il nous a parlé du nuage  
                  menaçant qui planait au-dessus de nos têtes;  
                  et il nous a conjurés de mettre un terme à  
                  nos luttes intérieures en consommant sans  
                  retard l'union des provinces. Eh bien! je  
                  vous le demande, M. l'ORATEUR, convient- il à un homme qui professe de pareilles doctrines,
                  qui voit du danger partout, convient- il, dis-je, de venir susciter des délais à la
                  
                  passation d'une mesure destinée à rétablir  
                  la paix et l'harmonie dans ce pays? Une  
                  motion de cette nature doit être repoussée  
                  de la manière la plus énergique, et la  
                  chambre manquerait à ses devoirs en ne le  
                  faisant pas sans retard. Si elle eût été proposée avant la question préalable, je
                  l'aurais  
                  appuyée de mon vote, mais maintenant que  
                  les résolutions sont adoptées, je déclare  
                  qu'elle doit être considérée comme non- avenue,—et je suis prêt à accepter les conséquences
                  du vote solennel que cette chambre  
                  a donné en faveur de la mesure, et a  
                  repousser toute proposition qui viendrait à  
                  l'encontre (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               M. RYMAL.—Etant un des huit membres  
                  Haut—Canadiens qui ont voté contre les résolutions de la conférence de Québec, et
                  dont  
                  les noms, j'en ai l'espoir, seront longtemps  
                  bénie par le peuple e cette partie du pays,  
                  je pense. M. l'ORATEUR, qu'il pourra m'être  
                  permis d'inscrire ma voix en faveur de  
                  'amendement que vous tones actuellement  
                  en vos mains, sans encourir le reproche  
                  d'inconséquence comme d'autres députés  
                  l'ont encouru dans le cours de ce débat. Je  
                  n'aurais certainement as porté la parole en  
                  cette circonstance, M. l'ORATEUR, n'eût été  
                  certaine affaire d'une nature personnelle que  
                  l'on a soulevée à mon sujet comme député  
                  du collége électoral que je représente, ou  
                  que je ne représente pas, comme on a bien  
                  voulu le dire. (Rires.—Ecoutes!) Selon  
                  la doctrine du procureur-général du Haut- Canada, il semblerait qu'une fois élu membre
                  
                  de cette chambre, je n'ai que faire de consulter le peuple qui m'a envoyé ici, mais
                  
                  que je ne dois consulter que moi-méme  
                  quand il s'agit de ses intérêts les plus chers.  
                  Permettez—moi de ne pas accepter cette  
                  doctrine; si je me suis vu obligé d'ex
                  
                  
                  1015
                  
                  ercer mon jugement, je l'ai fait honnètement, librement et sans crainte, me souciant
                  
                  fort peu des conséquences qui pouvaient  
                  m'être personnelles et des menaces qu'on  
                  fesait entendre à demi-voix. Ces choses, M.  
                  l'ORATEUR, n'ont aucune influence sur moi,  
                  et toujours je suivrai la ligne de conduite  
                  qui me paraîtra la plus avantageuse aux intérêts de mon pays et de mes commettants.
                  
                  (Ecoutez!) Peu m'importe que ces derniers  
                  me renvoient en parlement ou non; tant que  
                  j'agirai comme représentant du peuple, je le  
                  ferai sans peur. (Ecoutez!) Je regrette de  
                  voir que l'hon. président du conseil, en  
                  parlant de mon comté et de moi-même, ait  
                  jugé à propos de s'acharner a moi personnellement, et de rappeler qu'à certaines occasions
                  
                  je n'ai dû mon siège en cette chambre qu'à  
                  des majorités bien minimes.  
  
               
               
               
                
               
               
               
               M. RYMAL.—Mais je déclare que c'est  
                  vrai, car, M. l'ORATEUR, je me rappelle  
                  parfaitement bien qu'un hon. député qui  
                  occupe aujourd'hui un rang élevé dans le  
                  gouvernement a été deux fois battu, (Ecou:  
                  tes et rires!)-—et je dois avouer que l'appui  
                  que je lui ai donné en certaines occasions a  
                  puissamment contribué à amoindrir mes majorités. (Ecoutez et rires.)  
  
               
               
               
               La question est alors mise aux voix sur  
                  l'amen «ment de l'hon. M. CAMERON, qui  
                  est négativée sur la division suivante:  
 
               
               
               
               POUR. — MM. Biggar, Bourassa, Cameron  
                  (Ontario Nord), Cameron (Peel), Caron, Coupal,  
                  De Boucherville, Dorion (Drummond et Arthabaska), Dorion (Hochelaga), Dufresne (Iberville),
                  Fortier, Gagnon, Gaudet, Geoffrion,  
                  Gibbs, Halton, Houde, Huntington, Joly, Labreche—Viger Laframboise. Lajoie, Macdonald
                  
                  (Cornwall) Macdonald (Toronto Ouest), Morrison, O'Halloran, Pâquet, Perrault Pouliot,
                  
                  Ross (Prince—Edouard) Rymal, Scatcherd, Thibaudeau, Wallbridge (Hastings Nord), et
                  Webb.  
                  35.  
 
               
               
               
               CONTRE.—MM. Abbott, Alleyn, Archambeault,  
                  Ault, Beaubien, Bellerose, Blanchet, Bowman,  
                  Bown, Brousseau, Brown, Burwell, Carling,  
                  Proc.-Gen. Cartier, Cartwright, Cauchon, Chapais, Cockburn, Cornellier, Cowan, Currier,
                  
                  Denis, De Niverville Dickson, Duckett, Dufresne  
                  (Montcalm), Dunsford, Evanturel Ferguson  
                  (Frontenac), Ferguson (Simcoe Sud), Galt,  
                  Gaucher, Harwood, Haultain, Higginson, Howland, Huot, Irvine, Jackson, Jones (Leeds
                  Sud),  
                  Knight, Langevin, LeBoutilier Proc .- Gén.  
                  Macdonald, MacFarland, Mackenzie (Lamberton)   
                  Mackenzie (Oxford Nord), Magill, McConkey,  
                  
                  
                  
                  McDougall McGee, McGiverin, McIntyre,  
                  McKellar, Morris, Parker, Pinsonneault, Pope,  
                  Poulin, Poupore, Powell, Raymond, Rémillard,  
                  Robitaille, Rose, Ross (Champlain). Ross (Dundas), Scoble, Shanly, Smith (Durham Est),
                  
                  Smith (Toronto Est), Somerville, Stirton, Street,  
                  Sylvain, Thompson, Tremblay, Walsh, Wells,  
                  White, Willson, Wood Wright (Comté d'Outaouais) et Wright (York Est).—84.  
 
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON.—-Je vais, M.  
                  l'ORATEUR, présenter un amendement qui,  
                  je l'espère, ne sera pas ouvert aux objections  
                  soulevées contre le dernier par l'hon. proc- gén. du Haut—Canada. Je vais donner lecture
                  
                  de ma motion et l'accompagner de quelques  
                  remarques seulement, vu que je n'entends  
                  provoquer une discussion oiseusse ce sujet.  
                  Je propose donc, M. l'ORATEUR:  
  
               
               
               
               
                  
                  "Que tous les mots après "Que" soient retranchés, et qu'ils soient remplacés les suivants:
                     
                     " la dite résolution soit renvoy à un comité  
                     général, afin qu'elle y soit amendée de manière à  
                     exprimer l'espoir de cette chambre qu'aucun acte  
                     (fondé sur les résolutions de la conférence des  
                     délégués tenue à Québec en octobre dernier) qui  
                     pourra être passé par le parlement impérial,  
                     n'entrera point en opération avant que le parlement du Canada n'ait eu l'occasion
                     d'en examiner  
                     les dispositions, et n'ait, après la prochaine élection générale, prié Sa Majesté
                     de lancer sa proclamation royale pour donner effet on dit acte."  
                    
               
               
               
                
               
               
               
               L'
HON. M. HOLTON— D'hon. députés  
                  disent que c'est le même, mais ils ne tarderont pas à voir le contraire. La présente
                  
                  résolution n'affirme pas le contraire de la  
                  proposition votée par cette chambre, mais  
                  elle la complète, en ce sens qu'elle est à  
                  l'effet de demander que tout acte passé par  
                  le parlement impérial et fondé sur les résolutions de la conférence, soit soumis à
                  la  
                  chambre et au pays avant son adoption finale.  
                  (Ecoutez!) M. l'ORATEUR, il s'agit ici d'une  
                  question bien importante, mais je ne désire  
                  pas énoncer autre chose ne la teneur de  
                  cette résolution, car je l'ai dit, mon but n'est  
                  pas de provoquer une longue discussion.  
                  Tout l'échafaudage de mon argumentation  
                  repose sur la théorie que le peuple du  
                  Canada désire a porter des modifications à  
                  sa constitution. Naturellement, nous savons  
                  que la souveraineté suprême appartient  
                  au parlement impérial; naturellement, nous  
                  savons que nous tenons de ce dernier le  
                  pouvoir de changer notre constitution et  
                  
                  
                  1016
                  
                  de la remanier d'une manière ou d'une  
                  autre, — mais nous supposons toujours  
                  pour le moment que le parlement impérial  
                  acquiescera à notre demande. Or, M.  
                  l'ORATEUR, nos ministres qui possèdent  
                  la confiance de la majorité de cette chambre,  
                  et probablement aussi la confiance de la majorité du peuple de cette province, vont
                  s'aboncher avec le gouvernement de Sa Majesté en  
                  Angleterre, et lui demander de soumettre au  
                  parlement impérial l'opportunité d'opérer un  
                  changement de la constitution de pays;—  
                  mais M. l'ORATEUR, les ministres ne nous  
                  ont sufisamment expliqué comment ces  
                  résolutions vont être transformées en un acte  
                  du parlement; ils ne nous ont pas dit  
                  lesquelles de ces résolutions devront former  
                  partie de notre nouvelle constitution, et  
                  quelles devront être mises à exécution  
                  d'une autre manière—mais, M. l'ORATEUR,  
                  il importe grandement au peuple de cette  
                  province de savoir ce que sera réellement sa  
                  constitutlon avant qu'elle ne soit finalement  
                  adoptée. (Ecoutez!) Je désire en cette  
                  circonstance rappeler aux hou. députés du  
                  Bas-Canada l'expérience du passé sur cette  
                  question. En 1862, le gouvernement de  
                  M. HINCKS réussit à faire voter dans cette  
                  chambre une adresse en faveur d'un changement dans la constitution du conseil législatif.
                  
