Title: L'Autoguidage: une Approche pour le Perfectionnement du Français Écrit en Milieu Minoritaire

Author: Sylvain Rheault
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  • minorité
  • français écrit
  • autoguidage
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L'Autoguidage: une Approche pour le Perfectionnement du Français Écrit en Milieu Minoritaire

Sylvain Rheault    sylvain.rheault@uregina.ca

University of Regina

Situation des francophones en milieu minoritaire

Le perfectionnement du français écrit pour les francophones en milieu minoritaire présente des défis considérables. Les francophones du Canada sont dispersés sur un territoire immense et n'habitent pas tous à proximité d'une institution d'enseignement. Plusieurs d'entre eux sont des adultes sur le marché du travail qui souhaiteraient obtenir plus de formation mais sans avoir à retourner sur les bancs d'écoles. D'autres sont de jeunes francophones aux études qui voudraient ajouter à leur programme un cours de perfectionnement. Pour compliquer un peu plus les choses, le bagage linguistique d'un apprenant à l'autre peut présenter des divergences importantes. De plus, comme il s'agit de francophones en milieux minoritaires, il faut tenir compte de l'influence de l'anglais. Le cours de français écrit idéal pour cette clientèle hétérogène et éparse devrait être en mesure de s'adapter aux besoins individuels des apprenants.
L'Internet apparaît comme l'outil capable de relever les défis qui viennent d'être énumérés. Tout le monde connaît déjà les outils éprouvés de l'enseignement électronique à distance, comme l'affichage d'informations et d'hyperliens, les courriels, les forums de discussions, bref tout ce qui permet de simuler une salle de classe en ligne. Cependant, il reste encore le défi d'enseigner à une classe grandement disparate.
Le présent projet de communication pour le congrès présentera une application nouvelle dont le potentiel pourrait utilement servir les types d'apprenants décrits plus haut. Il s'agit de l'autoguidage, soit la capacité, pour un cours informatisé, d'adapter la matière d'enseignement à chacun des apprenants. Avant d'en parler plus avant, il importe de dire quelques mots sur le CAFÉ.

Le CAFÉ

CAFÉ est l'acronyme de "Cours Autodidactique de Français Écrit". Ce cours, créé par Dupriez, conçu pour l'apprentissage individuel, a vu le jour en 1966. Il a été enseigné et a fait l'objet d'expérimentations dans plusieurs pays de la francophonie ainsi que divers lycées (Paris et régions). À propos de la "formule CAFÉ" il faut savoir que le traitement statistique des réponses aux milliers de QCM expérimentées dans des groupes régionaux permet de mesurer scientifiquement l'utilité probable des questions à poser à tout nouvel apprenant, en fonction de son niveau et de son progrès. La formule CAFÉ permet d'individualiser l'apprentissage, aussi efficacement que rapidement. Sa force est aussi dans ses contenus informatisés (12000 QCM sur les fautes courantes et les difficultés rencontrées en rédaction et dissertation).
Les statistiques obtenues pour la France et le Québec peuvent ne pas convenir à une population francophone vivant en milieu minoritaire. Il faudra donc obtenir des statistiques pour la population visée. Cette tâche sera réalisée au moyen de questionnaires accessibles sur l'Internet. Il faudra aussi créer des QCM (questions à choix multiple) traitant de difficultés spécifiques aux francophones vivant en milieu minoritaire. Ces items sont produits à partir des erreurs les plus fréquentes relevées dans les travaux d'étudiants.
À propos de la méthode basée sur des questions à choix multiple L'enseignement du français, contrairement à d'autres matières comme les mathématiques ou la chimie, doit compter avec les particularités propres à chaque région. On n'enseigne pas le français de la même façon à un anglophone, à un arabophone, etc. Dû aux interférences linguistiques, chaque région de la francophonie a des défis qui lui sont particuliers. Ainsi, les régions d'Afrique centrale doivent compter avec les langues bantoues, le sangö, etc. Au Québec, comme en France, les anglicismes sont fréquents. Les interférences sont particulièrement difficiles à dépister, lorsqu'elles touchent non pas le vocabulaire mais la syntaxe. C'est en adaptant les questions et les statistiques aux particularités linguistiques de chacune de ces régions qu'on peut faire réaliser à chaque utilisateur un maximum de progrès.
Comment le niveau des questions est-il établi? Pour le Québec, un sondage a été effectué dans les cégeps et les universités. Plus de 8000 (75 x 110) questions à choix multiple ont été posées à 12000 étudiants entre 1995 et 1997. Avec 100 répondants ou plus par question, il est possible de mesurer la cote de difficulté, de discriminance et de fiabilité avec précision.
Les améliorations notées démontrent que les apprenants du français pour lesquels un tel cours est élaboré en tirent un avantage considérable. Ils développent une conscience plus aiguë de l'usage, en particulier lorsqu'il peut y avoir des interférences entre le français et l'anglais, sans avoir à oublier l'une de ces langues pour mieux s'exprimer dans l'autre.