                  Cette adresse ne demandait qu'un amendement à l'acte d'union en vue de modifications
                  
                  à supporter dans la constitution du conseil  
                  législatif seulement—mais au lieu de ce  
                  simple changement dans l'acte constitutionnel tel qu'amendé par la chambre,  
                  pouvoir fut conféré à la legislature d'effectuer ce changement, et, en même temps,
                  la  
                  clause de l'acte d'union relative au vote des  
                  deux tiers fut abrogée, sans que personne  
                  jusqu'à ce jour ait encore pu savoir pourquoi.  
                  (Ecouter!) Quelle garantie avons-nous  
                  qu'un pareil événement ne se reproduire  
                  pas? Les hon. députés du Bas-Canada  
                  doivent encore avoir présente à la mémoire  
                  l'expérience encore toute récente de nos  
                  changements constitutionnels. La modification que l'on a fait subir a l'acte d'union
                  
                  en 1852 fut désavouée par tous les représentants du Bas-Canada—par le peuple du  
                  Bas—Canada sans exception—et a été le  
                  résultat de négociations inexpliquées jusqu'à.  
                  ce jour. Eh bien! M. l'ORATEUR, présupposant que le peuple de ce pays désire se  
                  donner une nouvelle constitution—reconnaissant au gouvernement impérial le pouvoir
                  de  
                  
                  
                  
                  décréter tout changement qu'il peut juger à  
                  propos, mais admettant en même temps le  
                  désir bien connu de ce dernier de concourir  
                  dans nos vues à ce sujet,—je propose que cette  
                  chambre demande dans cette adresse que  
                  tout acte fondé sur les résolutions de la conférence tenue à Québec, en octobre dernier,
                  ne  
                  soit mis en force qu'à la réquisition des deux  
                  branches de la législature du Canada. Après  
                  avoir ainsi en quelques mots expliqué la  
                  résolution que j'ai l'honneur de reposer, je  
                  la place entre vos mains, M. l'ORATEUR.  
                  (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. A. A. DORION—De même que  
                  pour l'amendement preposé par l'hon. député de Peel, je ne désire pas discuter au
                  
                  long le mérite de l'amendement de mon  
                  bon ami le député de Chateauguay, mais je  
                  veux seulement en expliquer le but en  
                  quelque mots. La chambre vient de rejeter  
                  un amendement par lequel l'on demandait  
                  qu'un appel au peuple fût fait en cette province avant que le gouvernement impérial
                  
                  ne fût appelé a légiférer sur l'adresse de  
                  cette chambre. Maintenant, le but de  
                  l'amendement proposé par l'hon. député de  
                  Chateauguay est de demander que a constitution qui sera adoptée en Angleterre ne 
                  
                  devienne en force qu'après qu'elle y aura été  
                  soumise a la législature de cette province,  
                  après la prochaine élection générale, et  
                  qu'une adresse aura été adoptée demandant  
                  de la mettre en force. Nous demandons  
                  aujourd'hui au gouvernement impérial, par  
                  l'adresse qui vient d'être adoptée, de soumettre à sa législature impériale un acte
                  de  
                  confédération des provinces de l'Amérique  
                  Britannique du Nord. Si au lieu d'une  
                  confédération, le parlement décrétait une  
                  union législative entre les colonies, je demande aux membres de cette chambre qui
                  
                  protestent contre une union législative, avec  
                  quelle grâce ils se présenteraient devant  
                  leurs électeurs,— après avoir refusé de les  
                  consulter,—s'ils refusant encore eux—mêmes  
                  de vouloir reconsidérer la mesure lorsqu'elle  
                  nous reviendra après avoir été passée par  
                  le parlement impérial? Tout ce que nous  
                  demandons par cette motion, c'est que l'acte  
                  qui sera passé soit soumis à notre législature et ratifié et approuvé par nous avant
                  
                  qu'il ne sort définitivement mis en force.  
                  En un mot, nous demandons qu'il nous soit  
                  permis de refuser la nouvelle constitution  
                  si elle ne nous convient pas. (Ecoutez!  
                  écoutez!) Qu'on se rappelle ce qui a été  
                  
                  
                  1017
                  
                  fait en 1866, lorsque nous avons demandé  
                  au parlement impérial de changer la constitution du conseil législatif et de le rendre
                  
                  électif,—(écoutez! écoutes!)—qu'on se rappelle qu'il nous a donné une mesure différente
                  de celle que nous avions demandée.  
                  L'on nous a bien donné le droit de rendre  
                  le conseil législatif électif, c'est vrai, mais  
                  en même temps l'on a fait disparaitre de  
                  l'Acte" d'Union la disposition qui décrétait  
                  que la base de représentation dans l'assemblée  
                  législative ne pourrait être changée-qu'avec  
                  le concours des deux tiers des membres de  
                  la législature. Et, en face de ce fait, qui  
                  nous dit qu'aujourd'hui le gouvernement  
                  impérial ne nous donnera as une union  
                  législative, avec la représentation basée sur la  
                  population, au lieu d'une confédération? Qui  
                  nous dit que l'on ne changera pas la clause  
                  relative au conseil législatif et qu'on n'y  
                  appliquera pas aussi le principe de la représentation d'après la population? (Ecoutez!
                  
                  écoutes!) Eh bien! c'est afin de nous mettre  
                  en garde contre la possibilité de changements de cette nature que nous proposons 
                  
                  maintenant cet amendement. Il y a beaucoup  
                  de membres de cette chambre qui craignent  
                  encore que l'Angleterre, voyant le refus des  
                  provinces maritimes d'accéder à ce projet de  
                  confédération, ne nous donne une confédération des deux Canadas. Et je le demande
                  
                  quand nous voyons le ministère nous dire  
                  sur tous les tons qu'il faut absolument opérer  
                  des changements constitutionnels, qu'il y a  
                  urgence, que l'on ne peut même retarder  
                  d'une semaine ni prendre le temps de discuter  
                  les amendements que nous aurions à proposer  
                  au projet, qu'il leur faut une mesure de suite,  
                  sans quoi il arrivera des choses dont la pensée  
                  seule fait trembler,—je le demande, est—il  
                  croyable que le gouvernement impérial  
                  consente à imposer la confédération aux  
                  provinces inférieures, et ne pourra-t—il pas  
                  changer ce projet de manière à l'appliquer  
                  aux deux Canadas seuls? (Ecouter! écoutes!) Voici ce qui arrivera, au moins ce  
                  qui pourrait fort bien arriver, c'est que  
                  lorsque nos ministres seront rendus en Angleterre et auront exposé au gouvernement
                  
                  impérial l'urgence d'un changement de constitution pour le Canada, celui-la voyant
                  que  
                  les provinces d'en—bas ne veulent pas de la  
                  confédération, décrétera une mesure de confédération pour les deux provinces, laissant
                  
                  aux provinces maritimes le droit d'y entrer  
                  quand elles le jugemnt convenable. Cela  
                  
                  
                  
                  est très possible,—et le seul moyen de nous  
                  mettre en garde contre une pareille éventualité, c'est de demander à Sa Majesté que
                  
                  toute mesure impériale au sujet de changements constitutionnels ne puisse devenir
                  en  
                  force sans être soumise et ratifiée par la  
                  législature du Canada. (Ecoutez! écoutez!)  
  
               
               
               
               L'
HON. Proc.—Gén.CARTIER—M. l'ORATEUR, —- En répsone à ce que vient de dire  
                  l'hon député d' Hochelaga, je me contenterai  
                  de faire observer aux membres de cette  
                  chambre qu'ils n'ont pas besoin de s'effrayer  
                  des appréhensions ni des prédictions de  
                  l'hon. député. J'ai déjà déclaré, en mon  
                  nom et au nom du gouvernement, que les  
                  délégués qui iront en Angleterre n'accepteront aucun acte du gouvernement, impérial
                  
                  qu'un acte basé sur les résolutions adoptées  
                  par cette chambre, et ils n'en rapporteront  
                  pas d'autre. (Ecoutez! écoutes!) J'ai engagé ma parole d'honneur et celle du gouvernement
                  à cet effet,—et ma parole d'honneur  
                  veut, je pense, devant la chambre et devant  
                  le pays, toutes les appréhensions de l'hon.  
                  député d'Hochelaga (Applaudissements.)  
  
               
               
               
               M. MACFARLANE— J'avais eu l'intention, M. l'ORATEUR, d'expliquer la ligne de  
                  conduite que j'ai suivie avant ne le dernier  
                  vote eut été enregistré, mais l'hon. député  
                  de Chateauguay me fourniten ce moment l'occasion de le faire avec avantage. (Ecoutez!)
                  
                  Il fallait certainement avoir une bonne dose  
                  de courage pour voter contre le dernier  
                  amendement, car il était à coup sûr très  
                  rationnel. A première vue, je fus presque  
                  tenté de l'accepter, et ce ne fut qu'après en  
                  avoir tout à fait compris le sens et la portée  
                  que je me décidai à m'y opposer. L'on se  
                  rappellera qu'avant l'adoption des résolutions, j'avais exprimé l'espoir qu'il y aurait
                  
                  appel au peuple, et c'est avec cet objet en  
                  vue, M. l'ORATEUR, que je votai contre  
                  votre décision relativement à un amendement qui fut fait avant la passation de la
                  
                  mesure. Cette chambre ayant ratifié le  
                  jugement que vous avis: prononcé, il ne  
                  me restait plus, comme représentant du  
                  peuple, qu'à décider si nous devions accepter  
                  le projet de confédération ou le rejeter.  
                  (Ecoutez!) Je n'étais pas prêt à recourir  
                  au dernier de ces moyens, et je me décidai  
                  à donner mon appui au gouvernement,  
                  déclarant qu'une union des provinces de  
                  l'Amérique Britannique du Nord étant une  
                  sage mesure. Ces résolution adoptées, l'on  
                  nous demande aujourd'hui de voter une  
                  
                  
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                  adresse à Sa Majesté fondée sur les dispositions qui y sont énoncées. A cette adresse,
                  
                  et non pas aux résolutions, l'hon. député  
                  de Peel proposa un amendement; or,  
                  appuyerce dernier, aurait été simplement  
                  nulifier  mon premier vote, et formuler une  
                  adresse différente des résolutions mêmes sur  
                  lesquelles la présente adresse doit être basée;  
                  c'était sacrifier un grand projet politique  
                  pour supporter une motion qui, n'étant pas  
                  approfondie, semblait au premier coup- d'œil une motion bien populaire et légitime,
                  
                  mais-qui de fait était une motion propre a  
                  détruire l'effet des résolutions et dont la  
                  seule valeur consistait à pouvoir fournir des  
                  armes inégales sur le champ clos d'un tournois populaire. (Ecoutez!) Si l'hon député
                  
                  de Peel eut en le désir de faire triompher son amendement, pourquoi, lui, ancien 
                  
                  membre de cette chambre et si bien versé  
                  dans les usages et la tactique parlementaires,  
                  ne nous l'a-t—il pas soumis avant de permettre au procureur—général de proposer la
                  
                  question préalable, et au moment opportun  
                  où vous—même, M. l'ORATEUR, l'auriez  
                  déclaré admissible? (Ecoutez!), L'eût—il  
                  fait alors, il est certain que nous aurions été  
                  en mesure de voter sur le mérite de l'amendement même. Mais aujourd'hui que les  
                  résolutions sont passées, il n'a plus le droit  
                  de réclamer ce privilège. Après toutes les  
                  difficultés qui ont embarrassé la marche du  
                  gouvernement de ce pays, qui ont existé  
                  pendant si longtemps, et qui, je puis le dire,  
                  ont produit la présente coalition, il était  
                  nécessaire de songer à opérer certains changements dans notre constitution. Il nous
                  
                  était impossible de continuer a légiférer au  
                  milieu des sentiments hostiles qui régnaient  
                  dans cette chambre, ou à essayer de gouverner  
                  un peuple dans l'esprit duquel les animosités  
                  étaient aussi acerbes qu'elles paraissaient  
                  l'être chez ses représentants. Pour remédier à cet état de choses, je vous le demande,
                  
                  M. l'ORATEUR, quelle mesure pouvait—être  
                  plus acceptable que la mesure actuelle?  
                  (Ecoutez!) La question de confédération  
                  n'est pas nouvelle, pour moi toujours. C'est  
                  un plan que, durant le peu de temps que j'ai  
                  été dans la vie publique, j'ai toujours été  
                  disposé à appuyer,—-un plan qui plus que tout  
                  autre devait contribuer au développement du  
                  pays, et à notre prospérité comme nation.  
                  Après avoir, il y a quelques minutes, sanctionné ce principe par notre vote, en déclarant
                  que ces résolutions soient adoptées;  
                  
                  
                  
                  après avoir entendu le gouvernement nous  
                  dire qu'il ne consentira jamais à apporter  
                  de modifications à la mesure; et sachant  
                  bien que l'effet du rejet de cette adresse  
                  serait de nous replonger dans les difficultés  
                  politi nes dont nous commoncions à sortir,  
                  j'en viens à la conclusion qu'il m'est impossible d'appuyer cet amendement ou toute
                  
                  autre motion de cette nature. (Ecoutez!)  
                  Envisageant cette question au point de vue  
                  du passé et de l'avenir, je ne puis m'empêcher de' songer aux avantages militaires,
                  
                  politiques et nationaux que nous retirerons  
                  de cette mesure; placés comme nous le  
                  sommes sur la frontière d'une nation dont  
                  les citoyens connaissent bien l'art de la  
                  guerre et dont les légions portent actuellement la mort sur les champs de bataille,
                  
                  isolés du peuple auquel nous devons allégeance, le protecteur de nos droits, à la
                  
                  vérité, mais dont les actes peuvent occasionner l'invasion de notre pays et en faire
                  
                  le champ de bataille entre l'Angleterre et  
                  les Etats-Unis, il nous importe de combiner  
                  nos forces individuelles, de concentrer nos  
                  moyens épars et ainsi de concentrer avec la  
                  mère-patrie pour repousser énergiquement  
                  toute aggression de l'étranger. (Ecoutez!  
                  écoutez? (Ce n'est pas en perpétuant l'état  
                  de choses actuel, ou en renouvellant les  
                  les luttes entre le Haut et le Bas-Canada, que  
                  nous accroîtrons la force de nos armes ou la  
                  grandeur de notre nom; ce n'est pas ainsi  
                  que nous développerons nos ressources et en  
                  retirerons des revenus nécessaires pour les  
                  défenses; ce n'est pas ainsi que nous pourrons  
                  devenir un peuple libre et indépendant, au  
                  cas où l'An ieterre nou—; effacerait de la liste  
                  de ses colonies. Mais en cimentant nos relations locales, en concentrant sous un seul
                  
                  gouvernement les vastes territoires du Nord- Ouest et les provinces maritimes si populeuses,
                  n'ayant que les mêmes intérêts à  
                  servir, un seul objet en vue, nous nous trouverions placés de manière à nous maintenir
                  
                  indépendants de toute puissance étrangère,  
                  à perpétuer les biens qui nous attachent à la  
                  Grande-Bretagne; et si l'heure venait à  
                  laquelle il faudrait rompre ces liens, les  
                  provinces de l'Amérique Britannique du  
                  Nord ne constitueraient pas une suite de colonice isolées et sans défense, mais une
                  puissante nation, composée à l'ouest de robustes  
                  cultivateurs faisant valoir le sol productif,  
                  et a l'est de braves marins récoltant les  
                  richesses de la mer, les uns prêts a défendre  
                  
                  
                  1019
                  
                  nos foyers, les autres à protéger nos droits  
                  sur les côtes, tous s'unissent au besoin pour  
                  appuyer l'Angleterre dans ses bons comme  
                  dans ses mauvais jours. (Applaudissements.)  
                  Je pense que le moment est venu de prendre  
                  une pareille détermination, et de faire disparaître les hostilités qui ont existé
                  entre le  
                  Haut et le Bas—Canada, et de nous rendre  
                  plus puissants en nous unissent aux autres  
                  provinces. Je pense que j'exprime la pensée  
                  de tout le peuple du Haut—Canada, au moins  
                  celle de l'arrondissement que j'habite, quand  
                  je dis que l'opinion publiques est unanimement favorable au projet de confédération
                  
                  des provinces. (Ecoutez!) A part cela,  
                  M. l'ORATEUR, bien que certains détails de  
                  la mesure soient ouverts aux objections, je ne  
                  suis pas prêt à sacrifier le principe admis  
                  dans ces résolutions, principe ui accorde au  
                  Haut-Canada ce qu'il demande depuis des  
                  années,—je veux parler de la représentation  
                  d'après la population,—concession que le Bas- Canada n'a pas cessé de nous refuser;
                  je ne  
                  saurais donc, à cause de ces détails que  
                  l'on pourra perfectionner plus tard, compromettre les succès que nous avons obtenus
                  
                  dans cette direction. (Ecoutez!) Et loin  
                  de vouloir, comme mon hon. ami de South- Hastings, affirmer que la mesure sera le
                  
                  tombeau du Nord Ouest, je crois, au contraire, que l'établissement de ce vaste territoire
                  ne s'en effectuera que plus promptement. Avant longtemps nous verrons ces  
                  vastes pleines habitées par une population  
                  dense établie sur le haut du Winipeg et la  
                  Vallée de la Saskatchewan, jusqu'à Vancouver. Ce qu'il nous manque pour atteindre
                  
                  ce but, c'est un gouvernement prêt a y encourager la colonisation, car la contrée
                  est fertile autant que notre province, et d'une aussi  
                  vaste étendue. Au Nord—Ouest, se trouve sous  
                  la dépendance de l' Angleterre, un immense  
                  territoire qui n'a pas encore été réclamé,  
                  dont la richesse minérale et agricole est  
                  incalculable,—un territoire offrant à l'immigrant le choix de ses plaines fertiles,
                  et au  
                  mineur la richesse de ses trésors cachés. La  
                  mesure actuelle aura donc l'effet de faire établir cet immense territoire, de dévélopper
                  
                  ses ressources inconnues, d'ouvrir ses mines  
                  inépusiables et en même temps de créer un  
                  peuple nouveau, accroître les revenus, et donner à l'élément anglais sur ce continent
                  un  
                  nouvel essort et une influence plus décisive.  
                  Tout en dévéloppent nos ressources dans  
                  l'ouest, ce projet offre un nouveau débouché  
                  
                  
                  
                  aux produits de nos pêcheries, dont la presse  
                  tion est aussi nécessaire que leur valeur est  
                  incaculable. (Ecoutez!) Croyant encore que  
                  la mesure actuelle produira la réforme sociale  
                  des Canadiens et fera taire nos hostilités  
                  politiques; qu'elle ouvrira un champ plus  
                  vaste à nos travaux et à nos opérations agricoles; que les relations commerciales
                  qu'elle  
                  aura l'effet de créer accroîtront nos revenue,  
                  je le déclare, je suis prêt à l'adapter même  
                  à ce point de vue égoïste; mais j'y vois également une politique plus élevée et un
                  champ  
                  plus vaste ouvert à notre énergie et à nos  
                  capitaux; c'est le premier pas fait pour  
                  fonder sur le territoire Britannique une  
                  ligne de communication du Pacifique à l'Atlantique, et nous assurer le commerce de
                  
                  transport de l'Asie et de l'Est avec tous les  
                  profits qu'il nous garantit. En un mot, M.  
                  l'ORATEUR, cette mesure contient le germe  
                  d'un gouvernement bien puissant pour la  
                  prospérité des colonies, elle embrasse tout,  
                  depuis les affaires civiles jusqu'aux défenses  
                  militaires, sans compter qu'elle ajoute un nouveau prestige à l'empire, et qu'elle
                  ne saurait manquer d'exercer une profonde infinence sur les destinées de ce grand
                  continent.  
                  C'est pour ces raisons que j'ai voté contre  
                  le dernier amendment, et que je me déclare  
                  également prêt à voter contre celui—ci aussi.  
                  (Ecoutez!)  
  
               
               
               
               La chambre alors se partage sur l'amendement de l'hon. M. HOLTON qui est rejeté  
                  sur la division suivante .  
 