La méthode de l'autoguidage

Le CAFÉ a d'abord été conçu comme un cours par correspondance. La méthode du cours, basée sur les besoins des apprenants, consiste à donner, dans le corrigé, la règle en jeu avec des contre- exemples pour chacun des autres choix de réponses, l'objectif étant de susciter chez l'apprenant une démarche réflexive où il compare les façons d'écrire en contexte et selon la norme. Les méthodes du CAFÉ sont scientifiquement reconnues au Québec, en France et en Afrique.
Figure 1: enseignement linéraire
Figure 1: enseignement linéraire
La plupart des étudiants qui débutent à l'université possèdent déjà des compétences en français, ce qui n'est pas le cas pour une discipline comme l'anthropologie par exemple. Traditionnellement, l'enseignement consiste à commencer avec les éléments les plus faciles (niveau -1,0), puis de présenter des éléments de plus en plus difficiles (niveaux -0,8 à 1,0). Pour les étudiants qui ne savent rien, il s'agit du cours idéal. Pour les étudiants qui ont déjà des compétences, la première partie du cours sera un peu pénible, mais, au bout d'un certain temps, ils apprendront des choses nouvelles. Enfin, pour les étudiants très avancés, un cours qui ne leur offre que de la matière déjà apprise sera d'un ennui mortel. Ils risquent de ne pas s'impliquer activement, voire d'abandonner avant la fin.
Figure 2: enseignement par fourches
Figure 2: enseignement par fourches
En gros la méthode de l'autoguidage consiste à donner à l'apprenant la matière dont il a besoin. La progression est basée sur la compétence déjà acquise. En simplifiant, on peut décrire ainsi la méthode: le cours commence avec des éléments moyens. Si l'apprenant répond bien, on lui offre une matière un peu plus difficile. Sinon, on lui offre une matière un peu plus facile, jusqu'à ce qu'il soit parvenu au niveau qui lui convienne le mieux. À partir de là, l'apprenant peut vraiment commencer à apprendre. Le niveau est recalculé constamment, à chaque nouvelle réponse. Le système informatisé de guidage choisit comme prochaine question celle qui offre le plus d'intérêt pour l'apprenant, c'est-à-dire celle qui est la plus proche de son niveau atteint. De plus, chacun des apprenants travaille à son rythme, sans ralentir les autres ni se voir bousculé.
Figure 3: apprenant "moyen"
Figure 3: apprenant "moyen"
Un apprenant moyen passe par l'essentiel de la matière et peut passer outre certains items trop faciles.
Figure 4: apprenant "fort"
Figure 4: apprenant "fort"
Il serait possible, à un étudiant particulièrement brillant, de n'avoir à répondre qu'à un très petit nombre d'items. C'est qu'il maîtrisait déjà bien la matière qu'on lui propose. En ce cas, le cours est très vite terminé.
Figure 5: apprenant "faible"
Figure 5: apprenant "faible"
L'apprenant faible sera d'abord guidé vers des questions plus faciles avant d'être ramené à des questions plus subtiles. À la fin, les étudiants forts, moyens et faibles auront tous atteint l'objectif. Le zélé peut foncer, le faible peut prendre son temps.

Bibliographie