               
               
               
               POUR.—MM. Biggar, Bourassa, Cameron (Ontario Nord), Caron, Cornellier, Coupal, DeBoucherville,
                  Dorion (Drummond et Arthabaska),  
                  Dorion (Hochelaga), Dufresne (Ibervllle), Fortier,  
                  Gaudet, Geoffrion, Gibbs, Halton, Houde, Huntington, Labrèche-Viger, Laframboise,
                  Lajoie,  
                  Macdonald (Cornwall), Macdonald (Toronto  
                  Ouest), Morrison, O'Halloran, Pâquet, Perrault,  
                  Rymal, Scatcherd Thibaudeau, Tremblay et  
                  Wallbridge (Hastings Nord).—31.  
 
               
               
               
               CONTRE.—MM. Abbott, Alleyn, Archambeault,  
                  Ault, Beaubien, Bellerose, Blanchet, Bowman,  
                  Bown, Brousseau, Brown, Burwell, Carling, Proc.—  
                  Gén. Cartier, Cartwright, Cauchon. Chapais,  
                  Cockhurn. Cowan, Currier, Denis, De Nivervllle,  
                  Dickson, Duckett, Dufresne (Montcalm), Duneford,  
                  Evanturel, Ferguson (Frontenac), Galt, Gaucher,  
                  Harwood, Haultain, Higginson, Howland, Jackson, Jones (Leeds Sud), Knight, Langevin,
                  Le  
                  Boutillier, Proc.—Gén. Macdonald. MacFarland,  
                  Mackenzie (Lambton), Mackenzie (Oxford Nord),  
                  Magill, McConkey, McDougall, McGee, McIntyre,  
                  McKellar, Morris, Parker, Pinsonneault, Pope  
                  Poulin, Poupore, Powell, Raymond, Rémillard,  
                  
                  
                  1020
                  
                  Robitaille, Rose, Ross (Champlain) Ross (Dundas), Ross (Prince-Edouard), Scobie, Shanly,
                  
                  Smith (Durham Est), Smith (Toronto Est), Somerville, Stirton, Street, Sylvain, Thompson.
                  Walsh,  
                  Webb, White, Willson, Wood et Wright (York  
                  Est). —79.  
 
               
               
               
               L'
HON. J. S. MACDONALD—Je me  
                  lève, M. l'ORATEUR, pour proposer un autre  
                  amendement. (Signes d'impatience.) Je dois  
                  déclarer à cette chambre qu'il ne m'a jamais  
                  été donné de voir une mesure d'une aussi  
                  importance que celle-ci passer sans  
                  qu'on n'ais tenté d'y apporter plus d'amende  
                  ments. Je ne propose pas non plus cette  
                  motion dans le simple but de la faire inscrire  
                  sur les journaux de cette' chambre, car je  
                  sens bien que les vues que je vais exprimer  
                  et auxquelles j'ai toujours tenu depuis que  
                  j'ai l'honneur d'être membre, ne seront peut- être pas pa partagées par un bien grand
                  nombre  
                  de députés. Je ne désire pas que l'on porte  
                  atteinte aux droits de la minorité catholique  
                  romaine du Haut-Canada, pas plus qu'aux  
                  droits et priviléges de toute autre dénomination. Mais je veux rappeler à cette chambre
                  
                  que l'expérience que nous fournit ce pays—  
                  pour ne pas aller chercher d'exemple chez  
                  la république voisine—prouve que chaque fois  
                  que l'on a refusé à la majorité le droit de  
                  légiférer sur un sujet donné, cette tentative  
                  a toujours été suivie des conséquences les  
                  plus graves. Qu'il me suffise de mentioner  
                  la question des réserves du clergé. L'on se  
                  rappelle qu'aux termes de l'Acte d'Union il  
                  était défendu de légiférer sur cette question,  
                  cependant elle a donné lieu à des luttes sérieuses pendant plusieurs années. La coustitution
                  primitive des Etats-Unis ne permettait pas au congrès de s'occuper de la  
                  question de l'esclavage, cependant le peuple  
                  ne tarda pas à en demander la suppression, et cette agitation a produit la guerre
                  
                  civile. (Ecoutez! écoutez!) La question des réserves du clergé a amené la  
                  rébellion dans le Haut-Canada. J 'affirme  
                  donc, M. l'ORATEUR, qu'en imposant une  
                  restriction constitutionnelle au sujet des  
                  écoles de la minorité, nous semons la discorde qui ne tardera pas à produire les plus
                  
                  vives animosités, à moins d'amender la constitution. La minorité sera toujours bien
                  
                  protégée dans les questions qui touchent de  
                  près à sa foi ou à son système (d éducation  
                  dans une colonie vivant à l'ombre du drapeau anglais; mais si vous soustrayez expressément
                  cette question au contrôle de la  
                  
                  
                  
                  majorité, les droits de la minorité ne seront  
                  pas suffisamment sauvegardés ni dans l'une  
                  ni dans l'autre section de la province, car  
                  vous auras démontré que vous ne croyes pas  
                  à la justice de la majorité. Il est donc de  
                  notre devoir, M. l'ORATEUR, de veiller à ce  
                  qu'une question qui nous touche de si près  
                  que celle de l'éducation de nos enfants—  
                  une question qui a déjà causé tant d'excitation dans le Haut-Canada—ne soit pas soustraite
                  au contrôle de la législature locale.  
                  Nous ne devons pas enlever a cette dernière  
                  un pouvoir qn'e le désirera exercer précisément parce qu'on voudra l'on priver. Soyez-
                  en persuadé, M. l'ORATEUR, les autres corps  
                  religieux ne manqueront pas de protester  
                  contre les droits exclusifs ou les priviléges  
                  quelconques que l'on pourra conférer à une  
                  croyance religieuse en particulier. Je serais  
                  étonné de voir un membre de cette chambre  
                  se lever et dire à la minorité protestante du  
                  Bas-Canada ou à la minorité catholique du  
                  Haut-Canada: " Ne comptes pas sur la  
                  justice de la majorité." A-t-on jamais connu  
                  un pays où la majorité ne possédait pas le  
                  contrôle des affaires et où la minorité ne s'y  
                  soumettait pas? Est-ce qu'en Angleterre et  
                  en France la majorité ne gouverne pas et  
                  que la minorité n obéit pas? Je n'ai jamais  
                  connu de pays où il n'en était pas ainsi. La  
                  minorité est il. l'abri de tout empiétement  
                  sur ses droits, et je suis prêt pour ma part  
                  à me confier à la justice de la majorité du  
                  Haut-Canada quand il s'agira de la protection des libertés civiles et religieuses
                  des  
                  catholiques romains de cette section du pays.  
                  Je suis rendu à un âge asser avancé, et je  
                  désire d'autant plus faire inscrire mes opinions dans le journal de cette chambre
                  qu' avant longtemps j'aurai la satisfaction de  
                  pouvoir dire— peut-être pas dans l'enceinte  
                  de cette chambre—que j'ai protesté contre  
                  des résolutions destinées à empêcher la majorité du peuple du Haut-Canada d'exprimer
                  
                  librement son opinion et d'exercer un pouvoir  
                  qui lui revient de droit. Mon amendement  
                  est a l'effet que:—  
  
               
               
               
               
                  
                  "Les mots suivants soient ajoutés à la motion  
                     principale: " et qu'il soit donné instruction au  
                     dit comité d'examiner si aucune restriction constitutionnelle qui enlèversa à la législature
                     locale  
                     du Haut-Canada l'entier contrôle et la direction  
                     de l'éducation, sujet seulement à l'approbation ou  
                     à la désapprobation du parlement général, n'aura  
                     pas l'effet de créer beaucoup du mécontentement  
                     et de jalousie entre les divers corps religieux dans  
                     cette section de la province."—  
                   
               
               
               1021
               
               
               
               Si l'on croit que l'on va apaiser l'aigreur  
                  des sentiments produits dans le Haut-Canada  
                  par la tentative de perpétuer un certain  
                  système d'éducation, l'on se trompe grandement. Je désire donc connaître l'opinion
                  
                  des membres de cette chambre sur le sujet,  
                  je désire savoir s'ils sont d'avis que la restriction proposée ar la constitution
                  est de nature  
                  à produire l' harmonie, ou s'il ne vaut pas  
                  mieux laisser les catholiques du Haut-Canada  
                  et les protestants du Bas Canada se protéger  
                  eux-mêmes, ou plutôt compter pour cette  
                  protection sur le bon sens et la justice de  
                  leurs concitoyens. (Ecoutez!)  
 
               
               
               
               M. A. MACKENZIE—Ayant déja, M.  
                  l'ORATEUR, voté en faveur des résolutions  
                  dans leur ensemble, je ne saurais avoir  
                  d'hésitation à repousser cet amendement,  
                  mais en le faisant je désire expliquer la  
                  position que je prends. (Ecoutez! écoutes!)  
                  Si l'hon. député de Cornwall (M. J. S.  
                  MACDONALD) eût déployé le même gèle  
                  contre le système des écoles séparées, alors  
                  qu'il avait le pouvoir d'empêcher toute  
                  législation à ce sujet, il se serait évité ainsi  
                  qu'au parti qui l'a maintenu au gouvernement  
                  une somme considérable de troubles. Il  
                  semble bien singulier que lui, qui s'est montré  
                  si disposé à encourager le système des écoles  
                  séparées, soit aujourd'hui si gélé pour le  
                  contraire. (Ecoutez!) La motion de l'hon.  
                  député n'a d'autre but que de susciter de  
                  l'opposition à la mesure, et de placer autant  
                  de Haut-Canadiens que possible dans une  
                  fausse position; mais je me bornerai à lui  
                  dire, quant à moi, qu'après avoir combattu  
                  autant que qui que ce soit pour empêchcr la  
                  passation de toute loi qui aurait l'effet  
                  de désorganiser notre système d'écoles communes, et ayant constaté que tous mes efforts
                  
                  étaient vains, "en suis venu à la conclusion  
                  que notre position ne saurait être pire quand  
                  même les résolutions seraient mises à effet.  
                  (Ecoutez!) J'ai dit dans une autre occasion  
                  que je ne pensais pas que le système des écoles  
                  séparées pût entrainer des conséquences  
                  désastreuses, pourvu qu'il ne fut pas encouragé davantage. Je ne crois pas que ces
                  
                  écoles puissent produire beaucoup de mal, si  
                  elles ne prennent pas plus de développement  
                  qu'elles n'en ont aujourd'hui; c'est pourquoi,  
                  tout en étant opposé à ce système, je suis prêt  
                  à accepter ce projet de confédération, bien  
                  qu'il ait l'efi'et de perpétuer un petit nombre  
                  d'écoles séparées. (Ecoutez!) Sons l'union  
                  législative actuelle, il nous est impossible de  
                  
                  
                  
                  songer à l'abrogation de la loi concernant…  
                  les écoles séparées; il est même fort douteux  
                  ne nous puissions opposer une digue à  
                  l' envahissement de ce principe. (Ecoutez!)  
                  Notre position ne sera pas plus mauvaise  
                  sous la nouvelle constitution, et sous un  
                  rapport nous aurons un avantage incontestable, en ce sens que les partisans des écoles
                  
                  séparées se verront dans l'impossibilité d'opérer des modifications à la loi. C'est
                  tout  
                  simplement substituer le certain à l'incertain.  
                  Je regrette vivement que l'hon. député ait  
                  cru nécessaire de proposer cette résolution.  
  
               
               
               
               L'amendement de l'hon. J. S. MACDONALD  
                  est alors mis aux voix et rejeté sur la division suivante:—  
 
               
               
               
               POUR.—MM. Biggar, Biggar, Burwell Macdonald  
                  (Cornwall), Macdonald (Toronto Ouest), Ross  
                  (Prince-Edouard), Rymal Scatcherd et Wallbridge (Hastings Nord) .—8.  
 
               
               
               
               CONTRE. — MM. Abbott Alleyn, Archanbeault, Ault, Beaubien, Bellerose, Blanchet,  
                  Bourassa, Bowman, Bown, Brousseau, Brown,  
                  Cameron (Ontario Nord), Carling, Caron, Proc.- Gén. Cartier, Cartwright, Cauchon,
                  Chapais,  
                  Cockburn, Cornellier, Coupal. Cowan, Currier,  
                  De Boucherville, Denis, De Niverville, Dickson,  
                  Dorion (Drummond et Arthabaska) Dorion  
                  (Hochelaga). Duckett, Dufresne (Iberville),  
                  Dufresne (Montcalm), Dunsford, Evanturel,  
                  Ferguson (Frontenac), Fortier, Galt, Gaucher,  
                  Gaudet, Geoffrion, Gibbs, Harwood, Haultain,  
                  Higginson, Holton, Houde, Howland, Jones  
                  (Leeds Sud), Knight, Labreche-Viger, Laframboise, Lajoie, Langevin, Le Boutillier,
                  Proc.- Gén. Macdonald, Mackenzie (Lambton), Mackenzie (Oxford Nord), Magill McConkey,
                  
                  McDougall, McGee, McGiverin, McIntyre, McKellar. Morris, Morrison, Pâquet, Parker,
                  Perrault, Pinsonneault, Poulin, Poupore, Powell,  
                  Raymond, Rémillard, Robitaille, Rose, Ross  
                  (Champlain) Ross (Dundas), Scoble, Shanly,  
                  Smith (Durham Est), Smith (Toronto Est),  
                  Somerville, Stirton, Sylvain, Thompson, Tremblay, Walsh, Webb, Wells, White, Willson
                  et  
                  Wood—95.  
 
               
               
               
               M. BOURASSA propose alors pour amendement:—  
 
               
               
               
               
                  
                  "Que les mots suivants soient ajoutés à la  
                     motion principale: ' Et qu'il soit donné instruction au dit comité de pourvoir à ce
                     que la minorité catholique romaine du Haut-Canada soit mise  
                     sur le même pied, quant à l'éducation, que la  
                     minorité protestante du Bas-Canada. sous les  
                     gouvernements locaux de la confédération des  
                     provinces de l'Amérique Britannique du Nord."  
  
               
               
               
               POUR.—MM. Bourassa, Caron, Coupal, Dorion  
                  (Drummond et Arthabaska), Dorion (Hochelaga),  
                  Dufresne (Iberville), Fortier, Geoffrion, Holton,  
                  
                  
                  1022
                  
                  Houde, Labreche-Viger, Laframboise, Lajoie,  
                  Macdonald (Cornwall), O'Halloran, Pâquet,  
                  Perrault, Pinsonneault, Rymal et Sylvain — 20.  
 
               
               
               
               CONTRE.—MM. Abbott, Alleyn, Archambeault,  
                  Ault, Beaubien, Bellerose, Biggar, Blanchet,  
                  Bowman, Bown Brousseau, Brown, Burwell,  
                  Cameron (Ontario Nord), Carling, Proc.-Gén.  
                  Cartier, Cartwright, Cauchon, Chapais, Cockburn,  
                  Cornellier, Cowan, Currier, De Boucherville,  
                  Denis, De Niverville, Dickson, Duckett, Dufresne  
                  (Montcalm), Dunsford, Evanturel, Ferguson  
                  (Frontenac), Ferguson (Simcoe Sud), Galt, Gaucher, Gaudet Gibbs, Harwood, Haultain,
                  Higgisson, Howland, Jones (Leeds Sud), Knight,  
                  Langevin, Le Boutillier, Proc.-Gén. Macdonald,  
                  Macdonald (Toronto Ouest), Mackenzie (Lambton), Mackenzie (Oxford Nord), Magill, McConkey,
                  McDougail, McGee, McGiverin, McIntyre,  
                  McKellar, Morrîs, Morrison, Parker, Poulin, Pouore, Powell, Raymond, Rémillard, Robitaille,
                  
                  Rose, Ross (Champlain), Ross (Dundas), Ross  
                  (Prince-Edouard), Scatcherd, Scoble, Shanly,  
                  Smith (Durham Est), Smith (Toronto Est),  
                  Somerville, Stirton, Thompson, Tremblay, Wallbrige (Hastings Nord) Walsh, Wells, White,
                  
                  Willson, Wood, et Wright (York Est).—85.  
 
               
               
               
               La motion principale est alors adoptée sur  
                  division, et un comité spécial est nommé  
                  en conséquence.  
 
               
               
               
                
               
               
               
               A SA TRÈS-EXCELLENTE MAJESTÉ LA REINE. 
 
               
               
               
               TRÈS-GRACIEUSE SOUVERAINE, 
 
               
               
               
               Nous, les très-fidèles et loyaux sujets de Votre  
                  Majesté, les Communes du Canada, en parlement  
                  réunies, approchons humblement de Votre Majesté  
                  pour prier Votre Majesté qu'il lui plaise de faire  
                  soumettre au parlement impérial une mesure ayant  
                  pour objet l'union des colonies du Canada, de la  
                  Nouvelle - Ecosse, du Nouveau - Brunswick, de  
                  Terreneuve et de l'Ile du Prince-Edouard nous un  
                  même gouvernement, la dite mesure devant être  
                  basée sur les résolutions ci-jointes qui ont été  
                  adoptées à une conférence des délégués de ces  
                  colonies, tenue en la cité de Québec, le 10 octobre  
                  1864. Et nous, les Communes du Canada, prions  
                  humblement Votre Majesté de vouloir bien prendre  
                  le tout en Votre gracieuse et favorable considération.  
 
               
               
               
               1. Une union fédérale sous la couronne de la  
                  Grande-Bretagne aurait l'effet de sauvegarder les  
                  intérêts les plus chers et d'accroître la prospérité  
                  de l'Amérique Britannique du Nord, pourvu  
                  qu'elle puisse s'effectuer à des conditions équitables pour les diverses provinces.
                  
 
               
               
               
               2. Le meilleur système de fédération pour les  
                  provinces de l'Amérique Britannique du Nord, le  
                  plus propre, dans les circonstances, à protéger les  
                  intérêts des diverses provinces et à produire l'efficacité l'harmonie et la stabilité
                  dans le fonctionnement de l'union, serait un gouvernement chargé  
                  
                  
                  
                  du contrôle des choses communes a tout le pa s,  
                  et des gouvernements locaux pour chacun des  
                  deux Canadas, et pour la Nouvelle-Ecosse, le  
                  Nouveau-Brunswick et l'Ile du Prince-Edouard,  
                  lesquels seraient chargés du controle des affaires  
                  locales dans leurs sections respectives,—des dispositions étant faites pour admettre
                  dans l'union, à  
                  des conditions équitables, Terreneuve, le territoire  
                  du Nord-Ouest, la Colombie Anglaise et Vancouver.  
 
               
               
               
               3. En rédigeant une constitution pour le gouvernement général, la convention ayant
                  en vue de  
                  resserrer autant que possible les liens qui nous  
                  unissent à la mère-patrie, et de servir les plus  
                  chers intérêts des habitants de ces provinces,  
                  désire, autant que le permettront les circonstances, prendre pour modèle la constitution
                  britannique.  
 
               
               
               
               4. Le pouvoir du gouvernement exécutif, résidera dans le souverain du royaume-uni
                  de la  
                  Grande-Bretagne et d'Irlande, et sera administré  
                  par le souverain ou le représentant du souverain,  
                  suivant les principes de la constitution britannique.  
 
               
               
               
               5. Le souverain ou le représentant du souverain  
                  sera le commandant en chef des milices de terre  
                  et de mer.  
 
               
               
               
               6. Il y aura pour toutes les provinces fédérées  
                  une législature ou parlement général, composé  
                  d'un conseil législatif et d'une chambre des communes.  
 
               
               
               
               7. Pour former le conseil législatif, les provinces  
                  fédérées seront considérées comme formant trois  
                  divisions: 1°. Le Haut-Canada; 2°. Le Bas- Canada; 3°. La Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-
                  Brunswick et l'Ile du Priuce-Edouard,—chaque  
                  division ayant un égal nombre de représentants  
                  dans le conseil législatif.  
 
               
               
               
               8. Le Haut-Canada sera représenté dans le  
                  conseil législatif par 24 membres, le Bas-Canada  
                  par 24, et les trois provinces maritimes aussi par  
                  24, dont dix pour la Nouvelle-Ecosse, dix pour le  
                  Nouveau-Brunswick et quatre pour l'Ile du Prince- Edouard.  
 
               
               
               
               9. La colonie de Terreneuve aura droit d'entrer  
                  dans l'union projetée avec une représentation de  
                  quatre membres dans le conseil législatif.  
 
               
               
               
               10. Les conditions d'admission ans l'union, du  
                  territoire du Nord-Ouest, de la Colombie Britannique et de Vancouver, seront déterminées
                  par le  
                  parlement fédéral et approuvées par Sa Majesté;  
                  en ce qui regarde l'admission et les conditions  
                  d'admission de la Colombie Britannique ou de  
                  Vancouver, il faudra le consentement de la législature locale.  
 
               
               
               
               11. Les conseillers législatifs seront nommés à  
                  vie parla couronne, sous le grand sceau du gouvernement général; mais ils perdront
                  leurs sièges  
                  par le fait d'une absence continue de deux années  
                  consécutives.  
 
               
               
               
               12. Les conseillers législatifs devront être sujets  
                  britanniques nés ou naturalisés, avoir au moins  
                  30 ans, posséder et continuer à posséder en propriétés foncières, une valeur de $4,000,
                  en sus de  
                  toute hypothèque, dettes et obligations; mais en  
                  ce qui a rapport à Terreneuve et à l'Ile du Prince—  
                  Edouard, la propriété pourra étre réelle ou personnelle.  
                  
                  
                  1023
                  
                  13. Le conseil legislatif décidera toute question  
                  relative à l'éliglbilté ou a l'inéligibilité de ses  
                  membres.  
 
               
               
               
               14. Les premiers conseillers législatifs fédéraux  
                  seront pris dans les conseils législatifs actuels  
                  des diverses provinces, execpté pour ce qui regarde  
                  l'ile du Prince—Edouard. S'il ne s'en trouvait pas  
                  assez parmi ces conseillers qui fussent éligibles  
                  ou qui voulussent servir, le complément devrait  
                  nécessairement être pris ailleurs. Ces conseillers  
                  seront nommés par la couronne à la recommandation du gouvernement général, et sur
                  la présentation des gouvernements locaux respectifs. Dans  
                  ces nominations, on devra avoir égard aux droits  
                  des conseillers législatifs qui représentent l'opposition dans chaque province, afin
                  que tous les  
                  partis politiques soient, autant que possible, équitablement représentés.  
 
               
               
               
               15. Le président du conseil législatif fédéral,  
                  usqu'à ce qu'il en soit autrement décidé par le  
                  parlement, sera choisi parmi les conseillers législatifs et nommé par la couronne,
                  laquelle pourra, à  
                  volonté, lui conserver ou lui ôter sa charge. Il  
                  aura droit seulement d'une voix prépondérante  
                  dans le cas d'une égale division des votes.  
 
               
               
               
               16. Chacun des vingt-quatre conseillers législatifs représentent le Bas-Canada dans
                  le conseil  
                  législatif de la législature fédérale, sera nommé  
                  pour représenter l'un des vingt-quatre collèges  
                  électoraux nommés dans la cédule A du premier  
                  chapitre des Statuts Refondus du Canada, et ce  
                  conseiller devra résider en posséder son cons  
                  d'éligibilité dans le collége dont la représentation  
                  lui sera assignée.  
 
               
               
               
               17. La représentation, dans la chambre des  
                  communes, aura pour base la population dont le  
                  chiffre sera déterminé par le recensement officiel  
                  fait tous les dix ans; et le nombre des représentants sera d'abord de 194, distribués
                  comme suit:  
 
               
               
               
               
                  
                  
                     
                     
                        
                        
                        
                           
                           | Haut-Canada... | 
                           
                           82 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Bas-Canada... | 
                           
                           65 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Nouvelle—Ecosse... | 
                           
                           19 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Nouveau-Brunswick... | 
                           
                           15 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Ile de Terreneuve... | 
                           
                           8 | 
                           
                        
                        
                        
                           
                           | Ile du Prince—Edouard... | 
                           
                           5 | 
                           
                        
                      
                   
               
               
               
               18. Il ne pourra pas y avoir de changement  
                  dans le nombre des représentants des diverses  
                  provinces avant le recensement de 1871.  
 
               
               
               
               19. Immédiatement aprés le recensement de  
                  1871 et chaque autre recensement décennal, la  
                  représentation de chacune des provinces, dans la  
                  chambre des communes, sera répartie de nouveau  
                  en prenant pour base la population.  
 
               
               
               
               20. Pour les fins de ces nouvelles répartitions,  
                  le Bas-Canada n'aura jamais ni plus ni moins que  
                  65 représentants, et chacune des autres sections  
                  recevra, a chaque telle nouvelle répartition, pour  
                  les dix années qui suivront, le nombre de membres  
                  auquel elle aura droit en prenant pour base de  
                  calcul le nombre d'âmes représenté, suivant le  
                  recensement alors dernier, par chacun des 65  
                  membres du Bas-Canada.  
 
               
               
               
               21. Nulle réduction n'aura lieu dans le nombre  
                  des représentants élus pour une province quelconque, à moins que le chiffre de sa
                  population n'ait  
                  
                  
                  
                  décru de 5 pour cent, ou plus, relativement à la  
                  population totale des provinces fédérées.  
 
               
               
               
               22. En supputant, a chaque période décennale,  
                  le nombre de représentants auquel chaque section  
                  aura droit, on ne prendra en consideration les  
                  fractions que lorsqu'elles dépasseront la moitié du  
                  nombre qui donnera droit à un représentant, auquel cas ces fractions auront, chacune,
                  droit d un  
                  représentant.  
 
               
               
               
               23. Les législatures des diverses provinces diviseront respectivement celles-ci en
                  comtés et en  
                  définiront les limites.  
 
               
               
               
               24. Les législatures locales pourront, de temps  
                  à autre, changer les districts électoraux pourles  
                  fins de la représentation dans la législature locale,  
                  et distribuer, de la manière qu'elles le jugeront  
                  convenable, les représentants auxquels elles auront  
                  respectivement droit.  
 
               
               
               
               25. Le parlement fédéral pourra, quand il le  
                  jugera convenable, augmenter le nous des membres, mais il devra conserver les proportions
                  alors  
                  existantes.  
 
               
               
               
               26. Jusqu'a ce qu'il en soit autrement décidé  
                  par le parlement fédéral, toutes les lois qui, à la  
                  date de la proclamation de l'union. seront en force  
                  dans les'diverses provinces relativement à l'éligibilité ou l'inéligibilité des personnes
                  à siéger ou à  
                  voler dans les assemblées législatives de ces provinces, ainsi qu'à la capacité ou
                  à l'incapacité des  
                  électeurs, aux serments exigés des votants, aux  
                  officiers-rapporteurs ou à leurs pouvoirs et devoirs,  
                  aux élections, au temps que celles-ci peuvent  
                  durer, aux élections contestées et aux procédures  
                  y incidentes, aux vacations des siéges en parlement, à l'émission et a l'exécution
                  es nouveaux  
                  brefs dans les cas de vacations occasionnées par  
                  d'autres causes que la dissolution du parlement;  
                  toutes ces lois s'appliqueront aux élections des  
                  représentants de la chambre des communes, suivant la province pour laquelle ces représentants
                  
                  seront élus.  
 
               
               
               
               27. La durée de chaque chambre des communes  
                  sera de cinq ans, à compter du jour du rapport des  
                  brefs d'élection, à moins que le parlement ne soit  
                  dissous plus tôt par le gouverneur-général.  
 
               
               
               
               28. Il y aura une session du parlement fédéral  
                  au moins une fois par année, de manière qu'il ne  
                  devra jamais s'écouler plus de douze mois entre  
                  la dernière séance d'une session et la première  
                  séance de la session suivante.  
 
               
               
               
               29. Le parlement général aura le pouvoir de  
                  faire des lois pour la paix, le bien-être et le bon  
                  gouvernement des provinces fédérées (sans, toutefois pouvoir porter atteinte à la
                  souveraineté  
                  de l'Angleterre), et en particulier sur les sujets  
                  suivants:  
 
               
               
               
               l. La dette et la propriété publiques;  
 
               
               
               
               2. Le commerce;  
 
               
               
               
               3. L'imposition ou le règlement de droits de  
                  douane sur les importations et sur les  
                  exportations, excepté sur les exportations du bois carré, des billots, des  
                  mâts, des espere, des madriers, du bois  
                  acié, du charbon et des autres minéraux du Nouveau-Brunswick et de la  
                  Nouvelle-Ecosse;  
                  
                  
                  1024
                  
                  4. L'imposition ou le règlement de droits  
                  d'acciee;  
 
               
               
               
               5. Le prélèvement de deniers par tous autres  
                  modes ou systèmes de taxation;  
 
               
               
               
               6. Les emprunts d'argent sur le crédit public;  
 
               
               
               
               7. Le service postal; _  
 
               
               
               
               8. Les lignes de bateaux à vapeur ou d'autres  
                  batiments, les chemins de fer, les canaux et autres travaux qui relieront  
                  deux ou plusieurs provinces ou se prolongeront au-delà des limites de l'une  
                  d'elles;  
 
               
               
               
               9. Les lignes de bateaux vapeur entre les  
                  provinces fédérles et d'autres pays;  
 
               
               
               
               10. Les communications té1égraphiques et l'incorporation des compagnies télégraphiques;
                  
 
               
               
               
               11. Tous autres travaux qui, bien que situés  
                  dans une seule province, seront spécialement déclarés dans les actes qui  
                  les autoriseront être d'un avantage  
                  général;  
 
               
               
               
               12. Le recensement;  
 
               
               
               
               13. La milice, le service militaire et naval, et la  
                  défense du pays;  
 
               
               
               
               14. Les amarquee, les bouées et les phares;  
 
               
               
               
               15. La navigation et ce qui a rapport aux bâtiments (shipping);  
 
               
               
               
               16. La quaranta ne;  
 
               
               
               
               17. Les pêcheries des côtes de la mer et de l'interieur;  
 
               
               
               
               18. Les traverses entre une province et un pays  
                  étranger ou entre deux des provinces;  
 
               
               
               
               19. Le cours monétaire et le monnayage;  
 
               
               
               
               20. Les banques, l'incorporation de banques et  
                  l'émission du papier-monnaie;  
 
               
               
               
               21. Les caisses d'épargne;  
 
               
               
               
               22. Les poids et mesures;  
 
               
               
               
               23. Les lettres de change et les billets promissoiree;  
 
               
               
               
               24. L'intérêt;  
 
               
               
               
               25. Les offres légales;  
 
               
               
               
               26. La banqueroute et l'insolvabilité;  
 
               
               
               
               27. Les brevets d'invention et de découverte;  
 
               
               
               
               28. Les droits d'auteur;  
 
               
               
               
               29. Les sauvages et les terres réservées pour  
                  les sauvages;  
 
               
               
               
               30. La naturalisation et les aubains;  
 
               
               
               
               31. Le mariage et le divorce:  
 
               
               
               
               32. La loi criminelle, excepté la constitution  
                  des cours de juridiction criminelle,  
                  mais y compris la procédure en matière  
                  criminelle;  
 
               
               
               
               33. Toute mesure tendante à rendre uniformes  
                  les lois relatives à la propriété et aux  
                  droits civils dans le Haut-Canada, la  
                  Nouvelle—Ecosse, le Nouveau—Brunswick, l'Ile du Prince-Edouard et l'ile  
                  de Terreneuve, ainsi que la procédure  
                  de toutes les cours de justice dans ces  
                  provinces. Mais nul statut à cet effet  
                  n'aura force ou autorité dans aucune  
                  de ces provinces avant d'avoir reçu la  
                  sanction de sa législature locale;  
 
               
               
               
               34. L'établissement d'une cour générale d'appel  
                  pour les provinces fédérées;  
 
               
               
               
               35. L'immigration;  
 
               
               
               
               36. L'agriculture;  
                  
                  
                  
                  37. Et, généralement, toutes les matières d'un  
                  caractère général qui ne seront pas  
                  spécialement et exclusivement réservées au contrôle des législatures et  
                  des gouvernements locaux.  
 
               
               
               
               30. Le gouvernement général et le parlement  
                  auront tous les pouvoirs dont ils auront besoin,  
                  comme portion de l'Empire Britannique, pour remplir, envers les pays étrangers, les
                  obligations  
                  naissant des traités qui existeront ou pourront  
                  exister entre la Grande-Bretagne et ces pays.  
 
               
               
               
               31. Le parlement fédéral pourra aussi, quand  
                  il le jugera convenable, créer de nouveaux tribunaux judiciaires, et le gouvernement
                  général  
                  nommer en conséquence de nouveaux juges et de  
                  nouveaux officiers, si la chose parait avantageuse  
                  au public ou nécessaire à la mise en force des lois  
                  du parlement.  
 
               
               
               
               32. Toutes les cours, les juges et les officiers  
                  des diverses provinces devront aider le gouvernement générai et lui obéir dans l'exercice
                  de ses  
                  droits et de ses pouvoirs; pour ces objets, ils  
                  seront considérés comme cours, juges et officiers  
                  du gouvernement général.  
 
               
               
               
               33. Le gouvernement général nommera et  
                  paiera les juges des cours supérieures, dans les  
                  diverses provinces, et des cours de comté, dans le  
                  Haut—Canada, et le parlement déterminera leurs  
                  salaires.  
 
               
               
               
               34. Jusqu'à ce qu'on ait refondu les lois du  
                  Haut—Canada, du Nouveau—Brunswick, de la  
                  Nouvelle-Ecosse, de Terreneuve et de l'Ile du  
                  Prince-Edouard, les juges de ces provinces, qui  
                  seront nommés par le gouvernement général,  
                  seront pris dans leurs barreaux respectifs.  
 
               
               
               
               35. Les juges des cours du Bas—Canada seront  
                  choisis parmi les membres du barreau du Bas- Canada.  
 
               
               
               
               36. Les juges de la Cour d'Amirauté, qui reçoivent maintenant des salaires, seront
                  payés par le  
                  gouvernement général.  
 
               
               
               
               37. Les juges des cours supérieures conserveront leurs charges durant bonne conduite,
                  et ne  
                  pourront être déplacée que sur une adresse des  
                  deux chambres du parlement.  
 
               
               
               
               38. Chaque province aura un officier exécutif  
                  appelé lieutenant-gouverneur, lequel sera nommé  
                  par le gouverneur-générai en conseil, sous le  
                  grand sceau des provinces fédérées. et durant bon  
                  plaisir; mais ce bon plaisir ne devra pas être  
                  exercé avant cinq ans accomplis, à moins qu'il n'y  
                  ait cause, et cette cause devra être communiquée  
                  par écrit au lieutenant-gouverneur immédiatement  
                  après sa démission, et aussi, par message, aux  
                  deux chambres du parlement, dans la première  
                  semaine de la première session qui suivra.  
 
               
               
               
               39. Les lieutenants-gouverneurs des provinces  
                  seront payés par le gouvernement généal.  
 
               
               
               
               40. La convention, en réglant ainsi les salaires  
                  des lieutenants-gouverneurs, ne prétend pas porter préjudice à la réclamation de l'Ile
                  du Prince- Edward auprès du gouvernement impérial pour  
                  le salaire maintenant payé à son lieutenant- gouverneur.  
 
               
               
               
               41. Les gouvernements et les parlements des  
                  diverses provinces seront constitués en la manière  
                  que leurs législatures actuelles jugeront respectivement à propos de les établir.
                  
               
               
               1025
               
               
               
               42. Les législatures locales auront le pouvoir  
                  d'amender ou changer de temps à autre leurs  
                  constitutions.  
 
               
               
               
               43. Les législatures locales auront le pouvoir de  
                  faire des lois sur les sujets suivants:  
 
               
               
               
               1. La taxation directe, et dans le Nouveau- Brunswick, l'imposition de droits sur
                  
                  l'exportation du bois carré, des billets,  
                  mâts, repars, madriers et bois sciés,  
                  et dans la Nouvelle—Ecosse, du charbon  
                  et des autres minéraux;  
 
               
               
               
               2. Les emprunts d'argent sur le crédit de la  
                  province;  
 
               
               
               
               3. L'établissement de charges locales, et la  
                  manière dont elles seront tenues, la  
                  nomination et le paiement des officiers  
                  locaux;  
 
               
               
               
               4. L'agriculture;  
 
               
               
               
               5. L'immigration;  
 
               
               
               
               6. L'éducation, (sauf les droits et priviléges  
                  que les minorités catholiques ou protestantes dans les deux Canadas possèderont par
                  rapport à leurs écoles  
                  séparées au moment de l'Union);  
 
               
               
               
               7. La vente et l'administration des terres publiques, moins celles qui appartiendront
                  
                  au gouvernement général;  
 
               
               
               
               8 Les pêcheries des côtes de la mer et de l'intérieur;  
 
               
               
               
               9. L'établissement, l'entretien et la règle des  
                  pénitenciers et des prisons de réforme;  
 
               
               
               
               10. L'établissement, l'entretien et la régle des  
                  hôpitaux, des salles, des lazareis et  
                  des institutions de charité quelcon—  
                  ques;  
 
               
               
               
               11. Les institutions municipales;  
 
               
               
               
               12. Les licences de boutiques, d'auberges, d'encanteurs et autres licences;  
 
               
               
               
               13. Les travaux locaux;  
 
               
               
               
               l4. L'incorporation de compagnies privées ou  
                  locales, excepté celles qui auront pour  
                  objet des matières assignées sur parlement fédéral;  
 
               
               
               
               15. La propriété et les droits civils, moins  
                  ce qui est attribué au parlement  
                  fédéral;  
 
               
               
               
               16. Les punitions par amendes, pénalités, emprisonnement ou autrement, pour contravention
                  aux lois qui sont de leur  
                  compétence législative;  
 
               
               
               
               17. L'administration de la justice, y compris la  
                  constitution, le soutien et l'organisation des cours de juridiction civile et  
                  criminelle, ainsi que la procédure en  
                  matière civile;  
 
               
               
               
               18. Et généralement toutes les matières d'une  
                  nature privée ou locale non-assignées  
                  au parlement général.  
 
               
               
               
               44. Le pouvoir de pardonner aux criminels, de  
                  commuer ou de remettre en tout on en partie  
                  leurs sentences, ou de aurasoir à leur exécution,  
                  lequel pouvoir appartient de droit à la couronne,  
                  résidera dans la personne des lieutenants—gouverneurs en conseil; mais ceux-ci devront
                  se conformer aux instructions qui pourront leur être  
                  adressées, de temps à autre, à cet égard, par le  
                  gouvernement général, ainsi qu'aux lois du parlement général.   
 
               
               
               
               
               
               45. Pour tout ce qui regarde les questions soumises concurremmment au contrôle du
                  parlement  
                  fédéral et des legislatures locales, les lois du parlement fédéral devront l'emporter
                  sur celles des  
                  législatures locales. Les lois de ces dernières  
                  seront nulles partout où elles seront en conflit  
                  avec celles du parlement général.  
 
               
               
               
               46. Les langues anglaise et française pourront  
                  être simultanément employées dans les délibérations du parlement fédéral ainsi que
                  dans la législature du Bas—Canada, et aussi dans les cours  
                  fédérales et les cours du Bas—Canada.  
 
               
               
               
               47. On ne pourra taxer les terres ou propriétés  
                  qui appartiendront au gouvernement fédéral ou  
                  aux gouvernements locaux.  
 
               
               
               
               48. Tout bill qui aura pour but d'approprier  
                  une portion quelconque du revenu public, de créer  
                  de nouvelles taxes ou de nouveaux impôts devra,  
                  suivant le cas, être présenté d'abord dans la  
                  chambre des communes féderales ou dans l'assemblée législative locale, suivant le
                  cas.  
 
               
               
               
               49. Tout vote, résolution, adresse ou bill des  
                  communes fédérales ou des assemblées législatives locales, qui aura pour but l'appropriation
                  
                  d'une partie quelconque un revenu, ou la création  
                  d'une taxe ou d'un impôt par un objet quelconque,  
                  devra, suivant le cas, être précédé d'un message  
                  du gouverneur—général ou du lieutenant—gouverneur, présenté durant la session même
                  où sera  
                  passé tel vote, résolution, adresse ou bill.  
 
               
               
               
               50. Tout bill de la législature générale pourra  
                  être réservé en la manière ordinaire pour la sanction de Sa Majesté, et les bills des législatures  
                  locales pourront aussi, de la même manière, être  
                  réservés pour la considération du gouverneur- général.  
 
               
               
               
               51. Les bills de la législature générale seront  
                  sujets au désaveu de Sa Majesté, durant les deux  
                  ans qui suivront leur passation, comme l'ont été  
                  jusqu'à présent les bills passés par les législatures  
                  des dites provinces, et ceux des législatures  
                  locales seront sujets au désaveu du gouverneur—  
                  générai durant les douze mois qui suivront leur  
                  adoption.  
 
               
               
               
               52. Outaouais sera le siège du gouvernement  
                  fédéral,—sauf l'exercice de la prérogative royale.  
 
               
               
               
               53. Sauf les mesures que pourront adopter par  
                  la suite les divers gouvernements locaux, le siége  
                  du gouvernement local du Haut—Canada sera  
                  Toronto, et Québec sera celui du gouvernement  
                  du Bas—Canada; rien n'est changé en ce qui  
                  regarde le siège de chacun des gouvernements  
                  locaux des autres provinces.  
 
               
               
               
               54. Tous fonds, argent en caisse, balances entre  
                  les mains des banquiers et toutes autres valeurs  
                  appartenant a chaque province, à l'époque de  
                  l'Union, appartiendront au gouvernement général,  
                  excepté en ce qui est ci-dessous mentionné.  
 
               
               
               
               55. Les travaux et propriétés publiques de chaque  
                  province, dont suit l'énumération, appartiondront  
                  au gouvernement général, savoir:  
 
               
               
               
               1. Les canaux;  
 
               
               
               
               2. Les havres publics;    
 
               
               
               
               3, Les phares et les jetées ou quais;  
 
               
               
               
               4. Les bateaux à vapeur, les cure-môles et les  
                  autres vaisseaux publics;  
 
               
               
               
               5. Les améliorations des rivières et des lacs    
 
               
               
               
               8. Les chemins de fer et actions de chemin de  
                  
                  
                  1026
                  
                  fer; les hypothèques et autres dettes  
                  de: compagnies de chemin de fer;  
 
               
               
               
               7. Les routes militaires;  
 
               
               
               
               8. Les maisons de douane, les bureaux de poste  
                  et les autres édifices publics excepté  
                  ceux qui seront réservés par le gouvernement général pour l'usage des législatures
                  et des gouvernements locaux;  
 
               
               
               
               9. Les propriétés transférées par le gouvernement impérial, et connues sous le nom
                  
                  de propriétés de l'ordonnance.  
 
               
               
               
               10. Les arunaux, les salles d'exercice, les habillemente, accoutrements militaires,
                  munitiens de guerre, etc.;  
 
               
               
               
               11. Et les terres réservées pour les objets  
                  publics.    
 
               
               
               
               56. Toutes les terres, mines, minéraux et réserves royales qui appartiennent à Sa
                  Majesté dans  
                  les provinces du Haut-Canada du Bas-Canada,  
                  du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Ecosse et  
                  de l'ile du Prince-Edouard, pour l'usage de ces  
                  provinces, appartiendronts respectivement aux gouvernement locaux des territiores
                    où ils sont située;  
                  assujétis néanmoins aux fidéicommis et aux intrêts d'autres tiers qui pourront exister
                  relativement à ces terres.  
 
               
               
               
               57. Toutes les sommes d'argent dues par les  
                  acqnéreurs ou les locataires de ces terres, mines,  
                  minérax, à l'époque de l'Union, appartiendront  
                  aussi aux gouvernements locaux.  
 
               
               
               
               58. Toutes valeurs ou proriètés se rattachant  
                  aux parties de la dette pubique d'une province  
                  dont seront chargés les gouvernements locaux,  
                  appartiendront aussi à ces gouvernements respectivement.  
 
               
               
               
               59. Les diverses provinces demeureront respectivement en possession de toutes les
                  autres  
                  propriétés publiques situées dans leurs limites;  
                  mais la confédération aura le droit de prendre  
                  les terres ou les propriétés publiques dont elle  
                  aura besoin pour les fortifications ou la défense du  
                  pays.  
 
               
               
               
               60. Le gouvernement général devra rendre  
                  comme siennes toutes les dettes et les oblgation:  
                  des diverses provinces.  
 
               
               
               
               61. La dette du Canada qui ne sera pas spécialement à la charge du Haut ou du Bas-Canada
                  
                  respectivement, ne devra pas au temps de l'Union,  
                  dépasser $62,500,000, la dette de la Nouvelle- Ecosse $8,000,000, et celle du Nouveau-Brunswick
                  
                  $7,000,000.  
 
               
               
               
               62. Dans le cas où la Nouvelle-Écosse ou le  
                  Nouveau-Brunswick ne contracteraient pas d'obligations au-delà de celles auxquelles
                  ces provinces  
                  sont actuellement assujéties, et que leurs dettes  
                  seraient respectivement moindres que sept millions et huit millions, à l'époque de
                  l'Union, elles  
                  auront droit à 5 par 100 sur la différence qui  
                  existera entre les chiffres réels de leurs dettes et  
                  ceux de huit millions et sept millions respectivement de la même manière qu'il est
                  établi ci- dessous pour Terreneuve et l'ile du Prince- Edouard. Cette resolution n'a
                  nullement pour  
                  but de restreindre les pouvoirs donnés aux gouvernements respectifs de ces provinces,
                  par autorité  
                  législative, mais   seulement de limiter le maximum  
                  de la dette dont devra se charger le gouvernement  
                  
                  
                  
                  général. Pourvu tourjours que les pouvoirs ainsi  
                  conféres par les lésgislature respectives seront  
                  exercés dans le cours des cinq années qui suivront  
                  ce jour, sans quoi ils cesser-ont d'exister.  
 
               
               
               
               63. Comme Terreneuve et l'Ile du Prince- Edouard n'ont pas contracté de dettes égales
                  à  
                  celles des autres provinces, leurs gouvernements  
                  respectifs auront droit de recevoir a l'avance,  
                  du gouvernement général, en paiements semi- annuels, l'intérêt de 5 par 100 sur la
                  différence  
                  qui existera entre le montant de leurs dettes respectives, l'époque de l'union, et
                  la moyenne du  
                  chiffre de la dette, par tête, en prenant la population du Canada, de la Nouvelle-Ecosse
                  et du Nouveau-Brunswick.  
 
               
               
               
               64. En considération de la transmission générale faite si la législature du pouvoir
                  de taxer, les  
                  provinces auront droit respectivement à un octroi  
                  annuel de 80 centins par chaque tête de la population, d'après le recensement de 1861.
                  La population de Terreneuve est évaluée, pour cet objet,  
                  à 130,000 âmes. Les provinces ne pourront rien  
                  réclamer de plus à l'avenir du gouvernement  
                  général pour les objets locaux, et. cette aide sera  
                  payée à chacune d'elles semi-annuellement à l'avance.  
 
               
               
               
               65. Comme la position du Nouveau-Brunswick  
                  est telle que cette province devra faire peser  
                  immédiatement des dépenses considérables sur son  
                  revenu local, elle recevra annuellement durant  
                  dix ans, une somme additionnelle de $63,000.  
                  Mais, tant que ses obligations resteront au-dessous  
                  de sept millions de plastres, en déduire, sur cette  
                  somme de $63,000, un montant égal d l'intérêt, à  
                  5 par 100, sur la différence entre le chiffre réel de  
                  sa dette provinciale et le chiffre de sept millions  
                  de plastres.  
 
               
               
               
               68. Terrenenve, en considération de l'abandon  
                  de ses droits sur les mines, les minéraux et les  
                  terres de la couronne qui ne sont encore ni vendue: ni occupées, recevra annuellement
                  $150,000  
                  en paiements semi-annuels. Mais cette colonie se  
                  réserve le droit d'ouvrir, construire et contrôler  
                  les chemins et ponts dans les limites de ses dites  
                  terres, lesquels seront, cependant, soumis aux lois  
                  que le parlement général croira devoir adopter à  
                  cet égard.  
 
               
               
               
               67. Le gouvernement général devra remplir  
                  tous les engagement: qui pourront avoir été pris,  
                  avant l'Union, avec le gouvernement impérial  
                  pour la défense des provinces.  
 
               
               
               
               68. Le gouvernement général devra faire compléter, sans délai, le chemin de fer intercolonial
                  
                  de la Rivière-du-Loup à Truro dans la Nouvelle- Ecosse, en le fesant passer par le
                  Nouveau-Brunswick.  
 
               
               
               
               69. La convention considère les communications avec les territoires du Nord-Ouest
                  et les  
                  ameliorations nécessaires au développement du  
                  commerce du Grand-Ouest avec la mer comme  
                  étant de la plus haute importance pour les provinces confédérées, et comme devant
                  mériter l'attention du gouvernement fédéral, aussitôt que le  
                  permettra l'état des finances.  
 
               
               
               
               70. L'on devra réclamer la sanction du parlement impérial et des parlements locaux,
                  pour  
                  l'union des provincee, sur les principes adoptés  
                  par la convention.  
               
                
               1027
               
               
               
               71. Sa Majesté la Reine sera priée de déterminer le rang et le nom de: provinees fédérées.
                  
 
               
               
               
               72 Les délibérations de la convention seront  
                  signées par les délégués et soumises, par chaque  
                  délégation locale, à son gouvernement respectif,  
                  et le président de la convention est autorisé à en  
                  soumetre une cople au gouverneur-général, pour  
                  que celui-ci puisse la transmettre au secrétaire  
                  d'Etat pour les colonies.  
 
               
               
               
               L'adresse étant lue une seconde fois, est  
                  adoptée sur division.  
 
               
               
               
               L'hon. M. le proc.-gén. MACDONALD  
                  propose que la dite adresse soit grossoyée.—  
                  Adopté sur division.  
 
               
               
               
               Sur motion de l'hon. M. le proc.-gén.  
                  MACDONALD, il est voté une humble adresse  
                  à Son Excellence, priant Son Excellence de  
                  vouloir bien transmettre l'adresse précédente  
                  au principal secrétaire d'état de Sa Majesté  
                  pour les colonies, pour qu'elle soit déposée  
                  un pied du trône.  
 
               
               
               
               Sur motion do l'hon. M. la proc.-gén.  
                  MACDONALD, il est ordonné que l'adresse  
                  précédente soit grossoyée  
 
               
               
               
               Ordonné, Que la dite adresse soit présentée  
                  à Son Excellence par toute la chambre.  
 
               
               
               
               Ordonné, que les membres du conseil    
                  exécutif que sont membres de cette chambre 
                  se rendent auprès de Son Excellence pour 
                  savoir quand il plaira à Son Excellence 
                  recevoir la dite addresse. 
                  
                  
                  
                  L'Hon. M le pro.-gén. MACDONALD informe alors la chambre qu'il plaira à Son  
                  Excellence recevoir la chambre avec son  
                  adresse, demain, à 3.30 heures P M.  
 
               
               
               
               La chambre alors s'ajourne.